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c) Résister à la téléologie

autrement.

c) Résister à la téléologie

Il convient de se rendre au-delà de la place où Freud se tient encore, à savoir dans cette charnière entre, d’une part se résoudre à « laisser un passage dans l’ombre, parce qu’on remarque lors de l’interprétation qu’à cet endroit commence une pelote de pensées du rêve qu’on n’arrive pas à démêler460 », le nombril du rêve, l’endroit où est posé le non connu, là où les pensées du rêve auxquelles on accède par l’interprétation « doivent de manière tout à fait générale rester sans achèvement » ; et d’autre part, se battre afin de « montrer aux résistances intérieures qu’on est le maître461. » Là où Freud est, c’est-à-dire dans ce nécessaire et constant rapport de force, Derrida advient avec sa passion de l’irrésolution, son refus du binaire, des oppositions, des antinomies de la raison appelées par le processus même de l’analyse et qui reconduisent l’usage de la raison, l’enfermant dans un usage pathologique. Derrida, lui, propose de rebondir à partir de Freud en endurant, c’est-à-dire en se confrontant au double-bind (désir d’analyse et suspension de la raison), plutôt qu’en lui résistant car « le double-bind […], c’est ce qui ne donne lieu, en tant que tel, ni à l’analyse, ni à une synthèse, ni à une analytique, ni à une dialectique. Il provoque à l’infini et l’analytique et la dialectique, mais c’est pour leur résister absolument462. » Et ainsi, advient la nécessité, non pas de dénier la résistance, mais de la penser en tant que telle : penser cette résistance comme restance du reste, « c’est-à-dire de façon non simplement ontologique (ni analytique ni dialectique), car la restance du reste n’est pas psychanalytique. Et d’abord parce que tout simplement elle n’est pas. Le reste n’est pas ou n’este pas463 . » Reconnaître ce double-bind consiste alors à penser en hyperanalytisme. « L’hyperanalytisme auquel j’identifie la ”déconstruction” est un geste double à cet égard, double et contradictoire, doublement lié, c’est-à-dire lié/délié dans ce que l’on peut appeler double-bind ou double contrainte464. » Ce qui consiste à penser au cœur de cette tension, de la passion irrésolue 460 Sigmund Freud, L’interprétation des rêves, Éditions du seuil, 2010, p. 568. 461 Ibid., pp. 567, 568. 462 Jacques Derrida, Résistances De la psychanalyse, « Résistances », Éditions Galilée, 1996, p. 40. 463 Ibid. 464 Ibid., p. 50.

de l’inachèvement, ou encore au cœur de la « stricture465 de la double bande, et surtout d’une restance qui n’est pas et ne relève pas plus de l’ontologie qu’elle ne se prête à une relève dialectique466. » C’est dans cette restance de l’analyse, qui appelle une surenchère de l’analyse et subséquemment une hyperbole de l’analyse que se situe le drame interminable de la « déconstruction », en cet hyper-analytisme qui l’assujettit, elle aussi, à cette double astreinte inanalysable de l’analyse à l’œuvre dans toutes les figures de l’indécidable. La déconstruction se trouve donc au lieu de l’introuvable, là où est le lieu et le lien – le nœud – de la question du lieu : « où là ? Là en un coin, introuvable dans l’espace d’une topologie ou d’une géométrie objective, là entre la restance et la résistance dans le re- d’une répétition qui, ne répétant ou ne représentant rien qui soit avant elle ou devant elle, ne s’y opposant pas, et parfois sans même faire front, sera venu s’inscrire pourtant comme un coin, et ”avant” elles, entre elles, dans la stance , l’estance, l’essence ou l’existence : avant, c’est-à-dire au-delà de l’être qu’elle institue et destitue à la fois467. » Au-delà de l’être, de l’analyse, de ce qui y résiste, au-delà des oppositions, du binaire, existe un au-delà comme pharmakon ou hymen ou différance ou supplément, tout ce qui porte en soi des prédicats contradictoires ou incompatibles entre eux. Prédicats contradictoires qui, au lieu d’être des drames ou des tragédies, sont des chances de l’analyse : la chance d’ouvrir là - là-même où est l’impossible, le paradoxe, la contradiction -, un au-delà de l’opposition, indiqué par l’indice de la trace qui se compose au cœur de chacun de ces prédicats contradictoires, cet omphalos déjà évoqué, un nombril ou ombilic, toutes ces figures de l’indécidable, de l’insolvable, de l’introuvable, qui en cela annoncent une analyse en restance, restant inanalysable. C’est en ce non-lieu, en cet espace introuvable, que la « déconstruction » occupe de ne pouvoir jamais l’occuper, qu’elle subit, en commun avec la psychanalyse et la philosophie, un assujettissement aux processus de l’analyse d’une part et à une résistance à ces mêmes processus d’autre part. Ceux-ci s’endurent de ne jamais avoir de réponse et laissent dans le risque de se perdre et de perdre l’autre, l’ami que l’on maltraite parfois. Et pourtant, c’est ensemble qu’il faut advenir à la pensée, car la pensée est exposée aux menaces des héritages qui sédimentent et enferment. Il convient donc de la déconstruire, de l’ouvrir, de la faire fructifier, dans une responsabilité intellectuelle - la vraie la seule -, celle

