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Analyse singulière des trois enseignants Michel, Giovanni et Alain

Introduction : rappel de la première partie et des questions de recherche

X5 NE REPOND PAS A CETTE PARTIE DU QUESTIONNAIRE

2. La pré-étude de cas

2.1. Comparaison en termes d’expérience, d’expertise et de référence du savoir à enseigner (SAE) des quatre enseignants collaborateurs

2.1.4. Analyse singulière des trois enseignants Michel, Giovanni et Alain

Michel est enseignant d’EPS depuis quinze ans. Il a quatre ans de pratique de karaté et a atteint le grade de ceinture marron (cf. tableau 17). Il enseigne le karaté en EPS dans son établissement, à des élèves de BEP. Michel fait état d’une référence large du karaté car il envisage les aspects les plus antinomiques de l’activité, à savoir un aspect martial et l’autre sportif. Dans l’analyse du karaté qui a été faite en première partie, nous avons vu que ces références ne sont pas forcément contradictoires mais complémentaires. Pour lui, les savoirs à enseigner sont techniques avant tout. Les formes de travail variées qu’il évoque renvoient à une référence très traditionnelle de l’entraînement. En effet, comme nous l’avons déjà évoqué, un entraînement type en karaté se compose d’une partie de travail dans le vide (kihon), puis de travail à deux en combats aménagés (kumite) et enfin de kata en fin de séance. Michel ajoute néanmoins « la gestion du couple risque-sécurité grâce aux rapports de distance » car il envisage là le travail des kumite en assauts aménagés, ce qui s’éloigne radicalement d’un enseignement techno-centré mais apporte une dimension stratégique à son projet d’enseignement. On peut dire que Michel envisage un enseignement technico-tactique qui traduit sa référence scolaire du karaté. Ceci n’est pourtant pas en accord avec sa définition de l’activité qui prend en compte d’emblée la dimension d’autodéfense du karaté (« art martial de défense dont la finalité est la victoire sur son agresseur »). Il sera intéressant d’observer quels savoirs il enseigne réellement car ceux qu’il évoque sont nombreux. Si l’on devait résumer le profil de Michel, celui-ci révèle une référence historique de l’activité comme méthode d’auto défense et un attachement aux valeurs et à un entraînement traditionnels qui vont dans le sens de cette référence. D’une certaine manière, Michel fait état d’un attachement certain aux traditions et aux valeurs et il sera intéressant de voir si son enseignement du karaté en EPS respecte ou pas cette référence historique.

Alain est enseignant d’EPS depuis quinze ans aussi. Par contre, il pratique le karaté depuis 21 ans et a atteint le grade de deuxième dan. Des trois enseignants, c’est celui qui a le plus d’expérience dans l’enseignement du karaté en EPS puisqu’il a déjà conduit plusieurs cycles en EPS et a participé à la formation continue des professeurs d’EPS en tant que

formateur dans cette activité. Il délivre son option didactique pour le karaté en EPS : « au final, la gestion du couple action-réaction à travers une opposition sécurisée est un support d’enseignement qui permet une intégration progressive des critères de réalisation des techniques. En d’autres termes, cela oblige à définir la technique […] comme une action répondant à la gestion simultanée de plusieurs principes (d’action) ». Alain opte donc pour une entrée dans l’activité par l’opposition sécurisée, ou autrement dit, « le combat aménagé », comme il l’écrit en réponse à la question 7 sur l’entrée dans l’activité. Les analyses préliminaires du cas Alain montrent que l’on peut présupposer une référence sportive d’Alain, ce que l’étude de cas croisée confirmera ou pas.

Giovanni est celui qui a le plus d’expérience de la pratique et de l’enseignement du karaté en club. Il pratique en effet le karaté depuis 37 ans et a atteint le grade de CN 2°dan. Par contre, même s’il est plus âgé que Michel et Alain, il n’enseigne l’EPS que depuis une quinzaine d’années car il a commencé sa carrière dans l’enseignement technique et est arrivé à l’EPS par la voie des concours internes. Quand il lui est demandé des informations sur son expérience, celle ci est très liée à son statut de professeur de karaté : « expérience de professeur d’EPS et de professeur de karaté », « Brevet d’Etat deuxième degré » (cf. tableau 17). Quand on lui demande de définir le karaté, il écrit : « une recherche du rapport à l’autre dans l’existence » (cf. tableau 18) . Pour Giovanni, le karaté dépasse le tatami et le dojo : c’est une philosophie de vie. Il envisage deux aspects du karaté, le combat d’abord mais sous sa forme compétitive en référence aux règlements fédéraux. Il sera intéressant de voir si son enseignement du karaté en EPS tient compte de ces deux aspects. Pour autant, lorsqu’il lui est demandé quelle sera son entrée dans l’activité Giovanni n’envisage plus qu’un aspect du karaté : « Entrée dans l’activité par l’affrontement défini. Travail de situations à deux, tori/uke puis mise en situation réelle » (cf. tableau 18). Giovanni envisage un enseignement centré sur l’apprentissage de l’opposition, par « l’affrontement défini », centré sur des aspects défensifs. Les aspects martiaux de l’activité sont de ce fait très présents dans ce que prévoit Giovanni, mais en même temps, son entrée et son évaluation centrées sur l’affrontement défini laissent présager une réflexion didactique. Giovanni fait donc état de références à la fois historiques, didactiques et scolaires et il sera intéressant d’analyser dans son enseignement observé en classe si l’une d’elle se détache nettement.

Au terme de cette analyse à la fois comparative et singulière des enseignants collaborateurs au questionnaire préliminaire et en fonction de leurs réponses aux différentes

questions, nous avons pu à ce stade établir un profil du déjà-là de chaque enseignant. Ce profil n’est valable qu’au jour de l’enquête préliminaire et la référence enseignante est susceptible de changer avec le temps, en fonction des expériences vécues par eux, de leur expertise qui augmente car chacun continue à pratiquer et à enseigner. Nous verrons par la suite, dans l’épreuve d’observation de l’enseignement si leurs intentions se confirment, ou si au contraire ils mettent en œuvre des remaniements, des changements, voire des ruptures. Il sera alors intéressant d’en interroger les raisons dans les entretiens que nous ferons. Pour l’instant, nous allons « figer » un profil du déjà-là de chaque enseignant, en rapport à la référence du karaté à enseigner en EPS (cf. tableau 21 ).

NOM Le déjà-là

Michel La gestion du couple risque-sécurité

Giovanni L’affrontement codifié

Alain Le combat aménagé

Nicolas A définir dans la pré-étude de cas qui suit.

Une hypothèse : le combat sportif ?

Tableau 21 : synthèse du déjà-là des quatre enseignants 2.2. La pré-étude de cas : Nicolas