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La structuration de la cité : des liens étroits entre pouvoir temporel et pouvoir spirituelpouvoir spirituel

4.2 L'organisation et le fonctionnement du chapitre

D. La structuration de la cité : des liens étroits entre pouvoir temporel et pouvoir spirituelpouvoir spirituel

Le castrum de Montpezat se concentrait à l'origine sur la pointe d'un éperon rocheux, isolé au moyen d'un fossé transversal qui en barrait l'accès. Une motte féodale existait au moins en 1040, date à laquelle elle est mentionnée dans le récit des miracles attribués à sainte Foy de Conques. Une première agglomération s'était certainement développée au pied du château des seigneurs, ce qui expliquerait également la fondation du

prieuré bénédictin dédié à Saint-Martin. Des faubourgs ou barris ont dû, dès le XIIIe siècle,

déborder l'enceinte même de cette première cité, mais ce n'est qu'à la fin de ce siècle que la ville neuve a vu le jour. Florent Hautefeuille a démontré dans sa thèse que la formation de l'actuelle cité de Montpezat s'avère très proche de celle de Castelnau-Montratier, qui s'est

développée vers 1290-1300772. Une charte de coutumes est mentionnée pour Montpezat mais

elle avait disparu dès le XVIIIe siècle, et n'est aujourd'hui connue que par certaines mentions

lacunaires773. Ce document de franchises est attribué à Alphonse de Poitiers, comte de

Toulouse, vers le milieu du XIIIe siècle. Toutefois, comme le souligne Florent Hautefeuille,

771 Ce détail est rapporté par le chanoine Godefroy dans sa vie du cardinal des Prés. L'église actuelle a été reconstruite à l'époque moderne.

772 Hautefeuille, 1998, p. 1163.

cette attribution, non vérifiable, paraît douteuse au vu de la morphologie du village. Il semble assez curieux qu'une cité ait été créée près de cinquante ans après qu'une charte de coutumes ait été attribuée. Pour le chercheur, il faudrait plutôt voir dans cet ensemble de libertés une

libéralité du seigneur de la fin du XIIIe siècle ou du début du XIVe siècle, en l'occurrence

Raymond des Prés, qui, nous l'avons dit, avait épousé Bonne de Montpezat, et bénéficié ainsi de l'essentiel de la seigneurie éponyme. Le village neuf de Montpezat s'étendait sur environ trois hectares, et adoptait un plan régulier. Il ne paraît pas avoir été fortifié dès l'origine774, et

les neuf quartiers775 qui le composaient portaient d'ailleurs le nom de barris ou faubourgs. Un

fort villageois, situé au sud, appelé le « Réduch », offrait la possibilité aux habitants de se

réfugier dans un lieu clos en cas de nécessité776. La place principale de la ville, appelée « le

Mercadial », accueillait la maison de ville, siège des quatre consuls et symbole des privilèges

et franchises accordées à l'universitas castri, ainsi que les foires777 et marchés. Des couverts,

sous lesquels s'ouvraient des échoppes ou obradors, la bordent encore, comme dans de nombreuses cités méridionales.

Le choix de Saint-Martin par Pierre des Prés comme lieu d'établissement d'une collégiale, prend ici un autre sens, outre le souvenir de son baptême. Si Raymond des Prés a favorisé la mise en place d'une nouvelle ville, qui s'est étendue au nord-est du château, il n'avait pas réussi ou souhaité déplacer le siège de la paroisse au cœur même du parcellaire loti. La modeste église Saint-Martin existait bien dans le faubourg del Pla mais, tout comme

Saint-Jacques de Montauban778, ne constituait pas le lieu de culte principal de la cité. Les

habitants avaient pris l'habitude de la fréquenter, nous l'avons vu, plus que l'antique basilique éloignée de leurs maisons. Par sa création, le cardinal de Palestrina parachevait l'œuvre de son frère. L'église Saint-Martin accédait à une dignité supérieure et la paroisse trouvait enfin

774 Les murailles et les fossés qui entouraient la ville furent bâtis en 1341, lors des premiers conflits franco-anglais. Cinq portes jalonnaient les fortifications : la porte del Pla, plus tard Saint-Roch, qui séparait la ville du faubourg du même nom ; la porte de l'hôpital, sise au bout de la rue qui accueillait l'établissement charitable ; la porte de Cariven, du nom d'une riche famille du bourg, au nord ; la porte du Vent, située à l'est; la porte Saint-Pasteur, qui fermait l'accès au faubourg del Pla et à la collégiale, au sud. Il ne subsiste aujourd'hui que la porte de l'hôpital, les autres ayant été détruites entre la fin du XVIIIe et le début du XXe

siècle.