465 Nous montrerons ci après les enjeux de ce terme derridien : stricture.

466 Jacques Derrida, Résistances De la psychanalyse, « Résistances », Éditions Galilée, 1996, p. 44.

467 Ibid.

éthique qui consiste à lire au cœur des plis, des peaux, des surfaces illisibles et invisibles, là où lire consiste à laisser l’arca intact.

Résister à la psychanalyse se comprend ainsi dans la possibilité de penser un au-delà de la psychanalyse. Là où se radicalisent les apports freudiens. Premièrement, en affirmant que l’omphalos est irréductible, mais de façon structurelle, c’est-à-dire reste secret, au sens insignifiable, crypté. Deuxièmement, en soutenant que l’analyse est sans fin, bien plus, qu’« il faut analyser sans fin », car il y a la nécessité d’un hyperanalytisme. Cela doit s’analyser hyperboliquement, il reste toujours à analyser et c’est cette restance même qui permet l’au-delà d’un télos analytique. Troisièmement, en déclarant qu’il n’y a pas d’élément indivisible donc jamais d’origine simple vers laquelle il s’agirait de penser du surgissement. Cette divisibilité et dissociabilité de la lettre conduit à penser un effacement de l’archive, un oubli radical qui pousse à affirmer qu’il n’y a pas de hors-trace. Cet oubli radical est alors et en particulier ce qui permet de penser la tragédie comme chance, et cette fois dans le rapport précis à l’archive. Comme la chance de ne plus seulement penser en terme de résistance, mais de restance disséminale qui s’expose donc à cet oubli radical, et qui ce faisant, ouvre au risque de la cendre, « à savoir d’une trace sans trace, secret inviolable et sans profondeur, sans lieu, sans nom, sans destination, hyperbolythique, destruction excessive et lyse sans meure, sans mesure et

sans retour, lyse sans anagogie468. » Or, l’effacement de la trace, ou ce risque inhérent à la pulsion d’archive sont également une chance. Ils permettent sans doute d’ouvrir cette porte, une deuxième porte, celle qui laisse entrevoir par l’entrebâillement que l’archive c’est aussi la lecture, une scène de lecture que le livre provoque et dans laquelle le lecteur se trouve d’avance inscrit, comme en un monologue fictif avec l’auteur, un monologue spectral. En cette inscription, il augmente l’archive, la supplémente, elle perd en cela l’autorité absolue. L’archiviste produit alors lui-même de l’archive et c’est pourquoi l’archive ne se ferme jamais. L’archive s’ouvre depuis l’avenir, affirme Derrida. Et cette porte ouverte sur l’avenir implique qu’il reste des questions qui ne pourront jamais être résolues, ouvertes à l’infini de leur non-réponse et en cela susceptibles de gagner en puissance d’indétermination. Cela suppose aussi qu’il y ait des questions, qui à être reprises depuis les archives et les textes, ne relèvent plus du savoir, la solution restant en suspens. Un suspens épochal, comme le nomme Derrida, donnant le vertige tant il déploie une énergie de virtualité, l’énergie de la pensée qui fait que l’à-venir reste

