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B.6 La scolarisation dans la commune de Toviklin

2.1.3 Les Mouvements migratoires dans le Kufo

Nous distinguons généralement deux types de migrations: les migrations internes et les migrations externes . Essayons d’examiner chacune de ces catégories.

A Les migrations internes

Au nombre de celles-ci nous distinguons les migrations rurales: elles se réalisent au cœur même des entités rurales, c’est-à-dire des campagnes d’une commune donnée vers d’autres campagnes de la même commune. En général, ce type de migration est lié à la quête du foncier. C’est pour cette raison que des populations de jeunes gens et de jeunes filles, d’hommes et de femmes en quête de nouvelles terres fertiles, partent de chez elles pour s’installer dans d’autres régions plus favorables.

Dans la commune d’Aplahoué, par exemple, les terres d’accueil sont en l’occurrence celles qui, à l’ouest, longent le Mono; on pourrait citer par exemple les régions de Matépkè, Kpélisi , Zoxumè qui offrent des terres fertiles à des populations de travailleurs. Les terres d’accueil sont également celles qui, au nord-est, longent le Kufo et offrent aux populations rurales la latitude de pratiquer l’agriculture; sur ces terres se répartissent les agglomérations de Gougouta, Agondogoui, Hontonou, Agnamè, Atomè, Voli-Lataji et Wapké. Notons, pour finir, que le lieu qui attire le plus de monde dans ladite commune est la ville d’Azovè, en raison de ce qu’elle représente au plan du commerce, du transport et donc des échanges.

Djakotomè, comme Aplahoué, est une commune ouverte à la modernité; et ceci pour plusieurs facteurs87. Elle reste toutefois prospère au plan de l’agriculture; et c’est ce

paramètre qui explique en partie l’affluence vers ses terres les plus fertiles qui se trouvent en bordure du fleuve Mono; ces terres se situent à Djentimè, Kpoba et Agoxwé-Balimè.

Dans la commune de Dogbo-Tota, les migrations internes s’effectuent surtout vers Dogbo-Tota-centre où se trouve l’un des plus grands marchés du Kufo, et vers les terres en bordure du fleuve Mono où l’agriculture est possible. Jouissent d’une telle affluence les agglomérations de Dévé, Zohoudji, Gbakéhoué Gnavou, Véjin et Divou.

La commune de Klwikanmè constitue à elle seule l’un des plus grands greniers du Kufo et de la partie méridionale du Bénin. Toutes les terres sont en principe bonnes pour l’agriculture. Il faudrait insister cependant sur les grands espaces en bordure du Kufo et sur les vastes terres fertiles de Botchihoué, Joto, Gahayaji, Gbowimè, Komè, Sawamè, To wimè, Dékanji et Aho gbaya. Outre les terres fertiles qui sont objet d’immigration, il faut noter la ville de Klwikanmè elle-même, pour la simple raison qu’elle abrite l’un des plus grands marchés du Kufo.

87 Au nombre de ces facteurs, le fait, pour la commune de Djakotomè, d'accueillir les toutes premières

écoles du Kufo, de produire le plus grand nombre de cadres et, enfin, d’être traversée par la voie nationale et internationale lui donnant en permanence accès aussi bien à Cotonou qu’à Lomé. La commune d’Aplahoué partage avec celle de Djakotomè ces mêmes avantages.

Lalo est, à l’instar de Klwikanmè, un grenier pour le Kufo et la partie méridionale du Bénin. S’il est vrai qu’on doit ici citer la totalité du territoire de la commune de Lalo, on devra davantage insister sur les localités rurales de Hlassamè, Zali, Gnizoumè, Tchi-Axomadegbé, Tchito, Adoukandji, To wu et Axo jinako , c’est-à-dire en fait les grandes étendues des terres noires des Saxwénon.

