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Entreprises collectives et nouvelle économie : portrait de la situation

3. LES ENTREPRISES COLLECTIVES ET LA NOUVELLE ÉCONOMIE PORTRAIT DE

3.1. Entreprises collectives et nouvelle économie : portrait de la situation

Souvent perçue comme une problématique récente, la situation des entreprises collectives, dont font partie les OBNL, en regard de la nouvelle économie remonte à une vingtaine d’années. C’est en effet au début des années 1980 qu’a lieu la première phase de l’historique de cette problématique avec la diffusion de la micro-informatique (arrivée des PC) et les questions sous-jacentes qu’elle posait au milieu communautaire et aux entreprises collectives, comme aussi, du reste, aux entreprises dites traditionnelles.

Les préoccupations portent d’abord sur l’acquisition d’équipements, sur la formation des employés mais également des clientèles, et plus généralement sur le développement des services techniques. Pour le milieu des entreprises collectives, s’ajoutait déjà à ces préoccupations toute la question de ce qui a été appelé le risque de « fracture numérique », de sociétés marquées par le clivage « info- riches » — « info-pauvres », etc.

Les programmes de développement de l’employabilité (PDE), au milieu des années 1980, constituent une phase majeure d’implantation d’équipements pour les organisations, implantation qui reconduit la problématique d’arrimer les gens (personnel des organisations et clientèles) à ces équipements. Les années 1994–1995 représentent un autre moment charnière où se posera la question de la démocratisation de l’internet (accès + formation).

Un manque d’information sur les entreprises collectives de la nouvelle économie ainsi que sur la situation des entreprises collectives en général est un constat pour plusieurs intervenants. Cette lacune qui perdure à ce jour avait été formulée par Communautique en 2001.

Le milieu communautaire québécois compte plusieurs milliers de groupes oeuvrant dans toutes les régions du Québec. Compte tenu de son importance et du nombre de personnes qu’il rassemble (travailleurs et travailleuses, bénévoles et participant(e) s), il importe, comme pour les autres secteurs de la société québécoise, de connaître les avancées, les innovations, les besoins et les difficultés rencontrées afin de réaliser une véritable appropriation sociale des technologies de l’information et de la communication.

De plus, nos observations indiquent qu’un nouveau secteur semble en émergence au Québec. En font foi, tous ces nouveaux groupes communautaires ou ces entreprises d’économie sociale dont la mission, les activités et services sont centrés sur les technologies de l’information et de la communication. Ces organismes agissent sur plusieurs plans : services techniques, formation, accès à internet, réseautique, création et hébergement de sites Web, etc. »23.

3.1.1. Les entreprises collectives de la nouvelle économie

Des données disponibles24montrent que les organisations qui s’inscrivent d’emblée dans la nouvelle

économie (mission première) représentent 189 organisations sur un ensemble de 6 331 entreprises collectives pour une proportion d’environ 3 %. Sur les 189 entreprises du secteur Communication NTI, 38 (20,1 %) sont des coopératives et 151 (79,9 %) sont des OBNL. Au niveau de l’emploi, ces entreprises comptent pour 695 emplois sur un total de 78 292 pour une proportion d’un peu moins de 1 %. Leur chiffre d’affaires de 32 millions $ représente un peu plus de 0,4 % du chiffre d’affaires total de 7 567 entreprises collectives, c’est-à-dire 5 millions $).

TABLEAU 6

Les entreprises collectives de la nouvelle économie25

TOTAL TOUS

SECTEURS CONFONDUS26

SECTEUR COMMUNICATION NTI

(% DU TOTAL PAR LIGNE)

NOMBRE D’ENTREPRISES Coop.: 2 390 OBNL : 3 941 Total : 6 331 Coopératives : 38 (1,6 %) OBNL : 151 (3,8 %) Total : 189 (3 %) EMPLOIS Coop.: 33 212 OBNL : 45 080 Total : 78 292 Coopératives : 80 (0,24 %) OBNL : 615 (1,4 %) Total : 695 (0,9 %) CHIFFRE D’AFFAIRES (EN M $) Coop. : 6 208, 6 OBNL : 1 358,9 Total : 7 567,5 Coopératives : 7,7 (0,12 %) OBNL : 24,3 (1,8 %) Total : 32 (0,42 %) 23

Communautique, mai 2001, Le monde communautaire et internet : défis, obstacles et espoirs. Appropriation de la télématique et intégration de l’informatique. Résultats de l’enquête auprès des groupes communautaires, p.13-14. Voir note 18, p.11, pour un aperçu de l’OBNL Communautique.

24

À partir du tableau Portrait statistique des entreprises d’économie sociale (Coopératives et OBNL), source : CSMO – ÉSAC (1). Voir annexe 1.

