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En synthèse : le travail des enseignants en contexte hétérogène,

CHAPITRE I : PROBLÉMATIQUE

1.3 Le travail des enseignants en contexte hétérogène

1.3.5 En synthèse : le travail des enseignants en contexte hétérogène,

Dans cette partie, nous avons recensé les textes portant sur le travail de soutien des enseignants en classe. Rappelons qu’au cours de ce chapitre, nous avons situé le travail des enseignants par rapport au contexte social et scolaire québécois qui se caractérise aujourd’hui par une diversité ethnique, culturelle et linguistique des élèves, en raison de l’arrivée massive

des immigrants. Le gouvernement du Québec, qui a opté pour l’interculturalisme comme modèle de gestion de la diversité culturelle afin de défendre le patrimoine francophone de la province, a diffusé la francisation, entre autres, dans les écoles. Cela est traduit, officiellement, par un ensemble de politiques et de plans ministériels qui visent l’intégration linguistique, culturelle et sociale des élèves d’origine immigrante, tout en confiant la responsabilité aux enseignants et en leur prescrivant des tâches multiples concernant plus particulièrement l’élève d’origine immigrante. L’enseignant est ainsi placé devant la réalité d’enseigner, dans un contexte hétérogène, à des élèves qui ne maîtrisent pas nécessairement le français quand ils arrivent en classe ordinaire. Même si des classes d’accueil sont prévues pour soutenir l’apprentissage du français, le séjour dans celles-ci n’est pas suffisant, la plupart du temps, pour assurer que les élèves d’origine immigrante maîtrisent le français comme langue d’enseignement au moment où ils intègrent les classes ordinaires. En revanche, des chercheurs révèlent qu’un séjour prolongé en classe d’accueil peut avoir pour effet d’augmenter les écarts relatifs aux compétences disciplinaires entre les élèves d’origine immigrante et leurs pairs francophones. Par conséquent, l’enseignant en classe ordinaire est appelé à soutenir ces élèves dans la langue d’enseignement, mais aussi dans les autres compétences disciplinaires. En outre, les élèves récemment arrivés véhiculent un système de normes, de valeurs et de codes sociaux différents de ceux de la classe. Ainsi à leur arrivée, certains de ces élèves vivent une discontinuité culturelle et cherchent à prendre place dans la société d’accueil. L’enseignant est appelé à les aider dans leur intégration culturelle et sociale.

Les écrits sur le soutien en langue seconde auprès des élèves d’origine immigrante ont insisté sur le lien entre la langue maternelle et la langue seconde, mais aussi entre la langue et la culture. Les auteurs attribuent le soutien linguistique auprès des élèves immigrants : 1) à la prise en compte de la langue maternelle des élèves et 2) à la valorisation de leur culture d’origine et leur sensibilisation aux cultures des autres. Dans ce sens, l’intégration linguistique de l’élève accompagne son intégration culturelle et les enseignants sont appelés à miser en même temps sur les deux plans : linguistique et culturel. Des auteurs ont aussi proposé des activités d’enseignement basées sur le lien entre la langue et la culture. Ces activités visent le soutien linguistique de l’élève d’origine immigrante à travers deux outils : sa langue

maternelle, comme faire des activités plurilingues et son intégration culturelle en mettant en place des activités en lien avec les cultures des élèves.

À la lumière de tout ce qui précède, comment voir le rôle de l’enseignant en contexte hétérogène si nous prenons un autre angle de recherche ? Nous nous positionnons pour être proche de la réalité de la classe. Autrement dit, nous observons le travail de l’enseignant de l’intérieur de la classe et nous essayons de comprendre ce travail dans le vif de l’action. Nous avons pu constater deux points à la lumière de tout ce qui précède : la multiplicité du rôle de l’enseignant qui vise à soutenir l’élève d’origine immigrante sur plusieurs plans et, par conséquent, la complexité de son travail qui se déroule dans le contexte réel d’une classe ordinaire. Notre étude vient donc éclairer ce contexte pédagogique multiple et complexe.

En effet, dans le contexte de la classe, rappelons-le, l’enseignant enseigne le programme scolaire à un groupe hétérogène d’élèves dans une langue d’enseignement qui est parfois incompréhensible pour un certain nombre d’élèves d’origine immigrante. L’enseignant est appelé à assurer l’apprentissage de tous les élèves, quelle que soit leur culture. On lui demande aussi de soutenir l’élève d’origine immigrante dans la langue d’enseignement en misant sur sa langue maternelle et sa culture d’origine, mais aussi de prendre en compte tous les autres élèves de la classe. En plus, on lui demande d’aider l’élève dans son intégration sociale, de reconnaître les répertoires linguistiques et culturels dans sa classe, de fournir des ressources diverses et de développer un environnement d’échanges favorables pour tous les élèves tout en tenant compte des caractéristiques de la classe. Comme le mentionnent Piquemal et al. (2009), on s’attend à ce que l’enseignant réponde aux différents besoins des autres élèves, peu importe l’ampleur de ces besoins. Cette multiplicité de rôles et de tâches, surtout à l’égard de l’élève d’origine immigrante, soulève la complexité du travail. Comment l’enseignant peut-il gérer son temps, son espace-classe, les autres élèves, le programme scolaire, entre autres pour pouvoir consacrer du temps et des activités particulières pour soutenir chaque élève immigrant ? Comment la prise en compte des facteurs de la classe influence-t-elle les décisions de l’enseignant en classe en ce qui concerne le soutien ?

Le contexte scolaire hétérogène du primaire, la multiplicité du rôle de l’enseignant et la complexité du travail auquel il est confronté nous incitent à chercher à comprendre comment

l’enseignant compose avec cette hétérogénéité et développe des pratiques de soutien auprès des élèves d’origine immigrante récemment arrivés, tout en tenant compte de l’ensemble des tâches qu’il doit accomplir et de ses responsabilités envers l’ensemble des élèves de la classe. Considérant le contexte particulier de l’immigration, l’interculturalisme, les politiques et les mesures ministérielles de francisation et d’éducation interculturelle, la situation des élèves d’origine immigrante ainsi que la complexité du travail des enseignants, notre étude s’attardera sur les pratiques de soutien déployées par les enseignants pour répondre aux besoins des élèves récemment arrivés au Québec et intégrés dans des classes ordinaires du primaire. Ces élèves ne maîtrisant pas encore le français comme langue d’enseignement s’intègrent dans un contexte scolaire rempli de défis pour eux et pour leur enseignant, mais aussi riche par sa diversité.

Dans notre recherche, nous voulons répondre à la question générale suivante :

Comment un enseignant soutient-il les élèves immigrants intégrés dans une classe ordinaire au primaire dans la langue d’enseignement et dans les matières scolaires tout en tenant compte de l’ensemble de la classe ?

Pour répondre à cette question, nous présentons, dans le prochain chapitre, le cadre théorique qui nous aidera à définir les pratiques enseignantes de soutien en tenant compte de la complexité du travail sur le plan pédagogique et socioculturel.