• Aucun résultat trouvé

Le développement durable dans les investissements éthiques

LES POLITIQUES DE SENSIBILISATION

3. Le développement durable dans les investissements éthiques

Après celle des biens de consommation immédiate et celle des biens de consommation durable, il y a tout naturellement lieu de s’intéresser à la durabilité des biens et stratégies d’investissement.

Dès le courant des années 1990, de plus en plus d’investisseurs ont demandé des “fonds verts” ou des “fonds éthiques” leur permettant de rentabiliser leur argent tout en contribuant à des projets durables, ne s’effectuant pas aux détriment des travailleurs, et n’épuisant pas de ressources non renouvelables. A cet effet, différentes institutions ont vu le jour, et les offres de placement classiques déjà existantes ont également dû s’adapter.

3.1. Ethos et Ethosfund: fonds de placement pour un développement durable Cette “antenne” de la banque Lombard Odier Darier Hentsch & Cie propose deux types de services: d’un côté Ethos, le Fonds suisse d’investissement pour un développement durable, de l’autre Ethosfund, Fonds de placement pour un développement durable.

Le premier est réservé aux placements des caisses de pension suisses, tandis que le second est ouvert à tout investisseur intéressé.

Le concept Ethos assure une politique de placement à long terme impliquant non seulement un respect rigoureux des critères financiers classiques (rentabilité, diversification), mais aussi la prise en considération des notions de développement durable et de bonne “gouvernance” d'entreprise. Les critères de sélection et de gestion sont les suivants:

- un horizon d’investissement à long terme dans les entreprises partenaires;

- une durabilité environnementale, sociale et financière des entreprises choisies, et excluant des activités telles que l’armement, la pornographie, ou le commerce d’OGM, entre autres;

- une sensibilisation des entreprises à leur responsabilité sociale, à travers le dialogue et le vote des actionnaires (site Ethos).

“Les évaluations environnementales et sociales effectuées par ethos sont utilisées pour la pondération des positions des différents titres par rapport au portefeuille initial. Leur objectif est de déterminer la contribution des entreprises au développement durable” (id.). En ce qui concerne la bonne “gouvernance” d’entreprise, les éléments pris en compte et analysés relèvent des principes de base guidant l’entreprise, de la clarté et de la cohérence de sa stratégie, des objectifs qu’elle se fixe et des résultats qu’elle obtient.

Depuis sa création en 2000, Ethosfund n’a pas eu une évolution favorable, comme le montre le graphique ci-dessous. Le fonds a en effet subi une perte moyenne annualisée d’environ 10%.

Graphique n°13: Performance du fonds Ethosfund 2000-2003 (août)

Source: Rapport de gestion mensuel, Lombard Odier Darier Hentsch, 31 août 2003, p.1

Ces résultats ne sont guère étonnants au vu de la morosité économique générale de la période en question. Il est à espérer qu’un redressement de la situation des marchés mondiaux profitera pleinement à ce type de portefeuilles, mais il serait pour le moment difficile de prévoir dans quelle proportion et avec quelle sensibilité.

3.2. La Banque alternative suisse BAS

“La Banque alternative BAS ne pratique pas la maximisation du profit. Elle travaille selon le principe de la couverture des frais” (site BAS).

Nul doute que dans le paysage bancaire traditionnel, cette affirmation fait sensation. Voici en quelques lignes l’histoire de la BAS: l’idée remonte déjà au début des années 1980. En 1982, une enquête de la Déclaration de Berne révélait que bon nombre d’investisseurs suisses seraient intéressés par la création d’une banque dont les objectifs seraient avant tout sociaux et écologiques. Cinq ans plus tard un groupe de travail commence à oeuvrer sur la question et un secrétariat est créé. En 1988, la Banque alternative est créée sous la forme d’une société anonyme, avec un capital-actions de près de dix millions de francs. En 1996, la BAS est raccordée au Swiss Interbank Clearing, ce qui lui permet un traitement plus rapide des virements. La représentation romande ouverte en 1997 profite de la fusion de la SBS et de l’UBS et voit sa clientèle augmenter sensiblement.

