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B.2 Les modalités du remariage des veuves et leur statut

B.2.2 Le remariage à l’extérieur du clan marital

I.3 DEUXIEME PARTIE:

I.3.2 Les femmes Ajatado:

2.1 Caractéristiques et dynamique des populations du Kufo

2.1.2 Structure et niveau d’instruction des populations du Kufo

A Structure des populations

Nous pourrions apprécier la structure des populations du Kufo à l’aune de la répartition par sexe et par âge. C’est en effet celle-ci qui fait ressortir l’importance numérique et le pourcentage de chaque sexe. Cette démarche est pourtant difficile à accomplir, en raison de l’état défectueux des registres de naissance79, des

79 C’est dès les maternités qu’on peut déjà constater l’état de délabrement bouleversant des registres de

naissance. Ceux-ci, dans les communes du Kufo et même du Mono, ne sont pas davantage entretenus. De façon générale, l’incurie où se trouvent les dossiers concernant l’état civil des populations dans les communes du Kufo, n’est pas de nature à aider les chercheurs qui seraient pourtant animés de bonne volonté.

déclarations incorrectes quant à ce qui relève de l’âge des acteurs sociaux, et des nombreuses difficultés à atteindre les personnes recensées ou à recenser80. C’est en

ces paramètres que résident les obstacles à l’acquisition des données fiables sur les classes d’âge dans chacune des communes du département du Kufo. Pour illustrer la présente rubrique, nous pourrions nous référer aux deux études de cas représentatives des situations qui prévalent dans les autres communes du Kufo. La première étude est de nature socio-urbaine. Elle fut réalisée par la Société d’Etudes Régionale d’Habitat et d’Aménagement Urbain (SERHAU) en 1987, sur quelques villes secondaires du Bénin. Cette étude indiquait, entre autres, la répartition par sexe et par âge de la population des localités d’Aplahoué et d’Azovè. L’étude portait sur un effectif de 28.200 personnes réparties selon le sexe et l’âge comme suit:

Tableau n° 8: La répartition par sexe et par âge des populations d’Azovè-Aplahoué (SERHAU 1987).

Age Effectif des

hommes % Effectif des femmes % Moins de 5ans 2.160 16,16 1.849 12,5 5 - 9 2.362 17,68 2.376 16,0 10 – 19 1.903 14,24 1.768 11,9 15 – 19 2.025 15,15 1.201 8,1 20 – 24 1.080 8,08 1.444 9,7 25 – 29 783 5,86 1.606 10,8 30 – 34 540 4,04 877 5,9 35 – 39 499 3,74 931 6,3 40 – 44 378 2,83 810 5,5 45 – 49 256 1,92 742 5,0 50 – 54 378 2,83 48 3,3 55 – 59 202 1,52 229 1,5 60 et + 796 5,96 513 3,5 Moyenne 20,24 ans 22,97 ans

TOTAL 13.364 100 14.394 100

80 Il y avait deux types de difficultés: d’une part, les déclarations incorrectes d’âge, du fait des dates de

naissance qui n’étaient pas toujours consignées dans des documents, et ceci en raison des naissances à domicile et de l’analphabétisme ambiant; d’autre part, les peines des chercheurs voulant entrer en dialogue avec les acteurs sociaux lors des recensements; ces peines résultaient de plusieurs paramètres dont l’ignorance de la langue aja et l’absence de moyens logistiques qui empêchaient les enquêteurs d’aller vers les acteurs sociaux à recenser.

Cette étude ne s’attarde pas à faire la critique des conditions ni celle du contexte des enquêtes dont les résultats sont publiés dans le tableau ci-dessus. Une telle critique aurait permis de comprendre qu’en période de recensement, les habitants en général ne se laissaient pas aisément compter; ils ne sortaient pas de leurs demeures aussi facilement qu’on le voudrait, pour se faire recenser. Et ceci, parce que, d’une part, les réalisateurs des enquêtes ne prenaient pas tout le temps qu’il fallait pour expliquer aux populations l’importance, la nécessité et l’urgence de les recenser; d’autre part, les populations elles-mêmes redoutaient les recensements qui, en réalité, donnaient à l’Etat la latitude de les situer, de les identifier et de les quadriller selon ses projets. Et l’un des projets les plus redoutables pour les populations, c’était celui du recouvrement des divers impôts. A cette occasion, les populations du Kufo étaient victimes de violences de tous ordres. Voilà établi un des paramètres qui pouvaient expliquer le refus des populations de se faire recenser.

En nous référant au tableau ci-dessus, nous pouvons toutefois conclure que la population des localités d’Aplahoué-Azovè était jeune: 84,95 % des hommes et 81,20% des femmes avaient moins de 40 ans. On pouvait en outre remarquer, toujours d’après le tableau ci-dessus, que l’effectif des femmes ayant 40 ans d’âge et au-delà de 40 ans était plus élevé que celui des hommes. Voici comment ces résultats se présentent:

Tableau n° 9 : Moins de 40 ans Hommes 11.354 Femmes 12.052 Plus de 40 ans Hommes 2.010 Femmes 2.342

Tout compte fait, l’enquête révèle que la population d’Aplahoué-Azovè, pour ce qui concerne les hommes, était de 13.364 habitants; cet effectif était inférieur à celui des femmes : 14.394 habitants. La thèse générale, à savoir que dans le Kufo, l’effectif des hommes est inférieur à celui des femmes, se vérifie donc à l’aune des enquêtes de la SERHAU.

