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c) La question de l’après-coup ou l’absence d’origine

pense, l’inconscient n’est sans doute intemporel qu’au regard d’un certain concept

vulgaire de temps369. » Derrida rejette, là aussi, l’opposition entre un concept vulgaire du temps et ce qui serait un temps authentique et c’est pourquoi il convoque les apports heideggériens pour les interroger face à ceux de Freud afin de montrer que tous deux restent, à leur insu, enferrés dans une appartenance à la métaphysique. Le mouvement de la pensée à laquelle nous convoque Derrida se situe alors selon deux circularités se recoupant chacune et mettant en œuvre une déconstruction de la métaphysique à partir des impensés de la philosophie. La première consiste à ne pas vouloir enfermer la pensée dans les rets de l’écriture lorsqu’elle fait taire le fou et n’endure plus les hyperboles ou errances d’un au-delà du vouloir-dire-intentionnel ; la seconde advient une fois que l’archi-écriture a été envisagée comme alternative à l’écriture logocentriste, elle consiste à penser en-dehors d’une conception téléologique du temps. Cela sous-entend que la pensée n’a plus à se préoccuper de viser une sens, dans le sens de direction, pas plus qu’à s’assigner la tâche de poursuivre la finalité de la vérité. La vérité comme adéquation à la chose, comme recherche de l’essence ou comme proposition stable et universelle acquise à jamais est un fantasme. Ce fantasme provient d’une volonté de stabiliser les formations toujours provisoires de la pensée. Si nous parlons alors de mouvement et de circularités c’est précisément parce qu’il s’agit de lâcher prise par rapport à un désir illusoire de maintenir de se tenir à, ou au plus près de…Si l’aporie est fructueuse c’est parce qu’elle produit de l’a-topos, de l’a-logique, c’est-à-dire des positions à jamais intenables.

c) La question de l’après-coup ou l’absence d’origine

Le temps du psychisme est envisagé avec Freud comme Nachträglichkeit, c’est-à-dire après-coup. En cela, il y a bouleversement des repères linéaires traditionnels, pensés selon un avant et un après. La pensée de l’après-coup renverse les repères habituels : ce qui vient après, donne sens à ce qui s’est produit avant. Cela supposant, d’ailleurs, qu’un avant soit exhumé. Pourtant, selon Derrida il faut radicaliser ce bouleversement, le conduire au-delà de l’idée freudienne de l’intemporalité de

369 Jacques Derrida, L’écriture et la différence, « La scène de l’écriture », Éditions du Seuil, 1967, p. 307.

l’inconscient et par là, remanier le concept vulgaire du temps, à partir duquel pensent les philosophes, en distinguant l’idée même d’un avant comme point-source du travail analytique.

Pour comprendre en quoi la notion de Nachträglichkeit permet à Derrida de repenser Freud, il nous paraît important de montrer la façon dont Derrida lui-même l’introduit dans La scène de l’écriture. Derrida élabore en effet son propos en commençant par associer frayage et répétition. Le frayage, supposant « la préférence de la voie », est constitutif de ce que la mémoire produit dans le psychisme comme choix, sans quoi elle se trouverait paralysée. La différence (comme préférence) entre les frayages est la véritable origine de la mémoire et donc du psychisme. La mémoire est donc résistance et par là-même ouverture à l’effraction de la trace. Le frayage est tuchè. C’est pourquoi Derrida pense la répétition, ou autrement dit ici, l’insistance avec laquelle l’excitation neuronale travaille contre la résistance à se frayer un chemin, comme ce qui supplémente, ajoute. Derrida refuse donc l’idée d’une opposition qui pourrait exister entre répétition normale et répétition pathologique, comme compulsion de répétition. Cela parce qu’il réfute la notion même d’origine ou d’impression première que viendrait répéter la répétition. La compulsion de répétition n’est donc jamais pathologique car elle est l’activité de la mort au principe d’une vie qui ne peut se défendre contre la mort que par l’économie de la mort, la différance, la répétition, la réserve. Là se profile ce que Derrida travaillera dans Spéculer sur Freud, à savoir un au-delà de l’au-delà du principe

