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Nous envisageons la notion de pouvoir non uniquement sous l’angle économique mais sous sa forme de jeux d’interaction, ceci a été souligné par l’analyse de H. Mintzberg.253

Sous forme de jeux, d’enjeux, de mises en jeux, le pouvoir révèle toute structure d’organisation. Cette notion de jeu paraît apte à éclairer la dimension stratégique de la communication. Elle est prise au sens d’activité organisée, régie par des règles pouvant se traduire par un succès ou un échec, un gain ou une perte.

Le jeu est phénomène interactif, il suppose plusieurs joueurs agissant et réagissant les uns aux autres. Il définit surtout un système déterminant différents éléments : (les règles, le matériel, les joueurs, les coups…). Ce système s’impose à tous les participants et leur procure la qualité de joueur.

Cette perspective est à approfondir ; elle nous permettra de mieux saisir, dans l’instant de l’évolution de l’organisation, les jeux de pouvoir, les enjeux de territoires, reflets des

représentations sociales et symboliques des acteurs du système.

La Cité des Métiers l’illustre. La contractualisation des différents partenaires non seulement constitue la Cité des Métiers mais lie, aussi les partenaires entre eux. Des accords concrets concernant les moyens sont stipulés dans une convention bilatérale passée entre la Cité des Sciences et de l’Industrie et chaque institution. La Cité des Sciences et de l’Industrie assure la gestion de l’espace et des services, à l’institution partenaire de s’engager sur les personnels et les ressources de chaque pôle.

Le principe fondamental du partenariat repose sur la dynamique de l’action qui autorise le changement et permet aux pratiques d’évoluer. Les acteurs sociaux présentent des attitudes non pas uniquement en fonction du passé mais en rapport aussi avec l’avenir tel qu’ils le voient avec leurs ressources et leurs attentes ; et ceci en fonction des opportunités qu’ils découvrent dans les jeux qu’ils jouent au sein du système.

L’orientation stratégique se fonde sur l’évaluation de la situation présente, où atouts et ressources mobilisables sont utilisables.

Selon M. Crozier,254 une dimension prospective peut donc enrichir le caractère rétrospectif

des attitudes.

ACTE IV : Notre regard d’observateur et notre rôle d’apprenti chercheur

ACTE IV : Scène I : L’Information Scientifique et Technique, l’information spécialisée et les Technologies de l’Information et de la Communication.

« Deux dangers menacent le monde : l’ordre et le désordre. » Paul Valéry.

Cette analyse et l’étude de terrain s’inscrivent dans le domaine des Sciences de l’Information et de la Communication et prennent pour appui le champ théorique de ces domaines et plus particulièrement celui de l’Information Scientifique et Technique.

L’Information Scientifique et Technique ne se décline pas sous une seule définition.

Tantôt qualifiée d’information spécialisée ou d’information professionnelle ou encore, selon les Anglo-Saxons de science de l’information et des bibliothèques, elle se démarque toutefois de la communication, de l’information générale représentée par la presse et de l’informatique, désignée par le traitement de l’information-signal.

L’IST est ici comprise dans son sens général et premier d’« élément de connaissance susceptible d’être représenté à l’aide de conventions pour être conservé, traité ou communiqué »255 avec la restriction que les éléments de connaissance émanent

spécifiquement de l’activité scientifique ou technique. Les connaissances élaborées par ceux qui construisent les savoirs (savants, chercheurs, érudits, ingénieurs…) sont alors communiquées ou conservées sous des formes diverses, adaptées aux usages envisagés.

L’IST est donc à la fois le contenu et la forme sous lesquels les savoirs sont représentés, en tant que connaissance enregistrée.

