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214 La politique désormais mise en œuvre

(7a/2)

Le rapport d'activité de l'année 1997, le premier établi par le nouveau directeur, synthétise et précise les grandes orientations dans lesquelles le TPE est désormais engagé.

A - Les objectifs se déclinent vis-à-vis des deux entités centrales que sont les publics et

les artistes.

A l'égard du public, c'est le renforcement du théâtre au sein de la population

choisyenne qui est essentiellement mis en avant.

Sur le plan général du rapport entre développement artistique et démocratie, une position de principe tout d'abord : "Ouvrir les portes de l'art vivant au plus grand nombre, faire du répertoire, de la création et de la recherche artistique les outils privilégiés pour l'éveil de la citoyenneté, ainsi que pour la compréhension par l'homme de lui-même et de sa situation au monde, tels sont les composantes de la vocation d'un théâtre de service public tel qu'il nous semble juste de le concevoir".

Du point de vue du nécessaire ancrage local ensuite : "Le Théâtre Paul Eluard est avant tout le théâtre d'une ville. Cette réalité impose comme une évidence à celui-ci, la nécessité d'orienter son action en faveur d'un public de proximité avec lequel il se doit de tisser des liens durables dans le cadre d'une histoire et d'une géographie locales particulières. C'est sa mission première. C'est ainsi seulement qu'il peut acquérir, ou qu'il peut conserver une légitimité sociale et politique obligatoire, sans laquelle son existence même pourrait se trouver fragilisée par les tentations populistes et démagogiques qui, ça et là, gagnent dangereusement du terrain".

Ceci implique un réel rapport de confance entre l'équipe théâtrale et les élus locaux, cette relation qui "invite à la vigilance, au questionnement, à la salutaire remise en question, car rien n'est défnitivement acquis des valeurs que nous défendons. C'est de cet inconfort apparent que peuvent naître parfois les politiques artistiques et culturelles les plus novatrices".

Ce n'est en tout cas que dans le cadre d'un véritable projet, qui tienne compte des éléments précédents, que peut être légitimement envisager la lutte pour la sauvegarde

systématique des moyens alloués à ce type d'action et d'équipement.

A l'égard des artistes, il s'agit d'abord de concevoir autrement la mission du théâtre

dans le domaine de la création en développant des relations différentes avec les compagnies.

"Le théâtre prétend être un vrai partenaire des compagnies et non pas comme la logique actuelle du marché de l'art vivant l'impose parfois, un simple client". Il s'agit donc, encore une fois, de retrouver un rapport de confance, qui permette de sortir du jeu

contemporain de séduction, souvent stérile, entre théâtres et compagnies. L'espoir énoncé est qu'une vraie complicité entre équipes artistiques et équipe du théâtre puisse aboutir à "une action culturelle enfn régénérée, (qui) s'inscrira naturellement dans le prolongement de l'acte créateur, prendra en compte les contraintes des fonctionnements sociaux d'aujourd'hui, et constituera le nouveau langage d'une adresse sensible pour le public nouveau qu'il nous faut conquérir".

Une option est donc radicalement prise par le TPE en faveur d'une politique de

résidence. La présence permanente sur une durée longue d'une équipe artistique permet

d'établir une relation profonde avec un public de proximité, grâce au travail d'action

culturelle ainsi rendu possible. Et ce n'est que dans ce cadre que peut s'envisager la

programmation d'une série importante de représentations des créations de ces compagnies. De telles séries permettent au spectacle de devenir plus mâture, de créer une vraie dynamique de public dans la ville, de participer à l'exploitation future du spectacle en permettant à des programmateurs de le voir dans un lieu proche de Paris.

B - Pour le moins, les moyens à mettre en oeuvre pour atteindre de tels objectifs sont à

envisager sur les plans de l'organisation interne du TPE, de sa politique d'action culturelle, comme de sa capacité à agir et communiquer hors de ses murs.

Un renforcement du contrôle de gestion, interne et par l'expert-comptable, a d'autant plus permis une plus grande responsabilisation des cadres du théâtre sur la gestion des lignes budgétaires de leur ressort que l'informatisation de la comptabilité, de la gestion des salaires, du secrétariat a été dans le sens d'un soulagement de certaines tâches exécutives. La redistribution d'un demi-poste de permanent (d'accueil et secrétariat) a par ailleurs permis de constituer un poste de responsabilité à plein temps pour l'action culturelle, même si cela conduit, pendant les périodes de programmation plus intense, à l'emploi de vacataires associatifs complémentaires.

Désormais "pierre angulaire de l'ancrage du théâtre dans la ville", l'action culturelle se développe sur deux terrains distincts qui disposent chacun d'un responsable attitré. C'est cette politique d'action culturelle renouvelée qui a fait l'objet, à la demande du TPE, de l'ouverture d'un volet culturel dans le Contrat de ville actuellement en cours d'exécution.