ce qu’il est : un avenir qui reste à venir, suspendant tout objet définitivement connu. Car « la condition pour que l’à-venir reste à venir, c’est que non seulement il ne soit pas connu mais qu’il ne soit pas connaissable comme tel469. » C’est encore en cette chance de

la non réponse, de l’événement qu’on laisse ou fait venir, sans rien voir venir, que se trouve la distinction fondamentale que fait Derrida entre le messianique – comme ce qui reste à venir, ce que l’on peut laisser venir, ce qui est ouverture à l’événement comme non réponse – et le messianisme470. Dès lors se comprend la passion à l’œuvre dans le fait d’endurer les apories de l’analyse, de les penser à l’aune d’un impossible, toujours reconduit en le même temps vers l’indécidable et vers l’événement encore à venir, là où le savoir ne pourra jamais venir dévoiler l’arca. Or, pour qu’il y ait cette chance et cette passion de l’endurance, pour que l’analyste - en l’espèce du philosophe ou du psychanalyste -, ne soit pas un fossoyeur de sens, un pilleur de l’arca, mais au contraire un tisserand, fabricant de pensées, dont le mouvement laisse glisser, se nouer, s’agiter des milliers de fils invisibles, afin que mille nœuds se forment, encore faut-il qu’il ait été « impitoyable » en sa lecture, qu’il ait traité l’autre en une fraternité in-fraternelle. C’est pourquoi, avant d’être un travail sur l’aporie, le secret ou l’archive, le texte de Derrida, Résistances, est d’abord un geste offensif. Une offensive contre l’analyse et ses stigmates,

contre toute l’histoire de la philosophie, mais aussi contre ce que la psychanalyse contient de résistance à se penser elle-même en processus de résistances à elle-même.

Ainsi, la parousie comme présence ou comme avènement d’un temps eschatologique, téléologique, allant de A, lieu du moins-être, vers B, lieu du mieux-être, d’un temps de la théodicée ou de la relève hégélienne, n’est pas pensable. Cela pour plusieurs raisons. D’abord parce que sur le versant philosophique le sujet n’existe pas en une présence immédiate et pleine, dans une auto-affection de soi servie notamment par la phonè. Ensuite, parce qu’il n’y a pas d’origine assignable, ni à un commencement de ce qui serait une histoire individuelle du sujet, pas plus qu’à ce qui se joue dans son psychisme. On ne peut pas penser la possibilité d’un retour vers une origine qui ouvrirait une réparation. L’analyse en sa structure même est sans fin. Enfin, parce qu’il n’y a pas de vie d’abord qui viendrait ensuite à se protéger. La vie est la mort. En radicalisant cette contemporanéité entre la vie et la mort, Derrida nous invite à penser en dehors de toutes les habitudes et illusions métaphysiques, dont la trouée a été

469 Jacques Derrida Mal d’archive, Éditions Galilée, 1995, pp. 114.

inaugurée par Freud. Car nous l’avons montré ci-dessus, si Freud a eu le génie de poser l’idée d’une intemporalité de l’inconscient, il faut radicaliser ce geste par la déconstruction systématique d’une conception traditionnelle du temps. Là, se déconstruit la philosophie, lorsqu’elle parvient à se délivrer d’un certain concept vulgaire du temps, à cause duquel le philosophe reste impuissant à être tisserand. Car le philosophe ne pourra devenir tisserand de la pensée que s’il parvient à rompre avec la certitude que « le premier est cela, le second est cela, donc le troisième et le quatrième cela ; et que si le premier et le second n’existaient pas, le troisième et le quatrième n’existeraient pas davantage471. » Cette rupture étant ce qui permet de penser le passage d’un temps logique vers un temps anachronique. Or, rompre est douloureux. C’est pourquoi, même pour Freud, nous l’avons montré ci-dessus, la volonté d’anamnèse reste puissante. Résoudre le mal-être, conduire le sujet vers un progrès, vers une liquidation des affects est certes abandonné par Freud lorsqu’il affirme que demeureront toujours des Restercheinungen, c’est-à-dire des manifestations résiduelles. Et cependant, les

