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Regroupement des migrants par îlot urbain à Metaxourgio en

Deuxième partie Du global au local : aspects de la diaspora chinoise en Europe et parcours divergents des migrants

Carte 3. Regroupement des migrants par îlot urbain à Metaxourgio en

Source: traitement de la carte de Vaiou et al., 2007 : 6625

D’après un travail de recherche basé sur des données statistiques de 2001 (Nasioka, 2007), à Metaxourgio nous rencontrons trois grandes concentrations spatiales :

La première est située dans la partie nord du quartier, aux alentours de la place Omonia, et est composée d’une mosaïque de nationalités : albanaise, bulgare, égyptienne, iranienne, irakienne, afghane, bangladeshie, syrienne, pakistanaise et libanaise. La seconde concentre surtout des populations roms et est observée dans la partie sud du quartier, à proximité des rues Iera Odos et Kostantinoupoleos. Ce regroupement était surtout visible dans le quartier avoisinant de Gazi durant les années 1980, tandis qu’aujourd’hui, il a fortement dimunué. Au final, la troisième concentration des migrants dans le quartier est celle des Chinois. Ils étaient déjà visibles autour de la rue Pireos et de la place Koumoundourou.

25 Les îlots en couleur plus foncée présentent une plus grande concentration des populations migrantes,

tandis que ceux en couleur moins foncée présentent une moindre concentration. Les ilôts sans couleur correspondent soit à des places, soit à des bâtiments publics.

119 Actuellement, nous n’avons pas de données aussi détaillées pour confirmer ou différencier cette situation sociale dans son ensemble. Pourtant, comme nous le verrons par la suite, le nombre de ressortissants chinois dans cette partie de la ville est en nette augmentation.

4.1.4. Étude de l’espace bâti

La revalorisation des quartiers adjacents, Plaka, Thissio et Psiri, prévue par le Schéma d’aménagement d’Athènes (RSA) de 1985, ne touche pas Metaxourgio dans un premier temps, et ceci malgré une étude de réaménagement menée en 2001, qui visait à mettre en place un projet d’ensemble (Karidi, 2001). Or, entre la fin des années 1990 et le début des années 2000, au niveau des fonctions urbaines, une nouvelle tendance fait son apparition. D’une part d’activités de loisirs apparaissent dans la partie sud, en face du quartier avoisinant de Gazi et, de l’autre part, certaines espaces culturels s’implantent dans sa partie ouest. C’est une concentration qui se fait sans politique d’ensemble, puisqu’elle suit essentiellement les tendances du marché qui se sont déjà manifestées dans les quartiers avoisinants (Souliotis, 2005).

Actuellement, le quartier voit apparaître des dynamiques multiples. Il se situe au centre d’enjeux partagés entre, d’une part, les acteurs publics qui parlent de « rénovations urbaines » et, d’autre part, les entrepreneurs et investisseurs privés qui voient des plus- values potentielles à réaliser. Soulignons que la majorité des études concernant le quartier en parlent comme d’un « espace en transition » (entre autre, voir Vatavali, 2004 ; Markrakis, 2006 ; projet de recherche, « Centre-ville en mutations », 2012). Elles soulignent deux tendances principales : d’un côté, un déclin urbain et social intense, et de l’autre côté, un dynamisme latent qui produit des potentialités de développement. La définition d’un lieu soumis à un processus de gentrification est même adoptée par d’autres auteurs (Alexandri, 2013). Nous reviendrons sur ces enjeux dans la troisième partie de notre travail. Retenons seulement le contexte spécifique dans lequel évolue la présence chinoise : un espace en pleine mutation.

Notre analyse sur l’évolution de l’espace bâti de Metaxourgio se base sur deux éléments clés : les différents types de bâtiments rencontrés et les dominantes occupations du sol au niveau du rez-de-chaussée. Ces éléments désignent le cadre

120 d’ensemble dans lequel évolue la présence chinoise.

Les bâtiments destinés aux habitations sont principalement de trois types :

Le premier type de bâtiment comprend les maisons basses traditionnelles d’un ou de deux étages, construites entre la fin du 19ème siècle et la première moitié du 20ème. Une partie d’entre elles a déjà été remplacée par des immeubles de rapport, d’autres sont abandonnées ou démolies. Certaines ont été réhabilitées, tandis que de nombreuses autres, plus de 56, sont classées comme patrimoine historique (projet de recherche, « Centre-ville en mutations », 2012 : 333).

