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Spectralité et mise en scène de la souveraineté

Surveillance ou sousveillance ?

8. Spectralité et mise en scène de la souveraineté

Versatilité

La surveillance des ạgälglot, telle quʼelle est présentée au chapitre précédent, peut sans aucun doute être considérée comme une technique ou une technologie de pouvoir. Pour Michel Foucault, la surveillance tout comme dʼautres mécanismes, comme lʼinterrogatoire ou le diagnostic, servent avant tout à établir et à maintenir des états de domination (Foucault 2001: 1547). Ces mécanismes sʼarticulent entre eux, sʼassocient jusquʼà constituer un système ou un ensemble assez cohérent de conduites, un faisceau de normes, pourrait-on dire, qui se déploient dans le détail et sur les corps. Sous cet angle foucaldien, une technique de pouvoir est toujours une fraction dʼun projet plus grand et souvent circonscrit par une intention délibérée. Cʼest également un instrument qui produit du sens, de lʼordre et des connaissances. Or, il est assez clair que le dispositif de surveillance dont il a été question se démarque passablement de cette perspective foucaldienne. En ne cessant de changer, ces technologies distillent de la suspicion et des incertitudes ; la surveillance des ạgälglot produit des significations qui ne cessent de se modifier. Elle produit des ordres toujours fragiles, des modulations (Deleuze 1990), des intermittences et bien peu de connaissances sur lesquelles, aussi bien lʼÉtat que les ạgälglot, peuvent sʼappuyer. Considérer la surveillance à partir de nouvelles modalités me permet de continuer à dégager les indices dʼune forme de gouvernance particulière qui sʼapplique et se développe devant les assignés au service national. Ce chapitre poursuit lʼexploration des formes et des déploiements que prennent en Érythrée ces techniques de pouvoir telles quʼelles se présentent concrètement et telles quʼelles sont représentées par ceux à qui elles sʼappliquent.

A ce titre, une mesure assez significative de lʼextension de la surveillance des ạgälglot est a considérer. Elle se met en place en Érythrée entre 2005 et 2006. Rien nʼest moins définitif quʼune mesure prise par lʼÉtat érythréen ; surtout lorsquʼelle regarde de près ou de loin le service national. En trouver le programme ou le canevas juridique qui fasse sens avec ce qui est concrètement mis en œuvre est peine perdue pour la plupart des mesures introduites depuis le début de la guerre éthio-érythréenne. La surveillance des ạgälglot est versatile. Je rends compte maintenant de la capricieuse extension quʼelle a pris à partir de 2005 et souligner que de quelques logiques interprétatives que les ạgälglot mettent en œuvre pour fixer une limite à lʼapparence dʼaléatoire et dʼarbitraire des fluctuations et des sursauts de l'État. Toutefois, faire honneur à la complexité de la mise en place dʼune mesure est un défi bien difficile à relever. Cʼest toujours en collaboration avec mes interlocuteurs en service que je décortiquais les faits et les dires pour essayer de dégager une version plus ou moins épurée et intelligible des incessantes inflexions que prenaient certaines mesures gouvernementales. Ma compréhension de ces mesures dépend de cette construction collective des évènements et de leur interprétations à laquelle je participais. Nous cherchions ainsi à en tracer au moins les contours, ne pouvant que difficilement en évaluer les gabarits, tant les critères et les normes sur lesquelles elles devaient nécessairement reposer et prendre leurs proportions ne cessaient de changer. Parler alors de « mesure » au sujet dʼactions prises par le gouvernement et par sa bureaucratie peut paraître un contre-sens. Nʼinvite-t-il pas en effet à inférer lʼexistence de dispositions officielles définies qui régentent des actions ?