775 Il s'agissait des barris de l'hôpital vieux, Gélat, del Pla, Campmaury, de la porte d'Arnaudou, de la Bigua, de Torondel, de la Poutz de las Tapias et de la Fon de Diada. Hautefeuille, 1998, p. 1163.

776 La place du Réduch a été fortifiée en 1349. Arch. Dép. Tarn-et-Garonne, 3 E 678, fol. 41-43. Sur les fort villageois, voir les travaux d'Anaïs Comet, et plus particulièrement Comet, 2013.

777 Montpezat accueillait au moins deux foires annuelles, le jeudi avant les Rameaux et le 9 octobre.

778 L'église Saint-Jacques de Montauban existait avant que le comte de Toulouse Alphonse Jourdain ne fonde la ville neuve de Montauban en 1144. L'édifice a ainsi été inclus au sein d'un parcellaire régulier. Fréquenté par les habitants de la cité, lieu de l'élection des consuls, elle n'était toutefois qu'une simple annexe de l'abbatiale puis cathédrale (après 1317) Saint-Théodard, siège de la paroisse. Ce n'est qu'en 1361 qu'elle est officiellement érigée en paroisse.

refuge au sein du village. Certes, elle restait dans un faubourg et non au cœur de la ville neuve, ce qui s'explique d'une part, nous l'avons dit, par l'attachement prodigué à l'édifice ancien par Pierre des Prés, et d'autre part par l'occupation certaine d'une majorité du parcellaire qui rendait quasi impossible l'existence d'un terrain libre assez vaste pour construire une église. Mais de par son emplacement, la nouvelle collégiale rééquilibre en quelque sorte la morphologie de la cité : le château seigneurial, juché sur son éperon, joue ainsi le rôle de pivot et de trait d'union entre la ville neuve et l'église paroissiale, entourée d'un faubourg. La cité des hommes et la cité de Dieu s'articulent autour du symbole de la féodalité, qui veille et protège les deux entités. Il s'agit là de l'illustration d'une forme d'appui mutuel entre le pouvoir seigneurial et une mémoire dynastique, incarnée par la collégiale et son fondateur. Les des Prés, nouveaux seigneurs, avaient besoin d'asseoir leur légitimité et leur pouvoir récents sur Montpezat. Ils le firent en favorisant le développement d'une ville neuve, dotée de franchises et de libertés, pour inciter les habitants au commerce ou à la

proto-industrie779. Parallèlement, le sanctuaire dynastique, siège de la paroisse, donc lieu de culte

obligé des habitants, exaltait leur lignage au travers de son plus illustre rejeton, le cardinal de Palestrina. En édifiant un nouveau bâtiment ex nihilo et non en se greffant sur ce qui existait au préalable - ici les deux églises anciennes - la famille fondatrice affirme aux yeux de tous la naissance d'un rameau particulier, d'une branche nouvelle de l’arbre seigneurial qui tirera sa sève de leur propre fortune. Les anciens seigneurs ont été définitivement supplantés par leurs successeurs, et les actions de ces derniers pour leur cité - nouvelle ville, nouvelle paroisse - en sont les illustrations éclatantes. Ainsi, dans le cas de Montpezat, cette collusion entre pouvoir spirituel et pouvoir temporel, concentré au sein d'une même famille, préfigure la promotion

politique des lignages seigneuriaux mise en évidence pour le XVe siècle par Julien Noblet780,

dans son étude des collégiales et saintes chapelles, un phénomène qui est en pleine expansion au XVIe siècle.

