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De l'Information à la Connaissance. Intranet, concept d’organisation : jeux et enjeux de médiation sociale. Pour une perspective anthropologique de la communication.

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UNIVERSITÉ DE POITIERS

Institut de la Communication et des nouvelles Technologies, ICOMTEC

De l’Information à la Connaissance

Intranet, concept d’organisation : jeux et enjeux de médiation sociale

Pour une perspective anthropologique de la communication.

Volume I

THÈSE POUR LE DOCTORAT EN SCIENCES DE L'INFORMATION

ET DE LA COMMUNICATION

présentée et soutenue devant le jury de l'Université de Poitiers par :

Catherine PASCAL

Directeur de thèse : Monsieur FAYARD, Pierre-Marie, Professeur des

Universités en Sciences de l'Information et de la Communication à

l’Institut de la Communication et des nouvelles Technologies (ICOMTEC)

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UNIVERSITÉ DE POITIERS

Institut de la Communication et des nouvelles Technologies, ICOMTEC De l’Information à la Connaissance

Intranet, concept d’organisation : jeux et enjeux de médiation sociale Pour une perspective anthropologique de la communication.

Volume I

THÈSE POUR LE DOCTORAT EN SCIENCES DE L'INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION présentée et soutenue devant le jury de l'Université de Poitiers par

Catherine PASCAL

sous la direction de Monsieur le Professeur Pierre-Marie FAYARD Jury :

Directeur de thèse : Monsieur. FAYARD, Pierre-Marie, Professeur des Universités en Sciences de l'Information et de la Communication à l’Institut de la Communication et des nouvelles Technologies (ICOMTEC) de l’Université de Poitiers.

Madame COUZINET Viviane, Professeur des Universités en Sciences de l'Information et de la Communication à l'Université deToulouse Le Mirail

Monsieur DUCASSE Roland, Professeur des Universités en Sciences de l'Information et de la Communication à l'Université Bordeaux III

Monsieur WEIDENFELD Gérard, Professeur des Universités en Sciences de l'Information et de la Communication à l’Université de Poitiers, (CNED)

Monsieur LAS VERGNAS Olivier, Directeur de la Cité des Métiers, Cité des Sciences de La Villette, Paris Date de soutenance : 20 décembre 2002

(3)

« On tire davantage de ses erreurs que de ses succès. Exemple : vous formulez une hypothèse explicative, vous y croyez, vous en êtes séduit, vous la vérifiez (Oh ! la tentation de fausser les résultats, de leur donner un coup de pouce !) et vous constatez à la fin qu’elle est erronée : vous venez d’accomplir un cycle qui ne se présente que trop souvent « à l’état pur » dans le métier de chimiste, mais dont on trouverait sans peine un équivalent dans bien d’autres itinéraires individuels. Qui l’accomplit avec honnêteté en sort mûri. »

« (...) La chimie est l’art de séparer, de peser et de distinguer, trois exercices également utiles à qui se propose de décrire des faits réels ou imaginaires. »

Primo Levi, Le Métier des autres.1

(4)
(5)

Remerciements

J'adresse l'expression de ma profonde gratitude à toutes les personnes qui ont contribué à la réalisation de cette recherche, aux responsables et aux membres de la Cité des Sciences de La Villette et autres organisations contactées, à tous mes camarades de groupes de recherche, LABCIS et GREC/O, aux collègues et étudiants de Poitiers et de Bordeaux III et aussi, à tous les membres de ma tribu fidèle.

Tout particulièrement mon respect le plus grand au Directeur de cette thèse : Monsieur le Professeur Pierre-Marie Fayard, constant et vigilant associé de ce parcours.

Un merci spécifique aux professionnels de l’information que sont les personnels de bibliothèques et centres de documentation.

(6)

SOMMAIRE

De l’Information à la Connaissance

Intranet, concept d’organisation : jeux et enjeux de médiation sociale

Pour une perspective anthropologique de la communication.

VOLUME

I

INTRODUCTION 15

L’approche générale 16

La contribution de recherche dans la réalité des questionnements de terrain 16

Étapes de la démarche 17

Partie I Nature et valeur de l’Information 20

Chapitre I De l’Information à l’Information Spécialisée 23

1.1 L'Information, l'Information Scientifique et Technique, l'Information Spécialisée. Nature et valeur. Approches épistémologiques, historiques et théoriques 25

1.1.1 L’Information Spécialisée en organisation 25

1.1.2 Perspective diachronique de l’Information 27

1.2 L'Information dans l'organisation : logiques économiques et approches théoriques 39 1.2.1 L’Information et l’organisation, au risque de déplaire 40 1.2.2 L’Information et l’organisation, au risque des théories 41

(7)

Chapitre II De l’Information à la Connaissance, en organisation 51

2.1. L’Information et ses systèmes, en organisation : traditions et innovations ;

Information formelle et informelle 52

2.1.1 L’Information et ses systèmes :au-delà du mythe fondateur de la citadelle unifiée 52 2.1.2 L’Information et sa représentation de l’organisation 57

2.1.3 L’Information et l’objet technique 60

2.1.4 L’Information et les usages 63

2.2 La Connaissance et le savoir en organisation 67

2.2.1 Connaissance (s) ou savoirs (s) : notions équivoques 69

2.2.2 Perceptions économiques 70

2.2.3 Ouverture vers des approches transversales et interdisciplinaires

sur l’information, l’innovation et l’apprentissage 81

2.2.4 En guise de conclusion partielle 88

Chapitre III Notre approche, ses variables et ses limites 92

3.1 Appropriation critique des théories, genèse et démarche de recherche De l’Information à la Connaissance : mutations et perspectives. Au carrefour

de quatre variables 92

3.1.1 Au-delà d’un déterminisme technique, première variable 93 3.1.2 Au-delà des schémas réducteurs : deuxième variable 94 3.1.3 Au-delà des ambiguïtés d’acceptions : troisième variable 96 3.1.4 Au-delà des imaginaires modélisants et utopistes : quatrième variable 98 3.2 Démarche, proposition et objet précis d’étude : les constantes déclarées

et notre choix 102

3.2.1 Les constantes déclarées 102

3.2.2 Proposition et objet précis d’étude. Notre choix parmi les constantes

soulignées 107

3.2.3. La démarche et la méthode : choix et justificatif 110 3.3. En guise de conclusion, réflexions en amont de l’analyse 125

(8)

Partie II Terrain et réseau. Observation du phénomène Intranet 127

Chapitre I Méthode 130

1.1 Cadre d'analyse 130

1.1.1 Champ théorique et méthode : raisons du choix 131

1.1.2 Les sources de l’ethnométhodologie 132

1.1.3 La méthode de l'ethnométhodologie 135

1.2 Les 2 pré-terrains et leurs journaux de bord 138

1.2.1 Pré-terrain et journal de bord de la Cité des Métiers 138 1.2.2. Pré-terrain et journal de bord de Ford Blanquefort 170

1.3. En conclusion 174

Chapitre II Les 8 terrains 175

2.1 Préliminaire aux 8 terrains 176

2.1.1 La dimension recherche-action des 8 terrains 176

2.1.2 La sélection des terrains 176

2.1.3 Choix du type d'entretien : l’entretien semi-directif et la méthode

de passation employée 177

2.1.4 Protocole de l'entretien 179

2.2 Les résultats 185

2.2.1 L'Information, outil de transmission et de communication 186 2.2.2 L'Information, processus et projet par une stratégie-réseau,

interaction sous conditions 219

2.2.3 L'Information, hors processus d'appropriation de l'objet technique 240

2.2.4 Hors champ : avis des consultants 255

(9)

