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Les réflexions faites lors du Congrès national de l’éducation

LES POLITIQUES DE SENSIBILISATION

2. Les réflexions faites lors du Congrès national de l’éducation

Les 28 et 29 novembre 2002 s’est tenu à Berne le Congrès national de l’éducation organisé sur le thème du développement durable, sous le slogan "Le développement durable fait école, l’école fait-elle du développement durable?" Quelques semaines après que la conférence de Johannesburg ait tiré un bilan sur dix ans de mise en oeuvre de l’Agenda 21, le Congrès fut l’occasion pour les professionnels de la branche de se demander comment l’éducation peut y contribuer. La question est en effet épineuse car les sujets à transmettre aux jeunes générations sont de nature complexe et évolutive, et par ailleurs donnent lieu à des controverses, comme dans le cas des changements climatiques par exemple, où il n’existe pas actuellement une unanimité scientifique.

Un rapport d’experts publié en mars 2002, élaboré par des personnes issues de divers milieux pédagogiques, et sous l’égide de la Fondation Education et développement dont il sera question plus loin, délimitait cinq domaines principaux d’apprentissage à même de développer un esprit de citoyenneté responsable:

Š l’interdépendance Š les images et leur perception Š l’équité sociale Š les transformations et l’avenir Š les conflits et leur résolution

(CNE , novembre 2002). 43

Changement de paradigme prôné par la célèbre environnementaliste indienne Vandana Shiva, voir le site www.mtholyoke.edu/offices/comm/csj/961101/shiva.html

Il apparaît clairement que ce programme un peu "touche-à-tout" est trop ambitieux, il déborde non seulement des missions de l’école, qui sont et restent d’enseigner des bases générales de connaissances, mais aussi des capacités des enseignants, qui ne sont pas formés pour de tels domaines.

Ce qui est essentiel est une interdisciplinarité pratique, autant dans les disciplines scientifiques (sciences naturelles, géographie p.ex.) qu’humaines (histoire, éducation civique p.ex.), et si possible à partir de situations concrètes développant le sens de l’observation et de l’apprentissage. Evidemment cette interdisciplinarité risque de se voir limitée par la contrainte des programmes scolaires qui sont forcés de découper l’enseignement en tranches horaires: la mise en relation des connaissances d’une branche à l’autre en devient plus ardue. Il serait éminemment contre-productif que l’éducation au développement durable devienne un poids pénible aussi bien pour les enseignants, pour lesquels cela signifie davantage de travail avec de nouvelles méthodes, que pour les élèves, qui risquent une surdose de développement durable servi à toutes les sauces.

Une autre question a travaillé les représentants de l’éducation au Congrès: existe-t-il réellement une volonté d’éduquer au développement durable? On peut en effet en douter lorsque l’on considère les objectifs contradictoires de l’Agenda 21 d’un côté et de l’évolution économique néo-libérale de l’autre. On propose l’entraide, la solidarité, à un monde fonctionnant selon les lois du matérialisme et de l’égocentrisme. Ose-t-on espérer être écouté? Des réformes introduisant de plus en plus tôt l’anglais, langue des affaires, et l’informatique, sésame du monde du travail, répondent clairement aux impératifs économiques globaux, plus qu’au besoin de bien-être social des jeunes élèves…

On voit bien que l’école seule ne peut résoudre ce conflit. Elle n’en a pas les capacités, et cela n’est pas son rôle. Sa mission est de former les jeunes au monde qu’on leur propose. Mais il revient aux volontés politiques de modeler ce monde. L’école est mesurée à l’aune de tests internationaux comparatifs comme PISA44, qui évaluent les connaissances scolaires dites classiques, à savoir les langues, les sciences, les mathématiques. En revanche, les connaissances relevant d’une éducation au développement durable ne sont pas évaluées, ce qui trahit le peu d’importance que leur accordent encore actuellement les instances concernées.

“Si l’on veut véritablement éduquer les enfants au développement durable, il faut une volonté politique claire et affirmée. On ne peut se donner bonne conscience en pensant que l’école s’occupe de ces questions et persévérer dans un modèle de société qui va à l’encontre des objectifs de cette formation. Les problèmes soulevés par l’approche du développement durable sont les conséquences d’un système de production-consommation qui régit toute la planète. Nous ne pouvons déléguer à l’école l’apprentissage de comportements et de conduites que nous n’appliquons pas nous-mêmes. Il faut plus de cohérence.”

(Simone Forster, CNE, novembre 2002)

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Au final, l’école obligatoire “révisée” aux fins du développement durable devrait permettre aux jeunes d’obtenir le profil de compétences résumé ci-dessous.

Tableau n°8: Profil de compétences à la fin de la scolarité obligatoire:

Source: CNE, octobre 2002, p. 6

La scolarité obligatoire constitue certes une base pour tous, mais il est nécessaire que les jeunes et les adultes, par la suite, continuent de trouver des offres en formation et en formation continue qui impliquent les mêmes objectifs.

Le bilan du Congrès national de l’éducation est à l’image de celui de toutes les réunions sur le thème du développement durable: on peut se féliciter des progrès et des bons

résultats obtenus, mais cela reste tempéré par l’immensité de la tâche qui reste à accomplir.

Points positifs:

- le Congrès 2002 a été une première quant à l’étendue de la coordination entre partenaires: il a réuni six offices fédéraux (ARE, DDC, OFEFP, OFES, OFFT, OFSP), la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP), la Fondation suisse d’éducation pour l’Environnement (FEE), la Fondation Education et Développement (FED), le réseau suisse des écoles en santé, et trois organisations d’enseignants;

- un quart des 570 participants au Congrès ont répondu au questionnaire de “feedback”, exprimant à 80% avoir pu y puiser de nouvelles énergies pour leur profession et davantage de motivation pour l’éducation au développement durable;

- le Congrès a été l’occasion de donner un signe en faveur d’une meilleure coordination entre les différents acteurs, et en a montré l’exemple;

- le Congrès connaît une suite: en 2003, un forum de coordination et d’information a été mis sur pied pour poursuivre le travail, en se réunissant à intervalles réguliers; le suivi administratif en est assuré conjointement par la FEE et la FED.

Points négatifs:

- le Congrès n’a pas permis de clarifier vraiment les objectifs et les contenus souhaités du concept d’éducation au développement durable;

- il manque encore un document de référence commun à cet effet, le rapport d’experts n’ayant pas fourni cette base en raison d’une trop grande diversité d’opinions;

- les médias ont été très peu présents, hormis la presse spécialisée: l’éducation au développement durable n’est visiblement pas aujourd’hui un thème suffisamment "vendeur" auprès du grand public.

(CNE, novembre 2002)

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