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Cʼest en 2001, juste après que le cessez-le-feu ait été signé avec lʼÉthiopie que les contestations collectives et publiques sʼorganisent et sʼélèvent contre les erreurs stratégiques commises durant la guerre et contre les politiques dʼIsayas Ạfwärqi. Ce

seront aussi les derniers signes de protestations publiques en Érythrée. En mai, plusieurs membres influent du Parti et du gouvernement publient dans les journaux une lettre ouverte réclamant au Président la reprise du dialogue politique et la mise en œuvre, sans plus tarder, du processus de démocratisation que la guerre avait suspendu. Dʼautres critiques relayent les premières. Elles émanent cette fois de lʼassociation des étudiants de lʼUniversité dʼAsmara. En juillet, son président est arrêté et au même moment, les signataires de la lettre ouverte sont radiés. Les étudiants manifestent pour la libération de leur président Semere Kesete. Ils refusent également de partir pour les camps où ils doivent participer au programme estival de travail (summer work program, maə̣tot en tigrinya) tant que Semere nʼest pas jugé par un tribunal12. Des soldats sont alors déployés

dans la capitale et traquent les étudiants quʼils regroupent au stade municipal. Un premier groupe est acheminé en camion en dehors de la ville puis quelques jours plus tard cʼest le tour de centaines dʼautres, qui, obligés de se présenter aux autorités, sont également embarqués de la même manière vers une destination inconnue. Tous découvriront le camp de Wia situé dans le désert côtier, au sud de Massawa et non loin de la dépression de Dankalie, célèbre pour être la région la plus torride du globe. Les étudiants y passeront trois mois de détention et seront soumis aux travaux forcés. Cʼest durant cette même période quʼonze hauts-fonctionnaires signataires de la lettre ouverte au Président seront arrêtés et incarcérés dans une prison secrète. Plusieurs sources affirmaient en 2009 que seuls deux détenus y survivaient encore13. Lʼétat dʼurgence sʼest invité sans décret.

Si les témoignages divergent sur les évènements qui se déroulent dans le camp de Wia, tous les récits expliquent la fin de lʼinternement de la même manière. Cette convergence implique une déclaration écrite, une formalité dirait-on simplement, si elle nʼavait pas lʼimportance que ceux à qui elle sʼadressa lui attribuent et si elle ne cessait pas dʼêtre mentionnée comme le cas exemplaire sur lequel sʼest reflété lʼexpérience bureaucratique du formulaire dont il vient dʼêtre question plus haut. Pourtant le contexte, les acteurs et lʼacte bureaucratique lui-même sont assez différents. Tout dʼabord, le contexte est en 2001 celui dʼune crise politique majeure, un espace de confinement et une mesure répressive physique. Ensuite, les autorités sont militaires et les détenus ne sont pas encore assignés au service national. Je tiens à souligner, toutefois, que certains étudiants détenus à Wia, parce quʼétant destinés à occuper des places dans les ministères de la capitale, se sont retrouvés, cinq ans plus tard, en face du formulaire de 2006. Dʼautre part encore, ces deux mesures prises par les autorités sont de nature fondamentalement différentes : celle qui nous intéresse maintenant est dʼordre punitive, elle sʼapplique à la suite dʼun acte collectif 12. Semere Kessete avait publiquement présenté un refus justifié de participer au « summer work program » (Awate 2005c). Pour une analyse des prise de position officielle relatives à ces critiques voir lʼarticle de Sara Dorman (2005b: 196-199). En même temps, une conférence qui se tient à lʼUniversité est lʼoccasion pour plusieurs, dont Teame Beyene, alors président du tribunal d'Asmara (High Court), d'énoncer publiquement dʼimportantes critiques. Il sera radié peu de temps après (Connell 2005: 12).

réprimé quʼelle parachève, tandis que lʼobligation de nommer un garant est dʼordre plutôt préventive puisquʼelle anticipe lʼévasion quʼelle sert, intentionnellement, à dissuader. Enfin, le type de documents nʼest pas directement comparable : si jʼai parlé dʼun formulaire précédemment, cette fois il sʼagit, dʼune sorte de déclaration. Lʼun est destiné à produire des connaissances (fournir aux autorités le nom dʼune personne amendable), lʼautre nʼa en aucun cas cette prétention ; cʼest un acte moral de reconnaissance de culpabilité envers le gouvernement. Malgré donc ces différences plutôt marquées, quelque chose de similaire se joue à ces deux moments qui permet de faire se rejoindre ces deux bouts de papier et ce quʼils représentent pour mes interlocuteurs au service national.