Chapitre III Traitement des entretiens. Analyse des opinions et perceptions 271

3.1. Hypothèse 1. De la transmission 272

3.1.1 Analyse de la nature de l’information véhiculée par le réseau 272

3.1.2 Conclusion partielle 278

3.2 Hypothèse 2. Du processus d’information et de son appropriation 280 3.2.1 Constat sur l’équipement et l’utilisation du réseau 280

3.2.2 Constat sur l’interactivité homme-machine 283

3.2.3 Constat sur le projet accompagnateur d’évolution 283 3.2.4 Constat sur des émergences favorisées par la dimension projet :

les dynamiques d’apprentissage ou l’Intelligence Active 284

3.2.5 Conclusion partielle 284

3.3 Hypothèse 3. De l’interaction, résultat du processus 285

3.3.1 L’interaction sans le réseau 286

3.3.2 L’interaction avec le réseau 286

3.3.3 Constat sur des émergences favorisées par l’interaction et prenant

prétexte le réseau : les occasions d’organisation et son ajustement perpétuel 286

3.3.4 Conclusion partielle 287

3.4 Vérification des hypothèses de départ 288

3.4.1 Hypothèse 1 288

3.4.2 Hypothèse 2 289

3.4.3 Hypothèse 3 290

(10)

VOLUME II

Partie III Métamorphoses conditionnelles de l’Information en Connaissance 297

Chapitre I Bilan et perspectives des résultats des terrains 300

1.1 La méthode, influences et limites sur l’objet de recherche 300 1.2 Bilan sur la nature de l’information spécialisée véhiculée par Intranet :

prégnance du système ou du réseau ? 302

1.3 Bilan sur le processus de l’information spécialisée véhiculée par le réseau :

projet ou Intelligence Active ? 305

1.4 Bilan sur l’interaction favorisée par l’information spécialisée véhiculée par le réseau : réactions sous forme de médiations nouvelles ou de pouvoirs

redistribués ? 306

1.5 En guise d’apports : émergences vécues et changements évolutifs 308 1.5.1 Effets de l’Intranet : appropriation et interaction sous formes réactives

et actives d’intelligence et de pratiques 309

1.5.2 Utilisation de la dimension projet et développement d’une organisation en réseau 311 1.5.3 Système technique, complexité informationnelle et légitimité des acteurs 314 1.5.4 Variabilité du développement de l’Intranet et juxtaposition de plusieurs niveaux d’apprentissage et de transformation, entre le central et le local 316 1.6 Conclusion partielle : évolution, adaptation et enjeux 320

Chapitre II De l’Information à la Connaissance 322

2.1 Métamorphoses sous conditions. La stratégie, les stratégies : pouvoir de décision et Intelligence Active. Le Rationnel et l’Irrationnel. 324 2.1.1 La stratégie d’organisation et les stratégies d’acteurs 328 2.1.2 Les interactions sous formes réactives et actives d’intelligence, de pratiques et

de ruses 334

2.1.3 La nécessaire combinaison des différentes stratégies collectives

(11)

2.1.4 Conclusion partielle 338 2.2 Le projet, le réseau : pouvoirs de territoires et information-action.

La Certitude et l’Aléatoire 339

2.2.1 Développement d’une organisation en réseau : la dimension projet 340 2.2.2 Combinaison de jeux et d’enjeux : la dimension pouvoirs 341 2.2.3 Transformations de l’organisation : la dimension formation 343

2.3 Conclusion partielle 346

Chapitre III. Un anti-modèle ou les métamorphoses conditionnelles

de l’Information en Connaissance 350

3.1 Déclinaison du cadre théorique 351

3.1.1 Cadre théorique : l’analyse systémique de l’organisation conjointe

à l’apport constructiviste 352

3.1.2 Cadre théorique : l’anthropologie de la communication 353 3.2 Création d’un anti-modèle à partir des tensions retenues :

stratégie et stratégies ; projet et réseau 356

3.2.1 Base théorique d’un modèle en Sciences Sociales 356

3.2.2 En guise de modèle, un anti-modèle 358

3.3 Conclusion partielle 376

3.3.1 Ouverture de cet anti-modèle sur des perspectives futures 376

3.3.2 Limites actuelles de l’anti-modèle 378

Conclusion générale 382

Bibliographie thématique 398

I Dictionnaires et encyclopédies 398

II Documents de référence 399

Méthodes. Démarches scientifiques 399

(12)

Sciences et épistémologie des sciences 401

Méthodologies : applications - terrains 402

Sciences de l’information et de la communication 402

Sciences cognitives 405

Sciences du langage, sémiologie, psychologie sociale 407

Sociologie, anthropologie, ethnologie 408

Approches transversales 409

III Ouvrages et articles thématiques 413

Bibliothèques 413

Communication des organisations 414

Contexte sociétal 415

Culture 417

Économie 418

Organisation : théories, essais et pratiques 420

Formation 424

Information scientifique et technique 425

- Information scientifique 425

- Communication scientifique 428

- Sciences et techniques : Innovations et enjeux 428

Information stratégique : Systèmes d’information et entreprise, aspects critiques 429

Intelligence artificielle 432

Management et communication 432

Multimédia 432

Nouvelles technologies de l’information et de la communication 434 - Approches : réseaux et médias. Le virtuel et l’humain 434

- Traitement 438

- Processus 439

- Usages 441

- Innovation 443

(13)

IV Ressources Internet 445

Bibliographie alphabétique 450

Lexique 497

(14)
(15)

INTRODUCTION

« Deux dangers menacent le monde : l'ordre et le désordre. »

Paul Valéry.

L'approche générale

La contribution de recherche dans la réalité des questionnements de terrain

(16)

Introduction

L’approche générale

Dans notre société où l'information et plus spécifiquement l'Information Scientifique et Technique est désignée comme référence, examiner avec précision sa valeur, son rôle, son impact réel et ses usages pratiques nous semble nécessaire à la vue des transformations occasionnées par les Technologies de l'Information et de la Communication.

Les modifications en quantité, circulation, traitement et contenu de l'information par les TIC constituent le point central de notre questionnement. Les potentialités technologiques actuelles peuvent apporter des ruptures et créer des pratiques émergentes.

La problématique de la thèse porte sur ces changements de modalités, sur la valeur même de cette information et plus particulièrement sur la dimension nouvelle et la réorchestration des fins et des moyens que les TIC entraînent.

La contribution de recherche dans la réalité des questionnements de terrain

Si l'information se révèle par sa discontinuité et sa volatilité, paradoxalement elle devient valeur en s'inscrivant dans une dimension temporelle. La donnée se transforme en ressource dans la mesure où elle devient l'objet d'une gestion, d'une interprétation, d'une intelligence stratégique.

Sous certaines conditions, l'Information est Connaissance : elle s'inscrit, alors, dans un contexte interprétatif.

Nous avons envisagé d'étudier Intranet en tant qu'application informationnelle d'un réseau technique, dans différentes organisations (8 contextes investis). Notre démarche repose sur l'observation ethnométhodologique et sur une orientation de recherche-action qui lient distanciation et engagement.

(17)

Des variables sont sensibles. La limitation d'influence des acteurs, la rationalité maîtrisée, les différences de compétences et de motivations, les imbrications de systèmes informationnels, la lisibilité fonctionnelle plus ou moins sensible des médiateurs, révèlent le temps présent et passé, l'ordre des faits, le constat, le savoir, plus que le futur et sa projection.

Si la notion de communication entraîne la notion d'engagement, celle d'information garde le plus souvent sa couleur de data , de trace numérique , de mémoire technique , relative, sélective et périssable.

Cette réalité technicienne mêle le technique et le symbolique, sous forme de trace informationnelle et de marque mémorielle entrelacées.

Nous tenterons, par ce cheminement, de l’investir.