25

Ibid.

26

Ibid. Ces secteurs sont : Aide domestique, culture, CPE, entreprises adaptées, entreprises d’insertion, forêt, habitation, loisir-tourisme, périnatalité, ressourcerie-récupération, services funéraires, agro-alimentaire, scolaire, services aux entreprises, transport, autres secteurs et, évidemment, Communication NTI.

Entre 71 % et 75 % des organisations vouées aux médias/nouvelles technologies possèdent entre un et trois ordinateurs; celles qui possèdent 10 ordinateurs et plus comptent pour 12 % en milieu urbain et 5 % en régions ressources27

. En outre, et bien que cela apparaisse surprenant, il appert que les entreprises de ce secteur compte une proportion d’organisations ne possédant aucun ordinateur; 11 % d’entre elles en milieu urbain et 5 % dans les régions ressources28.

Quant à l’usage de l’informatique, en proportion des organisations du secteur29

, il se présente comme suit :

59. Traitement de texte : 99 %

60. Gestion de bases de données : 76 %

61. Comptabilité : 74 %

62. Outils de gestion : 68 %

63. Internet et courrier électronique

Situation typique de secteurs en émergence, les organisations peuvent afficher des durées d’existence assez variées, ce qui renforce le constat des besoins de suivi quant au portrait de ce secteur. Enfin, si la part des entreprises collectives s’inscrivant d’emblée dans la nouvelle économie (secteur Communication NTI) semble modeste, tous les intervenants rencontrés dans le secteur ont souligné l’aspect transversal de la problématique générale en ce qu’elle concerne une grande majorité des personnes impliquées dans (personnels et intervenants des organisations) ou rejointes par les organisations de tous les secteurs à travers les services dispensés à leurs clientèles respectives.

3.1.2. Les entreprises collectives et la nouvelle économie

Il y a consensus chez les intervenants : la grande majorité des organisations est aujourd’hui informatisée.

27

Le groupe « Milieu urbain » est constitué de l’Île de Montréal, la Ville de Montréal, de la Montérégie, de Laval, des Laurentides, de Lanaudière, de Québec et de Chaudière-Appalaches. Le groupe « Régions ressources » est constitué de l’Abitibi-Témiscamingue, du Saguenay-Lac-St-Jean, de la Côte-Nord, de la Gaspésie, des Îles-de-la-Madeleine, du Bas-St-Laurent et du Nord du Québec. Voir CSMO – ÉSAC (2), Parc informatique et besoins de formation dans le secteur de l’économie sociale et de l’action communautaire. Éléments d’un portrait sectoriel, analyse réalisée par Lynda Binhas à partir d’une enquête du Groupe DBSF, note 13, p.9; p.10; tableau in page suivant la page 10 (page non numérotée, entre p.10 et p.11).

28

CSMO – ÉSAC (2), op. cit., tableau page suivant la page 10 (page non numérotée entre la page 10 et la page 11.

29

Entre 1996 et 1999, l’appropriation de la télématique par les groupes communautaires du Québec s’est opérée à un rythme accéléré : des projets se sont déployés dans plusieurs réseaux; de nouveaux groupes communautaires sont nés avec pour mission spécifique l’appropriation sociale des TIC; des regroupements provinciaux et de nombreux groupes de base ont investi les inforoutes. Les groupes se sont engagés, ils se sont formés, ils tentent d’intégrer Internet à leur travail quotidien, ils développent des projets, ils s’interrogent et réfléchissent sur la façon de lier ces nouveaux développements à leur mission et à leurs services tout en leur gardant une dimension humaine30

.

Ainsi, l’objectif de « faire reconnaître la place et l’importance des entreprises collectives comme des acteurs à part entière (…) de la diffusion, dans le secteur dit traditionnel de l’économie, des innovations qu’on retrouve dans la Nouvelle Économie en général » est assurément légitime et pertinent.

Il faut cependant garder en tête que cette informatisation se présente de façon très inégale selon les secteurs31. Par exemple, il est à noter que la moitié des équipements dans les organisations, sont

considérés comme vieillots ou carrément désuets32. La pression au développement, entendre ici rester

à jour au niveau technique (équipements et logiciels), est un poids permanent sur les organisations; pression qui s’exerce bien sûr au niveau financier mais aussi, et c’est là une question centrale pour les intervenantes et intervenants, au niveau de la formation permanente du personnel et des usagers des organisations.