D'autres liens entre l’Église et la cité existaient à Montpezat, là encore tissés par le cardinal des Prés. Les consuls de la ville étaient en effet les patrons de l'hôpital qui accueillait les pauvres et les indigents, un établissement fondé par ses soins, à la suite des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Un des chapelains du chapitre collégial occupait la charge d'aumônier du lieu, mais la gouvernance revenait aux édiles municipaux. De même, la Charité

779 La charte de coutumes accordait ainsi le droit de construire et de posséder des moulins à eau et à vent, des pressoirs, fouloirs, forges, fours, viviers et clapiers, le droit de chasse et de pêche, ainsi que l'exemption de péage sur les marchandises. Arch. Dép. Tarn-et-Garonne, C 319, fol. 286-287.

de Pentecôte se trouvait sous leur autorité781. Les consuls nommaient des gardiens chaque année pour gérer cette institution pieuse, dédiée au saint Esprit, dont le but premier consistait à distribuer des vivres aux indigents de jour de la fête éponyme, mais également à les assister

tout au long de l'année782. Des membres du chapitre collégial appartenaient à cette Charité.

Enfin, c'était en tant que gardiens annuels que les consuls participaient à la gestion de la confrérie des saintes Reliques, établie dans la collégiale Saint-Martin par le cardinal des Prés, suite au don important qu'il fit de précieux restes. Le chapitre collégial conservait le patronat de cette confrérie mais assurait sa gouvernance avec les représentants de l'universitas castri. La portée de ce gouvernement mutuel est de nouveau très symbolique : par cette association étroite au culte et à la sécurité des reliques, offertes par le cardinal, les consuls, et à travers

eux l'ensemble des habitants, se voyaient protégés par les parcelles de corps saints783. Or, cette

sauvegarde céleste, primordiale et privilégiée par rapport à nombre de villes proches qui ne disposaient pas d'un tel trésor, était due à la générosité et à l'influence de la nouvelle famille des seigneurs de Montpezat, qui, une fois encore, liait ainsi pouvoir politique, privilège spirituel et mémoire dynastique.

Qu'en est-il des autres églises à vocation funéraire objets de notre étude ? Le lien patrimonial est certes toujours très étroit, car ces édifices et ces communautés ont été implantés, nous l'avons vu, sur les terres familiales des fondateurs, voire, dans le cas du Pouget, au sein du manoir ancestral. Pour ce dernier exemple, la question des relations entre ville et communauté religieuse ne se pose pas, car le couvent de Clarisses est isolé en pleine campagne, loin de Castelnau-Montratier. L'agglomération fortifiée a servi éventuellement de refuge pour les religieuses en cas de périls. Dans le cas de La Romieu, la création de la collégiale, de ses dépendances et du palais du cardinal a modifié également la morphologie de la ville, en créant un véritable quartier spirituel, qui venait contrebalancer l'église existante. Il en était de même à Saint-Germain-les Belles d'ailleurs. Mais ce lieu, au contraire de Montpezat, n'associait pas aussi étroitement les habitants de la cité, qui ne s'y rendaient que rarement, le siège de la paroisse étant dans l'église de la ville et non dans la collégiale Saint-Pierre. Quant aux Junies, là encore, les habitants de l'agglomération qui s'était formée autour du château des de Jean disposaient d'un lieu de culte particulier, autre que la chapelle du

781 À ce titre, les consuls ont vendu une vigne au chapitre en 1375. Arch. Dép. Tarn-et-Garonne, G 816, fol. 50.

782 L'inventaire des biens d'Adhémar de Falguières dressé en 1394 mentionne un Guillemus de Boycha

gardenius anni presentis caritatis que fit in dicto loco Montispensati die Sancto Penthecostis. Arch. Dép.

Tarn-et-Garonne, G 835.

783 Le chanoine Godefroy, au milieu du XVIIe siècle, expliquait la sauvegarde de la ville durant les guerres de Religion par la présence et l'intercession des saintes reliques de la collégiale.

monastère des Dominicaines : l'église Saint-Martin de Canourgues, siège de la paroisse. Les liens entre ces dernières et le bourg des Junies consistaient essentiellement, semble-t-il, en relations avec les seigneurs du lieu, même si le pape Clément VI avait, en 1343, uni l'église

Saint-Martin de Canourgues et son annexe Saint- Pierre-des-Bordes au couvent naissant784.