de plaisir370. L’après-coup, lorsqu’il est pensé par Freud à partir du « cas » Emma, dans

l’Esquisse d’une psychologie scientifique en 1895, n’est pas associé à la répétition en tant que telle, mais plutôt à un effet de libération d’énergie sexuelle. Il précise que cette libération n’aurait pas été possible au moment de l’incident, c’est-à-dire au moment de ce qui s’est passé lorsqu’Emma âgée de huit ans, est envoyée par sa mère faire un achat : un épicier « rigolard » lui passe la main sous la jupe et tente des attouchements. Mais, Emma n’en parle pas. Cinq ans plus tard, alors que l’adolescente porte une robe neuve qui souligne qu’elle devient femme et n’est plus une enfant, elle est prise de panique dans une épicerie, où des commis de magasin ricanent entre eux, persuadée que c’est d’elle dont on se moque. Or, l’un des deux commis l’attire sexuellement. On peut dire

370 Nous consacrerons dans notre travail, ultérieurement, une partie entière à suivre cette hypothèse de Derrida poursuivant un au-delà de l’Au-delà du principe de plaisir. Nous montrerons dans l’optique de nos hypothèses, que cet au-delà n’est ni un dépassement de Freud, ni une tentative de le penser comme une résolution dialectique.

qu’elle associe dans l’après-coup, l’épisode du premier incident survenu à l’âge de huit ans avec un émoi sexuel qui lui permet de donner sens à cet attentat. Certes, cette libération se meut en angoisse ajoute Freud. Mais cette théorie du « trauma en deux temps », telle que la nomme Laplanche met en évidence grâce à l’après-coup un remaniement, un nouveau sens et même une efficacité psychique. Laplanche et Pontalis parlent de maturation pédagogique qui permet au sujet d’accéder à un nouveau type de signification et de réélaboration de ses expériences antérieures. L’évolution de la sexualité, en particulier, assure, favorise le processus de l’après-coup. Pour Freud, il s’agit donc d’un véritable « travail de mémoire », permettant une élaboration. De même, Freud parle de « l’élimination après-coup des traumatismes accumulés » avec l’exemple d’une patiente qui parcourt chaque jour chaque expression, « qui pleure sur elles, s’en console, tout à loisir pour ainsi dire. » Ainsi le concept d’abréaction peut être éclairé, concluent Laplanche et Pontalis par celui d’après-coup. Il y a donc très fortement associé à ce concept freudien de nachträglichkeit, l’idée de mieux être, de processus immunitaire, donc de guérison, la répétition n’y occupant qu’une place secondaire371.

Or, il se trouve que parfois ces effets bénéfiques et curatifs de l’après-coup ratent. Il y a autrement dit, des « ratés de l’après-coup » suivant les mots de Jean Cournut utilisés dans son article intitulé De l’après-coup, le sens de l’après-coup372. Les

« après-coup ratés » sont les cas, précise Jean Cournut, où cet effet de l’après-« après-coup est impensable : le sujet ne parvient pas « à mobiliser son passé et reste alors figé dans une répétition immuable seulement trouée de temps à autre par un état de panique ou un état somatique373. » Ces ratés de l’après-coup, Freud en parle en 1919 et 1920, à la faveur des textes suivants : L’inquiétante étrangeté et Au-delà du principe de plaisir. Freud parle plus spécifiquement de compulsion de répétition, de Wiederholungswang, qui provoque un effet d’assujettissement de la personne, contrainte à répéter, la confrontant à une impuissance, à un défaut de maîtrise. Le sujet est contraint de répéter des situations obsédantes ou douloureuses, sans que la volonté, la raison ou la conscience puissent y remédier. C’est en cela même que la compulsion de répétition se distingue chez Freud de l’après-coup puisque par la nachträglichkeit, le sujet rejoue les scènes traumatiques en pleine conscience. Il faut de ce fait un sujet présent à lui-même 371 Les références au Vocabulaire de la psychanalyse de J. Laplanche et J.B. Pontalis de ce paragraphe, sont extraites de l’article « Après-coup », Éditions PUF Quadrige, février 2002, p.35-36.

