Chapitre IV : une représentation analogique, la représentation imagée
4. Du traitement de l'information à la représentation mentale imagée
4.3. Représentation visuo-spatiale
4.3.1. Représentation visuo-spatiale et localisation hémisphérique hémisphérique
Ce chapitre a été lʹoccasion de présenter ce que nous appelons maintenant les représentations visuo‐spatiales. Nous avons découvert que la mise en évidence de cette forme de représentation ne sʹest pas imposée dʹelle‐
même, et quʹun long débat a opposé les tenants dʹune forme unique de représentation propositionnelle à ceux qui défendent lʹidée de lʹexistence dʹune double forme de codage. Même si lʹargumentation, en faveur de la seconde hypothèse, sʹest faite plus précise au fil du temps, il faut reconnaître, avec Kosslyn, Ganis, et Thompson (2001), que ce sont les neurosciences cognitives qui ont résolu cette controverse. En effet, comme le soulignent Bideau et Courbois (1998), les recherches en imagerie mentale se sont fortement engagées dans la voie des neurosciences cognitives pour échapper aux critiques des propositionnalistes.
Ainsi, les nouvelles technologies de neuroimagerie, notamment la tomographie par émission de positon (TEP) et lʹimagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) ont permis de montrer les interactions qui pouvaient exister entre lʹimagerie mentale et la perception visuelle, le langage ou encore la mémoire (Mazoyer, 2001). En effet, nous avons vu, avec Shepard et Metzler (1971), que le temps de rotation mentale dʹune figure en trois dimensions était proportionnel à lʹangle de la rotation, comme si celle‐ci était réellement effectuée et avec Kosslyn & all (1978), que le temps de déplacement entre deux points dʹune représentation visuo‐spatiale était proportionnel à la distance séparant ces deux points, comme si le déplacement était réel. Il est donc légitime de sʹinterroger sur cette similitude, en terme de traitement cognitif, entre la perception visuelle réelle et sa représentation visuo‐spatiale.
4.3.1.1. Localisation hémisphérique de la représentation visuo-spatiale.
Nous avons vu, au cours du chapitre précédent, le rôle de lʹaire visuelle primaire (AVP), cʹest‐à‐dire du lobe occipital, dans la perception visuelle. Pour lʹimagerie mentale visuelle, la participation de lʹaire visuelle primaire fait aujourdʹhui débat. En effet, Kosslyn, Alpert et Thompson (1993) présentent une recherche qui va dans le sens de la participation de lʹAVP dans une tâche dʹimagerie mentale visuelle. Il sʹagit de comparer les aires cérébrales activées dans deux conditions, lʹune dʹimagerie mentale visuelle et la seconde de perception visuelle.
Dans la condition dʹimagerie, les auteurs présentent visuellement aux sujets, une grille où figure une croix dans lʹune des cases et une lettre minuscule sous la grille. Les sujets doivent alors indiquer si la croix se trouve
dans lʹune des cases quʹoccuperait la lettre si elle était dans sa version majuscule.
Dans la condition de perception, les sujets réalisent la même tâche mais avec les cases de la lettre majuscule effectivement noircies (Figure 16).
Imagerie Perception
f f
Figure 16 : Stimulus utilisés par Kosslyn & al (1993)
La comparaison des deux situations, cʹest‐à‐dire en soustrayant le débit sanguin cérébral régional (DSCr) mesuré dans la condition perceptive à celui mesuré dans la situation dʹimagerie, révèle une activation dʹune région voisine de lʹaire visuelle primaire. Les auteurs rapportent donc que lʹAire Visuelle Primaire a présenté une activité supérieure dans la situation où les sujets imaginaient la lettre, comparée à celle où ils percevaient réellement le stimulus (Kosslyn & all, 1993).
Mellet, Tzourio, Crivello, Joliot et Denis (1996) rapportent, pour leur part, une recherche qui montre lʹabsence de participation de lʹaire visuelle primaire dans une tâche dʹimagerie mentale visuelle. Il sʹagit cette fois, pour les sujets, de fabriquer mentalement une forme en trois dimensions, proche des stimuli utilisés par shepard et Metzler (1971) pour la rotation mentale. Les sujets sont placés dans le noir complet, les yeux fermés. Il leur est demandé de former tout dʹabord une image mentale du premier cube au centre de leur
ʺchamps de vueʺ puis dʹajouter les autres cubes en fonction des onze
directions qui leur sont successivement indiquées par lʹintermédiaire dʹécouteurs, à la fréquence dʹune direction toutes les deux secondes (Mellet et al., 1996).
