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333 La résidence de Mark Tompkins

A - Dans un bilan de cette première résidence de 2 ans (depuis l'ouverture de saison

95/96 jusqu'à la fn de 1997), sont rappelés les objectifs poursuivis du point de vue du CCA (16a/7) : aider des artistes à créer, mais aussi provoquer et favoriser une rencontre du public avec des créateurs ; utiliser le potentiel de stimulation corporelle, motrice et sensible, de la danse pour impliquer des publics divers dans un processus de découverte personnelle et dans l'expérience intime de ce qu'est une création artistique, même s'il n'y a pas forcément de lien obligé entre pratique amateur et assistance à un spectacle et même si la promotion d'"un mode d'expression tel que la danse contemporaine est un véritable pari à prendre en commun avec tous ceux qui ignorent les codes de cet art" (idem) ; participation à un ancrage encore plus profond de l'établissement dans la cité et plus largement dans son environnement culturel grâce à un maillage de l'action menée avec le chorégraphe et la compagnie en direction de structures et publics divers. Pour ce faire, le cahier des charges d'une telle résidence stipule que le doublet chorégraphe - compagnie dispose d'une série de moyens techniques et fnanciers, qui devrait leur permettre de produire et présenter une création d'au moins 30 minutes, de donner un minimum de 8 représentations (création et pièces de répertoire), d'assurer la direction pédagogique de l'ensemble des actions éducatives et autres initiatives convenues en direction des publics et au travers des relais locaux, étant entendu que la compagnie peut être indisponible sur certaines périodes de l'année à cause de sa propre activité en particulier de diffusion.

Avant d'aboutir à un choix et un accord, diverses rencontres entre le CCA et la compagnie IDA - Mark Tompkins ont été nécessaires pour qu'une découverte mutuelle plus approfondie puisse s'opérer. Ces échanges ont plus débouché sur l'établissement d'un projet

commun que sur l'établissement d'un cahier des charges détaillé de résidence. Cette

démarche préalable qui aboutit à l'écriture d'un véritable projet de résidence semble en tout cas fondamental pour le CCA, tant une réelle connaissance initiale et mutuelle paraît indispensable dans ce genre de processus.

La première année de résidence a principalement été consacrée à la présentation, sous des formes diverses, du répertoire de la compagnie et à la création (16a/3).

B - Au bout du compte, cette dynamique a conduit à des particularités d'action, mais

aussi à des questionnements de principe de la part du CCA qui pourraient être utiles pour des résidences ultérieures. On en signalera quelques aspects.

A l'ouverture de la résidence et de la saison 95/96 : premières prises de contact conviviale avec le public et différents relais locaux via la présentation durant 3 soirées d'une pièce de répertoire "d'accès facile et pleine d'humour" ("Home"), ainsi qu'une exposition

photo et vidéo sur les oeuvres du chorégraphe. L'entrée en matière d'une résidence paraît en tout cas très importante, car elle est "ni plus ni moins qu'un moyen de donner des repères et de mieux permettre d'appréhender l'univers du chorégraphe" (16a/17).

En octobre 1996, aboutissement d'une création ("Gravity"), dont l'environnement technique a néanmoins posé problème et qui a par ailleurs connu des diffcultés d'acceptation et de réception par des publics encore peu familiarisés avec d'autres cadres que celui de la danse classique. Une des questions centrales que se sont posés les responsables du CCA est alors : "ne sommes-nous pas trop rapide vis-à-vis de notre public, avons nous suffsamment créé les moyens d'appréhension de telles oeuvres avec aussi en questionnement immédiat : comment retravailler une prochaine résidence afn de toujours continuer à ouvrir le champ de la rencontre" (idem.).

Proposition aussi de modalités de rencontre autres que les stages, ateliers ou séances de sensibilisation, dès la première saison de résidence : projection de courts métrages et flms sur la comédie musicale en partenariat avec le cinéma J. Tati ; performance musique / danse avec le compositeur Steve Lacey dans le cadre de Banlieues Bleues (16a/1, 1a/2). Au cours le la seconde année de résidence, recherche d'une relation autre que de simple découverte ou sensibilisation avec la population de la ville (16a/1), à partir d'un projet générique qui recoupe les thèmes du chorégraphe "Passages : de l'identité et de la différence" (1a/2). Exposition - parcours au centre-ville, à partir de rencontres du photographe J-C. Meyer et de l'écrivain R. Yala avec la population et de la réalisation de portraits photo des habitants de la commune ; création du festival Mai Danse ayant permis de rassembler des artistes de plusieurs pays ; réalisation d'une courte danse collective (le Tremble) à l'occasion de la Saint- Jean et de la Fête laïque 1997 associée ; soirée de projection au cinéma J. Tati de flms en l'hommage de la danseuse de famenco Carmen Amaya ; soirées-conférence autour de la danse par I. Ginot.