372 Jean Cournut De l’après-coup, Revue Française de Psychanalyse 4 (Tome LXI), Paris, Éditions PUF, p. 1244.

pour dire ce qu’il en est de ce trauma vécu antérieurement : un sujet qui reconnaisse, accepte ou refuse cet effet d’après-coup, c’est-à-dire signe cette conquête du sens. Sans doute est-ce pour cela qu’il pense ensemble l’après-coup (Nachträglichkeit), et le retardement (Verspätung), le frayage et la répétition comme les mêmes, réunis dans le processus de la différance. La compulsion de répétition ne peut donc aucunement être pensée comme pathologique pour Derrida, puisque la répétition est nécessairement constitutive d’une tuchè.

À travers cette idée d’une écriture qui ne peut que supplémenter même lorsqu’elle répète, Derrida semble s’opposer à Freud, puisque selon lui la compulsion de répétition est d’abord considérée comme un échec de l’opération du refoulement, un « ratage » de l’abréaction, lorsque l’opération immunitaire du refoulement « rate » et fait retour de façon répétitive, douloureuse et intempestive. Pourtant, on pourrait ici objecter que Freud lui-même, à la faveur des évolutions de sa théorie, a montré en quoi la répétition est au final un effet de structure. C’est en effet la répétition qui à la fin de sa vie obligera Freud à réfuter un « idéal optimiste de la cure ». La répétition oblige à envisager une autre voie de travail, car, comme Freud l’affirme dans un de ses derniers textes L’analyse avec fin ou l’analyse sans fin, on ne peut pas se débarrasser complétement de certaines manifestations résiduelles (Resterscheinungen). Freud « estime qu’on ne peut concevoir le sujet sans penser à une entropie psychique. Il y aura toujours cet inévitable de la répétition, constitutive du sujet. Nous pouvons la nommer en empruntant un terme de Freud Les dragons du temps originaire374. » Dans les couches

profondes des peuples civilisés, affirme Freud, subsistent des croyances erronées et superstitieuses, ce qui fait dire à Freud : « On pourrait parfois douter que les dragons du temps originaire soient vraiment morts jusqu’au dernier375. »

C’est précisément contre cette expression « Dragons du temps originaire » que Derrida inscrit toute sa lecture de Freud dans La scène de l’écriture. Il n’y a pas selon Derrida et à proprement parler, de temps originaire.

En effet, Derrida, affirme que la différance n’est aucunement le délai que s’accorde une conscience, une présence à soi du présent, attendant que soit dévoilé un sens, que soit abréagi un refoulement échouant à se conscientiser. « Différer ne peut donc signifier retarder un possible présent, ajourner 374 L’apport freudien Éléments pour une encyclopédie de la psychanalyse, sous la direction de Pierre Kaufmann, 1993, Article de E.I. André de Sousa : « La compulsion de répétition », p. 356. 375 Sigmund Freud, L’analyse avec fin et l’analyse sans fin, in Résultats, idées, problèmes, II, 1921 -1938, PUF, 1985, p. 244.

un acte, surseoir à une perception déjà et maintenant possible376. » Autrement dit, il convient pour faire de ce concept de retard ou du « a-retardement » un concept lié à la différance, de le penser en dehors du mythe d’une origine présente, qui si elle était retrouvée, résorberait les malaises. C’est pourquoi il faut entendre originaire sous rature, faute de quoi on dériverait la différance d’une origine pleine. C’est la non-origine qui est originaire. Or, plutôt que de renoncer à ce concept de différance, il vaut mieux, selon Derrida, le repenser. C’est-à-dire, déterminer la différance hors de tout horizon téléologique ou eschatologique. En dehors donc d’une conception de progrès ou d’une quelconque finalité à attendre, celle d’une vérité à faire advenir, notamment.