4.5 Une imitation de la collégiale de Montpezat : Notre-Dame-de-Grâce de

Puylaroque

Puylaroque est un village du Bas-Quercy, connu depuis le XIIe siècle. Une importante église, dédiée à saint Jacques, domine le bourg. Ses origines ne sont aujourd'hui pas connues, mais le chœur de l’actuel édifice présente un triplé de fenêtres d’esprit cistercien

qui semble remonter à la fin du XIIe siècle, tout comme les chapiteaux qui soutiennent les

retombées des voûtes. La seigneurie appartient depuis le milieu du XIVe siècle à la famille des

des Prés, possesseurs de Montpezat.

Le 11 septembre 1366785, Bernard Carit a fondé six chapellenies perpétuelles dans la

chapelle dédiée à Notre-Dame-des-Grâces786 qu’il venait de faire ajouter au droit du chevet de

l’église Saint-Jacques, côté nord (fig. 38 et 39). Cette modeste construction en pierre calcaire est pourvue de deux travées, voûtées d’ogives, dont la retombée s’effectue sur de fines

colonnes à chapiteaux prismatiques. Les clés de voûte portent les armes du fondateur787 (fig.

40). La chapelle s’ouvre directement dans le chœur de l’église paroissiale. Les chapelains étaient ainsi indépendants tout en étant rattachés à la paroisse. Cette particularité architecturale se retrouve par exemple dans l'église Notre-Dame d'Autun, où Nicolas Rolin agrandit le collatéral droit de l'église paroissiale pour en faire une sorte de seconde nef réservée à l'origine au service liturgique de la communauté de chanoines qu'il venait de créer788.

784 Suau, 2013, p. 127.

785 Le texte original de la fondation est conservé en copie du XVIIe siècle aux premières pages d'un livre-terrier des biens fonciers des chapellenies. Cf. Arch. Dép. Tarn-et-Garonne, G. 1199. Bernard Carit a adressé ce même jour une supplique au pape Urbain V (Suppliques pour Urbain V, n° 001035).

786 Ce vocable de Notre-Dame-des-Grâces reprend celui d’un édifice plus ancien, situé en dehors de la ville de Puylaroque, et ruiné lorsque Bernard Carit décide de fonder sa collégiale.

787 Les armoiries de Bernard Carit se blasonnent ainsi : d'azur au lion couronné d'or, au chef cousu de gueules, chargé de cinq losanges d'argent.

Que peut-on apprendre sur le fondateur ? Bernard Carit est né à Puylaroque789. Sa famille appartenait à la bourgeoisie et se trouvait liée à certaines familles aristocratiques du Quercy. Un de ses oncles, également prénommé Bernard, était chanoine et archidiacre de Lavaur en 1318, tout en assumant la mission de collecteur apostolique. Chapelain du pape, Bernard Carit senior fut chargé par le souverain pontife d’une mission charitable en 1337 dans les pays dévastés par la guerre franco-anglaise : Cambrésis, Vermandois, Thiérache. Il

fut nommé archidiacre d’Eu et mourut en 1358790. Bernard Carit junior, qui nous intéresse,

commença sa carrière ecclésiastique dans les pas de son parent : il devint en 1352 collecteur apostolique pour Sens et pour Rouen, avant d’être nommé chanoine de Paris et archidiacre de Saint-Séverin en 1361. Il occupa ensuite, après Paris, une stalle à Rouen avant d’être pourvu de l’évêché d’Évreux en 1376 791. Il décéda en 1383. Il s'était soucié dès 1360792 de sa fondation séculière à Puylaroque. Un acte royal émanant du Dauphin Charles, Régent du royaume, mentionne, dès 1360, l’amortissement des biens accordé par le souverain sur lesquels furent assises les six chapellenies. Le patrimoine du nouvel établissement consistait en de nombreuses possessions, soit des immeubles - maisons, fermes, terres - soit des revenus

fonciers, situés dans Puylaroque et ses environs proches, donnés par Bernard Carit793.