Les références à lʼinternement des étudiants à Wia sont innombrables. Lʼévènement illustre la subite inflexion autoritaire que prend lʼÉrythrée au sortir de la guerre et permet de dénoncer de nouvelles mesures gouvernementales qui bafouent les principes élémentaires des droits humains14. Cependant, toutes ces sources nʼabordent que très

superficiellement lʼévènement : rafles, détention sommaire dans un ou plusieurs camps, travail forcé, tabassages, conditions de vie et dʼhygiène intolérables et la mort par insolation de deux étudiants. Tant le quotidien dans le camp que les manœuvres dont il est question ici ne sont pas abordés dans ces sources. Pour comprendre ce qui vient sceller le douloureux séjour à Wia, il faut user dʼautres témoignages, beaucoup moins nombreuses, mais un peu plus précises sur les pratiques concentrationnaires qui ont organisés le cadre de la vie quotidienne dans le camp. En recoupant ces sources15, je

souhaite avant tout me pencher sur qui semble composer une séquence presque rituelle de techniques de pouvoir et ainsi reconnaître, à partir de celles-ci, les manœuvres essentielles à la construction de la répression et à la mise en place de son dernier mouvement, excessif, pour ne pas dire obscène.

Filemon à qui jʼai déjà donné la parole précédemment, est lʼun de ces anciens étudiants envoyés à Wia en 2001. Cʼest bien sûr la peur de lʼinconnu quʼil mentionne avant tout, lorsque les camions entrent dans le stade et que les étudiants sont forcés, manu militari, de sʼentasser dans les remorques sans savoir où ils seront conduits. Une fois à Wia, la première manœuvre des autorités militaires consiste de diviser les étudiants en plusieurs groupes. Filemon me parle de six groupes, une autre version en énumère quatre (Awate.com 2005c). Deux ou trois groupes restent à Wia tandis que les autres sont transférés un peu plus au sud, à Gelalo, le siège dʼune garnison. Pour Filemon comme pour les autres que jʼai interrogés, la répartition des étudiants sur deux sites et leur division en plusieurs groupes nʼest rien dʼautre quʼune manifestation typique du principe 14. Par exemple: (UK Home Office 2006 ; U.S. Department of State Bureau of Democracy, Human Rights,

and Labor 2006 ; Human Right Watch 2009 ; Debessay 2003)

15. J'ai discuté de cet évènement avec trois ex-étudiants, dont Filemon, qui ont été incarcérés à Wia en 2001. A mon retour, j'ai décidé d'inclure dans ce chapitre un témoignage de seconde main parce qu'il offre certaines ressemblances avec ce que j'ai entendu en Érythrée (Awate.com 2005c).

« diviser pour régner » qui articule toute leur expérience du camp. Dans cette configuration croissent toute sorte de rumeurs. Certains auraient entendus que les étudiants incarcérés à Gelalo transportaient des pierres dans le désert. Untel qui se trouve dans lʼautre groupe aurait été battu à mort. Dʼautres auraient tentés en vain de sʼéchapper lors dʼune collecte de bois. Ce type de phénomène a un nom bien connu en Érythrée :

Bado Sälästä, en chiffre cela donne « 03 », nom de lʼancien service dʼinformation de

lʼEPLF. La rumeur est donc institutionnalisée au même titre que les dépêches ou la propagande. Les nouvelles sʼébruitent et sʼéchangent entre les groupes lorsquʼils se retrouvent. A ma connaissance, cela arrive à trois reprises et chaque fois cʼest lorsque un officier de lʼarmée prononce un discours. Tels quʼils sont rapportés, ces discours nʼont que deux motifs, juger les étudiants coupables et les menacer :