Du côté du milieu scolaire (1er et 2ème degrés), si beaucoup de spectacles programmés sont accompagnés d'actions de sensibilisation ou de formation d'abord en direction du 2ème degré (collèges et lycées), reste qu'il y a encore beaucoup à faire, selon le TPE, pour constituer un véritable lien organique entre culture et éducation, de nouvelles manières de travailler étant à élaborer sur ce plan avec les enseignants et les artistes.

L'autre terrain concerne le milieu associatif et les structures municipales, avec lesquels il s'agit pour le TPE de constituer un véritable partenariat à long terme. Appuyées, au plan des contenus et comme l'action en milieu scolaire, sur le travail des artistes en résidence de création, ces collaborations ne se limitent d'ailleurs pas à des organisations à vocation culturelle. Même si le développement quantitatif des actions reste encore modeste, les partenaires pour 97/98 sont le Centre Communal d'Action Sociale, le Service Municipal de la Jeunesse, le service Municipal des Arts Plastiques, les bibliothèques Aragon et de la Maison Pour Tous, l'Espace Langevin, le foyer Jean Cotxet (foyer de jeunes flles en diffculté sociale, situé à Thiais), l'association de conteuses Sur le chemin des mots.

Reste qu'une des premières conclusions que le TPE tire de l'expérience 1997 est que même si "seule une politique de résidence permet d'engager convenablement ce travail (…), il est indispensable de prévoir dans le programme de travail des artistes pendant leur résidence, des moments de disponibilité suffsants en dehors des temps de création qui, légitimement, les absorbent totalement".

Une façon en tout cas de pointer qu'on se trouve dans une dynamique ni simple ni linéaire, mais bien plutôt sur des situations où plusieurs logiques se confrontent qui exigent de trouver à chaque fois les compromis les plus effcients. La concentration de 3 créations (plus 1 jeune public) dans le premier trimestre 1997 a également montré la nécessité d'un

étalement de celles-ci tout au long de l'année, si l'objectif d'action culturelle veut être rempli.

A partir de la saison 97/98, le TPE "prend l'initiative de produire en dehors de ses murs certaines manifestations qui n'exigent pas un accompagnement technique trop important". C'est le cas des Cafés littéraires, poétiques ou philosophiques dans un haut lieu de la convivialité choisyenne, le Bar de la Marine. Processus qui devrait s'amplifer grâce au partenariat d'autres établissements, comme l'Espace Langevin et la bibliothèque Aragon. Cette production hors les murs, c'est "la possibilité de rencontrer un public nouveau, mais aussi de faire évoluer l'image du Théâtre aux yeux de la population. Présenter l'oeuvre des artistes au public n'est pas suffsant. Il nous appartient de créer les conditions psychologiques pour que celle-ci soit pleinement perçue. Cela passe par une culture de la convivialité, qui semble, par ailleurs, répondre à une véritable soif, particulièrement en période de crise dans les milieux urbains".

De plus, une politique de fdélisation du public a été entreprise des le début de la saison 96/97, tout particulièrement par la mise en place d'une formule d'abonnement particulièrement attractive (voir § 325).

Enfn, la nature et la destination des différents outils de communication ont été revues. "La préoccupation qui a sous-tendu l'ensemble des nouveaux choix, a été de donner au Théâtre une image plus ouverte sur le grand public tout en restant fdèle à l'exigence de qualité" : plaquette de saison unique, pour favoriser une pratique familiale du théâtre ; document mensuel d'information traitant désormais de toutes les activités, et pas seulement du cinéma ; vocation précisée du document Post-Scriptum à "traiter des thématiques avec un niveau d'exigence qui n'est pas compatible avec une diffusion grand public. Il s'adresse en priorité au public fdélisé, ainsi qu'aux différents acteurs ponctuellement concernés par la thématique traitée (la danse, le jeune public, etc.)". ; une affche-programme spécifque au TPE, plutôt que des affches propres à chacun des spectacles ; plusieurs "colonnes du Théâtre", disposés dans différents établissements publics de la ville ; enfn, un appui au pari des séries importantes de représentations par mise en place dans la ville de "kakémonos" (étendards).

C - Sur le plan de la programmation des spectacles ou/et de l'action culturelle, c'est

plutôt a posteriori et selon les opportunités de collaboration avec des équipes artistiques que se dessinent les orientations de chaque saison, que ce soit en termes de contenus, de modes théâtraux ou d'esthétiques proposés. S'il y a bien un principe a priori de toujours offrir plusieurs arts scéniques à chaque saison, on ne peut ainsi pas dire que la programmation se construise à partir de grandes thématiques prédéfnies. De même, les modes d'implication dans le processus créatif des populations visées par l'action culturelle varient essentiellement selon les artistes présents (dont, au premier rang, les artistes en résidence). La distribution de l'action culturelle sur les différents quartiers de la ville se fait, là encore, d'abord selon les projets et les partenariats induits de chaque saison (1b).

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