Si la rafle de fin 2004 et le changement de régime bureaucratique quʼelle a imposée fut un évènement majeur dans la vie des individus en âge de servir1, ce ne fut malheureusement

pas le dernier. Sept mois plus tard, entre juin et juillet 2005, le dispositif de surveillance des ạgälglot sursaute à nouveau et un vent de panique souffle à Asmara. Il ne sʼagit plus dʼune énième réforme concernant lʼémission ou le contrôle des laissez-passer. Cette fois, les mesures de contraintes se propagent pour toucher les parents de ceux qui abandonnent leur assignation. Le premier coup de semonce est donné dans la campagne. Mes amis ạgälglot et leurs familles ont connaissance dʼune opération dʼenvergure qui vient de toucher quelques bourgs de la région administrative Däbub (situé au sud dʼAsmara). La police a massivement entrepris lʼarrestation de centaines dʼhommes et de femmes, des parents de déserteurs dit-on. La nouvelle est immédiatement relayée par un site internet qui informe la diaspora :

« the incarcerated parents in Däbub have been offered to be released on bail if they agreed to hunt down and bring back their « missing » children. The amount of bail is 10,000 Nakfa [650 CHF]if the absent person was found in Eritrea and 50,000 [3250 CHF] if 1. Voir le chapitre précédent.

they were outside the country. »

(Awate.com 2005a) Le communiqué mentionne quatre critères qui président à cette arrestation collective (les sources locales dʼoù proviennent les informations ne sont bien entendu pas révélées). Les prévenus sont les parents dʼobjecteurs qui nʼont jamais été incorporés au service national depuis sa mise en vigueur, les parents dʼétudiants qui ne se sont pas rendus à Sawa pour entreprendre leur dernière année de collège et les examens finaux, les parents de déserteurs assignés dans le militaire ou dans le civil ; et enfin, les parents de migrants ayant abandonné le pays sans en avoir eu lʼautorisation (exit visa). Tout cela semble assez clair et pourtant il faudra près dʼune année pour que de tels critères se définissent sur le terrain. Une partie des normes relatives à cette nouvelle mesure et un certain nombre de dispositions restent encore très nettement dans lʼombre. La nouvelle de ces arrestations soulève un mouvement de panique à Asmara : jusquʼà quand la capitale sera épargnée? Pour mes interlocuteurs, il est impossible de savoir si cette mesure a une portée régionale ou si elle prendra bientôt une envergure nationale mais ...:

« In September, while touring « Zoba Debub » (Southern Zone), President Isaias Afwerki held a session with the citizens who asked him about the fate of their incarcerated neighbors. Implausibly, the president answered « I know nothing of this issue ». »

(Awate.com 2005b) Face à lʼabsence dʼun communiqué officiel, dʼune procédure, dʼun règlement consultable ou dʼune indication avisée dʼun bureaucrate, les explications, les récits exemplaires et les versions relatives aux mesures prises par lʼÉtat sont innombrables. Certaines informations se contredisent, dʼautres changent ; des versions sʼimposent puis disparaissent quelques mois avant de réapparaître sous un nouveau jour. Les avis sont partagés, puis peu à peu les bruits courent : des parents de plusieurs régions ont étés incarcérés. A la fin de lʼété, la mesure semble avoir gagné la capitale, mais cette fois aucun site internet ne relaye la nouvelle de cette extension2.

A ce moment, je nʼai pas connaissance de lʼexistence dʼune caution fixée à 10ʼ000 Nakfa, on ne me parle que de la somme de 50ʼ000 Nakfa et personne autour de moi ne considère cela comme une caution. Cette somme représente plutôt une taxe ou une amende (gäbri ou mäq̄s̀ə̄ti). Dans un premier temps, cette somme dʼargent ne sert pas à sortir de prison, cʼest plutôt lʼinverse : si les parents ne peuvent régler ce nouveau dû, lʼun dʼeux est incarcéré. La durée de cette détention fait aussi lʼobjet de nombreuses spéculations : un, deux, trois mois, six mois. Les exemples et contre-exemples ne cessent de sʼenchaîner et 2. Une rafle survenue en décembre dans la région Maə̣käl marque lʼextension spatiale de cette nouvelle

