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212 Les priorités du nouveau directeur

Suite au départ en retraite de l'ancienne directrice, Christine Bertin, à fn mars 1996, c'est Didier Mouturat qui assume cette fonction de directeur depuis septembre 1996.

A - Lors de sa présentation devant le Conseil d'Administration en juin 1996, les

objectifs annoncés de ce nouveau responsable (1a/3) sont d'aller dans la continuité du travail de l'ancienne directrice, l'essentiel de la programmation 96/97 étant d'ailleurs encore son

oeuvre ; d'ancrer la fréquentation du TPE dans un public de proximité ; d'ouvrir la programmation et d'actualiser ainsi un public potentiel.

Désormais, une importance décisive est également accordée à l'action culturelle, "outil majeur de formation et d'élargissement du public" (1a/3).

Entre objectif central et contrainte forte de l'équipement, l'idée suivante peut aussi être développée : "Pour lutter contre l'exclusion du plus grand nombre des pratiques culturelles et, particulièrement, pour sensibiliser le public au spectacle vivant, le Théâtre a besoin de nouer des compagnonnages avec des artistes sur la durée, de pouvoir les accueillir en résidence de création et d'engager avec eux une action culturelle qui ait du sens et une répercussion dans le temps. Mais effectivement pour cela il faudrait disposer de la salle de spectacle à plein temps et ceci est lié à la construction de la salle de cinéma" (1a/4).

B - Le projet de saison 97/98 étant sous l'entière responsabilité du nouveau directeur,

les points forts qui y sont développés indiquent encore mieux les axes désormais centraux de l'établissement.

La priorité est d'abord "d'enraciner l'action du Théâtre Paul Eluard sur le terrain

choisyen". Si cela semble une évidence pour un théâtre municipal, il paraît essentiel de la

respecter, et d'en faire une préoccupation quotidienne.

"Au-delà de la mise en place d'une politique tarifaire attractive, et d'un dispositif d'animation, de sensibilisation et de formation des publics, nous ne parviendrons à tisser des liens de proximité, voire de complicité avec la population, qu'au travers d'une relation

personnalisée, si ce n'est avec chacun des spectateurs, au moins avec ceux qui sont

susceptibles de les représenter, de les regrouper, et de relayer auprès d'eux nos propositions" (12a).

Un des objectifs centraux est donc l'invention et la mise en oeuvre de nouvelles formes d e partenariat entre le TPE et des personnes-relais, tels qu'enseignants, responsables d'organismes ou de services à vocation culturelle ou sociale.

Ainsi et sur l'exemple du milieu scolaire, plusieurs formules de partenariat sont proposées, depuis le simple "tarif de groupe", jusqu'à la proposition de "classe associée" suivie toute la saison par un des artistes invités et prenant appui sur au moins trois spectacles programmés.

D'autres partenaires sont également concernés, comme relais des informations du TPE, pour des collaborations spécifques en fonction de la vocation de chaque structure, ou bien encore pour des actions particulières de sensibilisation de publics notamment autour du travail d'artistes en résidence (11a). La nature des organisations concernées est très diverse : Service municipal de la jeunesse, Comité des oeuvres sociales (personnel communal), Centre communal d'action sociale (service animation retraités), Foyer (jeunes flles en diffculté sociale), Espace Langevin (activités culturelles et associatives), Bibliothèques (Aragon et de la Maison pour tous) ou Médiathèque (Aragon), Association de conteuses ("Sur le chemin des mots").

Par symétrie, pourrait-on dire, il s'agit également d'articuler de façon plus décisive la saison 97/98 autour de la présence en résidence de compagnies qui créeront chacune un spectacle joué un nombre signifcatif de fois au TPE : la compagnie Terrain Vague - Titre Provisoire (Christophe Rauck) et l'Atelier International de Recherche et de Création Théâtrales - AIRCT (Habib Naghmouchin). "La présence longue d'une équipe artistique

dans un théâtre, c'est la possibilité d'organiser de nombreuses rencontres, des ateliers, des répétitions ouvertes" (idem).

Chaque "programme de résidence" s'organise de façon très spécifque, selon les thèmes, les savoir-faire et les types de théâtralité proposés par les compagnies. Mais c'est bien à partir de ces résidences de compagnie en création que cherche à s'organiser, chaque saison, le coeur principal de l'action culturelle, même si la venue d'autres artistes pour diffusion d'un de leurs spectacles peut aussi donner lieu à quelques autres propositions localisées.

Un dernier point décisif émerge enfn : "Tout ceci peut avoir lieu au théâtre, mais

aussi dans d'autres lieux de la ville, car il s'agit bien d'aller à la rencontre de publics nouveaux" (ibid.).

Même si ce ne sont pas les seules, des opérations particulières peuvent tout particulièrement actualiser ce point. En font partie pour 97/98, la reprise des Cafés littéraires (animés par la comédienne et chanteuse Nadine Rémy, au Bar de la Marine (rive gauche, en face du TPE, sur les berges de la Seine dans le quartier du Port) en liaison avec des spectacles qui seront donnés au TPE) et une résidence chanson (Françoise Le Golvan, dans la visée aussi d'une création en 98/99 au TPE).