Étapes de la démarche

Une information n'a de sens opératoire que resituée dans un système de savoir et ceci dans la perspective d'une finalité, d'une stratégie, d'un projet.

Dans ce cas, l'intelligence de l'action convoque l'information. Une nouvelle formulation de la

métis grecque est invoquée, l'information devient autre, elle se métamorphose en action sous

deux pressions : la temporalité (passé, présent et… futur) et la complexité inhérente au système informationnel. Une forme de connaissance se crée : elle s'articule autour de plusieurs modalités d’interaction, de médiation, de rétroaction.

L'interaction peut faire naître, sous certaines conditions, une boucle de rétroaction.

Les échanges entre l'organisation et ses acteurs, prenant la technique pour objet ou prétexte, se jouent sous forme de régulations, de résistances, d'oppositions, de confrontations et de négociations.

Un constat est sensible, le dispositif technique Intranet peut devenir concept d'organisation si certaines émergences sont prises en compte.

Dans ce cas, le dispositif préfigure, même, un changement de modèle d'organisation. L'organisation tendrait à devenir organisation-réseau.

(18)

Ce phénomène de transformation est envisagé sous l'approche des usages. Une analyse ethnométhodologique dessine ce territoire investi de dispositifs, d'actions et d'interactions humaines.

L'analyse sous-tendue par des études de terrain du dispositif informationnel Intranet s'inscrit dans le domaine des Sciences de l'Information et de la Communication.

Une réflexion épistémologique sur la nature de l'Information et de la Connaissance et sur l'apport de l'anthropologie en communication, nourrit ce parcours.

(19)
(20)

Partie 1

NATURE ET VALEUR DE L’INFORMATION

Usages traditionnels et mutation annoncée : de l’Information à la Connaissance

« On demandait à Socrate d’où il était.Il ne répondait pas d’Athènes mais du Monde.

Lui qui avait son imagination plus pleine et plus étendue, embrassait l’univers comme sa ville, jetait ses connaissances, sa société et ses affections à tout le genre humain, non pas comme nous, qui ne regardons que sous nous. »

Montaigne, Les Essais. PRÉAMBULE

Lors de cette première partie, nous proposons l’exposé de notre sujet, les théories et les réalités dont il est issu et de fait la démarche, l'approche et la méthode qui le structurent. En tout premier lieu, nous ferons, dans le chapitre I, le point sur la nature, la forme et la valeur de l’information spécialisée, sous l’impact des Technologies de l’Information et de la Communication.

Notre objet de recherche, étant plus spécifiquement l’information spécialisée dans l’organisation, nous verrons, lors du chapitre II sous quelles modalités et conditions, cette information, peut devenir action et connaissance.

Par choix méthodologique, nous présenterons seulement les approches théoriques nourrissant notre propre démarche. Nous solliciterons, dans ce chapitre, les courants théoriques les plus classiques sur la transmission de l’information mais aussi les plus innovants et plus particulièrement ceux concernant les stratégies et les usages de l’information en organisation. Pour illustrer, comme il se doit, le caractère épistémologique des Sciences de l’Information et de la Communication, nous aurons recours au procédé de maillage théorique et scientifique dépeint par C. Lévi-Strauss2 sous le terme de bricolage et repris par Yves Deforge, auteur de

(21)

la postface de G. Simondon,3 afin d’insister plus sur la valeur ainsi fécondée de production ou

d’appropriation privée.

Décrivant ainsi l’attitude du chercheur face aux outils d’analyse, ces illustres auteurs nous ont permis de libérer honte et pudeur d’apprenti face à cet étonnant assemblage d’outils, de méthodes, d’informations, de validations empruntés à différentes sciences qui constituent notre approche. La bibliographie illustre ce cheminement, les classements thématiques, le positionnement.

Nous osons le revendiquer, tel un regard posé sur plusieurs terrains et éclairé d’une problématique et d’hypothèses.

Sous cette inclinaison, nous présenterons, dans le chapitre III, la démarche particulière de notre sujet, les terrains et pré-terrains, fondateurs de la problématique et des hypothèses.

3 G. Simondon. Du mode d’existence des objets techniques. Paris : Aubier, édition augmentée d’une préface de John Hart et d’une postface d’Yves Deforge.1958, 1969, 1989, 2001, pp. 330-331.

(22)

Chapitre I

L’Information à l’Information Spécialisée Nature et valeur. Une mutation en cours.

11 l' Information, l'Information Scientifique et Technique, l'Information Spécialisée. Nature et valeur. Approches épistémologiques, historiques et théoriques

1.1.1 L’Information Spécialisée en organisation 1.1.2 Perspective diachronique de l’Information

1.2 L'Information dans l'organisation : logiques économiques et approches théoriques 1.2.1 L’Information et l’organisation, au risque de déplaire

1.2.2 L’Information et l’organisation, au risque des théories 1.2.3 En guise de conclusion

(23)

Chapitre I

De l’Information à l’Information Spécialisée. Nature et valeur. Une mutation en cours.

Dans ce chapitre, nous dévoilerons les repères historiques et théoriques servant de points de départ et de balises pour notre étude. Par le titre de la thèse, nous spécifions notre interrogation sur un changement qui pourrait être en cours : de la société de l’Information à la société de la Connaissance. Cette partie nous permettra d’explorer les causes les plus prépondérantes de cette probable mutation et surtout les effets implicites et explicites.

Notre objet d’exploration, étant délibérément spécifique, nous proposons tout d’abord une mise en contexte plus générale de l’information spécialisée, en déclinant sa nature première

d’information et ceci dans son domaine d’origine, l’Information Scientifique et Technique.

Ensuite, nous marquerons sa spécificité de nature et de valeur en tant qu’information

spécialisée et ceci plus particulièrement en organisation. Nous verrons, en effet, de quelles

manières, l’information est sollicitée dans ses usages traditionnels ou dans ses déclinaisons plus récentes, sous l’impact des Technologies de l’Information et de la Communication et sous quelles modalités, elle participe à une mutation.

Au préalable, de par notre origine littéraire, nous ne manquons pas d’invoquer, la science de l’étymologie.4

Cette science de la filiation des mots reconstitue l’ascendance du mot en remontant de l’état actuel à l’état le plus anciennement accessible.

Les lois qui la fondent sont phonétiques et sémantiques. Cette science marque l’origine et la filiation du mot, la racine, la source,l' évolution. Son apport est d’autant plus fondamental lorsque le mot est polysémique. L’origine éclaire le sens et l’évolution du terme.

En Sciences de L’Information et de la Communication, les deux termes : Information et Communication, révélateurs de concepts sont aussi polysémiques l’un que l’autre. L’intérêt des terminologies est de nous aider à mieux appréhender les concepts de ces deux acceptions.

4Etymologie, nf, XIV°, titre d’un ouvrage, lat. etymologia, du grec etumos, vrai ; etumos logos, le sens authentique. Tiré de Le Petit Robert de la Langue française, Edition de 2000.

(24)

Si les étymons de ces deux concepts ont alimenté régulièrement débats et controverses sur leurs liens et plus précisément sur la dépendance de l’un par l’autre, notre propos sera plus de les distinguer que de les comparer.

Notre approche concerne un élément spécifique de l’information en général, l’Information Scientifique et Technique et plus particulièrement l’information spécialisée en organisation. Cependant, argumenter sur la valeur de l’information et sur sa déclinaison dans un contexte particulier nous oblige au préalable à un éclaircissement du concept d’information. Cette notion est souvent qualifiée de sémantiquement instable.

