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B.2 Les obstacles spécifiques secondaires

3.2 Analyse des groupements agro-économiques et culturels du Kufo

3.2.1 Au sujet de l’historique des groupements agro-économiques du kufo

Examinons d’abord la répartition des groupements féminins dans le Kufo. C’était, pourrions-nous dire, la commune de Dogbo qui donnait la preuve d’une ascendance très nette sur les autres communes avec un effectif de 136 groupements féminins agro- économiques, soit près de deux fois l’effectif de Klwikanmè, près de trois fois celui de Lalo, et plus de deux fois celui de Djakotomè.

Plusieurs raisons permettaient d’expliquer cette ascendance de la commune de Dogbo; nous en soulignons principalement trois.

Remarquons en tout premier lieu que l’exécution des programmes de mouvements coopératifs féminins a eu comme terrain d’accueil, dans le Kufo, la commune de Dogbo. Ce fut le cas pour des programmes tels que le P.A.D.E.S. (Programme d’Appui au Développement Economique et Social) devenu PADIC ( Programme d’Appui au Développement Intégré des Communes). A Dogbo, les femmes étaient largement partie prenante dans ces programmes.

La deuxième raison expliquant ladite ascendance de la commune de Dogbo était la suivante: dans la ville même de Dogbo un réseau de groupements villageois était confronté à de graves mésententes sur la gestion financière. Au cœur de cette situation, les Spécialistes en Organisation Paysanne (S.O.P.) ont accordé la priorité aux femmes105, d’où la création de nombreux groupements féminins.

Enfin, le cadre informel était créateur d’un contexte qui favorisait les initiatives de toutes sortes. Cela expliquait en un sens réel l’émergence des groupements féminins à Dogbo. Créés dans l’informel, ces groupements évoluaient également dans l’informel. Cela était, en revanche, un pis aller.

Si nous voulons, par ailleurs, avoir une idée des noms que portaient les groupements paysans féminins du Kufo, la démarche la plus pertinente serait sans doute non pas de citer ces groupements féminins de façon exhaustive106, mais d’élaborer une

typologie en fonction de l’organisation et des activités agraires, économiques et socio-culturelles desdits groupements107.

105 Les S.O.P. (Spécialistes en Organisation Paysannes) relèvent du CeRPA (Centre Régional de

Promotion Agricole) et ont pour rôle d’appuyer les organisations paysannes au plan des communes.

106 Si cette démarche était pertinente, alors, il vaudrait plutôt mieux y consacrer toute une thèse; ce qui

n’est pas notre perspective. Nous pensons en revanche qu’il conviendrait d’initier une démarche typologique qui tienne compte de la fonction sociale des noms de groupements féminins. Ce sera la même démarche pour ce qui , plus bas, concernera les groupements féminins culturels.

107 En effet, on pourrait tout aussi bien envisager une typologie qui tienne compte de la signification des

dénominations des groupements, et même de la fonction symbolique de ces dénominations au plan de la psychologie sociale. C’est sans doute une démarche qu’il faut s’appliquer à rendre opératoire. Car, en fait, ce qui nous intéresse c’est, outre les groupements existant effectivement, leurs activités et l’efficacité desdites activités; cette dernière s’appréciera bien évidemment à l’aune du développement.

Par ailleurs, de l’avis général des femmes et acteurs sociaux qui s’investissaient dans ce domaine d’activités ou qui s’y intéressaient, l’histoire des groupements féminins est liée à la réaction vis-à-vis d’une conception socialement répandue; selon cette conception , l’art et plus particulièrement, l’art de créer le transport, reviendrait au genre masculin 108. Les groupements culturels ont offert au genre féminin l’occasion

de prendre le contre-pied de cette conception.

Sur le terrain de la recherche, nous distinguions fondamentalement trois types de groupements féminins culturels. Essayons de les mettre en évidence109.

Il y avait, en tout premier lieu, les groupements féminins culturels nés avec les groupements à perspective agro-économique. Ils coexistaient avec ceux-ci et tenaient d’eux leur raison d’être. Autrement dit, les groupements féminins agro-économiques ne sauraient disparaître sans que cessent d’exister ces groupements féminins culturels qui avaient, cependant, des activités et une organisation qui leur étaient propres. Ils constituaient environ les 88 % des groupements culturels du Kufo.

En deuxième lieu, il y avait des groupements féminins culturels nés comme tels, et qui se sont par la suite attribué un caractère agro-économique. Ils étaient nettement plus rares que les groupements culturels de la première catégorie et constituaient à peu près 10 % de l’effectif.

Enfin, en troisième lieu, il y avait les groupements féminins culturels ainsi nés, du fait de la volonté des femmes qui se sont regroupées pour cela. Cette catégorie de groupements était absolument autonome par rapport aux activités agro-économiques. Elles n’en voulaient d’ailleurs pas, puisqu’elles les avaient délibérément exclues de leurs activités. Dans la présente typologie, cette catégorie de groupements culturels était de loin la plus rare: seulement les 2 % de l’effectif.

La présente typologie est, semble-t-il, le reflet de l’identité des groupements féminins culturels par rapport à leur fonction agro-économique ou strictement culturelle 110. Ladite identité se révélera plus en profondeur, quand nous la mettrons

en rapport avec l’organisation et les activités des groupements féminins.

108 Il faut donner, ici, à la notion de «transport» sa charge psychologique et, somme toute, affective. Ainsi,

le transport, c’est l’élan, l’enthousiasme, l’ivresse et même l’emportement que l’on ressent à l’occasion d’une production, d’une réalisation…

109Nous avons réalisé le présent sondage en enquêtant trois fois auprès des échantillons qui comportaient à

chaque occasion 100 groupements féminins culturels.

110 Il nous semble par ailleurs bien évident que la dimension agro-économique n’excluait pas forcément la

3.2.2 Organisation et activités des groupements féminins du