Haut
Figure 17 : Forme en trois dimensions de lʹexpérience de Mellet et al. (1996)
Sur la figure 17 ci‐dessus, on peut voir la première forme en trois dimensions qui correspond à la description verbale : droite, bas, bas, arrière, arrière, arrière, haut, haut, arrière, arrière, droite. Le premier cube que doit le sujet doit former au centre de son champ visuel correspond au cube grisé sur la figure ci‐dessus. Deux conditions contrôle sont alors ajoutées à cette tâche de manière à pouvoir comparer les mesures effectuées en Tomographie par Emission de Positons. Dans la première condition contrôle, la tâche consiste en une écoute passive de mot abstrait dont la phonétique est proche des mots de direction de la première condition. Il sʹagit des mots : taux, cas, moite, roche, amant, et amer. Et dans la seconde condition contrôle, il sʹagit pour le sujet de rester au repos. Les résultats ne montrent aucune activation de lʹAire Visuelle Primaire au cours de la construction mentale, que celle‐ci soit comparée au repos ou à la tâche dʹécoute passive de mots (Mellet et al., 1996).
Ainsi, les résultats de cette seconde expérience ne permettent pas de confirmer lʹimplication de lʹAire Visuelle Primaire dans la représentation mentale imagée de type visuel, cʹest‐à‐dire la région du cortex mobilisé pendant la perception visuelle.
Nous avons vu avec Jannerod (1998), au cours du chapitre précédent, que le traitement de lʹinformation visuelle repose sur les deux voies dorsale et ventrale. La voie ventrale permet la reconnaissance de lʹobjet et la voie dorsale la localisation spatiale de lʹobjet. Sur ce point, le consensus semble être de mise sur lʹimplication des aires visuelles associatives dans lʹactivité dʹimagerie mentale (Mellet, Petit, Mazoyer, Denis et Tzourio, 1998).
Kosslyn, pour sa part, sʹappuie sur des observations réalisées chez des patients victimes de lésions cérébrales. Il montre ainsi que des lésions de la voie ventrale entraînent chez ces sujets une impossibilité à visualiser les formes. Cʹest ce que rapporte Farah (1989) également chez un sujet atteint dʹune agnosie visuelle suite à une lésion du cortex temporal inférieur bilatéral.
Bas
Droite Arrière
Avant Gauche
Ce sujet est incapable de reconnaître les objets, mais ne montre pas de difficulté à les localiser. De plus, il est incapable de décrire ou de dessiner, de mémoire, la forme de lʹobjet, alors quʹil est en mesure de localiser spatialement ce même objet toujours depuis sa mémoire (Farah, 1989).
Pour la voie dorsale, Levine, Warach et Farah (1985) rapportent les observations réalisées sur un patient qui était incapable de localiser des villes ou des états sur une carte, et de la même manière était incapable dʹindiquer la position de sa chambre dans lʹhôpital les yeux fermés (Levine & al., 1985).
Mellet, Petit, Mazoyer, Denis, et Tzourio (1998) pour leur part, observent lʹactivation des deux voies dans lʹexpérience décrite ci‐dessus. Ainsi, la voie neuro‐anatomique occipito‐pariétale, spécialisée dans le traitement de lʹinformation visuelle spatiale, intervient également dans les aspects spatiaux de lʹimagerie mentale en lʹabsence dʹune perception visuelle. Et la voie ventrale occipito‐temporale intervient dans le stockage et lʹévocation des aspects figuratifs des représentations visuelles (Mellet et al., 1998).
Mellet (2001) fait remarquer que si lʹanalogie entre perception visuelle et imagerie mentale est avérée pour le rôle des voies ventrale et dorsale, le flux dʹinformation est quant à lui opposé pour ces deux activités. En effet, pour la perception visuelle il sʹagit du flux des aires visuelles primaires vers les aires visuelles associatives, puis vers les aires intégratives pariétales et frontales.
