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Présentation de travaux scientifiques et professionnels sur le karaté en rapport avec la thèse

En quoi et comment une pratique d’enseignement du karaté en EPS renvoie-t-elle à une référence, et laquelle ?

3. La connaissance de l’activité karaté : les références au savoir

3.3.5. Présentation de travaux scientifiques et professionnels sur le karaté en rapport avec la thèse

Ces travaux ne sont pas nombreux si on compare leur nombre à d’autres activités plus largement pratiquées et/ou diffusées en EPS. Nous en avons trouvé peu dans le milieu professionnel de l’EPS, mais par contre beaucoup plus dans des disciplines scientifiques comme la physiologie ou la psychologie par exemple, où des karatékas étaient étudiés. Ceux que nous allons présenter dans cette thèse sont ceux qui nous semblent pouvoir trouver une utilité dans leur présentation. Par exemple, l’une de ces études scientifiques (Walker, 1975) vise à expliquer l’intérêt de la rotation du poing à l’impact pour l’efficacité. Elle fait partie des recherches que nous avons sélectionnées car il s’avère qu’effectivement, c’est un aspect qui a été enseigné par les professeurs en EPS. Alain donne comme critère de réussite à ses élèves, pour qu’une touche soit comptabilisée en combat, le retour du bras à la hanche et la rotation du poignet. Afin de trouver quelques exemples de travaux scientifiques sur le karaté en EPS, nous avons tout d’abord repris les actes des colloques JORRESCAM (JOurnées de Réflexion et de REcherche sur les Sports de Combat et les Arts Martiaux), mais les travaux centrés sur le karaté sont peu nombreux et quand ils ne concernent pas une activité de combat en particulier (judo, boxe etc.), ils englobent les sports de combat. Par exemple, D. Bouthier présente, dans sa « contribution des recherches didactiques en sport de combat » (Bouthier, 2000), une analyse des travaux récents en sports de combat, « réalisée à partir de l’étude des concepts centraux de la didactique utilisées dans les résumés des communications et posters présentés aux JORRESCAM de 1996. L’auteur montre alors qu’il est « possible de parler d’une réelle présence et consistance de recherches didactiques » dans ce domaine.

3.3.5.1. Une étude sur le karaté en bio-mécanique

Nous avons ainsi trouvé dans les actes du colloque JORRESCAM de Poitiers (1996) une communication de M. Audiffren, E. Baron et J. Cremieux, intitulé « le contrôle de la

frappe en boxe et en karaté » (Audiffren, Baron et Cremieux, 1996). Ce compte rendu

de poing direct : la frappe puissante destinée à mettre l’adversaire hors de combat et la touche contrôlée nécessitant un freinage volontaire important en fin de mouvement. Ces différentes modalités d’exécution des frappes se retrouvent dans les sports de combat de percussion et en karaté par exemple, les coups doivent être contrôlés pour ne pas blesser l’adversaire. A l’inverse, en combat de boxe française ou anglaise, les coups sont portés avec puissance. On retrouvera ces deux modalités bien qu’adaptées pour le milieu scolaire, chez deux des enseignants que nous avons observés : Michel est en effet plus sur le registre de l’efficacité, de la recherche de puissance dans les coups portés, et il utilise des protections de type gants de boxe quand il fera combattre ses élèves, tandis qu’Alain est lui uniquement sur une touche contrôlée, quelque soit la cible visée. Il n’utilise aucune protection pour ses élèves, comme dans le karaté « originel », la pratique de combat.

3.3.5.2. Une étude sur le karaté en sociologie des pratiques

Dans un autre domaine de recherche, plus sociologique, P. Trabal et M. Augustini traitent aux Vèmes JORRESCAM de Toulouse de « l’évolution de l’image du karaté sous

l’effet de sa pratique ». (Trabal et Augustini, 1998). Le but de cette étude est de déterminer à

partir de données statistiques issues de la Fédération Française de Karaté si le sexe ou l’age fait varier l’image que les pratiquants ont du karaté. Comme nous avons nous-même recours dans les études préliminaires à une enquête qui nous permet notamment d’avoir accès aux références des enseignants d’EPS pratiquants ou pas de karaté, il est intéressant de savoir grâce à cette étude que la dimension philosophique est la plus importante pour les pratiquants. Puis viennent les définitions fondées sur le combat et le sport. Il sera alors intéressant de voir si nous constatons les mêmes résultats chez nos enseignants interrogés, notamment ceux pratiquants de karaté.

