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122 Un projet général de la ville concernant son développement culturel

(3a)

On notera d'abord que les projets culturels de la Ville, et plus particulièrement ceux portant sur la MTD, ont successivement bénéfcié de plusieurs programmes

gouvernementaux : 1989 - 1991, première convention au titre du Développement Social de

Quartier ; 1992 - 1994, première Convention de Développement Culturel ; 1992 - 1994, seconde convention au titre du Développement Social de Quartier ; 1995 - 1997, signature d'un Contrat de Ville permettant de fait la pérennisation des actions engagées jusqu'en 1998 (3c).

Enfn et dans la continuité de la première Convention de Développement Culturel, signée entre la Ville et la DRAC d'Ile-de-France, un document de juin 1998 précise le projet d'une seconde convention de ce type, qui porterait sur la période triennale 1999 - 2001.

L'évaluation de la première convention relevait que les actions de formation artistique et culturelle enregistraient le meilleur résultat, alors que celles de diffusion des réalisations artistiques, qui ne constituaient d'ailleurs pas une priorité de la politique culturelle de l'époque, obtenait des résultats très inégaux, encourageants pour le cinéma et le théâtre, décevants pour la musique et la danse. Une des conclusions était que l'élargissement des

publics nécessiterait une mobilisation de tous les acteurs dans la durée. Apparaissaient alors

les diffcultés non seulement de rendre complémentaires les deux domaines a priori

distincts de la formation et de la diffusion, mais encore de mener une politique ambitieuse

dans l'ensemble des domaines artistiques et culturels. Par ailleurs, le croisement des pratiques entre amateurs et professionnels pouvait apparaître probant, mais singulièrement

limité en nombre.

Etaient également notées plusieurs avancées depuis 1995, telles que l'agrément obtenu par le Conservatoire et, plus généralement, le développement de la musique, l'ouverture du cinéma municipal, l'instauration d'un CitéPass qui offre un accès à tarif réduit à tous les spectacles programmés dans les équipements municipaux (3c).

A - Dans le nouveau document de cadrage et au coeur de ce qui se présente comme le projet artistique de la ville d'Epinay-sur-Seine, l'articulation entre situation sociale, valeurs démocratiques et activités artistiques est particulièrement mise en évidence :

"Comme dans toutes les villes de banlieue, Epinay-sur-Seine est confrontée aux diffcultés d'intégration de sa jeunesse, au chômage, à l'exclusion, au repli identitaire, à des processus douloureux d'acculturation. Certains jeunes y rencontrent des diffcultés tant scolaires, que d'ordre familial, génératrices de marginalisation. Pour permettre à chaque jeune d'être citoyen, à part entière, pour répondre à ces diffcultés, à ces exclusions, la municipalité a mis en place de nombreux dispositifs destinés à réduire les inégalités d'accès à la culture. La démocratisation de la culture constitue à la fois un enjeu d'avenir, mais aussi

un facteur puissant d'accès à la citoyenneté.

En effet, être citoyen actif, c'est avoir une capacité de vigilance, donc un esprit critique, une liberté de pensée, une aptitude à s'exprimer, à trouver sa place, à se bâtir des repères et un système de valeurs respectant les fondements de la démocratie. Pour cela, il faut être acteur de son existence sur la base d'une identité solidement construite.

Les pratiques artistiques et le rapport à l'Art participent à la construction du sujet, permettant à chacun de s'inscrire dans la vie de la cité pour y exercer ses droits et ses devoirs, car en fn de compte, cette jeunesse constitue un atout formidable pour la collectivité, si les conditions de son émancipation sont réunies.

Ce constat et ce début d'analyse sont pour nous constitutifs d'une action culturelle qui s'adresse à tous les Spinassiens d'une manière intergénérationnelle en s'appuyant, de surcroît, sur la richesse des différentes cultures présentes dans la cité".

Ainsi, si la question de ce qui spécife la dynamique artistique reste en suspens, ou en d'autres termes si la question contemporaine de l'art (non réductible à celle de l'art contemporain) n'est pas explicitement développée, reste la volonté très compréhensible pour une municipalité d'argumenter et de travailler sur les liens possibles entre les mondes de

l'art d'une part, la construction identitaire de chaque sujet et sa participation citoyenne à

l'espace politique commun d'autre part.

B - Sur le plan des modalités de mise en oeuvre, quatre grandes orientations de

principe sont privilégiées.

Il s'agirait tout d'abord de continuer à développer les pratiques déjà effectives, dans divers domaines culturels, de médiation intergénérationnelle. Non ghettoïsation du secteur enfance, interactions entre champs professionnels et amateurs sont deux dimensions parmi d'autres qui devraient permettre de "faire des lieux culturels de véritables lieux de

citoyenneté retrouvée, où les activités donnent vie à ces lieux en même temps qu'elles s'expriment".