Bien entendu, un réel travail de sensibilisation et de formation a été réalisé tout au long des deux saisons de résidence. Le travail de 3 danseurs de la compagnie auprès des scolaires a en particulier débouché chaque saison sur une matinée de présentation au CCA, "Danse à l'école" - dans le cadre du festival Mai Danse en 1997 - , le nombre d'enfants touchés ayant presque triplé de la première saison à la suivante (16a/3).

A noter également qu'un travail spécifque de communication autour de la résidence a été mené par l'équipe du CCA. Avec l'appoint de collaboratrices spécialisées (I. Ginot pour le rédactionnel, P. Coltrat pour le graphisme), 7 numéros d'un document de généralement 8 pages, "Résidence Mode d'emploi" se sont appuyés sur différents moments publics de la résidence pour mieux expliciter les enjeux et la nature même du travail entrepris par le chorégraphe et sa compagnie (1a/2). "A priori, le terme "résidence" ne signife rien pour la population d'une ville. Donner à entendre, à comprendre, créer un repère, de la matière, susciter la curiosité, créer un lien, un rendez-vous, proposer le débat... tels sont les fls conduisant cette action" (16a/4).

L'ensemble de ces dispositifs semble en tout cas conduire à une meilleure appréhension par les acteurs locaux du principe des résidences (24a).

C - Du côté de la compagnie, plusieurs constats sont aussi intéressants à relever

(16a/3). De toute évidence, le travail conjoint avec une équipe et des partenaires-relais, la participation aux contenus des outils d'information et de promotion renforcent le sentiment d'avoir pu "réaliser un véritable travail de terrain", en plus du fait d'avoir réellement disposé d'"un lieu de travail, une "maison"" (idem) pour réaliser et présenter les nouvelles créations.

Au-delà des contraintes internes ou externes concernant les lieux de travail ou de présentation disponibles, ce sont sans doute les diffcultés à établir, puis élargir un véritable dialogue avec des publics signifcatifs - tant en nombre qu'en qualité artistique ou vis-à-vis de populations non encore "initiées" - qui apparaissent comme les aspects les plus déceptifs pour M. Tompkins, et ce malgré les efforts continus de la compagnie et de l'équipe du CCA pour inventer de nouvelles propositions ou situations (comme le projet "Passages" et la "danse du Tremble", par exemple). Finalement, le chorégraphe estime que le succès des actions entreprises "a essentiellement résidé dans l'implication et la qualité des personnes relais ou partenaires de ces actions (...). Nous avons réalisé l'importance, la nécessité,

Même si la question reste ouverte - et transmise aux compagnies en résidence future - de savoir si "nous avons réussi à donner envie aux enfants, public de demain, et aux adultes de venir voir et/ou de pratiquer la danse", reste que nous "avons surtout pris conscience de l'importance d'un travail continu, sur le long terme, nécessitant souvent beaucoup d'efforts pour peu de résultats dans l'immédiat" (ibid.).

D - Sur le plan fnancier, le budget prévisionnel de la résidence (16a/5) s'est

globalement élevé en 96/97 à 976.300 F.

Côté recettes, ce budget est constitué par trois sources de subventions publiques : 210.300 F du Conseil général (21,5%), 170.000 F de la DRAC (17,4%) et 596.000 F de la Ville de Tremblay (61%). Même si l'apport en liquidités de la Ville (200.000 F, via le CCA) est comparable à celui des deux autres Collectivités publiques, l'estimation des mises à disposition réelles - directes ou via le CCA - à la compagnie, pour un total de 396.000 F, montre combien la Municipalité ressort comme le principal fnanceur d'une opération de ce type.

Côté dépenses, ce budget se répartit comme suit. Dépenses plutôt rapportables à des

frais de structure : 192.000 F de mise à disposition du théâtre, du studio de danse et du

studio de montage vidéo (19,7%) ; 108.800 d'administration et frais divers de fonctionnement (11,9%) ; 52.400 F en quote-part de 4 mois de masse salariale de M. Tompkins (5,4%) ; soit un sous-total de 37% du budget. Les frais de publicité générale s'élèvent à 150.000 F, soit 15,4% du budget. Le reste de celui-ci, soit 47,6% du total, a été consacré aux opérations

particulières : 72.600 F (7,4%) pour les actions pédagogiques ; 267.400 F (27,4%) pour les

autres projets artistiques et actions de sensibilisation ; 125.200 F au festival Mai Danse (12,8%).

D'après le budget réalisé 95/96 (16a/5) et le budget prévisionnel 1997 (16a/6) de la compagnie, on peut estimer que la part du budget issue de / consacrée à la résidence oscille selon les saisons (et sans doute principalement en liaison directe avec les ventes de spectacles de la compagnie) depuis plus du tiers à plus de la moitié de ces budgets.

Selon la même source (16a/5), toujours en 95/96 et sur un budget total pour la création de "Gravity" d'environ 1.230 KF (apports en industrie compris), la part du CCA est estimée à 276 KF d'apport en industrie (22,4%) plus partie de ses 160 KF d'apport en liquide. Soit le coproducteur principal après la compagnie elle-même (environ 445 KF estimés d'apports, soit 36,2% du coût total de la création).

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