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Repérage de pôles par la couleur 147

Dans le document Inner tension of informational cohesion (Page 148-151)

Chapitre 5. TRACER, LE SENS DU TRAIT 124

5.4 APPLICATION DE LA COULEUR 145

5.4.2 Repérage de pôles par la couleur 147

La couleur offre aussi un repérage qualitatif pour les pôles, si l'on admet un référentiel de base trois. Cette approche a déjà été esquissée pour les valeurs, managériales aussi bien que humaines. Un repérage semblable des questions est aussi possible.

Les valeurs peuvent-elles être disposées dans un espace ?

Les couleurs se basent sur un référentiel (le cercle chromatique) et l’on peut y associer des valeurs [Chaumette 06]. La correspondance des trois axes de base, rouge, bleu, se voit dans l'histoire des mammifères, et la correspondance psychologique a été établie par des écoles psychologiques, telle que la psychosynthèse, (Assagioli en est le fondateur) [Ferrucci 88] et la Psychologie intégrale fondée par Robert Gérard [74].

La correspondance entre une couleur (l'une des six basiques ou n'importe quel coloris) et l'état d'esprit qu'elle suscite peut être validée par chacun à condition de s'entraîner quelque peu et de capter ce que l'expression état d'esprit peut signifier.

La correspondance entre les valeurs et les couleurs est, elle, sujette à caution, car comment décrire une valeur, le sens ou l'importance qu'elle a pour un autre. Pour beaucoup d'entre nous, l'honnêteté, la loyauté, la fidélité, sont proches de la rigueur et de la cohérence, mais pourquoi associer la liberté à un jaune ?

La liberté elle-même est comprise en de nombreux sens, telle que l'absence de contraintes, ce qui suit l'interprétation de Kant, d'autres souligneront qu'une liberté abstraite sans moyen est une fiction : un SDF est libre comme l'air, et il subit la piuie et le froid. On peut soutenir que le bleu décrit la variance, et que la liberté suppose un choix, donc complète l'existence de plusieurs variantes; mais cet argument n'a pas une grande force de persuasion. L'association de couleurs à des valeurs a une part subjective, d'abord dans le sens des valeurs, mais aussi dans la reconnaissance de l'impact des couleurs. La recherche au fil des années permettra probablement un affinement et une vérification (ainsi qu'une correction) de ces correspondances. La figure ci-dessous n’est donc qu’une proposition.

Figure 5.18. Les valeurs disposées selon le cercle chromatique

Cette correspondance existe, elle est stable, même si elle peut être améliorée. Les logos des organisations utilisent un référentiel de ce genre, ce qui montre – a minima – que les valeurs s'inscrivent dans des rapports mutuels, donc dans un espace.

Les questions peuvent-elles être disposées dans un espace ?

Les valeurs, ces pôles de l'action, ont été placées dans un espace, les questions, ces pôles de connaissances, pourraient-elles, elles aussi, se situer dans un espace ?

Vouloir décrire toutes les questions dans une espace semble présomptueux, et une telle réponse fermerait, semble-t-il, toute perspective à la recherche, puisqu'un méta- modèle enfermerait la pensée. Mais ce même argument pourrait s'appliquer aux valeurs : un espace contenant toutes les valeurs enfermerait l'éthique et tout intérêt pour l'action. Or des philosophes (Platon) ont défini le Bien (l'Un pour Plotin) comme la valeur suprême, ce qui limite la grandeur de ces valeurs.

Si l'on admet qu'un tel espace repérant toutes les questions existe, on peut adopter la même démarche que pour les valeurs : associer une question (essentielle) aux trois couleurs de base Rouge, Bleu, Vert. Pour mener des projets, avec une qualité agile, les couleurs sont associées à des questions :

- Pourquoi ? (Rouge, Dynamisme)

- Avec qui ? Avec quoi ? (Bleu, Rigueur - Cohésion) - En fonction de quoi ? (Vert adaptation)

- Qui le sait ? (Cyan, Ouverture)

- Autrement ? (Jaune, Complémentarité) - Mieux ? (Magenta, Optimisation)

Les axes complémentaires montrent la relativité de ces questions. Est-il possible de les généraliser ? Ainsi le Cyan, au lieu de s'adresser au savoir, peut concerner tout échange, sa question devient alors Quel échange ou quel lien ?