Sur la base de ce qui existe, la mise en place d'une carte d'adhésion au "Cercle des

Spectateurs" pourrait permettre l'accès facilité de chacun à toute la palette des activités

artistiques et citoyennes déjà développées. Moyen également d'intensifer le travail avec des partenaires institutionnels comme ceux de l'Education Nationale ou de la vie associative, cette formule "aurait pour but l'accès du plus grand nombre aux Arts, en dotant ces publics

des bases d'un langage esthétique et sensible, d'un sens analytique et critique, afn de mieux leur permettre d'appréhender les diverses réalités de ces mondes créatifs que sont :

les Arts Plastiques, le Cinéma, la Danse, l'Ecriture et le Livre, la Musique, le Spectacle vivant".

Pour mettre en place de véritables outils d'évaluation et de réfexion de l'action menée sur le long terme dans les différents domaines artistiques, mais aussi pour disposer d'un observatoire sur les actions plus spécifquement impulsées en direction des publics jeunes et

jeunes publics, une autre volonté serait de structurer au sein de la Direction des Affaires

Culturelles (DAC) un département de coordination, de recherche, de formation, de création

et de diffusion (sous le label évocateur "Les Chemins de Traverse").

Complément de ces différentes idées, la diffusion devrait se structurer autour d'une programmation en direction de tous les publics, avec "priorité d'implication de la relation

Enfants-Parents". Elle pourrait déboucher sur un festival de spectacles autour de l'image et

du son, des musiques en scène, du spectacles d'objets et d'images, de la d anse. Un tel festival aurait également l'avantage de "concrétiser et de rendre visible le travail transversal mené par nos diverses structures".

C - Au bout du compte, la colonne vertébrale de ce projet consiste à renouveler

l'engagement concernant la formation artistique des publics, tout en cherchant à mieux regrouper les moyens disponibles vis-à-vis de la diffusion des oeuvres.

"En effet, tous les efforts que nous menons sur la construction et la formation des publics pour leur élargissement ne prennent sens que dans la confrontation directe avec les oeuvres et les artistes. Cette fdélisation des publics passe par une plus grande cohérence de la programmation et par une diversifcation de la palette d'offres".

Là encore, on peut remarquer que le projet semble suggérer que l'articulation entre

pratiques artistiques en amateur ou sensibilisation aux arts d'une part, fréquentation des équipements ou des oeuvres d'art d'autre part serait d'abord affaire de meilleur agencement

des moyens. Comme le montre la corrélation pour le moins non systématique entre pratiques en amateur d'un art de la scène et fréquentation des spectacles donnés par les professionnels, on peut penser que des diffcultés plus structurelles, socio-géographiques et socioculturelles par exemple, viennent singulièrement compliquer le problème.

Reste que la municipalité, via sa DAC, propose un cadre général d'orientation et de mise en oeuvre, qui a le mérite d'exister et de rappeler l'objectif à poursuivre de

démocratisation culturelle autour notamment de quelques principes réaffrmés : lutte contre

les inégalités d'accès aux pratiques et institutions culturelles ; reconnaissance des différents acteurs culturels comme éléments moteurs de la démocratie locale et du changement social ; maintien et développement d'un véritable service public culturel ; lien à maintenir entre éducation et culture.

D - Sur un plan organisationnel, rappelons que 1995 est l'année où la Ville décide de municipaliser l'ensemble de ses structures sociales et culturelles, face aux dangers de la gestion de fait que la loi Sapin de 1993 a considérablement accentués. Si les différentes associations gestionnaires paramunicipales sont dissoutes, symétriquement la plupart du

personnel salarié est intégré au personnel municipal, mais essentiellement en tant que

contractuel ou bien vacataire.

Dans le même mouvement, 3 grandes Directions sont créées au sein des services municipaux : la Direction des Affaires Culturelles qui a responsabilité sur l'ensemble des équipements de ce secteur, la Direction de la Vie des Quartiers qui dirige les équipements à vocation sociale (dont socioculturelle), la Direction de l'Enfance et de la Jeunesse principalement centrée sur les centres aérés (3c).

Comme toujours dans ces nécessaires découpages fonctionnels, la coordination et/ou la répartition des responsabilités concernant certains domaines peuvent s'avérer délicates. Cela pourrait être le cas du domaine du jeune public, qui dispose d'une Direction Transversale, d'une Direction particulière et de programmes d'action spécifques dans chacun des équipements municipaux.

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