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Bord du tissu de spires 154

Dans le document Inner tension of informational cohesion (Page 155-157)

Chapitre 6 MODELISER LA COHESION 152

6.1 FORME DANS L'ESPACE 153

6.1.3 Bord du tissu de spires 154

La cohésion s'explique par une tension qui suscite la forme, c'est la thèse soutenue ici. Mais la forme interagit avec son environnement, selon la vue systémique, c'est le but B3 énoncé au chapitre 1. Cela pose les questions suivantes : qu'est-ce qui sous-tend ces interactions avec l'environnement ? Quelle est la limite ou le bord extérieur de celles-ci ? Les perceptions sont représentées par des spires et l'horizon, comme limite de la perception, a beaucoup été étudié. Ces réflexions peuvent donc nous renseigner sur la nature du bord extérieur du tissu de spires. La relation du l'horizon et de la forme nous guide aussi sur la relation entre bord extérieur de spires et forme. Remarquons que les spires représentent plus largement des liens en suspens, des actions en suspens ou gestes, alors que la perception implique une sorte de conscience qui n'est pas supposée par les spires. Le bord extérieur des spires ne se borne donc pas à l'horizon. Voilà l’idée que nous allons développer.

La nature de l'horizon

L'horizon marque la limite lointaine de la perception, et ce terme a été largement utilisé par [Merleau-Ponty 45:96]. Cet horizon est effrangé [Whitehead 06:88], c'est-à- dire que qu'aucune ligne réelle (agissante) ne relie la crête, le vallon et la maison au loin, il n'existe donc pas d'interaction en arc de cercle ou partie de l'horizon. Mais les perceptions au loin s'unissent pour créer cet horizon, aussi l'on peut dire qu'il y a un anneau de spires ou composition de spires qui crée cette solution de continuité telle qu'elle nous apparaît.

Plus abstraitement, l'horizon est la limite de la visée. Bailly & Longo [06:82] l'expriment ainsi : "L'infini actuel est un "horizon"… Gilles Châtelet [93:87] le dit très bien : "Avec l'horizon, l'infini trouve enfin un lieu d'accouplement avec le fini" … après quelques itérations, on en a assez et on arrête ou on dit "très bien, j'ai compris" et l'on regarde l'horizon".

L'horizon marque donc la limite de l'action consciente et c'est une notion indispensable à toute réflexion.

L’horizon d’un projet

L’horizon du projet est effrangé, car il est constitué de la somme des connaissances auxquelles l’équipe projet a pensé, que ces connaissances soient utilisées ou non. Si elles

ont été utilisées, elles ont suscité une interaction et font partie du monde du Trois, si elles sont restées à l’état de possibilité ou d’esquisse, elles sont demeurées en suspens.

Tout lecteur d’un document de projet, qu’il le critique ou non, qu’il se l’approprie ou non, fait partie de l’horizon du projet. Revenons maintenant à une réflexion générale.

Relation entre la forme et l'horizon

La perception délimite-t-elle la forme ? La réponse est non, cette réponse est apportée par la psychologie, Winnicott a décrit l'espace transitionnel où l'enfant se sépare du corps de sa mère et du monde pour délimiter son propre corps [Winnicott 90:141]. La poupée ou l'ours fait partie de l'espace approprié par l'enfant, plus tard, les galons, les titres, le domaine de responsabilité, le territoire d'influence sont des objets fétiches qui tracent les limites de cet espace transitionnel que l'être estime son espace.

Les stoïciens (au premier rang [Epictète 88]) ont basé leur philosophie sur la distinction entre ce qui dépend de moi et ce qui n'en dépend pas. Ce qui dépend de moi est le corps mais aussi la zone d'influence, donc l'espace transitionnel. Schopenhauer se basant sur la volonté (proche de l'affirmation de soi valorisée par Epictète [88:35]) reprend cette même idée.

Si la forme n'a pas une limite nette, mais extensible, comment la perception pourrait- elle s'arrêter à cette limite corporelle ? Le corps se construit très lentement. Ceux d'entre nous qui n'ont pas eu mal à l'estomac ou aux reins ignorent cet espace, alors que ceux qui ont une douleur localisée découvrent cet espace intérieur au corps.

Les spires décrivent le mouvement entre Soi et le monde. “le monde, je le redécouvre « en moi » come l’horizon permanent [Merleau-Ponty 45:13]. Dans cet horizon va apparaître un objet relativement invariant, qui va préciser l'espace transitionnel et peu à peu se condenser en une image du corps, schéma corporel qu'utilisent les sophrologues et de nombreuses techniques yogiques ou de visualisation [Padoux 10].

On ne peut donc décrire un assemblage de spires proche de la forme enveloppante non avec l'horizon du monde, mais à partir de l'action ou des actions qui composent cette forme. Nous appellerons enveloppe cet assemblage de spires, puisque Badiou emploie ce terme comme celui de corps [Badiou 06:471]. On retrouve ainsi à partir de la perception et du tissu de spires, la forme.

Le bord externe du tissu de spires et l'horizon

Percevoir comporte un aspect subjectif, cela suppose une sorte de conscience; or les spires représentent plus largement des liens en suspens et notamment dans le domaine de l'action, des gestes. L'unité ne perçoit pas toutes les conséquences de ses actes et ces conséquences dépassent ainsi son horizon. En sens inverse, l'unité peut être conditionné par des facteurs qui échappent à son attention. Ainsi les liens en suspens dépassent l'horizon conscient. On pourrait parler d'horizon inconscient comme l'on parle de sensibilité, à propos d'interactions, mais ce le terme inconscient nous entraîne dans un domaine psychologique que nous évitons; nous garderons donc le terme de bord externe.

Le bord externe peut être constitué par l'horizon, dans le cas où la forme est consciente de tout son environnement; mais la forme peut être impactée sans que l'unité en soit consciente, auquel cas le bord externe est délimité par la forme, plus exactement par les spires qui sous-tendent la forme. Nous reverrons cela à propos de la superposition des trois bords.

Conclusion sur le Monde du Deux, sa limite externe loin du pôle Récapitulons les propriétés de ce bord externe du tissu de spires.

- Le tissu de spires, constituant le monde du Deux, a un bord externe, qui n'est pas nécessairement l'horizon conscient.

- Comme l'horizon, ce bord externe est effrangé, c'est-à-dire qu'aucune interaction ne signale ce bord, alors que la forme, bord du monde du Deux et du monde du Trois, est signalée par une action composite.

- Á l'instar de l'horizon, aucune loi ne permet de relier le bord externe à celui de la forme, il semble s'agir de deux facteurs indépendants.

Dans le document Inner tension of informational cohesion (Page 155-157)