Le pape Urbain V reconnut la nouvelle fondation le 11 septembre 1366. À cette date,

la chapelle elle-même était construite, comme le précise le pape. La bulle794, conservée sous la

forme d’une copie postérieure ainsi que dans les Lettres communes d'Urbain V, précise que le nouvel établissement a été créé en l’honneur de la Vierge et en vue d'augmenter le service du culte divin mais également pour le fondateur, ses parents, sa famille proche et toute sa

parentèle. Bernard Carit octroya des statuts795 à ses nouveaux chapelains, qu’il choisit

lui-même. Après sa mort, il souhaita que le curé de Saint-Jacques, qui était de droit un des six chapelains, et les consuls de Puylaroque bénéficient de ce privilège à tour de rôle. Il est d’ailleurs assez curieux qu’il n’ait pas souhaité transmettre ce droit de patronage et de nomination à ses neveux, comme cela est le plus courant pour les autres établissements séculiers tels que La Romieu ou Montpezat. Toujours est-il que les six chapelains jouissaient

789 Daux, 1881, p. 19-20 et Razoua, 1883, p. 57 et 270.

790 Carolus-Barré, 1950.

791 Gane, 1999, p. 294-295

792 Arch. dép. Tarn-et-Garonne, G 1199.

793Arch. dép. Tarn-et-Garonne, G 1199.

794 Lettres communes d'Urbain V, n° 017315.

795 Ces statuts sont conservés en copie dans un livre-terrier du XVIIe siècle (cf. Arch. dép. Tarn-et-Garonne, G 1199) et ont été transcrits et publiés par l'abbé Razoua. Cf. Razoua, 1883, p. 44-51 et p. 258-268.

de 25 livres de revenus annuels. En contrepartie, ils devaient réciter quotidiennement les heures de jour et de nuit dans la chapelle Notre-Dame-de-Grâce, chanter une messe en

l’honneur de la Vierge ainsi qu’un office sans note pour les défunts796. Le nombre de messes

quotidiennes chantées fut porté à deux à Noël, la Circoncision, l’Épiphanie, Fête-Dieu, Pâques, l’Ascension, la Pentecôte, la Toussaint, aux quatre fêtes de la Vierge et à la

Saint-Jacques. Le 26 février 1371797, Bernard Carit obtint du pape Grégoire XI le droit d'acquérir

des dîmes ou parts de dîmes détenues par des laïcs pour augmenter les revenus de ses chapelains.

Peut-on considérer cette fondation comme une forme de collégiale ? Si l'on s'en tient

à la définition donnée par Anne Massoni798 et l'équipe de chercheurs qui travaillent sur les

collégiales séculières, les chapelains de Puylaroque remplissent les conditions évoquées : ils chantent ensemble les heures liturgiques et la messe ; ils bénéficient d'une autonomie vis-à-vis du curé de la paroisse qui, certes, fait partie des leurs mais à qui les autres chapelains ne sont pas soumis, et d'une liberté financière grâce aux importants biens fonciers donnés par leur

fondateur qu'ils gèrent eux-mêmes799 ; ils sont indépendants de la paroisse Saint-Jacques de

Puylaroque ; leur lieu de culte est également à part et réservé à leur seul usage, même s'il est physiquement contre l'église paroissiale ; ils disposent enfin d'une salle pour eux seuls, située au-dessus de la chapelle Notre-Dame proprement dite, et qui n'est accessible que par un seul escalier, qui s'ouvre directement dans la chapelle800. Il est également possible que les chapelains aient occupé des maisons individuelles, bâties contre le flanc est de la chapelle

Notre-Dame : sur le cadastre du début du XIXe siècle801, cinq maisons similaires et contiguës,

en pierre et pans-de-bois, sont mentionnées. Une porte en arc en tiers-point s'ouvrait directement de la chapelle vers une cour intérieure commune à ces maisons, toutes détruites

796 Le fondateur précise également le montant et le moment des distributions en nature faites aux chapelains : à matines, un pain et un quart de vin, à la messe des défunts un pain, à la grand-messe un pain et un quart de vin, renouvelés le soir aux vêpres. En plus , une fois l'an, les religieux perçoivent deux setiers de blé, une quarte de froment et six setiers de vin, auxquels s’ajoutent dix-huit livres et dix sous.

797 Lettres communes de Grégoire XI, n° 011451.

798 Est considéré comme collégiale « tout établissement desservi par un groupe de clercs (…) chantant ensemble l'office divin (…) et disposant d'une autonomie minimale (..) ». Cf. Massoni, 2007, p. 925.

799 Le patrimoine foncier des chapelains peut être estimé via les deux livres-terriers des XVIe et XVIIe siècles