ne permettront jamais de définir une pratique homogène. Parce quʼil touche aux ressources financières (locales et de parents dans la diaspora) et sociales (corruption, relation de parenté) des familles, le sujet est sensible et je ne peux malheureusement me fier quʼaux récits que lʼon veut bien me rapporter. Quoiquʼil en soit, le paiement de la somme libère le détenu ; mais pour ceux qui ne la trouvent pas, non seulement la durée de la détention semble varier fortement mais rien nʼéclaire si la peine dʼemprisonnement recouvre ou non lʼacquittement de 50ʼ000 Nakfa. Tout semble laisser à penser, à la fin de lʼannée 2006, que la limite maximale de la période dʼemprisonnement ne dépasse pas les six mois environ. Après cette période, lʼadministration locale ne semble pas poursuivre dʼavantage les parents qui ne se seraient pas acquittés de la somme totale. Lʼabstraction progressive de cas obscurs, comme des libérations sur parole ou des libérations suivi de re-incarcération, ou encore des peines non commutées, est lʼune des facettes de cette véritable tâche collective de longue haleine consistant à construire une règle dʼapplication des peines « prévues » par la nouvelle mesure. Certes, ce travail de décryptage ne tient pas uniquement à lʼabsence dʼun communiqué officiel ; pour mes interlocuteurs les pratiques policières ont sans doute été hétérogènes dès le début, au même titre que les critères déterminant le groupe de personnes visées3. Du reste, en 2006 (voir plus bas) de

nouveaux moyens de pressions sont mis en œuvre, sans prévenir, par les administrations locales et certains ministères ; puis lʼannée suivante dʼautres témoignages indiquent lʼintroduction dʼune nouvelle disposition touchant les habitants des campagnes qui ne peuvent sʼacquitter de lʼamende :

« All of the deserters interviewed by Human Rights Watch were fearful for the safety of their families and anxious that they would face the crippling 50,000 Nakfa fines, detention, or some other retribution such as the denial of business permits or the forfeiting of land in lieu of a cash fine. One man, now in Italy, heard that his familyʼs farm had been taken because he had fled the army: All the families of those who fled had to pay 50,000 or have their land taken away. This happened to a lot of people I knew. About half of the town suffered this. The area is usually a vegetable-growing area―tomatoes and spinach. When 3. Face à cette mesure, la confusion polysémique règne également dans les rédactions des ONG. Traduit- elle une hétérogénéité des pratiques pénales sur place? Comparez ces deux extraits dʼAmnesty International : « Relatives who fail to do so will be forced to serve six months in the army in place of their missing family member. » (Amnesty International 2006). Puis dans un autre rapport : « They remained in indefinite detention if they did not or could not pay the fines. » (Amnesty International 2008). Enfin, en 2009, lʼUNHCR déclare dans un rapport que ces pratiques doivent être considérées comme une forme de persécution (2009: 19-20). Amnesty International et Human Right Watch prétendent que cette mesure existait déjà avant 2005 : « The families of conscription evaders are often punished too – again without any legal or judicial reference – for allegedly assisting them to escape. Fathers or mothers or other relatives have been unlawfully detained in secret for short or long periods without charge or trial when their son or daughter fled the country, sometimes being held as a virtual hostage to try to force the wanted person to surrender. (Amnesty International 2004: 23) ; « Since 1998, itʼs standard to collect a family member if someone flees. The Administration gives the order to take family members if the national service member is not around. If you disappear inside Eritrea then the family is put in prison for some time and often then the child will return. If you cross the border, then [your family] pays 50,000 Nakfa [about US$3,050]. If thereʼs no then it can be a long time in prison. I know people who are in prison for six months. » (Human Right Watch 2009: 45-6).