3.3.5.3. Une étude sur le karaté en histoire

H. Bittmann a fait une communication aux premier congrès mondial de combat arts martiaux, intitulée : « the way of the empty hand-karatedo » (Bittmann, 2000) que l’on traduira ainsi « la voie de la main vide-karatedo ». Cette étude vise à étudier le développement historique du karaté, notamment en examinant l’évolution de ses différents noms au fur et à mesure de son histoire. Nous examinerons en effet quant à nous dans une partie sur la

référence historique du karaté qu’effectivement l’activité a évolué et que ses appellations ont changé en fonction de ses influences culturelles.

3.3.5.4. Une étude sur le karaté en ethno-sociologie

Aux dernières JORRESCAM qui ont eu lieu à Tarbes, Bruce Neuffer présente une « enquête auprès des karatékas essonniens : comparaison entre discours et pratique », (Neuffer, 2006). Le but de cette recherche est de comprendre le sens que les karatékas assignent à leur discipline en comparant discours et pratique de terrain. L’étude vise à approcher les différentes populations qui composent le paysage du karaté au sein de la Ligue de l’Essonne. Il s’agit de mettre en relief l’existence d’éventuelles nouvelles cultures du pratiquant à partir des éléments sur lesquels reposent les séquences d’entraînement et les formes d’acquisition des techniques de combat. Ce travail nous permet de nous interroger sur le sens que les pratiquants donnent à la pratique. Neuffer organise en effet le discours des pratiquants (le philosophe, le sportif, le combattant, l’esthète et le convivial) et les résultats de son étude montrent paradoxalement que les cours données sont identiques quel que soit ce discours et ce « monde d’appartenance ». Bien que nous n’intervenions pas dans la même institution, et que nous ayons pour notre part une méthode ascendante (nous partons de ce que les enseignants enseignent et disent enseigner pour remonter à leur référence) les résultats de cette étude sont intéressants car ils remettent en cause l’antinomie théorie-pratique : quelle que soit la théorie annoncée, les cours sont identiques, sur le plan moteur. Cela nous interroge aussi sur le poids de la méthode traditionnelle, que nous avons déjà évoqué, qui peut expliquer l’impossibilité pour les enseignants de faire autre chose, même s’ils disent le contraire !

3.3.5.5. Une étude sur le karaté en physique

L’étude de Walker, réalisée en 1975 est un exemple de recherche en physique. Cet auteur étudie deux points essentiels de l’atemi : l’énergie de déformation nécessaire pour casser la cible et la force d’impact appliquée sur cette cible. Il explique ainsi entre autre la chute de la vitesse à mi-déplacement et l’importance de la rotation du poing pendant la technique. Sur ce dernier point, Walker explique que, selon les écoles, cette rotation a lieu plus ou moins tôt durant la technique (Walker, 1975). En fait, il nous semble évident que le travail est beaucoup facilité lorsque les os de l’avant-bras sont parallèles (poussée maximum). Après la rotation, les os et les muscles se croisent, ce qui a pour conséquence de rigidifier

l’avant-bras. Cette rotation n’amène pas un surcroît d’énergie mais, pendant la première partie du geste, permet une rapidité plus importante et à la fin une solidification du bras. La rotation la plus tardive semble ainsi la plus favorable. Cette étude est très intéressante car elle rend un peu de crédibilité à beaucoup de croyances et de légendes qui circulent dans le monde du karaté, dès que l’on parle de casse notamment. De plus, en expliquant d’un point de vue scientifique pourquoi le coup de poing en karaté est plus efficace, elle donne du sens aux techniques que l’on fait apprendre, ce qui peut être intéressant en milieu scolaire, où il faut expliquer les processus aux élèves afin qu’ils ne s’attachent pas qu’aux résultats d’une technique.

