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Le financement de l’entrepreneuriat collectif dans la nouvelle

1. PORTRAIT DE LA LITTÉRATURE SUR L’ENTREPRENARIAT COLLECTIF DANS LA

1.4. Enjeux et trajectoire de l’entrepreneuriat collectif

1.4.2. Le financement de l’entrepreneuriat collectif dans la nouvelle

Après avoir brièvement discuté des rôles de l’État dans l’épanouissement et l’émergence de l’entrepreneuriat collectif dans la nouvelle économie, il nous paraît intéressant de discuter, de façon plus pointue, des mécanismes de financement des diverses initiatives nées de la pratique. Cette section ramènera donc l’État au centre des discussions puisque ce dernier est amené à jouer un rôle important, sinon prépondérant, à ce niveau également. Soulignons toutefois que l’État n’est pas seul, par conséquent la discussion que nous amorcerons adoptera une perspective plus large, notamment celle des partenariats de type privé-public dans le financement du démarrage d’initiatives relevant de l’entrepreneuriat collectif dans la nouvelle économie.

Les multiples lectures que nous avons effectuées dans le cadre de cette recension d’écrits nous ont conduit à relever ce qui semble être un paradoxe important concernant la question de l’entrepreneuriat

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collectif dans la nouvelle économie. D’une part, nous pouvons observer que le rôle de l’État dans le développement et le financement de la recherche et des entreprises ayant contribué au développement des technologies nouvelles, aujourd’hui au cœur de la « nouvelle économie », n’est certainement pas négligeable. Reprenant les propos de Manuel Castells, nous avons souligné nous-mêmes cet état de fait dans l’un de nos récents travaux :

Ce développement technologique maximisant la synergie entre différents secteurs d’activité est bien évidemment le fruit du travail de nombreux chercheurs, mais aussi, il faut le souligner, de l’État qui a permis et soutenu cette recherche. Les laboratoires Bell, le MIT, le ARPA, le projet SEMATECH, le MCC13

ne sont que quelques-unes des initiatives de l’État à ce niveau.

Noiseux, 2002, 12

Ce petit rappel concernant le rôle qu’a joué l’État dans l’essor des nouvelles technologies appuie donc l’existence d’une certaine forme d’entrepreneuriat collectif (utilisation de ressources publiques) dans l’épanouissement de ce qu’on appelle aujourd’hui la « nouvelle économie ». D’autre part, et c’est là le paradoxe, le financement d’entreprises collectives (entreprises d’économie sociale, coopératives, mutuelles) oeuvrant dans le champ de la nouvelle économie reste plus marginal (Ullrich, 1998 ; Jeantet, 2001 ; Lévesque, 2002).

En d’autres termes, le financement d’entreprises à but lucratif de la nouvelle économie est souvent rendu possible grâce à des mécanismes relevant de l’entrepreneuriat collectif, notamment le soutien de l’État (on pourrait également inclure le Fonds de solidarité des travailleurs dans le cas québécois), mais les entreprises portant elles-mêmes les caractéristiques de l’entrepreneuriat collectif dans la nouvelle économie demeurent peu soutenues et donc financées de façon plus parsemée, souvent dans le cadre de mesure réactive (on soutient par exemple assez bien les initiatives dont la vocation est de rendre accessible les NTIC aux populations marginalisées) plutôt qu’au sein d’une politique proactive cherchant à favoriser ce type d’entreprises en misant sur leur véritable potentiel, sur la convergence de leur structure avec les avantages comparatifs spécifiques à la nouvelle économie et sur la valeur ajoutée qu’elles proposent pour la collectivité.

Une consultation de la liste des initiatives que nous avons présentées en annexe, permet de mieux visualiser le paradoxe que nous venons de présenter. Nous pouvons y constater qu’autant le gouvernement du Québec que le gouvernement canadien exercent un rôle non négligeable dans le soutien des entreprises s’activant dans les secteurs de pointe de la nouvelle économie.

Dans le cas québécois, la corporation sans but lucratif Inno-Centre est une des initiatives par laquelle le gouvernement a cherché à favoriser l’émergence d’entreprises dans les secteurs de pointe de la nouvelle économie. Bien que relevant lui-même de l’entrepreneuriat collectif, Inno-centre, qui est un type particulier d’incubateur d’entreprise, ne favorise pas nécessairement des projets d’économie

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sociale ou coopératifs mais bel et bien des entreprises du secteur privé. En principe, rien n’empêche Inno-Centre de le faire, mais la pratique démontre que ces cas sont plutôt rares, sinon inexistants. Dans le cas de la nouvelle Société de soutien aux projets d’imagerie numérique pour le cinéma (SPINC), il s’agit à peu près du même scénario, sauf que cette fois le projet est financé par le gouvernement fédéral (Développement économique Canada). On remarque également l’implication du Regroupement pour la relance économique et sociale du sud-ouest de Montréal (RESO), ce qui nous paraît innovateur puisque cela permet d’intégrer des acteurs du milieu communautaire à la démarche, ce qui laisse croire que la communauté pourra avoir son mot à dire dans la mise en place du projet et dans le processus décisionnel de la SPINC.