« Because you have rejected a call that would have benefited the country and the people, you are guilty. Thus, you should admit your error and ask for forgiveness. [...] Unless you ask for forgiveness, a punishment worse than what you have encountered awaits you. »

(Col. G.Woldeselassie cité in : Awate 2005c). « Like somebody who has been infected with AIDS, you have been infected with G-15 [les 15 membres du Parti qui ont signés la lettre ouverte au Président]. You are guilty of crimes against the people and the government. The government knows what is best for you ; so say ok, to whatever it tells you. As for whatever it is you are guilty of, it is on your head and it will follow you. »

(Maj. Gen. Gerezghier Andemariam « Wuchu » cité in : ibid.)

Tout cela ne conduit que vers le dernier mouvement, la dernière mesure, qui mettra un terme à la détention. Pour Filemon qui se trouvait dans un des groupes postés à Gelalo, les choses se passent ainsi : dans un premier temps des voix circulent. Certains étudiants auraient été relâchés ou seraient sur le point de lʼêtre. Il mʼassure que ces rumeurs sont lʼœuvre des militaires responsables de son groupe ; ils évoquent une lettre (däbdabe) que plusieurs étudiants auraient rédigé en guise dʼaveu. Ils y déclarent leur culpabilité envers le gouvernement et sʼexcusent formellement auprès des autorités. Ainsi, des étudiants auraient craqués et se seraient mués en transfuges pour obtenir leur libération. Il sʼagit, en fin de compte, de signer ou de rester en détention et cette dernière option est beaucoup plus incertaine que celle de se plier au mea culpa collectif : « Quand est-ce quʼils nous auraient donné à nouveau la possibilité de signer une telle lettre ? » me dit Filemon pour justifier le choix quʼil fit peu de jours après avoir eu vent de cette trahison. Une autre version témoigne dʼune mise en scène bien plus terrifiante. Elle décrit la façon dont est introduite la déclaration formelle de culpabilité au lendemain dʼune entrevue avec un officier de lʼarmée. Au matin, les étudiants montent dans des bus qui les emmènent plus

au sud, sur la route dʼAssab. Cʼest sur cette route située au milieu du désert que les militaires présentent aux étudiants le choix de déclarer ou non leur culpabilité vis à vis des évènements auxquels ils auraient tous participé durant lʼété à Asmara. Dʼune façon ou dʼune autre, une forme dʼintimidation est mis en scène et préside à la déclaration formelle des étudiants :

« Some distance away, a man holding papers, and accompanied by soldiers with batons and guns, would call out the students, one at a time. Everyone was asked a written question : « I, having disobeyed a government proclamation that would benefit the government and the country am correct or wrong. » The written document further said that if you say that you did not disobey but were exercising your rights, you would be considered guilty. Every student was asked. We all knew that what we had done was correct. However, using force and intimidation, they compelled us to say that it was wrong. They got what they wanted ; and we lost. »

(Awate.com 2005c). En avançant que le mécanisme dʼoppression mis en place à Wia nʼest pas de nature systématique (2009: 64), Tanja Müller manque alors de reconnaître lʼefficacité de lʼassemblage des techniques de pouvoir qui précèdent lʼaction de signer, et qui construit à la fois la résignation des étudiants au fil de leur séjour et justifie cet acte dʼassujettissement que lʼon retrouve dans les différents témoignages. Diviser, ébruiter et menacer sont certainement les principales techniques qui vont organiser la débâcle du mouvement contestataire estudiantin16. Bien entendu, le document signé nʼa en soi

aucune valeur ou utilité, ni pour les militaires, ni, a fortiori, pour le gouvernement. Il ne permet même pas potentiellement dʼextraire des informations comme cʼest le cas dans lʼexemple précédent. Cʼest pourquoi il faut y reconnaître une forme épurée de performance dans lʼaction de signer. Le document nʼest utile que pour réaliser un geste dʼune façon bien particulière. La mise en acte de la soumission des étudiants use à nouveau dʼune forme qui parodie le formalisme administratif. Ainsi lʼécriture, en tant que technique dʼinscription, fait ici partie intégrante de la mise en place et de la reconnaissance dʼune forme autoritaire du pouvoir étatique et de son exercice, au même titre que les châtiments et mesures de contraintes physiques (rafle, internement, tabassage, travail forcé, etc.).