Cependant, il semble aussi que Freud pense déjà cette supplémentarité de l’écriture psychique à travers la répétition. Le mécanisme est le suivant : malgré la répétition le retour vers le même est impossible. La psychanalyse met précisément à jour cet échec de la retrouvaille. Pourtant, chaque répétition fraye et allège la résistance, elle permet de donner un certain ordre, d’imposer certaines limites, de donner enfin un « sens » à certains éléments. En effet, dire que la répétition consiste à s’évertuer à revenir vers le même, c’est supposer que le sujet cherche, selon la mémoire du frayage, à être épargné de la rencontre continuelle avec du nouveau. Il cherche à retrouver l’Un, un trait unaire primitif dira Lacan, un inaugural. N’y parvenant jamais, ne pouvant jamais entrer en conformité avec son désir de retrouver cet appel de l’origine, il répète et ajoute en cela, à chaque fois, des motifs de s’attarder à ces répétitions. La répétition est donc, selon Freud, un processus d’économie psychique, expression de la pulsion de mort reliée au principe de plaisir. Ainsi, il y a dans cette « insistance la persistance obsédante de réminiscences dont le retour appelle une liquidation. Il y a retour des réminiscences dans le but de les résoudre [nous soulignons]. L’appareil psychique cherche donc cet état d’homéostase377. » Si le retour vers le même est impossible selon Freud, il n’empêche que demeure dans le travail de remémoration un désir de retrouver une origine, là où la sérénité aurait été un jour présente.

C’est bien par rapport à ce dernier point très précis que Derrida se sépare vraiment de Freud. Car Freud insiste pour affirmer que ce que cherche le sujet c’est retrouver une impression reçue, impression originaire, archaïque, qui lui permettrait de

376 Jacques Derrida, L’écriture et la différence, La scène de l’écriture, Éditions du Seuil, 1967, p. 302.

377 L’apport freudien Éléments pour une encyclopédie de la psychanalyse, sous la direction de Pierre

liquider des affects du passé, affects handicapants, afin de les résorber. Par une opération d’exhumation, celle de la cure, il s’agirait de viser un mieux-être dans l’avenir. En réalité, selon Derrida il n’y a pas d’origine assignable. C’est pourquoi, il pense la compulsion de répétition comme un In media res, c’est-à-dire comme ce qui vient s’inscrire dans une histoire sans origine, qui a eu lieu avant que le lecteur ne soit présent, et dont la lecture supplémente nécessairement, supplémente en ce qu’il poursuit l’histoire, la narration, par sa lecture même, mais sans en chercher jamais le commencement ni même l’aboutissement. L’histoire n’a jamais commencé et ne s’achèvera pas. « L’idée même de première fois devient énigmatique378. » C’est pour cela aussi - et nous insistons sur ce point -, que Derrida récuse l’idée d’une distinction entre compulsion de répétition et répétition, entre une répétition qui serait normale et une autre qui serait pathologique. La répétition selon Derrida est comprise comme itérabilité, c’est-à-dire ce qui réitère en altérant l’origine qu’elle paraît reproduire, ce qui n’est pas le cas car en fait elle décale l’origine, la modifie, par un nouveau contexte qu’elle introduit par le fait même de la répétition, l’origine alors s’effaçant.