dragons du temps originaire persistent à souffler le feu de leur présence. C’est dire que

des paradoxes sont sans cesse à l’œuvre dans la pensée de Freud, ceux-là mêmes sur lesquels Derrida travaille. En effet, en 1937 Freud affirme dans L’analyse avec fin et

l’analyse sans fin : « on n’assignera pas pour but d’abraser toutes les particularités

humaines au profit d’une normalité schématique, ni même d’exiger que celui qui a été « analysé à fond » n’ait pas le droit de ressentir aucune passion ni de développer aucun conflit interne472. » Pourtant, cela ne l’empêche pas, la même année, en 1937, d’écrire un autre article intitulé Constructions en psychanalyse et d’y affirmer, à l’inverse de ce qu’il écrit dans L’analyse avec fin et l’analyse sans fin, que la tâche de l’analyste est de communiquer à l’analysé les indices échappés à l’oubli, qu’il les devine ou plus exactement qu’il construise ce qui a été oublié. Freud précise que ce travail de construction ressemble à celui d’un archéologue qui « déterre une maison détruite et ensevelie, ou un monument du passé. » Bien plus, à la différence de l’archéologue, le travail de « l’analyste opère dans de meilleures conditions et il dispose de plus de ressources en matériaux parce que ses efforts portent sur quelque chose qui est encore 471 Jacques Derrida Résistances De la psychanalyse – Résistances, « Résistances » Éditions Galilée 1996, p. 53. 472 Sigmund Freud, Résultats, idées, problèmes – Tome II (1921 -1938), PUF 1985, Article L’analyse avec fin et l’analyse sans fin, p. 265.

vivant et non sur un objet détruit473. » N’est-ce pas alors ce désir d’anamnèse – comprise comme rétablissement grâce aux effets de la remémoration -, de domptage des pulsions, de progrès qui fait que certes, Freud se penchera sur la question de l’inquiétante étrangeté, mais pour en réduire l’impact sur le sujet ? En effet, dans la compulsion de répétition ce qui resurgit ce sont des traits, des étrangetés déconcertantes, voire hallucinantes, sidérantes, où le sujet se voie contraint de répéter, où il est confronté à des fatalités démoniaques, des spectres, des fantômes qui le hantent et dont il souhaiterait ardemment être exorcisé. Or, Freud, en repérant, puis en se penchant sur cette Unheimlich, n’est-il pas surtout sidéré par le désir de trouver là ce lieu qu’il pourrait déterrer, en vue d’un progrès pour ses patients, pour qu’ils puissent espérer une guérison ? Comme l’affirme Derrida à la fin de Mal d’archive, Freud ne rêve-t-il pas de « l’instant extatique quand le succès même d’une fouille doit encore signer l’effacement de l’archiviste : l’origine alors parle d’elle-même » ? Autrement dit, et en reprenant également les propos de Derrida, Freud ne serait-il pas tenu prisonnier d’un désir d’ « anamnèse sans hypomnèse474 » ? Ce que propose alors Derrida dans Mal

d’archive, au-delà d’un messianisme, c’est un messianique, prenant grand soin de le

distinguer précisément du messianisme. Là où il s’agirait de consentir à rompre avec le désir d’un avènement de la vérité comme adéquation, n’est-ce pas là qu’il faudrait au contraire faire face à la fiction de la vérité ? C’est à partir de ces questions que penser avec Derrida suppose d’être un résistant. Il faut résister au désir de trouver une troisième voie au cœur même de la dialectique. Il faut délier la dialectique du pacte symbolique, c’est-à-dire de l’instance du trois ou du tiers. Garder la séparation. Et à partir de cela résister à l’appel du dénouement, de la solution, de la finalité téléologique du sens. Donc accepter la dissémination du sens.