Information a pour étymon informatio, la mise en forme du fait. Ainsi, ce terme désigne non seulement un élément ou système pouvant être transmis par un signal ou une combinaison de signaux, c’est-à-dire ce qui est transmis (objet de connaissance ou de mémoire),5 mais aussi

l’action de s’informer, les renseignements sur quelqu’un ou quelque chose et plus spécifiquement : ouvrir une instruction sur quelqu’un, établir la preuve d’une infraction et en

découvrir les auteurs, et plus largement, l’action d’informer le public, l’opinion.

Du domaine mathématique et cybernétique au droit, la conception de cette notion varie totalement.

La discussion, sur cette notion, porte essentiellement sur le caractère donné ou construit de l’information.

Si en droit, l’information déclenche un acte, un travail ; en cybernétique, l’information est un simple signal déclencheur. Dès les années soixante-dix, R. Escarpit déclarait que : « (…) la communication est un acte et l’information est son produit. »6 La communication est, alors,

« (…) le transport d’une entité mesurable appelée arbitrairement information (…). »7

De fait, R. Escarpit distingue « (…) l’appareil de communication qui est composé de machines interconnectées en réseaux et le processus d’information qui a pour effet de constituer des ensembles d’objets stables, définis et prévisibles (…). »8

5Ce sens nous renvoie, certes à la théorie du traitement de l’information, théorie mathématique de Shannon et Weaver qui a entraîné de nombreuses applications informatiques et cybernétiques d’où un sens encore plus spécifique de mesure de la densité de renseignements contenus dans un message. Définition extraite de Le Petit

Robert de la Langue française. Ibid.

6 R. Escarpit. L’Information et la Communication : théorie générale. Paris : Hachette, 1991, p. 112. 7 R. Escarpit. L’Information et la Communication : théorie générale. Ibid.

(25)

Pour notre part, il nous paraît judicieux de ne pas omettre le sens étymologique d’un construit, résultat d’une construction, ceci, surtout, au profit d’une catégorisation théorique, cybernétique ou informatique. Une information n’est ni une data ni un fait.

Selon son étymon, l’information n’est pas le fait en lui-même mais la mise en forme du fait. La communication ayant pour étymon, communicatio, signifie la mise en relation par la création d’un lien social ou communautaire. L’information ne s’oppose pas, à notre sens, à la communication comme l’objectif au subjectif, comme l’individuel au collectif, comme la connaissance à l’action.

L’information a comme spécificité d’être toujours élaborée, produite et mise au service d’une destination, d’une finalité individuelle ou groupale…

D. Bougnoux en insistant sur les particularités des deux notions, sollicite notre curiosité en favorisant un questionnement démocratique : « L’information appelle un traitement, et le non-traitement fait toujours partie des options possibles (à nos propres risques bien entendu). (…) En bref, l’information se traite, s’achète et se vend, éventuellement s’arrache ; elle correspond à un travail et c’est pourquoi, comme l’a fortement résumé Ignacio Ramonet à la suite de la guerre du Golfe (Le Monde Diplomatique de mai 1991), s’informer fatigue. La vérité n’ayant pas nécessairement bon visage, nous fuyons spontanément quantité d’informations qui dérangeraient outre mesure nos mondes propres. »9

1.1 L’Information, l’Information Scientifique et Technique, l’Information

Spécialisée. Nature et valeur. Approches épistémologiques,10 historiques et théoriques.

1.1.1 L’Information Spécialisée en organisation.

Notre propos concerne l’Information Spécialisée et cependant nous ouvrons de fait sur l’Information Scientifique et Technique.

Car, plusieurs expressions visent à démarquer l’Information Scientifique et Technique de la

9 D. Bougnoux, Introduction aux sciences de la communication. Paris : Éditions La Découverte, 1998, p. 81. 10 Epistémologie, du grec, epistêmê, science et logos, étude. Étude critique des sciences destinée à déterminer leur origine logique, leur valeur et leur portée.

(26)

communication ou de l’information générale11 déclinées par les médias, la presse et

l’informatique. L’Information Scientifique et Technique nous apparaît être une notion complexe à cerner, s’adaptant mal à une seule et unique définition.

Sa désignation, en nature, la rapprocherait des notions telles que l’information et la documentation ou la science de l’information et des bibliothèques12 ou encore l’information

spécialisée, l’information professionnelle, c’est-à-dire toute l’information nécessaire aux individus et aux organisations dans leur contexte professionnel.

L’objet de notre étude traite de cette dernière acception.

Nous entendons l'IST, Information Scientifique et Technique, dans son sens général et premier : « d' élément de connaissance susceptible d’être représenté à l’aide de conventions pour être conservé, traité ou communiqué » avec la restriction suivante que les éléments de

connaissance émanent spécifiquement de l’activité scientifique ou technique.

L’information est un construit, résultat d’une élaboration de connaissances repérables sous forme de sources d‘information scientifique ou technique déterminées par ceux qui fondent les savoirs : savants, chercheurs, érudits, ingénieurs. Les connaissances, en tant que résultats de l’acte de connaître, sont alors communiquées ou conservées sous des formes diverses, adaptées aux usages concernés. L’IST est donc à la fois le contenu et la forme sous lesquels les savoirs sont présentés, en tant que connaissance enregistrée. Cette expression utilisée par Y. Le Coadic13 révèle l’étymon latin qui désigne le sens concret et technique d’action de

façonner, de donner une forme à quelque chose, mais également celui d’instruction ou idée, notion ou représentation liée à la connaissance.

Cette définition de l’Information Scientifique et Technique se révèle juste à toutes les époques. Cependant, au milieu du XX° siècle, le concept d’IST s’élargit pour mieux s’adapter au secteur industriel et professionnel qui se développe.

Elle n’est plus seulement l’offre et la diffusion de données et de connaissances venant de la science et des innovations technologiques, mais l’ensemble des réponses apportées à une

11 Voir citations précédentes, illustrant ce propos.

12 Les Anglo-Saxons parlent de science de l’information et des bibliothèques pour désigner les recherches sur l’information et les activités d’information.

(27)

demande d’informations de professionnels d’un secteur d’intervention qu’ils soient ingénieurs, dirigeants d’entreprises ou chercheurs et enseignants.

Le champ de l’IST s’étend, par conséquent, à l’information économique, financière ou commerciale dont l’entreprise a besoin.

1.1.2 Perspective diachronique de l’Information.

Si une fresque diachronique de l’information et de la communication scientifiques était promptement dessinée, un élément invariant dominerait : la recherche d’une valeur identitaire en dépit de la nature plurielle de l'information.

Au-delà d’un priori moderniste, repérons quelques indicateurs majeurs afin de mieux cerner les modalités actuelles.

Dés la Pré-Antiquité et l’Antiquité, avec les débuts de l’écriture, l’information spécialisée se caractérisait déjà par une réponse à des exigences et s’était développée en relation avec des usages. La transmission des connaissances s’est appuyée sur les technologies de l’époque, sur les supports d’information qui étaient alors appropriés : la pierre, la tablette d’argile, le papyrus. Ainsi, les systèmes d’écriture se sont modifiés au fur et à mesure des besoins de transfert et de manipulation des savoirs. L’échange d’informations a exploité les moyens de communication routiers ou maritimes de plus en plus étendus. Le but déjà conscient était le partage des savoirs considérés comme marques et symboles de richesses et de puissances. Dès le IV° millénaire avant J-C., les Sumériens marquaient, sur des tablettes d’argile, les inventaires de leurs biens et les bornages des terrains. Vers l’an 2000, les Mésopotamiens imposèrent leur langue ; l’écriture se divulgua et devint un outil de conservation de savoirs de différents types : références religieuses, éléments réglementaires ou savoir-faire.

