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Responsabilité de l’État, des organisations (patronales et

4. PRATIQUES ÉMERGENTES EN FORMATION : ENTRE AUTOFORMATION ET

4.4. Viser l’innovation sociale : conditions pour une formation de qualité

4.4.1. Responsabilité de l’État, des organisations (patronales et

Transformation du rôle de l’État : l’aller retour du local au global…. vers de nouvelles responsabilités

Malgré la mondialisation, les villes et les régions demeurent des lieux de formation à privilégier afin d’assurer un « capital social ». Régionalisation, systèmes régionaux d’innovation et régions apprenantes sont des concepts forts prisés par l’OCDE comme nous l’avons mentionné au premier chapitre. Ainsi, il est question de créer de nouveaux réseaux sociaux et de nouvelles conventions sociales. La ville et/ou la région apprenante doit s’inscrire dans le sens du développement durable et doit être considérée « dans l’optique économique, sociale et environnementale la plus large possible » (OCDE. p.8).

Le lieu, une notion clé car étant le reflet d’un capital humain et social déterminé et déterminant. On dénote des avantages d’opérer à l’intérieur d’un marché du travail en fonction de ses limites géographiques et adhérer à un ensemble de conventions, de valeurs et de normes régionales. Il y aurait certains avantages aussi d’être en relation étroite avec les fournisseurs, consommateurs et même les concurrents :

Étant donné le caractère social, et souvent informel de l’apprentissage et l’innovation, il n’est pas étonnant que le dynamisme naisse souvent de la proximité géographique des partenaires qui permet des interactions fréquentes et des échanges d’information aisés et informels.

… les entreprises et les institutions du savoir qui cohabitent sur un même site peuvent plus aisément partager une culture et une perception communes, ce qui favorise l’apprentissage social et permet d’économiser du temps et de l’argent.

Pour l’OCDE :

… l’apprentissage permet aux individus d’améliorer leurs revenus et leurs perspectives professionnelles, tandis que la société peut disposer d’une main d’œuvre plus flexible et formée aux technologies les plus récentes.

Larsen, 1999, p. 81 Créer des activités industrielles et de services à partir de leur potentiel local d’apprentissage, d’innovation et de changement.

Les stratégies suivies varient suivant le contexte social et économique, lui-même marqué par l’héritage historique et culturel ». « Dans tous les cas, l’objectif est de rester compétitif sur le marché mondial grâce à l’éducation et à l’innovation et de se préparer à entrer dans le XXe siècle.

Larsen

L’OCDE se base sur le concept de « systèmes régionaux d’innovations » (Cooke et al, 1997 ; Enquist, 1997) afin de fournir une base d’analyse utile pour le développement d’interventions publiques. Les entreprises doivent s’employer à absorber et diffuser le nouveau savoir provenant des individus éduqués. « La capacité d’absorption des organisations varie considérablement, ce qui affecte leur capacité à innover » (OCDE, 2001, p. 12). Pour l’OCDE, il faut absolument tenir compte du capital social d’une région, de ses particularités, quitte à opérer par la suite des changements au niveau de ses institutions pour favoriser le développement de régions apprenantes.

Le partage des responsabilités du financement de la formation

Notons que pour l’OCDE, les systèmes d’innovation « doivent être soutenus par une intervention active de l’État » (p. 20.). On affirme que « les évolutions technologiques de grande ampleur et radicales, c’est-à-dire l’adoption de nouvelles trajectoires de développement, s'est rarement fait sans l’intervention de l’État » (OCDE, 2001, p. 20).

Le rôle de l’État ne consisterait pas à intervenir à tout crin mais uniquement dans le but de favoriser l’interaction entre les organisations (OCDE, 2001, p. 20.)

« Par conséquent, les régions dans lesquelles il existe un stock important de capital social bénéficient d’avantages concurrentiels considérables dans le cadre de la nouvelle économie apprenante par rapport aux régions dans lesquelles cette confiance doit être construite à partir de zéro grâce à l’interaction » suscitée par l’État, facilité par une stratégie consciente et interventionniste de l’État.

Ici , cadre heuristique d’analyse des relations conceptuelles dans le modèle de région apprenante, OCDE, 2001, p. 33.

Pour que soient créées les conditions de l’innovation, « il est essentiel que des mécanismes effectifs permettent aux diplômés des universités et autres organismes d’enseignement supérieur d’entrer dans les entreprises et autres organisations » (OCDE. p. 16) et (ministère de l’Éducation).

À cet égard, le ministère de l’Éducation du Québec propose :

79. de sensibiliser les employeurs et les personnes à l’emploi à la formation continue ;

80. de mettre en place des outils de veille stratégique et d’écoute des milieux de travail ;

81. de mettre en place les instruments pour faciliter la gestion des responsabilités ;

82. d’harmoniser les interventions gouvernementales, locales et sectorielles ;

83. adapter l’offre et les modalités de formation continue aux transformations du marché du travail ;

84. accroître la qualité des interventions de formation.

Pour ce qui est du financement, le ministère de l’Éducation du Québec rappelle que la formation continue entraînera des coûts ne pouvant seulement être assumés par l’État (qui finance déjà 2.4 milliards de dollars annuellement dans la formation aux adultes liée à l’emploi).