Alors quʹil sʹagit dʹun flux des aires intégratives vers les aires visuelles associatives pour lʹimagerie mentale (Mellet, 2001). Le débat sur la participation de lʹAire Visuelle Primaire laisse alors en suspend les limites du traitement top‐down nécessaire à la génération des images mentales.
4.3.1.2. La question de l'asymétrie cérébrale
Nous nʹavons envisagé jusquʹici les localisations que de manière symétrique, cʹest‐à‐dire sans sʹintéresser à une éventuelle différence entre lʹhémisphère gauche et droit pour ce type de traitement. Nous savons en effet, depuis Broca et Wernicke, que les facultés du langage peuvent être considérablement amoindries par des lésions du cortex frontal de lʹhémisphère gauche (aire de Broca) ou du lobe temporal de lʹhémisphère gauche également (Aire de Wernicke) (Reed, 2002). Ainsi, le langage, dont nous avons vu avec McNeill (2002) quʹil était très lié avec la fonction dʹimagerie, est pour sa part localisé dans lʹhémisphère gauche. On peut donc se demander ce que devient cette latéralisation pour lʹimagerie mentale.
Nous venons de voir que lʹimagerie mentale partage avec la perception visuelle un fonctionnement cérébral similaire. Dans ce sens, Mellet (2000) nous explique que lʹexistence dʹune asymétrie fonctionnelle en faveur dʹun
hémisphère est une question qui nʹest pas encore résolue. Ainsi, dans lʹexpérience que nous avons décrite ci‐dessus, de génération dʹune forme complexe, proche des stimuli utilisés par Shepard et Metzler, les résultats vont dans le sens dʹune activation du gyrus temporal inférieur exclusivement localisée à droite pendant la construction de la forme complexe.
Roberts et Bell (2003) pour leur part, ont étudié cette latéralisation pour une tâche de rotation mentale avec des stimuli en deux et trois dimensions et en croisant avec le genre, homme ou femme. Les stimuli en deux dimensions utilisent la représentation dʹun ʺGingerBread Manʺ (ndla : homme pain dʹépice) quʹil faut comparer à deux autres, en miroir ou non, pour lequel le sujet doit retrouver le modèle identique. Les stimuli en trois dimensions sont issus du test de Vandenberg et Kuse (1978) que nous avons déjà rencontré plus avant.
Les auteurs ont procédé par enregistrement électroencéphalographique (EEG) des activations cérébrales.
(a) : exemple dʹitem 2D (b) : exemple dʹitem 3D
Figure 18 : exemple de stimulus de Roberts et Bell (2003)
Les résultats, en terme de latéralisation, révèlent une différence entre la tâche avec des stimuli en deux dimensions (figure 18 a) et celle avec des stimuli en trois dimensions (figure 18 b). En effet, il apparaît que pour la tâche en 2D, les hommes et les femmes ne sollicitent pas le même hémisphère. Les femmes sollicitent dʹavantage lʹhémisphère droit, alors que les hommes font appel à lʹhémisphère gauche (Roberts et Bell, 2003). Pour la tâche en 3D, il apparaît que les hommes ont recours essentiellement à lʹhémisphère droit alors que 56% des sujets féminins montrent une activation supérieure de lʹhémisphère gauche et 44% une activation supérieure de lʹhémisphère droit.
Cette recherche nous éclaire sur plusieurs points et explique en partie pourquoi la question de lʹasymétrie cérébrale nʹa pas encore trouvé de réponse à ce jour. En effet, on découvre que sur lʹexpérience princeps de la rotation
mentale de Shepard et Metzler, les aires corticales sollicitées ne sont pas les mêmes suivant quʹil sʹagit dʹun stimulus en 2‐Dimensions ou en 3‐
Dimensions. Dʹautre part, il apparaît des différences dans les régions cérébrales sollicitées entre les hommes et les femmes. Et si lʹon se place du point de vue de la performance, lʹon découvre que les hommes et les femmes, pour la tâche en deux dimensions, sollicitent des hémisphères cérébraux différents pour un même score puisquʹil nʹy a pas de différence statistiquement significative entre les deux groupes (Roberts, Bell, 2003).