L’étymon latin informatio possède un sens concret et technique d’action de façonner, donner une forme à quelque chose mais aussi celui d’instruction ou idée, notion ou représentation

liées à la connaissance. Cette définition est révélatrice de la plus grande partie de l’histoire de l’IST.256

254 M. Crozier et E. Friedberg. L’Acteur et le système. Op. Cit. pp. 468-469. 255 Extrait du JO, Journal Officiel.

256 Une approche théorique est nécessaire, nous semble-t-il pour mieux saisir non seulement l’évolution de l’Information Scientifique et Technique et donc de l’Information Spécialisée en organisation mais aussi celle des

Pourtant au cours du XX°siècle le concept s’élargit pour s’adapter au secteur industriel et professionnel. Elle n’est plus seulement perçue comme l’offre et la diffusion de données et de connaissances provenant de la science et des innovations technologiques mais aussi comme l’ensemble de réponses apportées à une demande d’information provenant de professionnels. Désormais, l’offre se définit de plus en plus par rapport à des besoins précis.

De fait, l’IST s’étend à l’information économique, financière257 ou commerciale dont

l’entreprise a besoin. Ainsi, plus généralement, toutes les informations qui donnent la maîtrise d’un savoir ou d’une technologie sont des informations à finalité économique. C’est par sa dimension irrémédiablement pratique que l’information s’inscrit dans un système de marché. Des logiques économiques, financières et politiques s’entrecroisent. La diffusion de l’information a un prix, ses acheteurs, ses producteurs et ses vendeurs. La diffusion et la circulation définissent ce marché : l’information produit un système d’interdétermination entre richesse matérielle (avoir), savoir et pouvoir. Ce n’est pas la rétention de l’information qui crée le pouvoir, c’est sa diffusion et le contrôle de sa diffusion. Le paradoxe de la marchandisation ou industrialisation de l’information est que l’information est pour l’individu-consommateur un bien non seulement indivisible et collectif mais aussi

unique par son appropriation. Et, néanmoins, dans ce cas, la vente n’annule pas la relation qui

lie le vendeur à l’acheteur. Immatérialité et savoir se mêlent toujours. C’est dans ce contexte conceptuel que nous allons travailler.

ACTE IV : Scène II : Itinéraire et démarche de l’apprenti chercheur

L’information et plus spécifiquement l’IST et ses variantes sont prônées comme valeur de référence, examiner avec précision son rôle, son impact réel et ses usages pratiques nous

technologies, de l’innovation et par conséquent du lien antre IST et TIC. Voir plus loin paragraphe sur les TIC. Voir réflexions de P. Flichy, des historiens des techniques et des sociologues de l’innovation.

257 Dans ce contexte l’IST est un élément essentiel de la veille technologique. Elle est l’or gris de l’Intelligence Economique qui a de fait pour mission de rechercher, de traiter et de distribuer cette information en vue de son exploitation utile aux acteurs économiques. La finalité de l’activité d’intelligence est d’informer utilement.

semble nécessaire à la vue des transformations occasionnées par les Technologies de l’Information et de la Communication.

Les modifications en quantité, circulation, traitement et contenu de L’IST par les TIC constituent le point central de notre démarche. Les TIC apporteraient une rupture : les supports ou systèmes standardisés ne correspondraient plus aux potentialités technologiques actuelles et aux pratiques émergentes.

Cette étude constitue un travail de thèse;258 elle révèle non seulement ces changements de

modalités mais surtout une transformation d’état de l’information spécialisée.

Il est hors de notre idée, d’ajouter quelques mots de plus au discours technophile, largement fleurissant et qui repose sur le primat de l’objet-technique.259 Ce discours décline souvent

dans les domaines de l’éducation et de la formation une illusion technologique qui n’est que le fruit d’une puissante idéologie. Cette dernière surnommée l’idéologie invisible 260dessine, de

fait, un système de représentations de la réalité marqué par la rationalité instrumentale, cautionnant la puissance économique.

Habermas le pressentait déjà lorsqu’il soulignait, pour notre époque : « (...) la technique et la science comme idéologies (...) »

Notre réalité est modeste : c’est sur le terrain que nous observons les usages et leurs incidences sur tout type d’organisations. Des interstices de liberté sous formes de négociations, de revendications, en un mot de résistances peuvent user toute norme sclérosante.