Parmi les organisations fondatrices de la BAS, on peut citer l’Action place financière suisse, l’ATE, la Déclaration de Berne, Helvetas, Greenpeace Suisse, le Parti écologiste

suisse, le SIB, Swissaid, Terre des hommes, ou encore le WWF Suisse. De nombreuses entreprises et organisations régionales y participent également (id.).

La BAS fait donc passer ses principes éthiques avant la maximisation du profit, en concevant son activité comme une alternative à la logique économique dominante. Sa politique, proposant principalement des services d’épargne et de crédit, met en avant les principes suivants : résolution solidaire des problèmes, égalité des droits entre femmes et hommes, satisfactions des besoins de base de chaque être humain, préservation du milieu naturel, créativité et innovation.

Quant aux projets qu’elle soutient, il s’agit par exemple de production écologique, de transports respectueux de l’environnement, de projets de femmes, ou encore d’aide au Tiers-Monde et de projets pour la paix (id.)

En somme la BAS propose tous les services d’une banque traditionnelle: comptes, assurances, obligations, actions, et également des fonds de placements (deux fonds verts de la Banque Sarasin); la différence est un objectif qui n’est pas celui de la maximisation du profit, comme cela a été dit plus haut (id.).

Une telle optique pourrait bien séduire de plus en plus de clients, non seulement attirés par les critères éthiques et écologiques de la BAS, mais aussi déçus par les performances des banques traditionnelles qui n’ont pas su gérer leurs avoirs durant les années de crise.

3.3. Que proposent les grandes banques? L’exemple de l’UBS

S’agit-il d’un véritable engagement, d’un phénomène de mode, d’une réaction à une pression de la part des clients? Toujours est-il que les grandes banques suisses ont dû créer de nouveaux segments de placements pour se positionner sur le créneau des investissements durables.

L’UBS, par exemple, propose une gamme de produits “UBS Eco Performance” triés selon les critères “SRI” d’investissement socialement responsable: il s’agit d’investissements dans des actions d’entreprises réalisant de bonnes performances écologiques, sociales et économiques. Tous les secteurs économiques sont pris en considération.

“Des études empiriques ont mis en évidence le fait que les investissements socialement responsables dégagent un rendement conforme au marché tout en contribuant au développement durable” (site UBS).

On voit en effet dans les graphiques ci-dessous que l’évolution des placements Eco Performance a suivi les tendances des dernières années.

Là encore, il faudra attendre de meilleures conditions conjoncturelles pour pouvoir établir avec plus de fiabilité quelle est l’intérêt économique d’investir dans du durable.

Le bureau de conseil ecos AG effectue de manière externe un contrôle de plausibilité afin de veiller à ce que les investissements se fassent exclusivement dans des entreprises dont les produits présentent des avantages réalistes et respectent des objectifs de paix, de respect des droits de l’homme et de protection de l’environnement. L’armement le

commerce d’OGM, la production d’énergie nucléaire par exemple sont des critères négatifs excluant les entreprises de la sélection SRI (site UBS).

Graphique n°14: Performances des fonds Eco Performance de l’UBS

Source: site UBS, juillet 2003

Il est difficile de faire évoluer les mentalités. Il est difficile de faire changer des ordres établis depuis des décennies. C’est certainement un des aspects difficiles à vivre en matière de sensibilisation au développement durable: les volontés et les compétences particulières sont là, les moyens sont là, les instruments existent, mais la force d’inertie est elle aussi bien présente. Il n’est pas possible de modifier radicalement des comportements enracinés par des années de croissance et de capitalisme prétendûment auto-suffisant.

On a cependant pu constater tout au long de ce chapitre que des alternatives existent, et que la demande pour ces dernières suit une tendance à la hausse. Cela constitue assurément un signe encourageant et il faut savoir aussi s’armer de patience même si certaines situations semblent requérir un traitement d’urgence.

Outline

Documents relatifs