La seconde étude annoncée plus haut fut réalisée par WANOUKOU (2000-2001) ; elle permettait d’avoir le tableau de la répartition par sexe et par âge de la population de Klwikanmè. Ledit tableau relevait du recensement de 1992. Il se présentait comme suit:

Tableau n°10

Age Hommes Femmes 0 – 4 7.429 7.546 5 – 9 7.532 7.198 10 –14 3.979 3.593 15 – 19 2.848 2.970 20 – 24 1.716 3.092 25 – 29 1.807 3.419 30 – 34 1.386 2.208 35 – 39 1.295 1.936 40 – 44 894 1.198 45 – 49 712 978 50 – 54 651 849 55 – 59 338 380 60 – 64 438 637 65 – 69 240 275 70 – 74 337 288 75 – 79 123 131 80 – 84 227 222 85 – 89 80 76 90 – 94 98 59 85 – 99 151 111

Récapitulons ce tableau en focalisant davantage l’effectif des hommes et des femmes en dessous et au-delà de quarante ans d’âge:

Classes d’âge Hommes Femmes Moins de 40 ans 27983 31954 Plus de 40 ans 4289 5204

Si cette récapitulation montre une fois de plus que la population féminine, à Klwikanmè, surpassait dans l’un ou l’autre cas celle des hommes, il y avait néanmoins un critère incontournable à prendre en compte: c’était celui de la mortalité féminine qui pesait sur l’approche démographique et qui, de façon bien plus particulière, remettait sérieusement en cause la supériorité numérique des femmes dans le département du Kufo… Référons-nous plutôt à ce qu’il en était au plan national. Sous ce rapport, le symposium organisé par la «Fondation Regard d’Amour» sur le thème: «Famille et Développement», indiquait des chiffres alarmants, quant à ce qui concernait la population féminine du Bénin: il en mourait en couches, c’est-à-dire comme cas déclarés dans des maternités et d’autres structures administratives, 6000 (six mille ) par an, soit 500 (cinq cents) par mois, 125 (cent vingt-cinq) par semaine et 17,08 par jour. C’était, par ailleurs, au même symposium, que les statistiques ont permis de préciser que 19 % des femmes enceintes examinées dans les maternités, étaient porteuses du virus du VIH/SIDA. Rappelons que ce symposium se déroula à Cotonou du 25 au 28 mars 2002, dans les salles de conférence du Conseil National des Chargeurs du Bénin ( C.N.C.B.). Somme toute, si on peut souligner la supériorité numérique des femmes dans le Kufo, on doit également reconnaître que celles-ci se trouvent en péril, du fait de la mortalité féminine.

Toutefois, concluons le présent chapitre en relevant les deux aspects ci-après.

D’une part, l’étude de la structure des populations permet de comprendre l’organisation traditionnelle liée à la famille, à la lignée et au clan. Ici, la famille est toujours entendue au sens de famille large incluant aussi bien les parents patrilatéraux que les parents matrilatéraux.

D’autre part, de nouveaux facteurs expliquent la mobilité des populations du Kufo. Au nombre de ces facteurs, nous pourrions citer l’exode rural, l’intervention des cultures de rente et, beaucoup plus fondamentalement, une instruction de type nouveau, qui font que la structure traditionnelle perd de son originalité81. Insistons

davantage sur ce troisième paramètre.

B Le niveau d’instruction des populations

On pourrait distinguer, grosso modo, deux types d’instruction. Le premier type d’instruction est de l’ordre traditionnel; il se reçoit dans le cadre familial et villageois; il est par ailleurs ponctué de diverses initiations propres aux milieux de vie. Ce type d’instruction va de soi dans le milieu ajatado, où le sujet naissant se trouve forcément impliqué.

A ce premier type d’instruction, s’ajoute un second type qui s’acquiert dans les institutions scolaires et universitaires. Celles-ci sont devenues des lieux communautaires à partir du rapprochement qui s’est opéré entre l’Afrique et

81 Pour des informations complémentaires sur ces facteurs, on pourrait se référer davantage encore à

l’Occident, rapprochement dont la colonisation a été l’une des formes d’expressions les plus prégnantes et les plus violentes82. Ce second type d’instruction est

précisément, en milieu ajatado, non seulement l’une des marques de l’Occident, mais il est aussi le type d’initiation devenu absolument nécessaire en raison de son efficience et de son efficacité83. Avant de nous prononcer de façon générale sur le

niveau d'instruction dans le Kufo, essayons de voir ce qu’il en est de l’enseignement primaire et secondaire au plan de chacune de nos communes. Les appréciations suivantes se fondent essentiellement sur des données d’ordre statistique.