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Chapitre II Les 8 terrains

ÉTUDE DE TERRAIN FORD BLANQUEFORT MÉTHODE :

Nous avons effectué le suivi d’un positionnement nouveau de la communication interne et, de fait, nous avons perçu une orientation autre, donnée à l’outil Intranet, au sein de la société Ford de Blanquefort, ceci dans le courant des années 2000-2001.

Cette société fait partie du Groupe du constructeur automobile américain Ford, la Ford Motor Company, 2ème constructeur mondial. Ce groupe emploie de par le monde plus de 300 000

personnes.

Nous avons fait passer des entretiens semi-directifs auprès de la chargée de communication, de ses trois assistantes stagiaires,288 et du Responsable de la Formation, responsable de la

Communication interne

jusqu’en septembre 2001. Ces entretiens ont été étayés par une observation participante antérieure.289

Durée de chaque entretien : 2 heures 30 Personnes interrogées : 5 personnes Jour de passation : le 13 mars 2002

CONTEXTE :

La société Ford s’est implantée à Bordeaux dès 1912 pour assembler les Ford T. Elle s’est développée au début des années 1970, dans la périphérie de Bordeaux, à Blanquefort avec l’ouverture d’une première usine de 98 475 m2 le 19 juin 1973, vouée à la production de transmissions automatiques, pour le marché américain. Une deuxième usine sera construite et inaugurée le 15 septembre 1976, pour fabriquer des boîtes de vitesse manuelles destinées aux gammes tractions avant européennes. Ces deux usines portent respectivement les noms de Autotrans et Transaxle.

288 Ces assistantes - stagiaires, étudiantes DESS et IUP Communication des Organisations de L’ISIC, Institut de l’Information et de la Communication de l’Université de Bordeaux III, avaient pour mission l’Information et sa

déclinaison, l’Intranet, le projet d’insertion d’Intranet dans l’organisation (de juillet 2000 à septembre 2001).

À l’heure actuelle, le site de Bordeaux est toujours constitué de 2 usines : Ford Aquitaine Industries (ex Autotrans) et Gretrag Ford Transmission (ex Transaxle). Cette dernière est le résultat d’une Joint Venture signée le 1° février 2001, aboutissement d’un partenariat à 50/50 entre Getrag, fabricant allemand de boîtes de vitesse haut de gamme et Ford. La conception et la fabrication de transmissions manuelles en Europe sont ainsi pérennisées.

La transaction a assuré la combinaison des atouts des deux sociétés Ford Motor Company et Getrag afin d’assurer la position de leader pour la technologie, les produits et le savoir-faire industriel.

STRUCTURE :

La société Ford de Blanquefort fait partie du Groupe du constructeur automobile américain Ford, la Ford Motor Company, 2ème constructeur mondial. Ce groupe emploie de par le monde plus de 300 000 personnes.

Le site de Ford Blanquefort appartient au Groupe Ford France et plus particulièrement à Ford Aquitaine Industries qui se composent de deux usines.

HISTOIRE :

Il est à noter que le fondateur de ce groupe mondial n’est autre qu’Henry Ford. Ce dernier fonda la première usine de la Ford Motor Company, à Détroit, le 16 juin 1903. Les succès acquis autant par ses voitures de courses, en 1903 que par l’idée de la construction d’une automobile pour tous (le modèle T présentée le 1° octobre 1908) lui ont permis de s’étendre aux États Unis et à l’étranger. Dés le début du 20° siècle, de nouveaux sites de production et d’assemblage sont implantés en Asie, en 1909 ; en Amérique du Sud et en Europe, en 1911 ainsi qu’en Australie, en 1925. Henry Ford 290est connu également pour l’inscription

industrielle d’un système d’organisation du travail spécifique.

Cette organisation de la production se base sur le taylorisme auquel s’ajoute un fractionnement extrême du travail à la chaîne pour obtenir plus de rendement. La motivation

pouvait être dynamisée par un niveau de salaire suffisant afin de permettre un niveau d’achat et de consommation pour les produits manufacturés.

Il est à noter que le fordisme interdisait toute forme de communication entre les membres d’un même groupe ou même entre groupes. Il s’agit donc d’une antithèse de la coopération et de la collaboration : l’ouvrier était isolé.