Quand on demande aux groupes de classer par ordre d’importance les principaux freins à une bonne intégration de l’informatique dans leur travail, une forte proportion de groupes situent le manque de ressources financières en premier choix (22,3 %), suivi par le manque de temps (22,1 %), le manque de formation (21,6 %), le manque d’équipements (18,6 %) et le roulement de personnel (15,3 %).33

3.1.3. L’action gouvernementale

Du côté des gouvernements, l’élaboration de politiques et la mise sur pied de programmes sont caractéristiques des dernières années autant au provincial qu’au fédéral.

30

Communautique, mai 2001, op. cit., p.3.

31

Pour un aperçu détaillée de cette diversité voir : Communautique, mai 2001,

32

Voir la section Faits saillants dans : Communautique, mai 2001, op. cit., p.28.

33

Ibid., p. 61. De manière plus détaillée : « Les répondants des différents secteurs apprécient parfois différemment l’importance relative de ces différents obstacles. De nombreux répondants se sentent surtout pressés par le temps, c’est le cas des répondants des secteurs « alphabétisation », « consommation » et « médias communautaires » (notre souligné). De plus, de nombreux répondants des secteurs « alphabétisation et consommation » placent le manque de formation en deuxième choix. Les répondants du secteur « coopération internationale » se distinguent (sic) par leur (sic) premier choix accordé au manque de formation. », p. 61.

L’intervention des divers paliers de gouvernements s’est, elle aussi, accentuée, et ce, sur plusieurs plans. Le gouvernement du Québec a adopté, en avril 1998, une politique où sont définies une série de mesures quant au déploiement de l’autoroute de l’information et quant à la création de l’État-réseau. Il a doté le Fonds de l’autoroute de l’information de plusieurs dizaines de millions pour soutenir le développement de projets liés aux grands axes de la Politique. Le Fonds de l’autoroute a d’ailleurs soutenu, en 1997 et 1998, quelques projets issus du monde communautaire. Récemment, le gouvernement du Québec a aussi mis sur pied un programme visant à brancher les maisons de jeunes, il a soutenu le branchement des familles bénéficiant des allocations familiales, il a développé une pléthore de mesures pour stimuler le commerce électronique, il a encouragé l’accès via les bibliothèques publiques et les écoles, il a soutenu un projet pilote d’attribution d’adresses de courrier électronique à la population des quartiers Hochelaga- Maisonneuve et Centre–Sud à Montréal ainsi qu’à Baie-Comeau. Plusieurs groupes communautaires ont d’ailleurs été impliqués dans ce projet34. Certains ministères participent aussi, à des hauteurs et à des degrés très divers, à l’informatisation ou à l’entrée de groupes sur les inforoutes. À cet égard mentionnons l’apport certain du Fonds de lutte contre la pauvreté par la réinsertion au travail qui a contribué, via les projets qu’il soutient, à l’acquisition ou au renouvellement d’équipements dans plusieurs groupes communautaires au cours des dernières années de même qu’à la mise sur pied de points d’accès et à l’intégration d’activités d’initiation de la population au sein d’une cinquantaine de groupes communautaires dans sept régions du Québec35.

Cette mise sur pied de points d’accès se concrétise aujourd’hui dans le programme Inforoute –– points d’accès, dans 9 régions du Québec, et implique la formation de près de 40 animateurs par année (Source : intervenant-e-s de Communautique et de La Puce Communautaire). Il est à noter que les programmes d’accès ont été d’abord présents en milieu rural avant de s’étendre aux milieux urbains où il a été difficile de faire reconnaître les besoins.

Le gouvernement fédéral a affirmé sa volonté de faire du Canada le pays le plus branché au monde. En plus de ses autres axes d’intervention visant le commerce électronique et les entreprises, il a multiplié les programmes s’adressant spécifiquement aux organismes à but non lucratif ou bénévoles ainsi qu’aux collectivités. À titre d’exemple, mentionnons le programme Volnet qui vise à fournir équipement, branchement et formation à des milliers d’organismes à but non lucratif, le programme d’accès communautaire qui soutient la création de réseaux de centres d’accès communautaire en milieu rural ou urbain et les programmes du Bureau des technologies d’apprentissage qui encourage les projets de recherche et de développement de réseaux d’apprentissage36.

34

Ce projet pilote, selon une intervenante, a rencontré des obstacles relatifs à la problématique de la protection des renseignements personnels qui ne sont pas résolus à ce jour.

35

Communautique, mai 2001, op. cit., p.3-4.

36

Il n’est pas inutile de le répéter ici, tant cela est central pour les intervenantes et intervenants rencontrés : si, pour ceux-ci, la dotation en équipement et logiciels ainsi que l’accès à l’inforoute, constituent des avancées certaines, les besoins en formation des personnes dans les organisations et des clientèles de ces organisations restent criants pour la moitié des organisations37

.

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