Une autre voie est d'utiliser les propriétés abstraites des couleurs et non plus leurs qualités :

- Le rouge a été associé à la fondation, à l'existence, la propriété caractéristique ou raison d'être. R5.7

- Le bleu a été associé à la variance, la multiplicité des transformations possibles, donc à la détermination. R5.6

- Le vert a été associé au devenir, à l'action qui fait évoluer. R5.5

Alors le vert repère une question Que devenir ? Le rouge Pour quoi être là ? Le bleu, quelles possibilités ? Mais à quoi correspond la question Qui suis-je ou Qui est-ce ?

Pour repérer les questions dans un espace coloré, il faudrait que ces questions soient à base trois, qu'il n'y ait pas un nombre supérieur de dimensions. Or cette hypothèse paraît bien hasardeuse. Ainsi les questions Qui, Quand, Où, Quoi, Pourquoi, Comment sont générales et doivent se retrouver dans un tel espace; mais l'on pourrait déjà dire que Pourquoi se réfère à la direction (Rouge), le Quoi à l'objet (Vert) et ce qui varie, la méthode ou la variance au Bleu, serait-ce Comment ?

Une démarche partant d’une question suppose moins d'hypothèses ambitieuses. Elle relève de l'empirisme et non d'une description générale à priori. Comme une décomposition spectrale, il s'agit de placer une question au centre du cercle chromatique et d'observer comment se décline cette question dans le sens de la raison d'être, de la variance et de l'évolution. Il est probable que toute question, à force de recherche, se déclinera en sous-questions ou en aspects de la question initiale. Ainsi l'on peut penser que cette démarche donnera un résultat à chaque fois qu'on l'appliquera : une question pourrait être située par rapport à d'autres de son propre domaine. On construirait ainsi une variété d'espaces locaux qui, ensuite, pourrait (ou non) converger vers un espace global.

Mais nous avons omis une condition préalable.

Les pôles (valeurs ou questions) peuvent-ils se situer dans un espace ? (Q22)

Dans Das Krisis, Husserl [76] met en cause les sciences européennes et, en leur sein, la notion d'espace. Un espace de phase, par exemple, décrit l'ensemble des impulsions et positions, ce qui suppose un grand nombre d'observations préalables. L'espace fige donc l'expérience, le mouvement est alors contraint par une équation générale, comme si toutes les possibilités étaient anticipées. Ce que l'on gagne ainsi en description est perdu pour l'innovation. C'est un peu comme si l'histoire était déjà écrite, et que certains rôles devaient être interprétés, mais la pièce de théâtre est déjà écrite; l'auteur est absent, passé, la création est morte.

Heidegger développe une idée analogue avec le principe époqual (souligné dans Le principe d'anarchie [Schurmann 82]). Chaque époque, selon cette idée, se meut selon un principe central et les questions évoluent donc au fil du temps (des siècles), elles se posent dans leur contexte situé historiquement. L'espace des questions alors se déploie sous nos yeux, et il reste toujours à défricher. Que reste-t-il alors de la notion d'espace ?

L'espace, en extension, représente les variations possibles, y a-t-il un espace en intension qui se déploierait, qui aurait une dynamique et qui emporterait avec lui les pôles d'action (valeurs) et les pôles de connaissance (questions) ? Un espace qui serait toujours nouveau n'aurait pas de constantes, toute notre expérience ne servirait de rien à l'avenir. Un espace figé ne laisse place qu'à des interprétations. Où se situer dans cette ouverture ? Ou de manière plus dynamique, comment concevoir un espace en intension ?

Nous retrouvons ici un point abordé dans l'introduction, celui du mouvement dans la pensée.

Pulsations

La pulsation mathématique décrite par René Guitart [99] s'inscrit entre la concentration (rigueur sur les fondements et la démonstration) et l'exploration d'autres possibles (base de l'harmonisation), donc entre des valeurs bleu et jaune.

Bien sûr, la pulsation de base va de la collecte de données à la compréhension et de l'intelligence du concept à ses applications, on peut donc la situer entre les pôles vert et magenta.

La décision et la volonté de conclure une tâche génèrent une pulsation entre les pôles rouge et cyan, la focalisation sur le but, l'enjeu, et l'ouverture aux matériaux présents.

Dans le document Inner tension of informational cohesion (Page 148-151)