Le terme mis aux sanctions physiques encourues par les étudiants et ce qui marque leur retour à une vie de « citoyen libre » passe donc par un acte qui est de nature inquisitoriale : il sʼagit dʼun aveu arraché par la force, un acte qui annihile le choix individuel et les convictions personnelles, et qui ne reflète avant tout que la force brute 16. Pour un témoignage précis des conditions de vie quotidienne dans le camp de Wia voir (Elsa & Mussie

dʼun pouvoir souverain complètement étranger à lʼindividu ; cʼest lʼantithèse de la confession. En signant, ne sʼagit-il pas en effet de reconnaître que la toute puissance injonctive de lʼÉtat rend futile toute forme de contestation ? Lʼacte de contrition forcé nʼest- il pas alors du même coup une manifestation particulièrement exemplaire et violente de la souveraineté de lʼÉtat érythréen ? La souveraineté est un effet produit par des actions et donc la souveraineté demande à être exécutée et réitérée pour être effective (Hansen & Stepputat 2005: 7). Elles est en ce sens une performance et une mise en scène. Les étudiants sont en face dʼun spectacle qui leur donne à voir la violence que lʼautorité étatique exerce sur eux. Mais ils jouent également un rôle actif : ils signent.

Néanmoins, ce nʼest ni lʼexcès des mesures physiques prises contre les étudiants que je veux souligner ici, ni lʼabsence dʼune procédure judiciaire. La démesure des peines encourues par les étudiants nʼest que trop évidente. Je veux plutôt attirer lʼattention sur la nature de ce qui vient mettre un terme aux supplices : lʼacte de signer comme une excroissance des excès déjà accomplis, ou un exercice exemplaire dʼune forme de souveraineté qui se déploie à ce moment même. Lʼacte de signer et de reconnaitre formellement sa culpabilité est un excès au sens où il sʼorganise comme un supplice dont seul lʼéclat à de lʼimportance17. Cʼest une démonstration de pouvoir et rien dʼautre, puisque

lʼaveu forcé dont il est question ici, au lieu de façonner des êtres plus utiles et dont la productivité sera accrue, ne peut produire, au contraire, que dédoublement et dissimulation parmi les étudiants. On aura bien de la peine à croire que les militaires sont à ce point stupides pour ne pas savoir que ce quʼils mettent en place à lʼissue de la punition nʼa dʼautres effets que de produire de nouvelles raisons pour eux dʼêtre dʼavantage suspicieux envers les étudiants. Lʼacte de signer et de déclarer sa culpabilité nʼentérine rien dʼautre que lʼémergence dʼun jeu de dupe dans lequel les faibles seront toujours perdants. La leçon nʼa pas pour but de convaincre, de persuader en profondeur les récalcitrants dʼavoir agi contrairement au bien publique ; la leçon ne fait que convaincre plus superficiellement que la nation vient de sʼengager dans un moment de son histoire où plus rien ne peut et ne doit contredire ses dirigeants. Elle instaure non seulement la dissimulation mais elle instaure aussi le simulacre (Mbembe 1992: 8) comme un désespérant impératif que tout un chacun doit sʼimposer devant le souverain « commandement » mis en scène dans toute son incontestabilité. Lʼétat dʼurgence sʼest mué en quelque sorte en état de siège, où les étudiants, après avoir été confinés, ne sont libérés que physiquement. Ils ne font pour ainsi dire que de changer de prison.