La commune de Toviklin n’affiche pas de grands mouvements au plan des migrations internes. Le chef lieu de la commune est le seul point de convergence qui attire non pas les agriculteurs, mais les commerçants et, bien évidemment , le monde scolaire en raison du Collège d'Enseignement Général dont il est doté.

Comme Toviklin, les autres chefs-lieux des communes du Kufo abritent des Collèges d’Enseignement Général et attirent en leur sein de grandes foules de jeunes gens et jeunes filles scolarisables.

Sous la rubrique des migrations internes, on pourrait bien ranger les migrations pendulaires et l’exode rural.

Les migrations pendulaires: elles se pratiquent par des populations qui habitent une ville et qui travaillent dans une autre ville plus proche de la leur. En réalité, leurs déplacements donnent lieu à des mouvements de va-et-vient, ainsi qu’on le constate, par exemple, entre Aplahoué et Azovè, Djakotomè et Hagoumè, Klwikanmè et Hondjin, Toviklin et Kpowudju, Lalo et Hlassamè, Dogbo-Tota et Dogbo-Zafi. Quant à l’exode rural, il est d’autant plus important qu’il touche la couche juvénile des populations des six communes du Kufo. En raison des centres d’apprentissage et de commerce, d’emplois salariés, de loisirs et de bien d’autres points de séduction, les jeunes ruraux quittent leurs villages et affluent vers de grands centres urbains. Dans le Kufo, Azové , Dogbo et Klwikanmè constituent des pôles d’attraction. En dehors du Kufo, les principaux centres urbains qui attirent les jeunes ruraux sont par exemple Cotonou, Lokossa, Bohicon, Porto-Novo, ParaKou, Djougou et Glazoué où se trouvent implantées des industries textiles et des industries produisant de l’huile végétale et des denrés alimentaires. Ce type de migration donne ainsi lieu à des migrations interurbaines dont la dynamique est pratiquement la même que celle des migrations externes.

B Les migrations externes

Celles-ci ne sont pas le propre des personnes âgées; elles concernent surtout les jeunes gens, les jeunes filles, les hommes et les femmes du Kufo qui sortent non seulement de leurs communes respectives, mais aussi de leur pays, le Bénin, en vue de s’installer, en l’occurrence, soit dans les pays d’Afrique de l’Ouest, soit dans les pays de l’Afrique Centrale88. En tout cas, l’installation se fait dans un pays que l’on

88 L’un des pays d’accueil en Afrique Centrale est notamment, de nos jours, le Gabon en raison de sa

prétendue prospérité. C’est, en tout cas, le pays de rêve pour la majorité des personnes désireuses d’émigrer.

suppose plus prospère que le pays d’origine. Ce qui caractérise les migrations externes, c’est qu’elles sont difficilement maîtrisables au plan des statistiques. Car les sujets qui les réalisent l’avouent rarement.

Le fait social que sont les migrations externes, est donc difficilement quantifiable. A ce niveau de la recherche, ce sont pourtant les chiffres qui devraient nous intéresser. Il conviendrait toutefois de retenir que les hommes sont, en général beaucoup plus que les femmes, tentés de sortir de leur pays, en vue de faire fortune ailleurs et de ramener dans leurs ménages d’origine ce qui manquait pour la subsistance familiale.

Une enquête réalisée en octobre 2000 sur un échantillon de 1000 hommes mariés, prélevé au Kufo, a révélé que près de 30 % de cet échantillon envisageaient de partir en exode dans d’autres pays où ils trouveraient leur bonheur. La même enquête réalisée dans la même période sur un échantillon de 1000 femmes mariées, a montré que le projet d’émigrer n’intéressait qu’à peine 0,5 % de cet échantillon89.

C’est dire qu’en général dans le Kufo contemporain, les migrations externes ne préoccupent vraiment pas les femmes. Cela se comprend d’autant mieux que le Kufo constitue une entité dynamique, notamment au plan économique. Au cœur de cette entité, les femmes ont incontestablement leur place à tenir et leur rôle à jouer.