À Babylone, par exemple, les médecins conservaient sur des tablettes leurs connaissances pratiques des maladies déclinées par symptômes et diagnostics. Les Égyptiens avaient un système d’écriture typique : ils transcrivaient par hiéroglyphes14 les données géographiques,

médicales ou astronomiques. Leur support d’écriture plus maniable, le papyrus (volumen, en latin) permettait de noter un plus grand nombre d’informations. Ce support favorisa

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l’apparition des premières techniques de repérage de l’information par des sortes d’index (titulus). Les classements dans les boîtes se faisaient par sujet ou auteur. L’argile, la pierre, les poteries étaient utilisées comme support d'écriture car le papyrus était fort coûteux.

Ce sont les Phéniciens, navigateurs et marchands qui répandirent leur alphabet en Grèce vers le IV° siècle avant J.-C.. Les Grecs empruntèrent aux Araméens, peuple sémite installé en Mésopotamie, les voyelles en les associant aux consonnes de l’alphabet phénicien, ils constituèrent, ainsi, le leur. À partir du VII° siècle avant J.-C., l’écriture fut introduite à Rome, sous les rois étrusques. Les supports étaient multiples : plaquettes de bois (codex), écorces (liber)15, pierres, briques, os ou tablettes de cire réutilisables où pouvaient s’inscrire et se

réinscrire plusieurs textes (palimpsestes).

Dès le II° millénaire avant J.-C., la formation fut envisagée comme le moyen le plus fiable pour le transfert des connaissances. L’enjeu n’était pas de transmettre un état des savoirs

scientifiques mais de former une élite instruite auprès des puissants, soucieux de leurs

possessions. Pour cela, de fameuses bibliothèques comme celle du roi Assurbanipal à Ninive, en Assyrie au milieu du VII° siècle avant J.-C.16 fut construite.La non moins illustre

bibliothèque d’Alexandrie, fondée par Ptolémée Soter, au III° siècle avant J.-C.avait pour fonds, environ, 500 000 rouleaux. Un Musée permettait d’accueillir les lettrés et savants du monde grec. L’ambition de Ptolémée était de rassembler en archives tous les livres de la Terre. Il développa la copie et la traduction : les navires, en escale, à Alexandrie étaient dans l’obligation de faire copier leurs manuscrits, les originaux étant conservés à la bibliothèque ! De la chute de l’Empire romain à la découverte de l’imprimerie, l’information et la communication scientifiques furent très peu étendues. La science était absolument assujettie à la gloire de Dieu et au salut de l’âme. C’est à partir du XII° siècle que le savoir toucha des groupes plus larges de laïcs et non plus seulement des clercs.

Durant cette lente évolution de la transmission scientifique, trois phénomènes furent marquants : la copie qui fut, jusqu’au milieu du XV° siècle, le seul moyen de conservation et de transmission des textes et des idées ; la médiation17 arabe qui permit au XII°siècle,

15 Ce terme liber est à l’origine du terme livre.

16 Cette bibliothèque possédait près de 5 000 tablettes parmi lesquelles des traités mathématiques, médicaux, juridiques et astrologiques.

17 Ce terme est pris, au sens premier, d’action de mise en relation par un tiers, nous explorerons, plus loin cette notion fort prisée, à l’heure actuelle.

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l’élargissement rapide des connaissances et assurément, la création de lieux voués à la communication des savoirs : les écoles,les universités et les bibliothèques.

Les textes scientifiques devenaient plus nombreux au XII° siècle, cependant les manuscrits élaborés par des copistes demeuraient chers et peu disponibles. Des nouveaux outils d’information scientifique se développèrent comme les recueils de citations appelés auctoritas ou notabilia, passages d’œuvres signalés par les enseignants. Des sommes ou encyclopédies étaient alors produites comme le Décret de Gratien,18 le De natura Rerum de Barthélémy

Neckham ou les Institutiones de Cassiodore. Certaines furent rédigées dans une perspective de vulgarisation scientifique, comme l’Imago mundi d’Honorius Augustodunensis qui, au XII° siècle, décrivait le monde en trois livres : la Terre et le Cosmos, le Temps, les Âges de l’humanité. Diffusé à trois cents copies, il permit l’élaboration de la première encyclopédie en langue française, Image du monde, élaborée par Gossuin de Metz.

Si, au V° siècle après J.-C., l’Empire romain s’effondre ; en Occident, la connaissance scientifique décline, de fait.

La langue grecque s’oublia, les écoles fermèrent. À l’inverse, les cultures islamiques atteignirent leur zénith : du VII° siècle au XI° siècle, les Arabes non seulement, en assimilant la science grecque et en la communiquant au monde chrétien mais aussi en diffusant les sciences hindoue et chinoise ont permis à l’Orient, à l’Espagne et à l’Afrique du Nord de jouer fortement un rôle original de médiateur et de catalyseur en colportage scientifique. Autour de souverains-mécènes, des communautés scientifiques proliférèrent, elles favorisèrent la réputation des savants. Par exemple Al-Mamun, souverain éclairé fonda à Bagdad, en l’an 813, une Maison de la Sagesse qui rassemblait les plus grands savants astronomes, mathématiciens, médecins et traducteurs. Il ouvrit également une bibliothèque où il rassembla de nombreux manuscrits grecs provenant de Byzance. La puissance de ces érudits se révéla par les bénéfices qu’ils tirèrent de l’héritage grec : ils l’enrichirent en le commentant et en l’analysant, avant de le transmettre à l’Occident. Ceci leur permit d’ajuster un ample vocabulaire scientifique arabe, auparavant inexistant.

Dès la fin du XII°siècle, des universités s’implantèrent dans toute l’Europe, les premières furent celles de Paris, vers 1170-1180 et de Bologne ; ensuite parurent celles de Naples, Oxford, Valence, Toulouse… De nombreuses sciences profanes y étaient enseignées en latin

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scolastique : la grammaire, la rhétorique, la dialectique, l’arithmétique, la musique, la géométrie et l’astronomie mais aussi de nouvelles sciences telles que la mécanique, l’économie et la physique. La théologie était classée première science dans le répertoire des sciences et savoirs. Une séparation était cependant sensible entre écoles monastiques et écoles urbaines destinées aux laïcs. Le livre, objet rare au Haut Moyen Âge devint un outil de travail pour maîtres et élèves. Plus maniable et moins luxueux, il circula encore plus.

De la Renaissance au Classicisme, plus particulièrement de l’invention de l’imprimerie à la création de l’Académie, de profonds changements sont apparus. La révolution du XVI°siècle fut marquante, même si les modèles étaient empreints du passé, l’afflux des sources et documents ainsi qu’une circulation plus aisée favorisèrent l’essor d’un progrès scientifique. On dépassa l’interprétation des anciens pour tendre vers l’observation, les expériences et les preuves. Une véritable révolution scientifique vit le jour tant la pensée scientifique se renouvela ainsi que les méthodes de traitement et d’analyse des données.

1434 est la date marquante de cette étape : la presse à imprimer fut, en effet inventée par Gutenberg. Elle permit aux savants de diffuser plus largement leurs travaux. La conscience de pouvoir être lus et critiqués par leurs pairs entraîna les penseurs à découvrir un autre sens à l’écrit scientifique. Cette expansion engageait les auteurs dans leurs actes et responsabilités. De nombreuses innovations ont suivi celle de l’imprimerie comme la fabrication du papier. Ceci favorisa le début de l’industrialisation du savoir. Entre 1452 et 1453, la production éditoriale arriva à une centaine de titres par an. Lorsque Gutenberg, s’installa à Paris, à la Sorbonne, en 1470, le résultat fut presque doublé.

La croissance éditoriale réfléchissait l’impulsion de la Renaissance. Entre 1490 et 1500, l’expédition de Charles VIII vers Naples déclenchera l’arrivée des ouvrages de la Renaissance italienne.

