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2.2 La Connaissance et le savoir en organisation

2.2.4 En guise de conclusion partielle

Au-delà d’une modélisation économique radicale, ces nouvelles approches nous permettent d‘appréhender un autre cadre encore plus complexe où l’homme, confronté à des contraintes, se trouve dans une obligation de réactivité constante face à des choix, des solutions et des pratiques multiples. Les interactions présentent de nombreuses modalités où coopération rime avec négociation et souvent confrontation.

La complexité, caractéristique désormais prégnante de l’organisation peut être considérée

comme stimulante : elle engage l’individu à développer des ruses, des actions intelligentes. Il se doit d’être inventif et réactif. L’homme est dans la nécessité de générer des stratégies inventées et conçues en réactivité permanente par le renouvellement et la création de nouvelles procédures, actions, dispositifs originaux. Ceci peut entraîner des effets pervers, nous les spécifierons, plus loin, dans notre propos.

« (...) la complexité n’est pas ce mal absolu que pourchasse la belle rationalité française au nom de la clarté, de l’homogénéité et de l’universalisme. C’est au contraire, la reconnaissance de la richesse et de la diversité des organisations de toutes tailles et de toutes natures. » J. Mélèse, cité par J.-L. Le Moigne.109

Cet acteur, par son propre comportement, cherche l’information autant qu’il la produit, la reçoit autant qu’il la perturbe. L’individu forme et déforme l’organisation autant que cette dernière canalise sa liberté. Ces jeux imprévisibles d’acteurs en inter-relations mettent en

109 J. Mélèse, en 1979, cité par J.-L. Le Moigne. La Modélisation des systèmes complexes, Paris : Dunod, 1990. Nous poursuivrons, dans la troisième partie, cette analyse.

mouvement continuel, la structure autour de trois axes non fixes : l’organisation, l’information, la décision.

L’homme se trouve au carrefour de ces trois logiques.

L’organisation (ou entreprise) se dessine comme entité économique productrice de biens et de

services, par des mises en place de plans d’actions stratégiques, fonctionnels et opérationnels. Sous certaines conditions matérielles ou symboliques, l’homme contraint, obtient paradoxalement quelque intérêt.

L’information finalisée dans un projet ou une stratégie relève du niveau cognitif, de

l’acquisition ou de la diffusion du savoir. Ainsi, elle sollicite l’individu par une logique d’appropriation et d’incorporation.

La décision, la négociation, l’échange proviennent autant de la stratégie globale de l’organisation que de la prise de position de l’acteur face aux différentes influences extérieures à lui.

En explicitant notre démarche, nous montrerons, précisément, que notre objet d’étude se situe au cœur de cette triade d’influence, postulant pour base, l’attention vouée à l’homme en tant que sujet.

Dès lors, notre objet d’étude peut se dévoiler. Le rôle de l’information dans l’élaboration des connaissances repose sur l’intention d’action ou de stratégie et sur la perception ou compréhension que l’homme a de ce processus d’appropriation.

L’individu parvient à la connaissance, à partir de l’exploitation organisationnelle et créatrice, issue de sa propre expérience.

La connaissance se développe et se transmet par interaction sociale à tous les niveaux de l’organisation. Le point de départ est la cohésion, en chaque individu, du niveau tacite et explicite de la notion de connaissance. Sous cette condition, l’interaction avec autrui peut se faire. Le groupe est nécessaire à la connaissance et à son partage. Partager la connaissance, c’est l’augmenter.

À l’instar de la société, l’organisation est marquée par le mouvant, le pluriel et l’hybride. Certains, dans un sourire et par analogie parlent de désordre et de chaos.

Le sociologue Abraham Moles, avait dès 1967, introduit l’idée de culture en mosaïque110 pour

décrire l’univers des médias.

Lucien Dällenbach, en 2001, renchérit. Ce professeur de littérature et de culture française à l’École Polytechnique fédérale de Zurich, fait de la mosaïque un système qui offre aux individus la pleine jouissance de leur singularité mais les laisse affronter seuls un monde incertain.

Au XVIII °siècle, mosaïque désignait, au sens figuré, un ensemble disparate, aussi bien en politique que dans le domaine des arts et de la littérature. Aujourd’hui, il est à remarquer que nous avons dépassé cette idée péjorative mais aussi les acceptions intermédiaires où les connotations négatives et positives existaient en simultanéité. La mosaïque symbolise des valeurs idéologiques sur les effets utopiques de la mondialisation, du pluralisme, de la lutte pour la tolérance, de la reconnaissance des minorités, du respect des droits de l’homme. En un mot, la mosaïque symbolise ce qu’on entend, dans notre société, par démocratie.111

Bien qu’héritière de tout un passé, notre mosaïque contemporaine est un motif né d’une mise en tension de deux pôles parfaitement contradictoires : la discontinuité et la fragmentation,

morcellement d’une part ; l’unité d’ensemble, la cohérence, harmonie d’autre part. Selon les

époques, le rapport entre ces deux pôles évolue. Alors que dans la mosaïque classique, c’est l’harmonie émergeant d’un tout protéiforme qui prévaut, la mosaïque contemporaine valorise au contraire l’infinie richesse des fragments qui la composent, chaque cellule vivant en toute autonomie.112

110 Citation extraite de S. Proulx. Paradoxes de la réception médiatique au temps de la mondialisation, pp. 141- 162, (p. 144.) In Vers une citoyenneté simulée : Médias, réseaux et mondialisation, sous la direction de S. Proulx, A. Vitalis. Rennes : Éditions Apogée. Collection Médias et Nouvelles technologies.

111 Nous donnons pour exemple de cette utopie, le nom du principal logiciel d’accès à Internet. Ce dernier contribua à populariser le Web. Il s’appelle Mosaïc. Voir le lexique.

Chapitre III

Notre approche, ses variables et ses limites.

3.1 Appropriation critique des théories, genèse et démarche de recherche De l’Information à la Connaissance : mutations et perspectives. Au carrefour de quatre variables

3.1.1 Au-delà d’un déterminisme technique, première variable 3.1.2 Au-delà des schémas réducteurs : deuxième variable 3.1.3 Au-delà des ambiguïtés d’acceptions : troisième variable

3.1.4 Au-delà des imaginaires modélisants et utopistes : quatrième variable 3.2 Démarche, proposition et objet précis d’étude : les constantes déclarées et notre choix

3.2.1 Les constantes déclarées

3.2.1.1 L’Information devenue mémoire

3.2.1.2 L’Information devenue Intelligence Active

3.2.2 Proposition et objet précis d’étude. Notre choix parmi les constantes soulignées

3.2.3. La démarche et la méthode : choix et justificatif 3.2.3.1 Première investigation de démarche

3.2.3.2 Dès lors, notre démarche 3.2.3.2.1 Les hypothèses de la thèse

3.2.3.2.2 Le cadre d’analyse : La Systémique et le Constructivisme sous dimension anthropologique

Chapitre III

Notre approche, ses variables et ses limites

« Le pouvoir sur la Nature est la nouvelle dimension de notre liberté. Se pourrait-il que ce fut la seule qui nous restât ».

Abraham Moles, 1989.113