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Traitement des données recueillies dans les questionnaires enseignants : non pratiquants de karaté

Introduction : rappel de la première partie et des questions de recherche

1. L’enquête préliminaire

1.3. Résultats de l’analyse de l’enquête préliminaire

1.3.1. Traitement des données recueillies dans les questionnaires enseignants : non pratiquants de karaté

Les enseignants (103) qui ont répondu « non » à la première question, parce qu’ils ne sont pas pratiquants de karaté, ne répondent pas à la deuxième question sur leur expérience de l’activité, répondent encore « non » à la troisième question puisqu’aucun n’a programmé de cycle karaté en EPS et ne répondent pas aux questions quatre à sept, ni à la dixième et dernière qui ne concernent en effet que les pratiquants. Cette catégorie de non pratiquants ne répond donc qu’aux questions 8 et 9, concernant leur conception de l’activité et les savoirs à privilégier selon eux en EPS. Nous avons alors procédé à une analyse quantitative en répertoriant toutes les réponses données à ces deux questions, en comptant pour chaque

occurrence le nombre de fois qu’il était cité. Successivement, les tableaux 11 et 13 présentent une synthèse des réponses proposées par les 103 enseignants non pratiquants. Suivra ensuite une analyse des mêmes réponses des enseignants pratiquants de karaté (9). Pour une meilleure lisibilité, nous avons choisi de classer ces occurrences en reprenant la taxonomie des références qui nous sert dans la partie « connaissance de l’activité », à savoir les références historiques, sportives, didactiques, et scolaires. Ainsi, les occurrences que nous avons repérées dans les réponses des enseignants ont été classées dans les différentes rubriques « références » (cf. tableau 11). Par exemple, le terme art martial, que l’enseignant peut utiliser pour répondre à la demande de définition de l’activité renvoie comme nous l’avons vu dans la première partie à la référence historique du karaté. De la même manière, si l’enseignant parle du karaté comme d’un sport de combat ou comme d’une boxe, cela renvoie à une référence sportive ou autrement dit compétitive de l’activité. Là où la classification devient plus difficile à faire, c’est pour la référence scolaire et didactique. Nous avons défini la référence didactique comme le karaté tel qu’il est enseigné en club, il peut autant revêtir les aspects sportifs que martiaux, mais les termes doivent avoir une connotation pédagogique, didactique, soit alors relative à l’enseignement de l’activité en club, au développement des différentes ressources du sujet. C’est ainsi que l’on trouvera dans cette référence didactique des termes comme « utilisation des pieds et des poings », « vitesse », « souplesse », « maîtrise de soi ». Enfin, les termes que l’on classe dans la référence scolaire renvoient à une définition du karaté en tant « qu’activité », en relation avec les APSA. Par exemple, le karaté définit en tant qu’ « activité duelle d’opposition » rentre dans cette référence scolaire.

1.3.1.1. Recueil et traitement des réponses relatives à la question 8 du questionnaire préliminaire : « pour vous, qu’est-ce que le karaté ? »

Le tableau suivant, (tableau 11) répertorie les références énoncées par les enseignants d’EPS non pratiquants de karaté à la question 8 du questionnaire préliminaire. Nous avons repris la classification des références telle que nous l’avons développée dans la première partie de la thèse, à savoir :

- les références historiques qui regroupent les termes renvoyant aux aspects martiaux de l’activité, c’est-à-dire à l’histoire du karaté en tant qu’art martial, art de combat à mains nues dans une optique défensive et guerrière.

- Les références sportives qui renvoient à l’évolution moderne du karaté en compétition, au karaté en tant que sport de combat de contact.

- Les références didactiques où l’on envisage le karaté tel qu’il est enseigné en club et l’on inclut tous les termes qui renvoient à ses aspects éthiques, techniques, stratégiques et physiques.

- Les références scolaires, enfin, qui envisagent l’enseignement du karaté à l’école, par exemple la définition du karaté en tant qu’APSA propre au champ scolaire de l’EPS.

REPONSES ENONCEES DE LA CONCEPTION DU KARATE (x fois) Référence historique (34 réponses) Référence sportive (85 réponses) Référence didactique (122 réponses) Référence scolaire (23 réponses)

Art martial (16) Sport de combat (42) Maîtrise de soi (23) Activité de combat (16) Duel (7) Sport de percussion (16) Utilisation des pieds et

des poings (18) Activité de production de formes / esthétique (7) Art de vivre / philosophie (3) Sport de combat de contact (9) Opposition avec contrôle (12)

Art de combat (2) Sport de combat sans contact (7)

Respect de l’adversaire (8)

Mettre hors d’état de nuire (2)

Opposition de 2 adversaires (3)