La diffusion du livre imprimé provoqua des mutations dans l’utilisation de l’écrit scientifique. Désormais, de nombreux ouvrages étaient écrits par matière. Par le support imprimé, les communautés scientifiques devenaient notables et repérables, dans le monde. Le latin était toujours désigné comme la langue scientifique commune mais de nombreux textes furent écrits en langue dialectale. Les imprimeurs et éditeurs ont eu, alors un rôle prépondérant dans l’activité intellectuelle et scientifique. Ils produisirent des aides au repérage de l’information

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par l’utilisation de chroniques et de catalogues. Le plus connu est R. Estienne, humaniste et imprimeur du Roi en 1540.

Les grands voyages et expéditions de Christophe Colomb ou de Vasco de Gama eurent des conséquences certaines sur la qualité de l’information scientifique diffusée par les éditeurs. Les données furent ainsi vérifiées et servirent à réviser les nouvelles éditions imprimées. Cette époque favorisa autant la croissance des échanges commerciaux et la production de biens que les puissances des États.

Le XVIII°siècle se révéla par l’élargissement de la diffusion de l’information scientifique. L’évolution de la société française fit émerger une demande spécifique d’information scientifique. La progression de l’alphabétisation répandit la pratique de la lecture et la fit évoluer vers une plus grande diffusion sociale de la science. Un public plus vaste, non spécialiste se constituait et s’y intéressait également. De plus, la science se professionnalisait : de nombreux savants se dédiaient à la production et à la communication scientifique.

Plusieurs faits marquants permirent cette évolution. Les langues anciennes furent progressivement abandonnées. L’impact des sciences et des arts dépassa, au fil des périodes celui de la théologie. L’édition scientifique fut considérable dans les domaines intéressant les publics les plus larges tels que l’agriculture, l’agronomie, la physique expérimentale, les sciences naturelles et la médecine. Cette production permit la constitution d'extraits et d’abrégés. Durant le XVIII°siècle surtout, le nombre de revues spécialisées s’éleva régulièrement. Deux revues savantes jouissant de privilèges s’en détachent :

- Le Journal des savants conçu par l’Académie des sciences en 1665 afin de conduire l’actualité scientifique en attestant découvertes et publications scientifiques

- et Les Mémoires de Trévoux créées en 1701 par des Jésuites afin d’offrir une alternative au Journal des savants. L’information scientifique n’était pourtant pas l’objectif majeur de cette publication.

À la fin du XVII siècle, la censure royale domina tous les autres organismes de contrôle (l’Université, l’Église et le Parlement). Les refus de publier portaient sur 10 à 30 % des ouvrages contrôlés et concernaient surtout des romans liés aux polémiques philosophiques et religieuses. Entre 1659 et 1789, 942 personnes furent emprisonnées à la Bastille pour affaires

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Les interdictions paraissent avoir peu touché le livre scientifique. Mais, fait notoire, Buffon a publié les 38 volumes de son Histoire naturelle à l’Imprimerie Royale sans être censuré car il bénéficiait de la protection royale. Il était redevable, cependant, avant diffusion, de présenter chaque tome au Roi qui en retenait aussitôt 350 exemplaires.

Depuis le XVIII° siècle, la demande en dictionnaires encyclopédiques était forte. En tant qu’encyclopédie,19 l’ouvrage illustre une exhaustivité des connaissances et une intentionnalité

éducative. C’est ainsi que l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert est née d’un mouvement éditorial et intellectuel. Elle repose sur plusieurs présupposés méthodologiques postulés par Diderot, dés 1750 : la classification des savoirs stipulée, dans le premier volume sous l’appellation de : Système figuré des connaissances humaines ; la précision et la vérité scientifique des données avec renvoi aux sources ; la méthode employée pour désigner métiers et savoir-faire avec recueil précis du vocabulaire technique et enfin l’utilisation des figures afin de conforter les explications ou afin d’appréhender un dispositif.

« Un coup d’œil sur l’objet ou sur sa représentation en dit plus qu’une page de discours » Diderot, Le Prospectus, Système figuré des connaissances humaines, premier volume de l’Encyclopédie, 1750.

L’idée remarquable était d’établir un arbre encyclopédique de connaissances afin de prévenir l’éparpillement des sujets et de disposer des liens entre les connaissances. Le projet témoigne d’une ambition pédagogique moderne. Depuis, ce bien nommé arbre encyclopédique inspira plusieurs auteurs de classification scientifique, bibliologique ou réticulaire.20

En 1710, 9 académies provinciales existaient ; avant la révolution, on en recensait 35. Les académies représentaient la vie intellectuelle et savante de la France de l’Ancien Régime, France du Progrès et des Lumières.

Après la Révolution française, durant les premières décennies du XIX °siècle, l’Information Scientifique et Technique fut marquée par la reconstitution et la sauvegarde d’un patrimoine en désordre tout en favorisant l’éducation pour tous. Durant la seconde partie du siècle, le phénomène de la popularisation de la science s’amplifia jusqu’à apparaître comme une mode.

19 Encyclopédie du grec Egkuklios paideia, «instruction embrassant tout le cycle de savoir. Ensemble de toutes les connaissances. Ouvrage où l’on traite de toutes les connaissances humaines dans un ordre alphabétique ou méthodique» (1750 ), tiré du Petit Robert, dictionnaire de la Langue française, Op. Cit., édition 2000.

20 Nous entendons par classification réticulaire, l’architecture arborescente et analogique de certains méta-outils proposés pour la recherche sur le réseau des réseaux : Internet ; comme Copernic et Trivium. Nous en parlerons, plus particulièrement, par la suite. Possibilité de lire à ce propos : Authier M., Levy. P. Les Arbres de la

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Après l’éclatement causé par la Révolution, de nouvelles structures scientifiques furent créées afin d’améliorer la diffusion des sciences : la période de 1795 à 1799 est une époque de reconstruction. Les Grandes Écoles furent fondées pour la formation des ingénieurs comme l’École Polytechnique, inaugurée en 1794 ainsi que l’École des Mines et l’École des Ponts et Chaussées. Elles produisent de nouveaux lieux de transfert pour l’information technique. De nombreuses sociétés savantes se développèrent afin de conserver des collections érudites. De la même façon, plusieurs communautés de recherche se créèrent spontanément. Des bibliothèques municipales et scolaires s’ouvrirent sans fortes ressources. Le contexte n’était pas favorable à l’expansion de ce domaine.

Des éléments favorables comme la croissance de l’alphabétisation, l’accélération et l’augmentation de la circulation de l’information par les Nouvelles Technologies de la Communication favorisèrent l’accroissement et la diversification de l’Information Scientifique et Technique. Du télégraphe aérien de Claude Chappe (1793) au télégraphe électrique de Samuel Morse, amélioré en 1874, aux États-Unis, par Thomas Edison, en n’oubliant pas le téléphone inventé, en 1875, par le physicien américain Graham Bell ou la machine à vapeur… le siècle proposa de nombreux moyens rapides et massifs de transport d’informations. L‘État français décréta, en 1837 un monopole sur toutes les communications. L’information se développa autrement. De nombreux scientifiques, issus souvent des Grandes Écoles, (tels que N. Conté, ingénieur et C.L. Berthollet, chimiste…) en participant à la Campagne d’Égypte engagée par Bonaparte, représentaient dans cette expédition, la Commission des Sciences et des Arts, commission de savants placés au service de l’État. Des périodiques scientifiques furent produits : le Courrier d ‘Égypte et la Décade égyptienne. Dès le milieu du siècle, la collaboration scientifique internationale fut réellement déclarée : des réflexions se déployèrent au sein de nombreuses commissions internationales comme, par exemple, la Commission des cartes photographiques du ciel, en 1889.