Le deuxième type est composé d’immeubles de rapport de quatre, cinq ou six étages. Ils ont été construits entre les années 1960 et 1980 et sont le résultat du système de contreprestation, mode de construction déjà noté, mais qu’il est intéressant de décrire. Dans ce mode de construction, trois composantes s’activent, comme souligné par Maria Mantouvalou (2010) : en premier, le propriétaire du terrain, qui cède son capital au bénéfice d’un nombre d’appartement et à un pourcentage qui varie selon les quartiers et les coefficients de construction des zones. En deuxième, c’est l’entrepreneur-promoteur qui construit le bâtiment au fur et à mesure de la demande et qui conserve un certain nombre d’appartements dans le but de les revendre plus tard sur le marché. La troisième composante, c’est l’État, qui n’intervient pas directement, mais qui décide des taux de coefficients d’utilisation du sol et, en contrepartie, touche de nombreuses taxes et impôts. Les rez-de-chaussée dans ces bâtiments sont vastes et prévus pour accueillir divers commerces et autres fonctions de proximité.

Soulignons que ce mode de construction n’a pas évolué à Metaxourgio avec la même dynamique que dans le reste de la ville. Selon l’étude effectuée par l’équipe d’Ioannis Dimitriadis (1993 : 30), la présence d’activités artisanales et industrielles, la taille réduite des îlots et des terrains, ainsi que la forte probabilité de découvrir des ruines lors des travaux, sont les trois raisons principales qui ont réduit le développement de ce système de construction à Metaxourgio.

Un troisième type de bâtiments a fait son apparition ces dix dernières années. Il s’agit d’immeubles de rapport de haut standing, composés de plusieurs étages. Ils ont été

121 construits par des promoteurs et sociétés immobilières, attirés par le faible prix du sol et par les perspectives de revalorisation offertes. Ils achètent principalement des terrains vides ou des maisons abandonnées non classées pour offrir, en contrepartie, des logements destinés à des catégories sociales aisées, attirées par la montée des prix, mais aussi par la bonne localisation du quartier par rapport au centre-ville.

L’analyse des principales occupations du sol, rencontrées au niveau du rez-de- chaussée, est basée sur des relevés provenant de deux travaux : celui effectué par l’équipe d’Ioannis Dimitriadis en 199326 et du mémoire de fin d’étude d’Eleftheria Manailoglou en 2007.27

En 1993, l’habitation composait presque la moitié de l’occupation du sol du quartier (47 %), tandis que le commerce, seulement 16 %. L’étude fait aussi part d’un fort pourcentage de bâtiments vides, mais ne fait pas de mention spéciale pour les loisirs.

En 2007, l’habitation occupait 36 % et restait la principale activité de l’ensemble des espaces urbains du quartier. Elle est pourtant en forte régression par rapport à l’étude de 1993. Les usages liés au commerce et à l’artisanat viennent en second. Ils comportent les lieux de stockage, les petites unités artisanales, les commerces de gros et de détail. La plupart des bâtiments qui les abritent sont en relation étroite avec le passé industriel du quartier et occupent 20 % du périmètre étudié. Les terrains vides et les bâtiments laissés à l’abandon, inégalement répartis sur l’ensemble du quartier, sont la troisième occupation du sol, soit 18 % environ. Une quatrième et relativement récente activité a fait son apparition ces dernières années, comme déjà remarqué : ce sont les lieux de loisirs, les restaurants, les cafétérias et les bars. Ces établissements attirent surtout des jeunes et s’adressent à un public large qui n’habite pas le quartier. Dans cette catégorie, viennent s’ajouter des galeries d’art, des ateliers d’artistes, ainsi que de nombreux petits théâtres. Dans leur ensemble, les activités de loisirs occupent 8 %.

26 Ioannis Dimitriadis (dir.), Étude de rénovation de Metaxourgio, Athènes, Mairie d’Athènes, 1993 (en

grec). Cette étude a été commissionnée par la municipalité d’Athènes.

27 Eleftheria Manailoglou, Le quartier de Metaxourgio en transformation, mémoire de fin d’études,

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Principales

occupations du sol

Étude Dimitriadis, 1993 Étude Manailoglou, 2007

Habitations 47% 36%

Commerces et artisanats 16% 20%

Terrains et bâtiments vides - 18%

Loisirs - 8%

Tableau 8. Évolution des principales occupations du sol à Metaxourgio, 1993 – 2007

Source : Dimitriadis, 1993 ; Manailoglou, 2007

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