Pour ce qui est du financement des entreprises d’économie sociale, des coopératives et des mutuelles qui s’activent dans le champ de la nouvelle économie, il faut toutefois souligner que les différents gouvernements mettent également en place des mécanismes diversifiés permettant à ces derniers d’avoir accès à des ressources afin de démarrer et poursuivre leurs activités.

La comparaison des montants engagés dans ces initiatives permet cependant de vérifier la justesse des propos de ceux qui croient que cette implication reste marginale comparativement aux deux exemples que nous avons discutés précédemment. Néanmoins, cette implication ne peut être négligée. Le nombre et la diversité des initiatives recensées dans les sections de l’annexe I consacrées aux entreprises d’économie sociale, aux coopératives ainsi qu’aux associations et autres OSBL dans la nouvelle économie nous permettent de constater le dynamisme de ce secteur. Le soutien de l’État (donc de l’entrepreneuriat collectif au sens national) joue certainement un rôle crucial en ce qui concerne leur financement.

Parmi ces initiatives, nous retrouvons, entre autres, La puce Ressource informatique, le Projet Communautique, le FLAM, Tour d’y voir et l’Avenue Centre communautaire Internet dans le cas du Québec. En France, l’État joue également un rôle essentiel dans le soutien d’initiatives comparables (Inser.net, Place Publique, Globenet, Initial, Créatif, etc).

Mentionnons ici que toutes ces initiatives ne s’insèrent pas dans la même dynamique. Certaines aspirent à l’autofinancement par la prestation de services de tous types. C’est le cas notamment de plusieurs coopératives que nous n’avons pas insérées dans l’énumération. Dans leur cas, ce qui fait défaut ce n’est pas tellement le peu de soutien financier de l’État, mais l’étroitesse des marchés de capitaux pouvant répondre à leurs exigences particulières et étant en mesure de saisir la valeur ajoutée des projets proposés par ces différentes entreprises. Pour d’autres, souvent des associations à but non lucratif, l’autofinancement ne peut être atteint dans le respect de la mission qu’ils se sont donnée. Pour ces dernières, la question du financement récurrent de la part des différents paliers de gouvernement est une thématique cruciale.

Depuis le début de cette troisième section, nous avons surtout insisté sur le rôle de l’État concernant le financement de l’entrepreneuriat collectif. L’État n’est pourtant pas le seul bailleur de fonds pour les entreprises oeuvrant dans la nouvelle économie. Dans une publication de 1998, le Centre canadien du marché du travail et de la productivité (CCMTP) a examiné des véhicules financiers de nouveau

type mis en place récemment et visait à connaître les résultats des efforts engagés par les institutions au niveau local en vue de réduire le nombre d'obstacles au financement qui se dressent devant les petites entreprises dans diverses communautés et régions du pays (CCMTP, 1998 : 3).

Dans ce document, notre intention n’est pas d’étudier l’ensemble de ces nouveaux véhicules financiers faisant souvent appel à des partenariats novateurs entre les communautés, les gouvernements et les entreprises privées. Cependant, nous avons inclus dans la section 7 de l’annexe, une courte description de certains de ces nouveaux fonds qui incluent dans leurs objectifs un volet consacré au financement d’entreprises qui oeuvrent dans les secteurs d’activités associés à la nouvelle économie.

Parmi ceux-ci, nous pensons notamment aux fonds mis en place par ACF Equity Atlantic (partenariat privé-public) et Calmeadow Nova Scotia (partenariat communauté-privé) dans les provinces de l’Atlantique, Aerocapital (Fonds de Solidarité) et Innovatech (partenariat privé-public) au Québec et au Specific Investment Community Program de la Société d’expansion économique de la région d’Ottawa-Carleton (partenariat municipalité-instances régionales).

Toutes ces initiatives favorisent l’accès pour les entreprises (ou à des individus dans le cas de Calmeadow Nova Scotia) à du financement rendu disponible, du moins en partie, par l’effort de la collectivité. Il s’agit donc, là aussi, d’initiatives relevant de l’entrepreneuriat collectif dans la nouvelle économie. Le défi est désormais de rendre ces sources de financement disponibles également pour les entreprises associées au secteur de l’économie sociale. Il semble que la tâche soit amorcée, souvent grâce à des initiatives du gouvernement, mais il appraraît également que l’ampleur des besoins ne correspond pas à celle des sommes engagées.

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