La volonté technologique et scientifique s’exprimait dans l’édition, la croissance éditoriale se précipita : en 1810, plus de 2 800 ouvrages furent enregistrés au dépôt légal. Les premiers grands éditeurs scientifiques connurent une forte évolution après la Première Guerre Mondiale.

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Poussé par tous ces facteurs favorables, le XIX° siècle se révéla décisif dans le développement de la vulgarisation scientifique. La curiosité des non-spécialistes permit d’élargir le public. L’illustration fut un moyen de la vulgarisation scientifique : la première photographie parut dans l’Illustration de mai 1890. De nombreux lieux de culture scientifiques naquirent : les collections privées confisquées aux nobles, lors de la Révolution favorisèrent l’ouverture de nombreux musées scientifiques de province.

Le XX° siècle se distingue par trois faits :

- Le premier événement, fut en début de siècle, la naissance de la documentation.

Le concept de documentation ainsi que son activité sont apparus, à la fin du XIX°siècle et au tout début du XX° siècle.

L’action, documenter est présente dans le dictionnaire Le Robert, édition de 1769, mais le terme documentation ne fut visible qu’en 1870 avec un sens restreint de : action de

rechercher des documents pour appuyer une étude. Un sens plutôt juridique se découvrait

ainsi dans le Littré de 1878 : travail par lequel on appuie de documents une histoire, un récit,

un débat.

La documentation, en tant qu’activité professionnelle de collecte, de traitement et de diffusion de documents apparut, lors du premier congrès de l’Institut International de la Bibliographie, à Bruxelles, en 1895 où elle fut dès lors regardée comme un élargissement de la bibliographie, créée réellement au XIX°siècle. Ceci est révélateur d’une urgente nécessité de recensement, les catalogues s’étendirent considérablement à partir de 1920 dans les pays européens. En France, les bibliothèques n’en étaient qu’au stade des inventaires partiels de leurs fonds. Les techniques documentaires se spécifièrent par rapport aux techniques de bibliothéconomie, lors des créations des centres de documentation. Les technologies documentaires évoluèrent selon les besoins de traitement d’informations et selon les applications permises par les machines mécanographiques.

- Le deuxième fait marquant fut l’arrivée des premiers travaux scientifiques sur l’information. Il était surtout question d’envisager des méthodes applicables à la documentation.

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- En guise de troisième fait, une certaine mutation de la vulgarisation scientifique est visible. Les grands scientifiques furent nombreux à intervenir directement auprès du public, et ceci par les techniques nouvelles de communication comme la radio. Le premier à utiliser ce média, fut Paul Langevin, professeur au Collège de France, en 1936 afin de diffuser ses conférences. Jean Painlevé, biologiste réalisa les premiers films scientifiques avec la récente technique cinématographique. Il fonda, en 1930, L’Institut de cinématographie scientifique.

Cette première moitié du XX° siècle permit l’éclosion d’une puissante donne informationnelle non seulement pour la recherche mais aussi pour l’industrie. Bien après la Seconde Guerre Mondiale, l’Information Scientifique et Technique devint réellement, l’IST. Jusqu’au début des années 1960, on ne parlait que de documentation. Cette documentation fut favorisée par l’arrivée des techniques informatiques, et par la conscience du pouvoir étatique. Le terme choisi fut l’Information Scientifique et Technique. C’est à ce moment-là, en effet que naissent aux États-Unis, les premières mesures politiques institutionnelles dans le but d’étendre l’Information Scientifique et Technique.

Lors de la Guerre froide, de 1958 à 1964, le défi des États-Unis fut d’établir les premiers réseaux d’information scientifique et technologique ; le fameux Spoutnik, engin spatial soviétique envoyé, inopinément en 1958, convainquit les Américains d’une politique informationnelle et d’une stratégie de surveillance. Ils créèrent, dans cet objectif, en 1964, Le

National Technical Information Service. De nombreux organismes fédéraux furent ensuite

implantés, dans le territoire, afin de positionner les premières grandes banques de données scientifiques et techniques.

Dès 1945, Vannevar Bush, ingénieur et professeur du MIT, Massachusetts Institute of

Technology publia un rapport : As we may think, où il décrivait un système d’information

idéal pour tout chercheur, ce système était nommé MEMory EXtender (MEMEX). Ce dispositif permettait de conserver toute sa documentation sur une machine et de la consulter en fonction de ses propres nécessités.

De 1945 à 1951, les premiers ordinateurs furent utilisés dans les universités américaines et anglaises puis pour tout public. Dès 1960, le traitement de l’information bénéficia d’avancées considérables même si la commercialisation n’était pas optimale. Un exemple, le système Synthex, par analogie au MEMEX de V. Bush, fut élaboré à Santa Monica par SDC, System

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l’indexation automatique. Dans les milieux de recherche, de 1950 à 1970, de nombreux systèmes d’indexation évolués furent découverts. À la demande de l’armée, dès 1957, ces systèmes furent évalués (travaux de C.W.Cleverdon à Cranfield) : ce programme fut primordial pour la méthodologie dégagée concernant les mesures de pertinence des systèmes d’indexation : le taux de rappel (absence de silence) et à l’inverse, le taux de précision (absence de bruit).

Au Royaume Uni, dès 1948, une politique informationnelle fut déclinée. En France, la prise de conscience fut lente, une politique concrète n’apparut qu’en réaction à la toute puissance américaine, et ceci dans les années 1970.

Il est à noter que dès 1960, le terme de science de l’information ou information Science remplaça celui de documentation, défini alors comme un champ relevant d’applications spécialisées (bibliothèques, archives, techniques documentaires) et de l’univers de la recherche.

À ce propos, la célèbre Mathematical Theory of Communication, ouvrage publié en 1948, de Claude Elwood Shannon fut, généralement, considérée comme la base de la Science de l’Information. Ce schéma général représente l’information sous forme d’une chaîne reliant une source d’information, un canal de transport, un émetteur et un récepteur. Les travaux mathématiques de C.-E.. Shannon ont subi, principalement, l’influence des écrits sur les premiers calculateurs de John Von Neumann et ceux de Norbert Wiener, fondateur de la cybernétique . L’ouvrage Cybernetic or Control and Communication in the Animal and

Machine est paru en 1948.

Nous reviendrons sur la nature et la portée de cette théorie mathématique appliquée à la communication par C.-E.. Shannon, plus tard, dans notre exposé. Il est notoire de penser que cette théorie toute mathématique, ne prend pas en compte à la signification de l’information et la relation des protagonistes, dans l’échange d’information.

De 1970 à aujourd’hui, les caractéristiques de l’Information Scientifique et Technique se sont transformées sous l’effet d’évolutions décisives des technologies de traitement et de transfert de l’information. La nature de l’IST changea, par la nature même des besoins, des demandes, des usages. Ceux-ci évoluèrent radicalement vers le public du secteur professionnel des

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entreprises. Ce développement fait naître une industrie de l’information dont le but est de commercialiser des produits d’information.21

La France prit conscience, dans les années 1970, d’un sérieux décalage avec le monde anglo-saxon de l’information : un retard certain était sensible. Le rapport Nora et Minc, de 1978, sur l’informatisation de la société ainsi que les rapports Aigrain-Dejou et Lenoir de 1979 confirment l’importance de l’IST et révèlent l’impact des Nouvelles Technologies de

l’Information et de la Communication pour l’élaboration d’un nouveau mode global de régulation de la société. Une orientation politique et institutionnelle s’affirma : la Direction

générale XIII de la Commission des communautés européennes ouvrit, à partir de 1975, différents plans en faveur de l’IST.

