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De l’apprentissage informel aux communautés de pratiques

4. PRATIQUES ÉMERGENTES EN FORMATION : ENTRE AUTOFORMATION ET

4.3. Pratiques émergentes en formation : les approches collaboratives et

4.3.4. De l’apprentissage informel aux communautés de pratiques

Parmi les nombreuses caractéristiques liées à l’apprentissage informel, se trouve l’apprentissage par compétence, par l’action, par l’interaction et les communautés de pratique. Résumons-les ici brièvement.

Par « approche par compétence », on entend :

Retenir comme objet de formation les compétences inhérentes à l’exercice d’une profession et à les reconduire dans des programmes d’études ou des projets de formation sur mesure.

Thériault, 2001, p. 98 Ce programme vise à favoriser les bonnes personnes au bon endroit afin de fournir à court terme, un niveau élevé de performance et à plus long terme, de soutenir les plans stratégiques.

Viens, étude de cas chez Kraft, 2001, p. 110

Une publication de l’OCDE portant sur la nouvelle économie de l’apprentissage fait la promotion de l’apprentissage par l’action et de l’apprentissage par l’interaction. Par « apprentissage par l’action », on réfère à tout apprentissage relié au savoir-faire, aux compétences effectives, aux connaissances pratiques acquises, bien souvent sur les lieux de travail.

L’apprentissage par l’action (…), constitue un élément majeur du savoir qui est appliqué au travail dans la plupart des emplois

OCDE, 2001, p. 17

Pour sa part, l’apprentissage par l’interaction est lié au système d’innovation et des organisations apprenantes. Il s’agit à la fois d’un moyen pour transmettre des connaissances pratiques mais aussi, contribue à la capacité d’innovation et à la création de nouveau savoir dans l’entreprise, faisant appel non seulement à l’apprentissage individuel mais aussi à l’apprentissage collectif.

Les individus sont capables d’approfondir considérablement ce qu’ils apprennent à travers l’apprentissage en communiquant et en échangeant avec des collègues, tant sur le lieu de travail qu’en dehors.

OCDE, 2001, p. 17

Cette définition de l’apprentissage par l’interaction rejoint ce qu’on entend dans la littérature anglo- saxonne par les communautés de pratiques. En effet, on considère de plus en plus l’apprentissage situé, en contexte, par la pratique.

Le défi des communautés de pratique consiste à formaliser les pratiques informelles à des fins d’apprentissage collectif. En effet, plusieurs études démontrent qu’à l’intérieur des organisations, on

retrouve « Groups of people working together outside conventional organizational structures, but informally bound together by shared expertise and passion for a joint entreprise » (Wenger, 2000, dans Deloite, 2000).

On parle alors de “Réseaux de connaissances collaboratives » (Deloite, 2000) qui se dinstinguent des équipes de travail en ceci que les communautés de pratique n’ont pas de mandat spécifique. Ici, il est davantage question de communautés d’affinités et d’intérêts davantage que des communautés de projet.

Notons aussi que les nouvelles technologies permettent d’assurer un échange continu d’information et de créer un espace à l’intérieur duquel peut évoluer une communauté « virtuelle » de pratique. Se pose alors la question de la difficulté de créer des liens solides lorsque les communications sont médiatisées par la technologie.

K. Henriksson rappelle que de la même façon que l’information ne fait pas la connaissance, Internet ne crée pas la communauté de pratique. Il faut éviter de penser que : « A well designed interpretive system (or Intranet on a parallel knowledge management discussion) will enable the appropriate perception and understanding of data ».

Parmi les facteurs qui facilitent l’organisation et l’efficacité d’une communauté de pratique, on insiste d’ailleurs fréquemment sur l’importance cruciale de la confiance à l’intérieur des communautés, sur la solidité des relations sociales et de la légitimité de chacun des acteurs pour faciliter les échanges cognitifs (distributed cognition) (Hildreth et al. 2000 ; Adams et al. 2000) :

The key to successful collaboration and knowledge transfer lies not in technology, but in allowing people to build social networks connected by technology. Network building is relationship building…you really cannot build relationships through a Web site alone48.

On insiste aussi dans la littérature sur l’importance d’organiser des rencontres physiques, même dans le cas de communautés virtuelles de pratiques dans la mesure où ces rencontres favorisent la création de liens sociaux plus solides.

You need personal relationships if you are to go extra miles for someone…

Hildreth et al. 2000, p.35

48

Martha Patillo–Siv, Coordinator for the Education Advisory Service at the World Bank, as quoted in C.O’Dell and C. Graysono, If only we

The development of relationships in a physical environment helped with issues of identity…

Hildreth et al. 2000, p. 34

Dans le cadre d’une étude de cas qui porte sur une analyse linguistique, K. Henriksson s’est intéressée aux types d’échanges d’information et aux genres de transactions que nous pouvions trouver dans le cadre de communautés virtuelles de pratiques. L’étude découvre trois différentes relations qui se produisent dans la communication. Dans tous les cas, il s’agit de négociation et de compétition dans la construction du sens et de la connaissance :

72. Le dialogue (véritable renégociation des frontières et du sens).

73. Le statu quo / l’évasion (la frontière d’une connaissance serait ici non acceptée ou non réfléchie).

74. Le conflit (compétition pour la détention de la vérité).

Pour d’autres, la circulation de l’information sur les forums (knowledge exchange), doit être perçue à travers quatre types de transactions : requête, révision, publications et références (Adams et al. 2000). Dans tous les cas, le résultat est la modification de l’information première (Adams et al. 2000; Benoit et Laferrière, 2000).

Ailleurs encore, on note que nous retrouvons toujours une forme de rétention de l’information comme si les pratiques informelles résistaient à s’institutionnaliser. (Benoit et Lafferrière, 1998). Plusieurs soulignent l’importance d’une transformation de la culture organisationnelle pour supporter ces pratiques informelles (Deloite, 2000; Benoit et Laferrière, 2000). Les technologies ne créent pas, en soi, de la collaboration et de la connaissance.

Companies cannot simply push new technologies to their employees desktop and expect them to collaborate with wild creativity and innovation. It’s not easy. To begin, employees must want to share their knowledge.

Deloite, 2000, p.11

Les communautés de pratique ne constituent pas une nouvelle représentation de l’organisation mais plutôt, elles procurent un support interprétatif pour la construction de sens. Les frontières d’une communauté de pratique sont dynamiques et mouvantes, épousent les changements organisationnels. Elles doivent d’ailleurs toujours être étudiées à l’intérieur des paramètres construits socialement (donc à travers la prévalance des jeux de pouvoir, des tensions etc.)

Il faut développer de nouveaux usages. Certains ont proposé des mécanismes d’encouragement et de récompense à la participation dans le cadre de communautés de pratique afin de construire la confiance de chacun des participants.

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