Venons-en maintenant à la forme que prend lʼexcès. Le supplice final parodie un geste administratif, puisquʼà nʼen pas douter, le document signé, bien quʼétant la preuve dʼune 17. Je paraphrase ici le titre dʼun chapitre de « Surveiller et punir » de Michel Foucault: « lʼéclat des supplices » où lʼauteur démontre que « Le supplice a donc une fonction juridico-politique. Il sʼagit dʼun cérémonial pour reconstituer la souveraineté un instant blessée. » (1975: 59).

reconnaissance de culpabilité, ne sert dans aucun processus bureaucratique ultérieur. Autrement dit, il ne détermine que la forme que les militaires souhaitent donner à lʼaveu. Nʼest-il pas étrange que dans lʼétat dʼurgence qui préside à la mise en camp des étudiants et que dans cet espace particulier où même le droit semble suspendu sous la forme dʼune loi martiale (interdiction de manifester, réclusion sans jugement, indétermination des peines, risque dʼexécution, etc.) lʼon voit finalement se profiler la mise en place dʼun choix que les étudiants doivent faire et donc dʼun droit que les militaires semblent leur restituer ? Renouent-ils alors avec leur statut de citoyen jusquʼalors temporairement suspendu ? Bien sûr que non. Le choix proposé aux étudiants est bien ridicule puisquʼil ne sʼagit que de reconnaître ou non leur culpabilité. De plus, le choix est contraint et pré-déterminé par lʼeffroi provoqué par les menaces proférées. Ce qui met un terme à la réclusion des étudiants sʼarticule donc simultanément sur deux registres de gouvernance : bureaucratie dʼun coté et despotisme de lʼautre18. En usant dʼun formalisme emprunté aux techniques

dʼinscriptions officielles, les militaires parodient un État de droit qui nʼexiste plus.

La situation nʼest pas sans rapport avec lʼambigüité que Yael Navaro-Yashin décrit à propos dʼun « quasi-État » comme la République Turque de Chypre du Nord : « What is curious is that there is a sophisticated state system operating through the symbols and transactions of « citizenship. » But there is undeclared martial law. And at moments decided by the sovereign National Coordination Council, the domain of « citizenship » and « rights » are canceled. » (2005: 112). Wia est non seulement lʼun des points de basculement politique dans la courte histoire de lʼÉrythrée souveraine, mais le camp est également et en lui-même un seuil qui met en scène lʼétrange articulation de deux modèles de gouvernance et lʼincessante indétermination de leurs limites. Tout cela nous renvoie sans surprise aux thèses de Giorgio Agamben pour qui la souveraineté revient à celui qui a le pouvoir (légal) de suspendre la loi et dʼinstaurer lʼétat dʼexception (1997: chap. 1). Toutefois, la tension et lʼambivalence qui parcourent lʼacte de signer et lʼaveu des étudiants ne permet pas de reconnaître en eux des individus à ce point assujettis quʼil ne seraient devenus que des êtres purement biologiques19. En effet, ils ont encore un choix,

aussi minime quʼil puisse être et, quʼen dernier ressort, les militaires leur laisse prendre. En ce sens, au moment de signer, ils ne sont plus tout à fait dans lʼétat dʼexception, bien que le camp joue comme espace dʼexclusion et que leurs droits ont été suspendus temporairement. Toute lʼambivalence de lʼacte performatif qui leur permet de mettre un terme à leur réclusion associe simultanément une forme dʼassujettissement et une forme de vitalité politique qui leur confère encore, mais de manière limitée, la qualité dʼêtre citoyen. Dans cette configuration fragile et ambigüe, les étudiants sont devenus ce que 18. Le dernier chapitre de cette partie explore cette hypothèse avec lʼaide dʼautres matériaux

ethnographiques.

19. Giorgio Agamben prend à ce titre lʼexemple des juifs détenus et massacrés dans les camps de concentration.

Yael Navaro-Yashin a défini comme des citoyens assujettis ou soumis (subjected citizens),