Notons ici que, les recherches de Kosslyn et al (1998), quelques années auparavant sʹétaient appuyées sur un protocole expérimental extrêmement proche de celui de Roberts et Bell (2003) à une différence près. Et cette différence prend une dimension toute particulière dans le cadre de nos travaux puisquʹil sʹagit dʹune rotation mentale en deux dimensions où il nʹest plus question de ʺGingerBread Manʺ mais de mains (figure 19).
Dans cette recherche de Kosslyn, Digirolamo, Thompson et Alpert (1998), vingt sujets masculins droitiers réalisent deux tâches de rotation mentale en deux et trois dimensions. Pendant ce travail, les expérimentateurs enregistrent le débit sanguin cérébral (rCBF) par une méthode de Tomographie par Emission de Positons (TEP). Le débit sanguin est alors comparé avec une situation contrôle où les sujets doivent résoudre la même tâche de comparaison mais où aucune rotation nʹest nécessaire.
(a) : exemple dʹitem 2D (b) : exemple dʹitem 3D
Figure 19 : exemple de stimulus de Kosslyn et al. (1998)
En terme de localisation hémisphérique, les résultats ne montrent pas dʹasymétrie dans le cas de la rotation de figure en trois dimensions. En effet, Kosslyn et al (1998) expliquent avoir trouvé une activation au niveau du lobe pariétal inférieur et supérieur bilatéralement ainsi que dans quatre portions de lʹaire 19, deux dans chaque hémisphère (Kosslyn et al, 1998).
On ne retrouve donc pas dans ces résultats lʹactivation asymétrique de lʹhémisphère droit, chez les hommes, pour la rotation mentale de structure en trois dimensions de Roberts et Bell (2003).
Quant à la rotation en deux dimensions, les résultats de Kosslyn et al (1998) vont bien dans le même sens que ceux de Roberts et Bell (2003), cʹest à dire une activation plus importante de lʹhémisphère gauche et apportent des précisions qui éclairent sur les mécanismes mis en œuvre au cours de la rotation mentale. En effet, les aires activées correspondent au gyrus précentral gauche, cʹest à dire au cortex moteur primaire. Ce qui fait dire à Kosslyn et ses collaborateurs que, pour cette rotation mentale des dessins de mains, les sujets ont mentalement simulé la rotation de leur propre main (Kosslyn et al, 1998).
Précisons ici, que les sujets ont été observés afin de sʹassurer quʹils ne bougeaient pas réellement leurs mains.
On le constate, il semble difficile dʹavancer la prédominance dʹun hémisphère sur un autre pour le traitement des représentations visuo‐
spatiales. En effet, comme nous venons de le constater, une même expérience de rotation mentale avec des stimuli similaires issus de lʹexpérience princeps de Shepard et Metzler, renvoie à un constat dʹactivation de lʹhémisphère droit chez les sujets hommes de Roberts et Bell (2003) et une activation bilatérale chez les sujets hommes de Kosslyn et al (1998). Plusieurs hypothèses sont proposées pour tenter dʹexpliquer cette différence de localisation hémisphérique. Mellet (2000) avance que lʹactivation de la voie ventrale dans lʹhémisphère droit pourrait être liée à la nature complexe ou simple de lʹimage mentale visuelle et lʹactivation de lʹhémisphère gauche serait liée à son caractère verbalisable ou non.
Kosslyn et al (1998) proposent dʹenvisager cette différence sous lʹangle du type de stimuli, cʹest à dire suivant que le stimulus invite ou non le sujet à simuler le mouvement avec une partie de son corps comme les mains dans lʹexpérience ci‐dessus.
Au‐delà de ces constats divergents, il nous semble important de noter que tous les résultats, mentionnés ci‐dessus concernant la détection de lʹactivation dʹune aire cérébrale, sont issus de calculs statistiques sur un ensemble de sujets. Il sʹagit de vingt hommes dans la recherche de Kosslyn et al (1998), seize hommes et seize femmes pour la recherche de Roberts et Bell (2003), et neuf hommes pour Mellet (2000). Ainsi, Roberts et Bell (2003) qui fournissent les résultats individuels nous permettent de constater quʹils avancent une activation de lʹhémisphère gauche, pour la rotation en deux dimensions chez les hommes, en sʹappuyant sur un test de khi‐deux statistiquement significatif dans ce sens.