people lose their land they depend on God. If they pay 50,000 they get their land back. » (Human Right Watch 2009: 46) Présager qui sera touché par cette mesure est une entreprise encore bien plus compliquée que celle consistant à entrevoir la dureté des peines encourues et ce, malgré lʼapparente clarté des informations fournies par le site internet mentionné auparavant. En effet, durant lʼété 2005, il était encore largement reconnu que la mesure punitive affectait et allait affecter les parents de lʼensemble des objecteurs et des déserteurs. Ce fut peut être lʼintention initiale, le contrôle a peut être pu sʼeffectuer de manière aussi systématique dans un périmètre restreint, mais les critères se sont précisés et redéfinis sur une longue période. Au fil du temps, certains critères sélectifs permettent à mes interlocuteurs de définir timidement si leur famille est à risque. Contrairement à ce que lʼarticle publié sur awate.com avance, les autorités ne réclament la somme de 50ʼ000 Nakfa quʼaux familles dont lʼun des membres a déserté récemment4. Bien entendu, il est assez difficile de définir

le moment où il y a prescription, mais à ma connaissance, la pénalité ne sʼapplique pas aux familles de ceux ayant déserté avant lʼannée 2002. Certaines familles ont été contraintes de sʼacquitter de la somme pour le dernier fuyard uniquement. Toutefois, dans plusieurs cas dʼévasions récentes au sein dʼune seule et même famille, la pénalité a été additionnée selon le nombre de fuyards. Dans dʼautres cas encore, une administration locale dʼAsmara a menacé des parents de comptabiliser également des évasions datant dʼavant la guerre contre lʼÉthiopie : une manœuvre, selon les familles inculpées, pour percevoir rapidement lʼamende correspondante à la dernière évasion. Cependant, les charges relatives aux déserteurs de longue date nʼont pas été retenues. Un article publié sur internet fait état de cette hétérogénéité de pratiques à la fin 2006 :

« Of course, the administrators are not following a uniform regulation. Some are only asking the people where they children are and that they should bring them at the soonest possible time. Some also say we were not ordered to make the parents pay but only to bring a guarantor etc. Some demand immediate payment, and it is here you see the big differences. »

(Awate.com 2006b) Un autre critère identifiant plus précisément les inculpés affleure en automne ; dʼabord sous forme dʼouï-dire, puis sous forme dʼhypothèse, avant de prendre une certaine assise durant la première moitié de lʼannée 2006. Les autorités semblent faire un tri entre ceux qui sʼévadent des tranchées et ceux qui abandonnent les bureaux. Autrement dit, une distinction entre service civil et militaire se dessine dans la pratique répressive et se fraie 4. A nouveau, tout cela prend forme dans la confusion. Au début, la plupart de mes amis ạgälglot estiment que sont comptabilisés uniquement les désertions et les objections de lʼannée en cours. Puis en vertu des cas que peu à peu ils collectionnent, ils déterminent lʼannée qui fixe la prescription.

un passage dans lʼégalitarisme qui doit faire la force dʼune telle armée de milice. Tous les ạgälglot ne sont pas logés à la même enseigne et cela semble devoir se répercuter sur les familles : les parents de ceux qui sʼéchappent de leur bataillon ne sont pas amendées. Pour quelles raisons donc les familles de civilistes seraient-elles tout particulièrement devenus la cible privilégiée de cette mesure dʼextorsion nationale? Lʼexplication qui devient courante dès la fin 2006 et qui gagne mes interlocuteurs conscrits dʼAsmara est la suivante : ceux qui sʼéchappent de lʼarmée le font sans lʼaide de leur famille, tandis que ceux qui sont assignés dans le civil et qui peuvent avoir plus souvent des contact avec leur famille peuvent impliquer leurs parents dans leur projet dʼévasion. Les responsabilités sont donc divisées de manière sommaire entre lʼarmée dʼun coté, et les familles de lʼautre. Sans autre forme de procès et sans passer par un examen des conditions dʼévasion pour chaque cas, cette présomption est sommaire. Selon une vingtaine de cas dʼévasion que jʼai pu relativement bien documenter, bon nombre de militaires profitent justement dʼune permission pour sʼenfuir du pays et font appel à leur famille à ce moment là dans le but dʼobtenir lʼargent nécessaire pour arroser une longue liste dʼintermédiaires et de passeurs. Par ailleurs, il nʼest pas rare que les civilistes asmarinos assignés dans la capitale et qui résident généralement chez leurs parents se gardent de les informer de leur projet. Dans ce cas de figure, ils réclament de lʼaide plutôt à des parents de la diaspora5. Par