Souplesse (8) Self défense (2) Spectacle (3) Vitesse (6) Kung Fu / Bruce Lee

(2)

Sport d’attaque (2) Connaissance de soi / de son corps (5)

Boxe française sans gants (1)

Force (4)

Casse (1) Maîtrise de ses émotions (3)

Violence (1) Combat imaginaire (3) Principe attaque défense (3) Prise d’information rapide (3) Précision (3) Combat et kata (2) Cibles et armes (2) Technique et tactique (2) Techniques précises (2) Simulation des coups (2)

Multiplicité des coups (2)

Respect des valeurs/de l’éthique (2) Réflexes (2) Vivacité (2)

Gestion des énergies (1) Forte implication physique (1)

Discipline (1) Rigueur (1) Anticipation (1)

Tableau 11 : compilation des réponses énoncées par les enseignants d’EPS non pratiquants à la

D’un point de vue quantitatif, il apparaît nettement une forte disproportion du tableau quant au taux de remplissage des colonnes. Il est intéressant de noter que les colonnes les plus représentées sont celles de la référence didactique (27 lignes d’occurrences, 122 réponses), puis celle de la référence sportive (10 lignes d’occurrences, 85 réponses). D’une certaine manière, on peut trouver cela logique car ce sont des enseignants d’EPS qui ont renseigné ce questionnaire, mais il ne faut pas omettre que nous nous attachons là aux réponses des non pratiquants de karaté. Malgré cela, ils produisent des références sur l’activité qui se révèlent justes et variées. Plus précisément, la lecture de ce tableau montre que :

- le terme qui revient le plus souvent est « sport de combat » avec 42 citations sur 264 au total (cf. tableau 11). Si l’on retient les items où le terme sport est cité, on obtient 76 citations, tandis que l’on a seulement 23 citations comportant le terme « activité » et 18 « art ». On peut donc dire qu’une plus forte proportion des réponses définit le karaté comme un sport compétitif plutôt que comme un art martial, ce qui est assez paradoxal dans la mesure où les compétitions ne sont pas très médiatisées. Nous noterons 23 répétitions de l’occurrence « maîtrise de soi » et 12 répétitions d’ « opposition avec contrôle » qui sont effectivement des compétences spécifiques au karaté, compte tenu de sa dangerosité, comme nous l’avons déjà souligné dans la partie traitant de la connaissance de l’activité.

- Dans la colonne « référence didactique », l’ occurrence la plus citée (18 fois) après la maîtrise de soi concerne « l’utilisation des pieds et des poings ». C’est en effet une autre des particularités du karaté que de permettre d’envisager la percussion pieds et poings, ce qui est tout de même réducteur puisqu’en fait toutes les armes naturelles du corps sont utilisées, ce qui constitue la spécificité du karaté par rapport à la boxe française par exemple, où les armes sont beaucoup plus restreintes. On notera dans cette colonne que les occurrences les plus citées ne concernent pas les savoirs stratégiques. Le « principe attaque défense », cité 3 fois, ou « la prise d’information rapide » arrivent bien après des savoirs sécuritaires (« opposition avec contrôle » cité 12 fois et « respect de l’adversaire » cité 8 fois). Ceci est très intéressant car même si les enseignants ne sont pas pratiquants et n’ont pas non plus d’expérience d’enseignement du karaté, ils sont sensibles aux savoirs sécuritaires. On peut aussi penser qu’ils ont pu être initiés dans d’autres activités de combat, comme la boxe par exemple et ont de ce fait déjà réfléchi à ces considérations sécuritaires. Ils peuvent avoir peur que l’activité karaté en EPS soit accidentogène. Le premier savoir

stratégique, « principe attaque défense » n’est cité que 3 fois, ce qui laisse à penser que l’activité n’est pas considérée en premier lieu comme une activité de combat. - Les réponses relatives à la « référence sportive » des enseignants sélectionnés révèlent

une conception juste du karaté en tant que « sport de combat », cité 42 fois. 16 enseignants précisent aussi que c’est un « sport de percussion », contrairement au judo par exemple qui est un sport de combat de préhension. Ensuite, 9 réponses évoquent le « contact » dans ce sport, 7 précisent que c’est un « sport de combat sans contact », ce qui est dans l’ensemble vrai dans les deux cas puisque le karaté est effectivement pratiqué en contrôle des touches, qui est partielle au corps et totale au visage pour des raisons évidentes de respect de l’intégrité physique et de sécurité.