Rotation mentale pour des stimuli en deux dimensions
"Gingerbread Man"
Activation de l'hémisphère pariétal gauche
Activation de l'hémisphère pariétal droit
Hommes 10 6
Femmes 0 16
Tableau 1 : tiré de Roberts et Bell (2003), Khi‐deux (1, N=32)=14.55, P<0.001.
Ici, on ne peut sʹempêcher de constater que six des seize hommes ont, pour leur part, sollicité leur hémisphère droit pour résoudre cette tâche. Par ailleurs, la distinction hémisphérique nʹest pas dichotomique, comme le tableau 1 pourrait le laisser penser. Elle relève dʹun choix des chercheurs. En effet, la mesure de lʹactivation est une variable dʹéchelle puisque lʹélectroencéphalogramme renvoie une différence dʹactivation hémisphérique échelonnée de faible, cʹest à dire proche dʹune activation symétrique, à forte, cʹest à dire une asymétrie plus fortement marquée pour lʹhémisphère droit. De la sorte, les 6 sujets masculins pour lesquels les résultats avancent une activation de lʹhémisphère pariétal droit, sont en réalité distribués sur un continuum allant dʹune quasi symétrie à une forte prédominance de lʹhémisphère droit. Ainsi, lʹon retrouve dans ces résultats une sollicitation des régions cérébrales très différenciées entre les individus, ce qui laisse supposer des stratégies de résolution dʹune même tâche propre à chaque individu comme nous le laissions entendre au cours du premier chapitre.
Nous venons de découvrir que les représentations visuo‐spatiales, telles que nous les avons définies ci‐dessus, montrent une forte analogie dans leurs supports neuronaux avec la perception visuelle évoquée au chapitre précédent. De plus la présentation des recherches qui sʹintéressent à la localisation hémisphérique cérébrale révèle beaucoup de divergences dans les régions activées. Ainsi, en détaillant au niveau individuel les résultats, il nous semble que ces apparentes contradictions pourraient devenir une source dʹinformations sur les choix stratégiques mobilisés par les individus. Sur ce point, on peut noter par exemple, que Mellet et ses collaborateurs (1996) ont volontairement neutralisé les différences individuelles en sʹassurant dʹune homogénéité de leur groupe de sujets quant à leur habileté à mobiliser la représentation visuo‐spatiale. En effet, pour leur expérience, seul un échantillon de neuf sujets a été extrait dʹune population de cent six sujets masculin sur la base de leurs résultats homogènes, et supérieur à lʹensemble de la population, sur le test du Minnesota Paper Form Board (MPFB) (Likert &
Quasha, 1941) et sur le test de Rotation Mentale de Vandenberg et Kuse (1978)
que nous avons évoqué précédemment. Il semble donc bien quʹune certaine complexité dans la capacité à mobiliser les représentations visuo‐spatiales ne sʹaccorde pas au mieux avec le souhait des chercheurs à localiser précisément cette capacité cognitive, quitte à sélectionner les individus pour tenter de gommer cette complexité.
Cʹest ce quʹintroduisent Kosslyn et al (1998) en écrivant que ʺthe brain is a complex mechanism, which can – and clearly does – perform tasks in different waysʺ (Kosslyn et al, 1998, p.160) ou encore que lʹimagerie, comme les autres fonctions cognitives, nʹest pas une capacité isolée et indifférenciée, mais plutôt un ensemble de capacités qui peuvent être plus ou moins efficientes indépendamment (Kosslyn et al., 2001).
Toutefois si tous les travaux que nous venons de rapporter ne permettent pas de répondre, de manière tranchée, à la question de la localisation hémisphérique précise et sans ambiguïté de cette capacité de représentation visuo‐spatiale, ils ont le mérite dʹafficher au grand jour, la complexité des différences individuelles dans ce quʹelles ont de fondements, il nous semble, les plus profonds.
4.3.2. Représentation visuo-spatiale et différences