Autre pratique des nombres, la dissémination remet en scène une pharmacie où l’on ne peut plus compter ni par un, ni par deux, ni par trois, tout commençant par la dyade. L’opposition duelle (remède/poison, bien/mal, intelligible/sensible, haut/bas, esprit/matière, vie/mort, dedans/dehors, parole/écriture, etc.), organise un champ conflictuel et hiérarchisé qui ne se laisse réduire ni à l’unité, ni dériver d’une simplicité première, ni relever ou intérioriser dialectiquement dans un troisième terme. Le ”trois” ne donnera plus l’idéalité de la solution spéculative475[…]. 473 Sigmund Freud, Résultats, idées, problèmes – Tome II (1921 -1938), PUF 1985, Article L’analyse avec fin et l’analyse sans fin, p. 271. 474 Jacques Derrida Mal d’archive, Éditions Galilée, 1995, p. 144. 475 Jacques Derrida La dissémination – Hors-livre, Éditions du Seuil, 1972, p.35.

Il s’agit pour Derrida de déplacer par les effets de la dissémination (ou résistance au sens et non polysémie) le trois de l’onto-théologie. Il faut installer une crise du versus, poursuit Derrida, où les marques de l’écriture ne se laissent plus clore en une taxinomie finie, où se joue la destruction de l’horizon trinitaire remplacé par le supplément du quatre. Il s’agit d’une ouverture, d’un voyage sans retour vers le même ou l’arkhè, d’une absence d’origine assignable à laquelle se référer. Le texte ne peut alors commencer qu’à quatre.

La dissémination ouvre, sans fin, cet accroc de l’écriture qui ne se laisse plus recoudre, le lieu où ni le sens, fût-il pluriel, ni aucune forme de présence n’agraphe plus la trace. La dissémination traite - sur lit – le point où le mouvement de la signification viendrait singulièrement lier le jeu de la trace en produisant ainsi l’histoire. Saute la sécurité de ce point arrêté au nom de la loi. C’est – du moins – au risque de ce faire sauter que s’entamait la dissémination. Et le détour d’une écriture dont on ne revient pas476.

Or, la philosophie, elle, veut une écriture dont on revienne. Elle veut pouvoir en ce revenir, faire venir une analytique appartenant à l’ordre de la représentation ou de la conscience idéelle. Car elle contient des motivations et des désirs de sens logique. Elle est nourrie du fantasme d’une ressaisie de l’originaire, du désir ou du fantasme aussi de rejoindre le simple. Dans Mal d’archive, Derrida définit les normes classiques du savoir, ce qu’il appelle la scholarship ou l’épistémologie qui domine dans toute communauté scientifique. Il la caractérise en l’énumération suivante : « ici, l’objectivité de l’historien, de l’archiviste, du sociologue, du philologue, la référence à des thèmes et à des concepts stables, la relative extériorité par rapport à l’objet, en particulier par rapport à une archive déterminée comme déjà donnée, au passé, ou en tous cas seulement incomplète, déterminable, donc terminable dans un avenir lui-même déterminable comme présent futur, domination du constatif sur le performatif etc.477. » À lire cette énumération, nous entendons en quoi Derrida s’oppose à ce type de savoir. L’objectivité, l’extériorité seraient ce qui garantirait la solution apportée par les lois dialectiques, en dehors d’une confrontation avec ce que les problèmes contiennent de résistance à être résolus définitivement. C’est encore dans le rapport à la temporalité que Derrida pense les velléités de maîtrise du savoir. Le scientifique tout comme n’importe quel sujet supposément présent au monde, n’a pas selon Derrida la possibilité de rendre le savoir déterminable à la mesure d’un passé déjà donné, d’une archive qui ne serait incomplète qu’à être dévoilée. Ce dévoilement se jouerait dans la prouesse d’un scientifique apte à 476 Jacques Derrida La dissémination – Hors-livre, Éditions du Seuil, 1972, p.36. – citation modifiée. 477 Jacques Derrida Mal d’archive, Éditions Galilée, 1995, p. 83.

rendre présent ce qui jusque là était encore caché ou secret. Il se situerait donc dans une