• Aucun résultat trouvé

Le rôle de l'économie internationale dans le développement a) Le problème de base pour les pays en développement

LE CONCEPT DE DEVELOPPEMENT DURABLE

2. Les préoccupations et les défis communs à tous

2.1. Le rôle de l'économie internationale dans le développement a) Le problème de base pour les pays en développement

Au fil des siècles, les peuples ont dépassé les frontières de leurs pays pour aller chercher des biens nécessaires ou de valeur. Aujourd'hui, les moyens de communication à disposition et les flux commerciaux de biens et de capitaux ont accentué ce phénomène et l'ont accéléré, en même temps qu'ils lui ont donné des implications écologiques à grande échelle. C'est la raison pour laquelle la recherche de la durabilité du développement

requiert des modifications de première importance dans les relations économiques internationales.

Deux conditions sont nécessaires pour que les échanges économiques internationaux soient au bénéfice de toutes les parties en présence:

- la durabilité des écosystèmes dont dépend l'économie globale doit être garantie ;

- les partenaires économiques doivent avoir une base d'échanges équitable; une interdépendance saine et durable ne peut être basée sur un rapport de domination et d'inégalité.

Pour beaucoup de pays en développement, aucune de ces deux conditions n'est remplie. Les relations économiques internationales posent un problème particulier aux pays pauvres qui tentent de gérer leur environnement, étant donné que l'exportation de ressources naturelles reste un facteur déterminant de leurs économies. L'instabilité des prix des matières premières et leur tendance à la baisse rend pratiquement impossible à ces pays une gestion de leurs ressources naturelles orientée vers la durabilité. Par ailleurs, le fardeau croissant du service de la dette et le manque de nouveaux flux de capitaux renforcent la tendance à la détérioration de l'environnement et l'épuisement des ressources, au détriment d'un développement à long terme.

Il en résulte que les pays pauvres sont forcés d'utiliser à outrance leur environnement, pour assurer leur survie. Le développement à long terme, dans ces conditions, est rendu difficile, voire impossible.

Ainsi, une diminution de la pauvreté est en elle-même une condition préliminaire à un développement sain du point de vue environnemental. En effet, les programmes de restrictions budgétaires ont tôt fait de supprimer les moindres efforts allant dans le sens d'une intégration des considérations écologiques dans la planification du développement. Les pays en développement ont, pendant longtemps, cherché à amener des changements fondamentaux dans les accords économiques internationaux, de manière à les rendre plus équitables, au niveau des flux financiers, du commerce des biens, des investissements transnationaux et des transferts de technologie.

A présent, leurs arguments doivent être réorientés de manière à ce qu'ils incluent la

dimension écologique, fréquemment négligée auparavant.

A long terme, ce qui est nécessaire est une vaste modification des modes de consommation et de production, afin de les rendre durables dans un contexte de croissance globale (WCED 1987, pp. 67-77).

b) Flux financiers et organes supranationaux

Le Rapport Brundtland estime que l'on peut définir deux types de flux financiers vers les pays en développement: les flux quantitatifs et les flux qualitatifs. Par le passé, l'aide au développement, non contente de ne pas toujours contribuer au développement durable, a parfois été à son encontre. Par exemple, en faisant la promotion d'une agriculture dépendant de produits chimiques, au contraire d'une agriculture régénératrice.

Il serait donc nécessaire qu'une plus grande part de l'aide au développement soit dirigée sur des projets visant à l'amélioration de l'environnement, tels que la reforestation, la

protection des eaux, la conservation du sol, les projets d'irrigation. L'accent doit être mis sur des petits projets, qui font participer un maximum de la population concernée.

Il est intéressant de constater - brève digression - que ces conseils du Rapport Brundtland - bien qu'émis il y a plus de vingt ans et à l'égard des pays en développement - sont en quelque sorte toujours applicables aujourd'hui et dans les pays industrialisés. Il est essentiel que les politiques du développement durable commencent "à la base", au sein de la population, sur une petite échelle, et se répandent en faisant tache d'huile. Il est en effet peu probable que des principes édictés de manière "top down" rencontrent autant de succès qu'une méthode "bottom up" ayant recours à une communication et à une sensibilisation de masse.

Par quel canal peut-on diffuser les considérations relatives au développement durable? Le Rapport de la Commission estime que c'est en priorité le rôle de la Banque Mondiale ainsi que du Fonds Monétaire International, étant donné que leurs conditions de prêts sont utilisées comme benchmark par les autres institutions. Il est nécessaire que des objectifs de long terme, autres que la stabilisation financière, soient considérés: la croissance, les objectifs sociaux, et les conséquences sur le plan environnemental.

Les pays en développement sont poussés à surutiliser leurs ressources non renouvelables, afin d'obtenir des devises par le commerce. Par ailleurs, un développement non durable peut aussi être la conséquence de la production à bas coûts de biens manufacturés, dans des conditions potentiellement polluantes.

Toujours est-il que les prix à l'exportation des matières premières ne prennent pas en compte tous les coûts environnementaux engendrés, au détriment des pays pauvres exportateurs, et à l'avantage des pays riches importateurs.

Le processus de traitement de certaines matières premières peut avoir d'importants effets secondaires nocifs à l'environnement. Lorsque ce processus a lieu dans un pays industrialisé, ces coûts externes sont en général inclus dans le prix payé par l'acheteur, alors que lorsqu'il s'agit d'exportations de pays en développement, ces mêmes coûts sont quasi toujours supportés entièrement à la source, sous forme de dégâts infligés à la santé des travailleurs et aux écosystèmes.

C'est pourquoi des organisations comme le GATT (aujourd'hui OMC) et la CNUCED devraient se préoccuper de ces distorsions aux échanges commerciaux et de leurs conséquences sur l'environnement, et développer des instruments plus efficaces pour intégrer l'aspect environnemental et celui du développement dans les accords de commerce internationaux (WCED 1987, pp. 78-84).

c) La responsabilité des transnationales

Les sociétés transnationales jouent un rôle souvent important dans les économies des pays en développement, en tant que propriétaires ou partenaires, ainsi que dans le transfert de technologie. On peut notamment souligner leur domination sur le marché mondial des matières premières.

Leur relation avec les pays en développement est souvent asymétrique, leur pouvoir de négociation étant très élevé, par rapport à des pays où l'information est peu répandue, dont

la technologie est en retard et dont les acteurs politiques et institutionnels sont faibles. Il en découle une méfiance des populations, lorsqu'il s'agit de d'introduire de nouvelles technologies, de gérer les ressources naturelles ou de décider de l'utilisation de l'environnement.

Il est donc primordial de donner plus de poids aux pays en développement dans leurs négociations avec les firmes transnationales. Lorsque les nations elles-mêmes n'ont pas cette capacité, c'est aux institutions régionales ou internationales d'y veiller.

Il est clair que les responsabilités sont partagées entre les sociétés transnationales et les pays qui les accueillent. Il faut toutefois s'assurer que les politiques et les standards de production que s'imposent les transnationales dans leur pays d'origine soient également appliquées dans les pays hôtes, essentiellement dans le cas de technologies à risque.

Il doit en être de même pour ce qui est des évaluations d'impact environnemental, qui si elles sont exigées dans les pays d'origine des firmes, devraient également l'être dans les pays hôtes, et adaptés de manière à tenir compte des critères de durabilité.

Enfin, les informations disponibles doivent être partagées avec les pays hôtes, qui en fin de compte en portent la responsabilité ultime (WCED 1987, pp. 85-86).

Outline

Documents relatifs