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Perspective de réponse 40

Dans le document Inner tension of informational cohesion (Page 41-45)

Chapitre 1. POSER LA QUESTION 25

1.3 LA QUESTION ACTUELLE DE LA COHESION 38

1.3.3 Perspective de réponse 40

Logique et espace

La question de la cohésion étant posée dans ses trois aspects, il est à présent possible d'esquisser la perspective d'une réponse.

Nous cherchons le facteur qui suscite la cohésion, qui assemble des éléments multiples en une unité. Ce facteur est donc abstrait et nous supposons que c'est une tension (P1). En passant dans l'espace, ce facteur cohésif s'ancre et se présente comme source, ou point focal. La source de cohésion, qui se situe dans l'espace, sera associée à un pôle, situé dans un espace abstrait; la source opère donc la transition entre le pôle et sa tension, et l'espace de la forme.

On retrouve ainsi la distinction eidos / morphé d'une autre manière. La tension, interface avec le fond et l'apparence

La tension suppose un fond d'où elle surgit, comme l'être vient à apparaître. C'est ce que Köhler [64], repris par Merleau-Ponty, a souligné et développé grâce à certains dispositifs expérimentaux. Sur le plan optique, l'attention se focalise alternativement sur le fond et la forme, la même distinction opère de manière énergétique ou abstraite : la tension est une différence de potentiel entre le fond et ce qui apparaît. Le facteur cohésif abstrait est donc supposé être une tension.

Lorsque le phénomène s'inscrit dans l'espace, le facteur cohésif s'ancre en un point focal, le pôle devient source de cohésion, la tension se déploie et aboutit à la forme, l'interface entre source et forme sera appelée rayonnement; c'est donc la transposition spatiale du facteur cohésif.

Le rayonnement, interface spatiale avec la forme

Leibniz a distingué les causes qui produisent des mécanismes et les fins [Leibniz 91:168] ; il a supposé une harmonie préétablie entre les monades et aussi qu'elles n'interagissaient pas. À son époque, les interactions étaient inconnues ou trop subtiles pour être prises en compte. Nous poursuivons cette distinction entre les 1) causes, des interactions prennent place avec des mécanismes et conduisent à décrire des processus, et 2) les fins que nous appellerons pôles. Bien sûr, ceci suscite la question :

Quel est le rapport du monde causal avec les fins ? En d'autres termes, quel est le rapport entre la source de cohésion et la forme ? Les interactions se basant sur une structure ternaire avec un début et une fin décrivent correctement les mécanismes d'échange de la forme avec l'environnement (principe Pr3), mais elles ne peuvent modéliser cette interface, les fins seraient alors ramenées dans le domaine causal.

Nous supposons au contraire que l'interface entre le pôle et la forme est une sorte de rayonnement. L'image qui nous guide est celle du Soleil et de la Terre. Elle évoque l'émission ou l'absorption de lumière, sans qu'il y ait lien causal entre l'émission dans le soleil par exemple et la réception, sur la terre. Du côté émetteur, une tendance joue, c'est-à-dire une position et un mouvement ; du côté récepteur, il y a mouvement et position où arrive l'impact donc 2 facteurs aussi, appelés tendance, selon le terme de

Hegel. Dans la pensée, la suspension évoquée par l'"épochè" de Husserl montre qu'une autre réponse est possible, basée sur le Deux. Lacan en parlant du Désir le décrit comme un Deux, une expectative ou tendance, Deleuze [Jedrzecwski 07:32] a repris cette vision, puis Gilles Châtelet avec le geste [Châtelet 93:32]

La réflexion aboutit donc au postulat

P4 : L'interface entre source de cohésion et forme est le rayonnement.

La relation interne, essentielle à la cohésion (Pr1), est donc constituée de rayonnement, non de mécanismes ou d'actions; ceci concerne le lien entre source et son bord extérieur, la forme, mais aussi les relations entre les diverses unités qui peuvent composer la forme. Enfin le rayonnement peut aller au-delà de la forme et constituer un horizon au sein de l'environnement. Celui-ci interagit avec la forme selon le principe Pr3.

Il se dessine donc la figure suivante :

Figure 9. Facteurs de la forme

Le lien entre sources répond à la question du "VERS QUOI va ce composant ou cette unité ?" et non à la question "COMMENT y va-t-elle ?" le Comment étant lié au mécanisme et au monde causal ; le Vers quoi exprime l’ouverture au monde ou intentionnalité. Le lien entre la forme et l'horizon peut être constitué de rayonnement, mais cela n'exclut pas des interactions.

Termes de la réponse

Il est donc temps de poser les termes qui accompagnent une telle tension et qui servent de trame à l'étude.