C - Au titre des contraintes structurelles, on signalera pour mémoire la double fonction de la salle de spectacle (cinéma et spectacle vivant), qui fait de toute évidence de la

construction d'une salle spécifque de cinéma un objectif essentiel (voir § 215).

On insistera surtout sur un autre élément qui pèse très lourdement sur les possibilités d e développement des actions culturelles, à savoir la diffculté toujours actuelle de remplacer les crédits déconcentrés de l'Etat disponibles de 1994 à 1996 au titre d'une Convention de Développement Culturel. Résidences, créations et actions culturelles associées ont ainsi fait l'objet en 1996 d'une aide d'Etat de près de 375 KF en fonctionnement, auxquels se sont d'ailleurs ajoutés plus de 378 KF de subventions d'investissement pour l'équipement de la salle et l'informatisation (10a). Les ressources publiques liées à la Convention de Développement Culturel n'existeront plus dès le budget 1998. Malgré les efforts de gestion, cela induira une baisse d'activité en particulier sur les accueils de spectacle tout public (2a/4). Cela prouve en tout cas le lien très étroit entre capacités de développement d'un équipement tel que le TPE et possibilités de ressources publiques complémentaires.

Ce n'est pas la seule convention de jumelage, signée dès 1995 (10a) et prolongée en fn 1998 (1b), entre le TPE et certains établissements scolaires qui apportera des ressources suffsantes pour couvrir les différentes actions en direction du milieu scolaire (voir aussi § 33 D). Une négociation décisive s'est alors engagée pour que la dimension essentielle que recouvre cette nouvelle action culturelle soit intégrée comme volet culturel du Contrat de

ville. Finalement, ce contrat, dont la discussion a débuté dès 1995 (1b), a commencé à être

réalisé en 1997 et son volet culturel en 1998 (2b).

En tout cas, localement et sur un plan autant partenarial que fnancier, le TPE préconise, pour les actions culturelles, "un mode de cofnancement qui obligera une collaboration active entre les services pour le développement et le suivi de l'activité, plus qu'un fnancement global dont la gestion serait confée à un seul des partenaires" (idem). Ainsi, dans les prévisionnels budgétaires, les différents partenaires à une action (dont le TPE) apporteraient chacun une somme identique, la subvention complémentaire demandée au titre du contrat de ville doublant alors la contribution totale des partenaires locaux engagés.

* A noter qu'au cours de 1998, le TPE a dû supporter quelques défaillances de

partenaires municipaux qui avaient pourtant signé des accords avec lui dans le cadre de ce contrat (2a/5), preuve des diffcultés à mettre en place de telles opérations, même si le coût fnal de ce phénomène s'est avéré limité pour l'établissement culturel (environ 30 KF).

D - Plus généralement et en lien avec la nécessité d'argumenter sur la dimension fnancière, que ce soit au Conseil d'Administration de l'association ou vis-à-vis du Conseil

municipal, le Directeur défend la position suivante pour le spectacle vivant : "le Théâtre n'est pas dans une logique commerciale, d'une part parce que la volonté de la municipalité est qu'il soit un service public (accès au plus grand nombre, politique tarifaire, défense de la création contemporaine), d'autre part parce que, contrairement à la logique du "privé" qui fait payer les artistes pour qu'ils puissent se produire (location de salles, minimum garanti aux gestionnaires des salles et, au mieux, partage des recettes), nous, nous les payons. Nous sommes un théâtre subventionné de service public. Cela ne veut pas dire que nous ne recherchons pas à augmenter nos recettes propres. Mais la jauge de la salle impose ses contraintes (...). Notre unique moyen d'augmenter nos recettes propres (en dehors d'une revalorisation des tarifs), est d'augmenter la fréquentation. C'est ce que nous visons par le développement de l'action culturelle" (2a/5).

E - Au-delà même de la construction de la nouvelle salle de cinéma ou de l'insertion

d'un volet culturel dans le Contrat de ville, le TPE est par ailleurs le moteur d'un projet de

nouvelle Convention de Développement Culturel. Initialement prévue pour commencer

sur la première année de fonctionnement de la nouvelle salle de cinéma (2000), il est plus probable qu'elle puisse intervenir dès le courant 1999. "Cette convention serait une transition vers un nouveau statut de Théâtre Missionné, statut intermédiaire avant les scènes nationales. Il n'y aurait plus dans l'immédiat de nouvelles scènes nationales en Ile-de-France. Par contre 3 ou 4 théâtres seraient missionnés ce qui, sans modifer leur fonctionnement puisque c'est la nature actuelle de leur activité qui est prise en compte, apporterait un subventionnement pérenne de l'Etat, non négligeable" (2a/6).

Quant à elle et dans sa conférence de presse du 12 janvier 1999, Catherine Trautmann parle, au-delà de l'ouverture plus large des Scènes Nationales à tous les domaines du spectacle vivant, "de conventionner environ 150 scènes en deux ans, à partir du projet artistique du responsable de l'établissement. Les conventions, d'une durée de trois ans, pourront être renouvelées après évaluation. Ces scènes conventionnées auront pour objectif de favoriser la diffusion mais également d'être, au plus près de la population, des lieux de fabrication, de résidence et d'initiative artistique" (1c). Quoi qu'il en soit du terme défnitive adoptée, la visée du TPE est bien de se situer dans cette nouvelle opportunité stratégique.

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