Nous allons maintenant nous attacher aux travaux qui concernent la didactique du karaté et qui sont parus dans la revue EPS, revue professionnelle de la discipline.

3.3.5.6. Les travaux en didactique du karaté dans les revues professionnelles

Parmi ceux qui ont écrit sur la didactique du karaté, G. Ravier propose une « approche pédagogique en collège » (Ravier, 1998) du karaté pour des enseignants non spécialistes. Son option est certes très intéressante mais suppose tout de même une formation de base de l’enseignant en karaté, au moins pour pouvoir corriger les erreurs des élèves et les guider de la meilleure manière possible dans leurs apprentissages. De plus, ce même auteur propose, en 1999, de donner des repères pour intégrer dans l’enseignement les dimensions de contrôle et de maîtrise de soi : « construire des situations en maîtrisant les risques »(Ravier, 1999). Cela nous semble aussi un objectif très formateur pour l’élève mais qui nécessite le regard averti d’un spécialiste.

Ensuite, nous avons une optique plus théorique du « karaté à l’école » avec J.F. Thirion où l’auteur développe notamment trois niveaux « d’agir » en karaté (Thirion, 1990) : l’état « d’agir avec » où se produit une fusion avec l’environnement. Puis l’état « d’agir contre » où la relation dominant-dominé est favorisée. Enfin, l’état « laisser agir », synthèse des deux précédents, où le pratiquant est à la fois « dans son centre » et ouvert sur l’extérieur, état qui peut s’assimiler à la notion de non intention que nous avons déjà développée.

Enfin, J. Defaud propose deux approches originales de l’apprentissage des principales techniques de karaté « porter une attaque » et « savoir défendre » (Defaud, 1996 et 1997) et détaille des situations pédagogiques simples et ludiques pour l’atteinte de ces deux compétences essentielles en karaté.

Si l’on étudie la bibliographie du karaté, une grande majorité des ouvrages, français ou étrangers, proposent des contenus techniques. En effet, les auteurs en restent souvent à décrire les techniques d’attaque, de défense, ou se centrent sur des enchaînements de combat (Nakayama, 1999 ; Sauvin, Gruss et Didier, 1993 ; Paschy, 1987 ; Satoru et Juille, 1977). Il faudra attendre l’ouvrage de G. Chemama et H. Herbin, alors cadres au département formation de la FFKAMA, pour qu’un ouvrage de didactique soit réalisé, avec « enseigner le

karaté » (Chemama et Herbin, 2000). En effet, dans cet ouvrage qui servira ensuite de

référence dans les formations de cadres fédéraux, les auteurs envisagent qu’être un bon technicien ne suffit pas et qu’il faut savoir élaborer une progression rationnelle et l’adapter en fonction des élèves et de leurs difficultés. Enfin, l’ouvrage écrit par N. Pallas et P. Llaves a comme titre « dis, senseï, on joue ? » (Pallas et Llaves, 2002) qui résume à lui tout seul l’option ludo-éducative prise dans ce livre. Il est en effet composé de plus de 60 jeux éducatifs pour le karaté, classés en jeux « spécial techniques de bases », jeux « spécial combat », jeux

« spécial katas », destinés de ce fait au jeune public.

On peut donc s’apercevoir que les travaux existants sur lesquels se baser sont peu nombreux, et ceux traitant de didactique du karaté en EPS sont tous empruntés d’ailleurs dans la « Revue EPS », qui est une publication professionnelle. En tant qu’enseignant d’EPS, pratiquant de karaté de longue date, nous avons écrit deux articles pour la Revue EPS, parus en 2003 et 2007 en collaboration avec David Chaminade, professeur Agrégé d’EPS. L’analyse que nous proposons en annexe 37 reprend pour une grande part le contenu de ces deux articles, en prenant la précaution de dire qu’il n’a pas valeur de vérité, mais qu’elle est l’une des références les plus abouties que nous avons construite pour l’enseignement du karaté à l’école.