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B.2 Les modalités du remariage des veuves et leur statut

B.2.2 Le remariage à l’extérieur du clan marital

I.3 DEUXIEME PARTIE:

I.3.1 Au sujet de la notion de « développement »

1.4 Le développement durable

On ne saurait de nos jours entreprendre d’élucider la notion de développement en omettant celle de «développement durable». C’est la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement, tenue à Stockholm en 1972, qui a abordé le contenu du concept de développement durable connu alors sous la dénomination d’écodéveloppement. Rejetant les approches réductrices d’un écologisme intransigeant et d’un économisme étroit, la Conférence de Stockholm proposait alors une voie moyenne entre les positions tendant à sacraliser la nature et les chantres du mythe de l’abondance illimitée des ressources. Ces positions environnementalistes se sont soldées par la faillite s’expliquant au travers de l’envolée du prix du pétrole et de la crise mondiale: les catastrophes de Seveso, de Bhopal ou encore les marées noires en étaient les expressions les plus éloquentes… La question de développement durable a dû rebondir à la fin des années 1970. De fait, en 1980, le PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnement) organisa une série de séminaires sur les types de développement et sur l’environnement qui rencontra un écho favorable dans le Rapport de Brundtland et conduit à la Conférence de Rio et ensuite au Sommet de Johannesburg. C’est à partir de ce Sommet que le développement durable est devenu non seulement la préoccupation des populations, des chercheurs et des Etats, mais aussi le symbole d’une nouvelle conscience et d’une nouvelle éthique du changement, celle-ci étant, selon les termes de DA CUNHA (2004: 16-17) la "matrice d’une nouvelle manière de poser les problèmes du développement autant dans les pays du sud que dans ceux du nord, dans les régions rurales comme dans les agglomérations urbaines".

Au plan de cette nouvelle éthique relative au développement durable, il faut citer, d’une part, comme le dit JONAS (1990), le «principe de responsabilité». En raison de ce principe, le développement durable devra promouvoir un monde pouvant être habité par une humanité digne de ce nom; un tel monde doit pouvoir continuer d’exister et les hommes doivent assurer la pérennité de ses conditions d’existence. En raison de ce principe, insiste davantage l’auteur, la logique de la responsabilité devra pouvoir libérer la pensée du cercle vicieux de l’instantanéité. Elle devra, en outre, investir les sociétés contemporaines d’une mission de sauvegarde à l’égard de la terre et des générations futures70.

70 Dans les vues de JONAS (1990) cité par DA CUNHA (2004), la notion de développement durable rend

compte d’une éthique de la responsabilité qui insiste sur la valeur positive du respect des équilibres écologiques, ainsi que sur la valeur de la solidarité entre les générations, les groupes sociaux et les territoires. Pour cet auteur, le développement durable procure non seulement les conditions de survie, mais aussi les garanties d’une vie sensée.

Au plan de cette même éthique, les auteurs insistent, d’autre part, sur une conscience plus aiguë de l’interdépendance entre tous les êtres vivants; une telle conscience doit également se développer "entre eux et la terre qui les porte".

Quant à la notion de «durabilité», JONAS (1990) la fonde en l’homme. Car il la rattache à l’homme qui est à la fois matière, vie et sens. Pour cet auteur, l’homme n’a d’autre avantage sur les êtres vivants que d’être le seul à avoir la responsabilité de leur propre finalité. L’idée que le développement doit être ramené à sa finalité première, qui est l’amélioration de la qualité de vie des individus, se traduit par un concept de durabilité basé sur un impératif majeur: établir des relations entre la nature et les sociétés humaines permettant de dire les solidarités sans nier les hiérarchies. C’est de cette perspective que rend compte la notion de «durabilité».

Selon DA CUNHA (2004: 15-28), la notion de durabilité valorise cinq principes stratégiques permettant de rétablir le souci de l’environnement dans les représentations anthropologiques et sociales71. Ces principes ont diverses fonctions: ils peuvent inciter à

prendre en compte des éléments découlant de différents domaines et situations dont l’homme est à la fois l’acteur et le véritable enjeu. Ils peuvent tout aussi bien être utilisés comme des outils de réflexion sur le changement, c’est-à-dire, en fait, le développement. Pour y parvenir «durablement», affirme DA CUNHA, la conscience morale seule ne suffira pas72; il faudra lui adjoindre la rigueur scientifique et

l’action. Un tel développement est un besoin endogène73. Car il tient sa source des

groupes sociaux qui, au demeurant, sont des communautés essentiellement en quête de bien-être durable74.

71 Ces cinq principes stratégiques sont les suivants : premièrement, le principe économique d’efficacité

pour assurer la reproduction et l’innovation des systèmes économiques; deuxièmement, le principe sociologique d’équité sociale pour faire face à toutes les formes d’exclusion et assurer la satisfaction des besoins fondamentaux des groupes sociaux les plus défavorisés; troisièmement, le principe géographique d’équité territoriale pour faire face aux disparités entre les centres et les périphéries et assurer à chacun, où qu’il réside, une qualité de vie satisfaisante; quatrièmement, le principe écologique de la préservation des écosystèmes pour faire face à la destruction de l’environnement et assurer la reproduction des ressources dans le long terme; cinquièmement, enfin, le principe politique de l’autonomie territoriale pour assurer une gouvernance respectueuse de la démocratie, de la territorialité des collectivités ainsi que de leur droit à la différence.

72 Cf. à ce sujet: JAKUBEC, 2004: 29-43.

73 Les acteurs sociaux de l’aire culturelle ajatado désignent en effet le développement durable par

l’expression «n’ko-yiyi-ci-y’a-xo-so», c’est-à-dire littéralement: «avancement qui connaît des lendemains meilleurs».

74Nous disons des groupes sociaux qu’ils sont des "communautés" en raison des liens qui, entre les

membres, sont basés sur des relations de face à face, des relations d’interdépendance et sur l’unanimité au niveau des valeurs, lesquelles leur donnent une forte cohésion face aux agressions et aux afflictions de tout genre. On pourrait, pour mieux comprendre cette différence entre société et communauté, se référer à TÖNNIES (1944).

1.5 L’objet fondamental du développement: le bien-être