À l’inverse, Freud, selon Derrida, s’interdit de dériver loin de la fonction primaire. La fonction primaire, étant selon Freud ce qui ouvre la voie, sur le plan neuronique, libérant et déchargeant de façon réflexe, immédiate et totale la quantité d’excitation ; principe d’évacuation, la fonction primaire est ce qui est pensé comme primordial pour permettre le maintien en vie. Derrida le dit ainsi : « malgré l’énigme de la première fois et de la répétition originaire (avant bien entendu toute distinction entre la répétition normale et la répétition pathologique), il est important que Freud attribue tout son travail à la fonction primaire et en interdise toute dérivation. Soyons attentifs à cette non-dérivation, même si elle ne rend que plus dense la difficulté du concept de ”primarité” et d’intemporalité du processus primaire, et même si cette difficulté ne doit jamais cesser de s’épaissir par la suite379. » Chez Freud, les frayages servent la fonction primaire comme étant la vie. C’est pourquoi, la vie se protège par la répétition. C’est là le principe d’inertie, et de résolution par le psychisme des réminiscences, dont nous parlions ci-dessus. Mais en disant cela, continue Derrida, « Freud nous interdit déjà d’être surpris par Au-delà du principe de plaisir380. » Autrement dit, il ne sert pas encore l’idée qu’il entrevoit dans Au-delà… à savoir que la vie est la mort, que la pulsion de vie 378 Jacques Derrida, L’écriture et la différence, La scène de l’écriture, Éditions du Seuil, 1967, p. 301. 379 Ibid. 380 Ibid., p.302.

et la pulsion de mort sont entrelacées par la répétition. Tout se passe comme si Freud ne voulait consentir à cet entrelacs, tant il est pénétré du désir hippocratique de guérir. Peut-être est-ce là d’ailleurs, qu’il convient de marquer la plus grande différence de rapport à la pensée entre Freud et Derrida ? Pour l’un, le médecin et le scientifique, il s’agit de soulager, de guérir, tandis que pour l’autre, le philosophe, il s’agit de penser la mort autrement, de continuer l’héritage d’un « apprendre à mourir », comme apprendre à vivre enfin.

Car selon Derrida, l’idée même que la répétition serve à protéger la vie, ou que par la répétition le sujet cherche un état d’équilibre et de résolution, de progrès vers un mieux-être, vient contredire ce qu’il maintient comme étant l’idée majeure de son travail dans La scène de l’écriture : il n’y a pas d’absolu originaire. « Il n’y a pas de vie

d’abord qui viendrait ensuite à se protéger, à s’ajourner, à se réserver dans la différance.

Celle-ci constitue l’essence de la vie. Plutôt : la différance n’étant pas une essence, n’étant rien, elle n’est pas la vie si l’être est déterminé comme ousia, présence, essence/existence, substance ou sujet. Il faut penser la vie comme trace avant de déterminer l’être comme présence. C’est la seule condition pour pouvoir dire que la vie

est la mort, que la répétition et l’au-delà du principe de plaisir sont originaires et

congénitaux à cela même qu’ils transgressent381. » C’est là peut-être que Derrida ouvre la voie pour penser ce qu’il ne cessera d’affiner, de penser, de réfléchir dans Spéculer sur « Freud » : un au-delà de l’Au-delà… C’est là que ce rejet d’un absolu originaire ne peut se comprendre sans la conception d’un renversement de la conception du temps. C’est à la faveur d’une note de bas de page que Derrida spécifie ce lien entre l’idée d’une absence d’origine assignable et celle d’un renversement du temps logique, chronologique. Nous citons cette note essentielle, entièrement : ces concepts de différance et de retard originaires sont impensables sous l’autorité de la logique de l’identité ou même sous le concept de temps. L’absurdité même qui se signale ainsi dans les termes donne, pourvu qu’elle s’organise d’une certaine manière, à penser l’au-delà de cette logique et de ce concept. Sous le mot retard, il faut penser autre chose qu’un rapport entre deux ”présents” ; il faut éviter la représentation suivante : n’arrive qu’en un présent B ce qui devrait (aurait dû) se produire en un présent A (”antérieur”). Les concepts de ”différance” et de ”retard” originaires s’étaient imposés à nous à partir d’une lecture de Husserl (Introduction à l’Origine de la géométrie (1962), p. 170-171382. 381 Jacques Derrida, L’écriture et la différence, La scène de l’écriture, Éditions du Seuil, 1967, p. 302. 382 Ibid., note de bas de page.

Ainsi une fois associés ces deux concepts, d’après-coup Nachträglichkeit et de retardement Verspätung, une fois les précautions prises pour préciser ce qu’il en est du remaniement de la logique temporelle inaugurée par Freud, une fois que Derrida a