« Les capitaux publics ne peuvent suffire à financer un tel projet ». (…) « Tout en réaffirmant le rôle et la responsabilité de l’État en matière d’éducation des adultes et de formation continue, il faut dès aujourd’hui travailler au développement des compétences des adultes en posant également la question de la responsabilité des individus et des employeurs dans le financement de la formation continue » (ministère de l’Éducation, 2002, p. 35). Capital social Apprentissage individuel Apprentissage collectif Compétitivité économique Inclusion sociale

Ainsi le document du ministère de l’Éducation souligne la responsabilité partagée :

L’État a une responsabilité dans l’éducation et la formation continue des adultes : les individus, les entreprises et les organisations doivent également s’y engager de façon volontaire et responsable.

Ministère de l’Éducation, 2002, p.1 On se réfère alors aux modèles européens en matière d’incitatifs fiscaux, à la mise en place de « Comptes individuels de formation » (axée sur l’épargne à des fins de formation qui est « multiplié par une contribution de l’État lorsque l’individu réalise son projet.

Ministère de l’Éducation, 2002, p. 36

Le ministère rappelle au passage que le gouvernement a :

… harmonisé le régime fiscal québécois avec le régime fiscal canadien afin de permettre l’utilisation des épargnes accumulées dans un Régime enregistré d’épargne retraite à des fins d’études.

Ministère de l’Éducation, 2002, p. 36

Plus généralement, on se propose de réfléchir, à l’aide d’analyse de pratiques dans divers pays de l’OCDE, à des moyens pour financer la formation continue. Pour le moment, on réfléchit à mettre en place une :

véritable dynamique de l’offre et de la demande qui pourrait s’instaurer au Québec, établir en quelque sorte un véritable mécanisme d’offre et de demande de formation continue adaptée aux exigences du marché du travail et permettant aux individus de parfaire leurs compétences.

Ministère de l’Éducation, 2002, p. 37

Importance des pratiques de gouvernance locale

L’évolution de la société rend plus que jamais cruciale l’approche des pratiques locales (OCDE, 2001; Isabelle Paillard, 2002.) « La territorialisation des activités politiques dans le domaine des TIC donnent une nouvelle responsabilité aux acteurs locaux » (Paillard, 2001, p. 8).

Si les citoyens sont de plus en plus invités à participer à la vie politique locale, plusieurs obstacles subsistent pour que nous puissions véritablement parler de démocratisation. L’absence de la prise en compte de la parole du public « est révélatrice des problèmes que rencontre la gouvernance locale à l’heure actuelle ». (Isabelle Paillard, 2002). En effet, Paillard dénote une vision représentation déterministe et réductrice des utilisateurs de TIC dans le domaine public. Pour ce qui est de l’aspect déterminisme, Paillard note que l’on favorise l’accès aux TIC davantage que l’usage réel. « C’est donc bien les projets d’infrastructures qui mobilisent les collectivités territoriales, la question de leurs usages ne se présentant donc pas comme une priorité » (Paillard, 2002, p. 7).

Pour ce qui est de la vision réductrice, il semble qu’on consacre beaucoup d’effort afin de « sensibiliser » la population aux NTIC (ex. formation à la consultation Internet) afin de démocratiser l’accès aux technologies, mais on fait peu de cas des innovations possibles en terme de participation citoyenne. Se référant à B. Van Bastelaer et al. L’auteure affirme que les politiques locales en matière de TIC devraient reposer sur l’implication des utilisateurs dans la conception, l’implémentation et l’évaluation des projets51 :

L’intervention des collectivités territoriales dans un nouveau secteur se situe dans la continuité d’autres opérations dans lesquelles la relation du politique avec les publics existe dans un cadre normé, celui de l’institution qui s’adresse à son public selon un modèle classique, traditionnel, linéaire et hiérarchique sans tenir compte pourtant des évolutions dans les modes de transmission des connaissances.

Paillard, 2002, p. 8 Les différents publics sont imaginés dans une position d’attente ou de demande » (…) celle qui conforte leur position d’offreur de services ou de produits de communication, oubliant ainsi que l’innovation technique réussie est celle qui naît d’une rencontre sociale.

Paillard, 2002, p. 8

Isabelle Paillard plaide pour une formation aux usagers des NTIC pour favoriser une véritable démocratisation des pratiques locales, formation qui tiendrait compte des besoins des usagers en vue d’une plus grande participation à la vie publique. (Isabelle Paillard, 2002). Se référant à P. Muller, l’auteur nous enjoint, comme le fait l’OCDE, à considérer le rôle de l’État non plus comme étant lié à la résolution de problèmes mais plutôt de « contribuer à rendre le monde intelligible : la fonction de gouvernement consiste à rendre possible l’élaboration des cadres d’interprétation du monde qui vont permettre aux acteurs de donner un sens à leur action » 52

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51

B. Van Bastelaer, L. Henin et C. Lobet-Maris, Villes virtuelles entre Communauté et Cité, L’Harmattan, 2000, p. 62.

52

P. Muller, « Politiques publiques et effets d’information, l’apport des approches cognitives », dans Gerstlé J » (dir) Les effets d’information en

4.4.2. L’apprentissage tributaire des modèles organisationnels : horizontalité, verticalité,

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