La forme (1), qui se définit grâce à une action renouvelée (ensemble de mécanismes), tient grâce à un facteur cohésif (2) qui n'est pas la matière contenue dans la forme. Cette forme prend place sur un fond, tant spatial qu'énergétique ou intentionnel (3). La tension est donc la différence de potentiel qui fait apparaître la forme (4). Le facteur cohésif prend place dans l'espace, c'est la source de cohésion (5). L'interface entre forme et facteur n'est pas un mécanisme qui relierait deux sortes de choses définies par des actions, qui serait donc un ternaire, c'est un lien ouvert à base deux (et non trois), un couple position - mouvement ou rayonnement (6). Le rayonnement peut avoir une limite extérieure différente de la forme, l'horizon (7); celui-ci et la forme interagissent avec l'environnement (8) qui constitue un fond multiple et extérieur d'objets donc de formes.

Source Source

Forme Forme

Horizon Horizon

Ainsi s'esquisse le méta-modèle qui se précisera avec les mondes logiques au chapitre 4.

Figure 10. Termes constitutifs de la forme

Précision sur ces termes

Forme : Apparence d'une chose, plus tard, nous préciserons bord extérieur d'un objet Facteur : Élément concourant à un résultat

Mécanisme : suite de transformations permettant de passer d'un état (bien défini) à un autre.

Relation : lien entre 2 éléments

Rayonnement : interface non mécanique ou sans interactions, basé sur le Deux

Source : lieu de passage du fond au perceptible, ce perceptible est un courant ou mouvement. La source focalise la tension dans l’espace.

Tension : différence de potentiel, ce qui suscite l'apparence d'une unité, engendre le mouvement

Fond : Ce qui supporte, ce qui se tient à l'arrière-plan. Cette notion sera traitée plus avant comme monde du non-nombre (§ 4.2.6)

Horizon : Bord extérieur du rayonnement

Environnement : ensemble des objets ou formes constituées, extérieur à la forme. Lien avec le méta-modèle (voir §4.4)

Fond et environnement n'apparaîtront pas dans le méta-modèle; l'environnement est une vision systémique du fond, et celui-ci est un des mondes logiques, mais dont on ne peut rien dire. La forme est l'apparition de l'unité et, comme la tension, elle figurera dans le méta-modèle. Le rayonnement sera traduit en spires (à un niveau plus fin); l'horizon est un anneau de spires, correspondant à une visée complète et ces termes figureront dans le méta-modèle. La source sera remplacée par la notion de pôle, terme non plus localisé, mais conceptuel.

Aboutissement de ce chapitre

La question de la cohésion est posée :

Q0 Comment des éléments divers tiennent-ils ensemble ? Outre le postulat de la tension, la thèse pose trois postulats :

P1 : La cohésion vient d’une tension interne. P2 : L'être est mouvement.

Ce qui peut s’énoncer

P2': Le mouvement n'est pas une suite de saccades, ou 6 Rayonnement 1 Forme 2 Facteur 5 Source 3 Fond = 4 Tension 7 Horizon 8 Environnement

P2" : L'être s'affirme dans le mouvement qui le fonde, ou

P2’’’ Le mouvement est premier, les états sont des équilibres dynamiques. Et

P3 Le jaillissement de la pensée rejoint parfois l'affirmation de l'être. Ce qui se transcrit en

P3’ Pensée et action peuvent se rejoindre. P3“ Le projet peut exprimer ce qu’il est. Et

P4 : L'interface entre source de cohésion et forme est le rayonnement. 3 principes guident la réponse

Pr1 La relation interne est essentielle à la cohésion. Pr2 La forme s'entretient, elle se renouvelle.

Pr3 : La forme interagit avec ce qu'elle n'est pas, son environnement. La question se subdivise en 3 buts :

B1 : expliquer le maintien (renouvellement) de la forme. B2 : expliquer la relation d'une partie avec le tout.

B3 : expliquer l'attraction d'une unité sur une autre extérieure. 4 résultats préalables ont été obtenus :

1.1 Le facteur cohésif n'est pas la matière contenue dans la forme.

1.2 Les interactions entre parties ne suffisent pas à expliquer la cohésion. 1.3 La cohésion concerne 2 niveaux : l'unité et ses parties.

1.4 Toute figure fermée à deux dimensions équivaut à un cercle. Application à des projets informatiques

Si l’on applique ces réflexions générales à des projets de Système d’Information, on postule qu’un projet n’est pas acquis une fois pour toutes. Il s’agit de décrire comment le projet (équipe, périmètre, finalité, connaissances) se met en forme en créant son unité, comment il s’assemble et intègre des éléments extérieurs, comment il interagit avec l’environnement. Les parties prenantes du projet (humaines, fonctionnelles, cognitives) n’ont pas de signe distinctif. Si des interactions rendaient compte de la cohésion du projet, elle ne feraient que décrire une cohésion déjà existante, et le mouvement de mise en forme serait découpé en séquences discrètes, c’est pourquoi l’interface entre la source de cohésion et la forme est appelée rayonnement et sera explicitée comme suspension au chapitre 3.

Dans le document Inner tension of informational cohesion (Page 41-45)