conséquent, la norme implicite qui condamne les uns plutôt que les autres à partir du critère du type dʼassignation du fuyard ne semble pas sʼapparenter à la réalité des pratiques. Difficile de dire, sans statistiques, si cette norme traduit alors plutôt une intention de taxer avant tout une classe privilégiée (et donc plus facilement solvable) qui peux offrir à ses enfants de bonnes conditions dʼétude et ainsi leur ouvrir les portes dʼune assignation civile6.

Les intentions du gouvernement en matière de réglementation restent donc voilées. Néanmoins, une norme finira par sʼinstaller progressivement. En réalité, cʼest par une lecture interprétative fine et incessante – un décryptage par indices progressifs, que mes interlocuteurs « travaillent » - parfois pendant des mois – à la définition des règles qui ne leur sont jamais énoncées. Cela rappelle, une épistémologie empiriciste à la John Locke dans le champ politique érythréen, tant la logique du tâtonnement, cher au philosophe, est importante dans ce travail de décryptage7. Ce travail, rempli de doutes et de sursauts,

sʼeffectue dans une confusion dʼhypothèses dont il mʼest impossible de rendre compte tant 5. Les enfants se gardent dʼinformer leurs parents de leur projet de départ pour, comme ils lʼaffirment, éviter de les impliquer. Mais les raisons pour garder le silence sont renforcés par cette mesure, dont lʼapplication a augmenté pour eux le risque dʼêtre dissuadés par leurs parents.

6. « In a series of meetings held on from 10 to 12 June, in Asmara, parents were sternly warned of grave consequences in case they fail to hand over their children who would complete 11th grade this year. Any student who does not report for traveling to Sawa this summer will have both parents jailed. » (Awate.com 2005a) Ce communiqué datant avant les premières rafles de parents dans la région Däbub laisserait à penser que cette mesure visait dès le début les familles asmarines dont les enfants suivaient des études secondaires supérieures. Toutefois, bien que me trouvant à Asmara au mois de juin, je nʼai jamais entendu parler de ces meetings avec les parents dʼélèves.

les critères et les combinaisons se déclinent et tantôt se recoupent, tantôt sʼopposent. Mais il faut souligner également que ce travail nʼoccupe pas seulement les capacités cognitives. Le siège des émotions est mis aussi à rude épreuve. Les enjeux sont importants, ce travail est donc vécu dans lʼurgence et la frustration. La peur aussi bien que les oscillations du désespoir sont le fardeau que tout un chacun doit tenter de domestiquer durant tous ces mois. Il faut ajouter, à ce tableau dʼincertitudes, quelques dimensions temporelles qui viennent semer encore un peu plus le trouble. En 2005, alors que la mesure prenait peu à peu de lʼampleur, les pronostics se focalisaient sur la question de savoir combien de temps telle ou telle famille allait encore être épargnée. Plus tard, en 2006, puis les années suivantes, une accalmie faisait tantôt pressentir un désinvestissement des administrations locales ; tantôt, la reprise des arrestations ravivait les pires sentiments de détresse.

Une autre question lancinante produit un foisonnement dʼhypothèses et dʼanticipations : de quelle manière les autorités collectent les informations nécessaire pour épingler les familles de déserteurs et dʼobjecteurs? Pourquoi la famille du voisin et pas la nôtre? Comment rester discret et ne pas commettre un impair révélateur? Un nouveau travail de décryptage se dresse devant nous. Au printemps 2006, les administrations locales de la