Cette culture organisationnelle est prégnante. Désormais des transformations radicales sur la chaîne de travail sont déclinées par le nouveau système de production FPS, Ford Production

System et par la nouvelle charte de la tâche industrielle. En 1994, Ford Motor Company a

amorcé un changement significatif en développant le projet de Ford 2000. Ford envisage de devenir le premier constructeur mondial d’automobiles. Cependant, à l’heure actuelle, la productivité est insuffisante, l’organisation fort éclatée souffre d’une crise culturelle. De plus, le modèle organisationnel basé uniquement sur la productivité est révolu.

Les stratégies du projet Ford 2000 sont au nombre de 7 :

- Responsabiliser le personnel (l’empowerment) : réduction du nombre de niveaux hiérarchiques,

- Réussir une croissance mondiale : appliquer une politique agressive et rentable dans le monde,

- Être le meilleur en utilisant les meilleurs procédés : innovation constante et centres de recherche et de développement efficaces,

- Atteindre l’excellence des produits à l’échelle mondiale : fabrication de voitures à louer ou à acheter,

- Fabriquer au meilleur coût : diminution des coûts pour atteindre une meilleure rentabilité, - Être le leader dans la citoyenneté des entreprises : devenir un modèle d’implication en termes d’environnement économique, social et écologique.

- Être le n° 1 de la satisfaction client : le retour d’information des clients doit permettre de mesurer la qualité de produits, des prestations mais aussi assurer une meilleure formation du personnel.

Pour atteindre ces objectifs, des normes nommées measurables ont été élaborées par la firme. Ford, propose par là même une restructuration générale s’appuyant sur la notion de processus et non plus de production, de fonctions, ou de hiérarchies. L’entreprise est alors considérée

comme un système de fournisseurs et de clients où les processus permettent de satisfaire ces derniers.

Le Ford Production System, FPS, se définit comme un système de production nouveau

totalement reconfiguré, inspiré des concurrents. Il relie tous les procédés de fabrication à toutes les activités de l’entreprise, depuis la création des produits jusqu’aux livraisons, en passant par les achats et l’ensemble de la gestion de l’entreprise. Il met « l’homme au cœur de toute chose »291 en visant à dépasser les attentes du client en terme de qualité, de coût et de

délai.

Dans ce système, l’homme est dit responsabilisé car il doit faire preuve d’initiatives et s’autogérer. On lui demande aussi de travailler autrement, notamment en créant lui-même ses

processus et en travaillant réellement en groupe. Le Ford Production System, FPS est un

système de production pull. Dans un système push, on pousse le produit vers le client en fabriquant d’abord puis en vendant. Dans un système pull (tiré), on tire la production, en répondant à la demande des clients et non plus en fonction des capacités de production de l’entreprise. Ford est passé d’un système push à un système pull.

Communication et axe actuel d’orientation :

L’orientation actuelle de la communication interne doit assurer ce changement : il est essentiel de remarquer que la communication interne est une fonction récente sur le site de Ford Blanquefort. Sa mise en place, en juillet 2000, est due à l’initiative de la Direction : le recrutement d’une personne chargée de communication interne du site, c’est-à-dire des deux usines, a été décidé. Sa mission est de mettre en place la communication interne. Ce service fut d’abord rattaché au Service Formation, entité du Département Ressources Humaines pour devenir, à compter de septembre 2001, dépendant directement de la Direction Générale. Cette création de poste fut proposée à la suite d’un audit de communication interne, réalisé de juillet à décembre 2000. Cet audit stipulait une méconnaissance de l’organisation par le personnel, des carences d’application concernant le nouveau système de production FPS et le manque également de communication en termes d’échanges mais aussi de reconnaissance.

Deux fragilités majeures marquent la communication : d’une part le passé fordiste qui n’a pas formé le personnel à une culture communication déclinée sous sa forme collaborative, d’autre

part, le fait que la communication peut se réduire à une information descendante incomplète et à une information ascendante négative.

Ceci explique l’élaboration d’un nouvel axe de communication décliné par un plan de communication dès 2000, ainsi que la nouvelle orientation donnée à l’outil Intranet dès septembre 2001.

C’est, en raison de ce contexte, que nous avons choisi en 2000, cette entreprise comme pré- terrain afin d’avoir une perception d’une organisation du secteur industriel marquée par le changement. Nous pouvions décliner ainsi un contrepoint en rapport avec le premier terrain choisi en pré-observation : La Cité des Métiers, de la Cité des Sciences, à Paris. Les deux structures radicalement différentes soulignent cependant le lien entre culture d’organisation et technologies.