D’autre part, la nécessaire constitution de produits commercialisables d’information favorisa l’identification des acteurs de l’IST et dynamisa les professionnels du domaine. Bibliothécaires et documentalistes, intermédiaires de la chaîne d’information, ont proposé, alors, de nouveaux services afin de satisfaire des secteurs différents comme ceux de l’entreprise, de l’industrie, de la banque, par exemple.

L’intense production en banques de données, serveurs et autres supports ont permis l’extension d’un marché de produits et ont concouru à développer une industrialisation de l’information.22

On parle même de serveurs qui diffusent l’information comme des supermarchés !

L’émergence de ces facteurs a marqué l’information d’une valeur spécifique et économique. Ceci s’oppose à l’opinion courante qui est de croire que toute information est neutre et gratuite.

Autre dominante affirmée, dès lors : l’IST est non seulement liée aux technologies de la communication mais elle est dépendante des mutations de celles-ci.

L’amplitude prise par le réseau des réseaux, Internet affecte l’IST autant par la profusion et la diversité des contenus que par la puissance des moyens d’atteindre ces contenus, moteurs de recherche, interactivité, navigateurs… Internet est souvent présenté comme le symbole de la

Société de l’Information. Son origine est signifiante. Internet a été produit par le Département

21 Nous entendons par produit d’information, un ensemble éditorial de données à finalité commerciale et destiné à un public déterminé.

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américain de la défense pour interconnecter les gros centres de calcul. Il s’appelait alors

Arpanet, Advanced Research Project Agency Network. Par conséquent, il fut utilisé, en

premier, pour les échanges scientifiques développés dans le cadre de la Recherche Civile. Le réseau s’utilisa à l’échelle mondiale, dans les années 1990, lorsque l’interface World Wide

Web fut créée, en 1989, par Tim Berners – Lee, ingénieur travaillant au CERN, Centre

Européen de Recherche Nucléaire.

Le World Wide Web, (WWW) est un système permettant d’accéder à des fichiers de textes (documents) dispersés sur le réseau, et reliés entre eux par un système de liens « hypertextes ». Les Intranets, réseaux internes aux organisations suivent les standards IP, Internet Protocol. Ils apparaissent au milieu des années 1990, aux États-Unis, puis en France. Par leurs respects des normes d’Internet, les Intranets intègrent des applications informatiques très variées tout en préservant la cohérence globale du système d’information. Leur développement rapide traduit diversité, souplesse et évolution de ce réseau.

Depuis 1990, l’évolution des technologies de l’information est tellement forte et rapide que les limites de l’IST sont difficilement perceptibles. Elle se confond avec ses outils et ses modalités. L’édition électronique, le multimédia, la veille et l’intelligence stratégique occultent ses pourtours et son identité.

Nous constatons souvent une confusion, une incompréhension voire un désintérêt de l’opinion.

Cependant, par ce parcours historique de l’information, nous avons tenu à montrer que l’information a toujours été en quête de son identité. Ses principaux acteurs : penseurs, religieux, érudits, enseignants, disciples, élèves, chercheurs, ingénieurs et décideurs d’entreprises,ont su lui créer une identité, sous forme de fonctionnements et d’usages,.grâce au quotidien de leur métier.

Actuellement, l’usage de l’information est caractérisé par la pratique directe des ordinateurs et de leur système de consultation. L’information se doit d’être pertinente, accessible et rapide d’accès.

Dans ce contexte, on constate un bouleversement essentiel dans les rôles et les frontières de domaines voire dans les territoires professionnels : les usagers finaux des systèmes

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d’information sont de plus en plus les utilisateurseux-mêmes aux dépens des intermédiaires et des professionnels de la transmission comme les documentalistes ou bibliothécaires.23

Ce constat a entraîné pour notre part des interrogations, préludes à plusieurs questions de départ !

Qu’entendons-nous par Société de l’information ? Pourquoi le recentrage de l’identité de L’IST se fait-il sur ses moyens techniques ou sur ses marchés économiques ? Comment les systèmes et produits d’information spécialisée sont-ils conçus et pour quelles finalités ? Pourquoi ne pas concevoir, dans les métiers des professionnels de l’information, un autre type d’intermédiation ? N’apparaît-il pas, dès lors, d’autres types de médiateurs, voire d’intermédiaires ?

Lors du déroulé de ce travail, nous aborderons ces questions en déclinant quelques perspectives.

1.2 L'Information dans l'organisation : Logiques économiques et approches théoriques.

Dans cette partie, notre interrogation se porte plus précisément sur l’information dans l’organisation, ses usages traditionnels et l’influence des Technologies de l’Information et de la Communication sur ses modalités. Une approche théorique unique ne peut être choisie, l’information perçue désormais comme science de l’information est au croisement de plusieurs disciplines. Ainsi, nous entendons : approches transversales. Nous convoquerons, en effet, la cybernétique, la thermodynamique et les théories des organisations.

1.2.1 L’Information et l’organisation, au risque de déplaire

23 Articles, à lire à ce propos : Ducasse. R. L’Evaluation des systèmes de communication de l’information scientifique et technique. In Étude et travaux du GRICC, n °3, 1990.

- Les Universités francophones face à la société de l’information : modèle conceptuel, technologique et

géopolitique de la communication scientifique. Société de l’information et francophonie : vers une redéfinition des termes de l’échange. Colloque AUPELF, Cotonou 10 au 13 novembre 1995.

- Systèmes hypermédias distribués et Internet : des limites technologiques et conceptuelles d’un modèle de communication pour l’information scientifique et technique. In Revue informatique et statistique dans les

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Depuis quelques années, cette thématique de l’information associée à l’organisation, est en vogue, dans l’actualité managériale. Elle est un peu moins habituelle dans l’écriture scientifique. Certaines analyses révèlent ce caractère éphémère de modes intellectuelles. Elles ne sont pas, pour autant, à dédaigner ; elles recèlent certes des embarras théoriques mais révèlent aussi des effets et phénomènes récurrents symptomatiques de changements plus occultes.

Nous avons l’objectif de rendre sensible cela, tout au long de cette étude.

Au sein de l’organisation, la scansion actuelle est de faire de la connaissance. Sous le terme de connaissance, trois notions sont amalgamées : l’information, le savoir, la formation. Le plus souvent, l’expression anglo-saxonne, Knowledge Management telle un emblème, souligne l’engouement du moment.

Depuis les années 1970, les pays industrialisés tendent à considérer la connaissance comme clé de développement économique.

Cette tentative se traduit, au sein des administrations et entreprises par plusieurs spécificités comme une extension de fonctions ou d’activités de service : gestion de l’information, ressources humaines, qualité par exemple. Le recours à des intermédiaires tels que les cabinets de consultants et d’experts, les organismes de formation sont aussi des indices de ce changement.

La tendance se manifeste aussi par le recours aux techniques numériques et ceci de façon quasi systématique afin d’introduire ou d’accompagner les outils modernes appelés à favoriser les relations. L’intention souligne souvent une demande réelle et ambiguë. Nous nous attacherons à le montrer tout au long de cette étude.

L’insertion de ces outils agit au niveau de la gestion de systèmes informationnels tels les systèmes-experts, les systèmes interactifs d’aide à la décision…, de la fabrication mais aussi au sein même de la stratégie de communication de l’organisation, par l’utilisation du réseau interne, Intranet. Ce dernier point est celui que nous avons retenu comme objet d’analyse. Cette insertion, perçue par certains comme une révolution électronique, est vécue par d’autres comme une intrusion désincarnée et artificielle. Ces attitudes s’articulent sur des mouvements économiques, sociaux et culturels. Ils ont des incidences sur les modes de penser, de faire et d’être au travail mais aussi sur la sphère privée. Une autre particularité de cette déclinaison est la remise en question des modes de distribution de la production, d’organisation du travail et

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