- Les réponses relatives à la référence historique de l’activité mettent en exergue l’aspect « martial » du karaté cité 16 fois, ainsi que son côté artistique, avec l’item « art de combat » cité 2 fois. Le karaté est donc bien considéré pour une part des enseignants comme un art. On peut être quelque peu surpris par ce dernier résultat car le karaté, comme beaucoup d’arts martiaux, peut en effet être considéré comme un sport complet qui s’adresse à la personnalité entière de l’individu, et développe les ressources physiques, psychologiques, énergétiques, et affectives. Cette référence historique du karaté n’est alors que très peu développée par les enseignants. Cela peut s’expliquer par le fait qu’ils se projettent dans l’optique de son enseignement en EPS, un cycle d’une dizaine d’heure ne laissant effectivement pas assez de temps de pratique pour développer toutes ces ressources.

- Enfin, les réponses concernant les références scolaires ne sont que très peu développées avec l’ occurrence « activité de combat », citée 16 fois. Le terme « activité de production de formes » est citée 7 fois, ce qui est certes un aspect du karaté avec le travail du kata, sans en représenter toute la dimension.

La lecture de ce tableau récapitulatif (cf. tableau 11) nous informe donc que les 103 enseignants d’EPS non pratiquants de karaté qui ont répondu ont des références certes très diverses de l’activité mais que celles-ci se révèlent exactes dans la mesure où aucune occurrence n’est étrangère à l’activité. Même le terme « violence » que l’on a retrouvé deux fois peut se justifier car les combats en compétition sont parfois violents tant l’implication physique des combattants est forte et les accidents présents, à un haut niveau de pratique. De plus, des aspects très spectaculaires de l’activité comme la casse (d’objets divers tels que planches de bois, parpaings, blocs de glace) sont cités, une fois seulement, ce qui paraît aussi

logique car on imagine bien que les enseignants n’associent pas seulement le karaté scolaire à un travail de casse en vue de durcir le corps, mais ont déjà vu des démonstrations de cette pratique largement médiatisée car spectaculaire. Malgré tout, on s’aperçoit tout de même que les références des enseignants sont partielles dans la mesure où des aspects importants de l’activité sont très peu cités alors qu’ils représentent l’une des spécificités de celle-ci . Nous pensons notamment à « kata » qui n’est cité que 2 fois alors que c’est un des domaines d’entraînement les plus importants dans la pratique du karaté. Le terme « précision » (cité seulement 3 fois) est aussi un aspect pourtant particulier au karaté car le combattant est amené à viser les « points vitaux » de l’adversaire. De même, « rigueur » et « discipline » ne sont nommés qu’une fois chacun, ainsi que l’aspect self défense qui n’est pratiquement pas cité alors que c’est un des buts premiers de motivation du pratiquant qui entre pour la première fois dans un dojo selon les statistiques de la FFKDA.

Le tableau suivant (cf. tableau 12) propose de résumer les références les plus nommées par les enseignants non pratiquants de karaté. Comme le panel d’enseignant est de 103, l’établissement du pourcentage est immédiat en prenant le nombre d’ occurrences citées. En effet, par exemple, l’item art martial est cité par 16 enseignants sur 103 ce qui fait un pourcentage de moins de 16,5 %. Nous avons jugé plus simple d’arrondir le chiffre au nombre d’ occurrences trouvées. Références du karaté les plus nommées Sport de combat Maîtrise de soi Utilisation pieds- poings Art martial Activité de combat Sport de percussion Opposition avec contrôle Nombre de citations 42 23 18 16 16 12

Tableau 12 : tableau synoptique du déjà-là conceptuel des enseignants non pratiquants de

karaté

On voit ainsi que se dégagent deux références très distinctes du karaté, que nous avons détaillées dans le chapitre sur la connaissance de l’activité (première partie de la thèse). En effet, pour 42 % des enseignants, le karaté est un sport de combat. Il est un art martial pour 16 d’entre eux. Cette référence est cohérente dans la mesure où les aspects sportifs du karaté sont

mis en avant à l’heure actuelle, avec notamment le développement de « sous-activités » qui en émanent comme le body karaté ou encore le karaté contact. Pour autant, cette référence n’est pas pertinente d’un point de vue théorique car nous avons bien étudié en première partie que le karaté reste pour les pratiquants avant tout un art martial, qu’ils pratiquent d’ailleurs de manière très traditionnelle et en la dénaturant le moins possible, pour la plupart.

Nous allons maintenant étudier les réponses des enseignants d’EPS non pratiquants à la neuvième question du questionnaire, qui les interrogeait sur les savoirs à privilégier dans une optique de programmation d’un cycle karaté en EPS.

1.3.1.2. Recueil et traitement des données relatives à la question 9 du questionnaire préliminaire : « quels sont (ou seraient) selon vous les contenus à privilégier pour enseigner cette activité en milieu scolaire ? »

REPONSES ENONCEES DE LA CONCEPTION DE L’ENSEIGNEMENT DU KARATE