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Chapitre I. Revue de la littérature et Problématique

2.3 Intervenir pour améliorer l’observance

2.3.2 Les interventions d’éducation thérapeutique du patient

2.3.2.1 L’intérêt des référentiels théoriques en éducation thérapeutique du patient

2.3.2.1.2 Les programmes d’éducation thérapeutique étudiés dans ce contexte clinique

Une équipe de chercheurs de l’Université de Sydney (Australie) ont élaboré leur intervention sur la base de la Théorie Sociale Cognitive de Bandura (1977, 1991) (Bartlett et al., 2013; Richards, Bartlett, Wong, Malouff, & Grunstein, 2007). Cette fois, les deux sessions

du programme se déroulaient en groupe de 10 patients, parfois en présence des conjoints. Au cours de ces sessions espacées d’une semaine, des supports d’information étaient utilisés, tels qu’un vidéo-témoignage de 15 minutes ciblant la nécessité de persévérer avec le traitement ainsi qu’un document d’information relatif au SAOS, à son traitement et à l’hygiène de vie en générale. Des techniques de relaxation ont également été enseignées aux patients au cours de ce programme. Les premiers résultats, issus d’un essai randomisé en deux groupes, sont en faveur de l’intervention (Richards et al., 2007). Les auteurs constatent, en effet, que les patients du groupe interventionnel ont sept fois plus de chance d’être observants à un mois de traitement que les patients du groupe contrôle. Leur second article présente les résultats d’un nouvel essai randomisé, comparant cette fois le groupe interventionnel à un groupe placebo, pour ce dernier les patients bénéficiaient d’un temps d’échange (les patients étaient conviés à discuter autour d’une tasse de thé et de biscuits) (Bartlett et al., 2013). Les résultats de cette seconde étude ne concordent pas avec ceux de la précédente. Aucune différence significative n’est retrouvée entre les deux groupes à un mois ainsi qu’à trois mois de prise en charge. Le manque de convergence entre ces résultats nous amène à considérer l’influence du temps accordé aux patients, avec ou sans technique d’intervention d’ETP. Pour de futures recherches, il est essentiel de tenir compte de cette variable à l’aide d’un groupe « placebo ».

Plus récemment, d’autres référentiels théoriques ont été utilisés pour l’élaboration et l’évaluation d’intervention d’ETP souffrant de SAOS. Olsen, Smith, Oei et Douglas (2012) se sont appuyés sur le Modèle de Croyances de Santé (HBM) de Rosenstock (1974), alors que Deng, Wang, Sun et Chen (2013) ont utilisé le référentiel théorique de l’Approche du

Processus d’Action pour la Santé de Schwarzer (1992, pp. 217–243, 2008).

Olsen et al. (2012) ont mené un essai randomisé auprès de nouveaux patients. Le groupe interventionnel a suivi un programme, intitulé Motivational INterview Therapy (MINT), en complément de la prise en charge courante. Ce programme s’organisait en trois entretiens individuels, suivant une grille standardisée permettant d’explorer notamment la motivation et les inquiétudes du patient, ainsi que l’ensemble des dimensions appartement au

Modèle de Croyances de Santé29. Le contenu de l’information relative à la maladie était personnalisé en fonction du SAOS et des antécédents du patient. Le groupe contrôle bénéficiait de la prise en charge usuelle, composée d’une intervention d’information standard. Pour chaque groupe, les auteurs ont recueilli la durée moyenne d’utilisation de l’appareil de

29 Les dimensions du Modèle de Croyances de Santé sont : la vulnérabilité perçue, la sévérité perçue, les coûts et les bénéfices du traitement ainsi que le sentiment d’auto-efficacité.

PPC à 1, 2, 3 et 12 mois ainsi que les croyances à l’aide de questionnaires. Alors que 106 patients ont été recrutés, seules les données de 74 patients ont été disponibles en fin d’étude ; les auteurs ont donc procédé à des imputations multiples pour obtenir un échantillon composé de deux groupes de 50 patients. La majorité des données sociodémographiques et médicales sont identiques, hormis le niveau d’éducation significativement supérieur dans le groupe interventionnel. Olsen et al. (2012) constatent une observance significativement distincte entre les deux groupes jusqu’à trois mois (1h30 de différence), cette différence n’est pas retrouvée à 12 mois. Parmi les croyances étudiées, seul le sentiment d’efficacité personnelle est significativement différent entre les deux groupes. Les résultats de cette étude mettent ainsi en évidence les bénéfices du programme MINT, toutefois, comme souligné par les auteurs, il serait nécessaire de répliquer cet essai randomisé en incluant un groupe placebo, afin d’évaluer précisément l’apport du programme (Olsen et al., 2012).

Deng et al. (2013) ont également mené un essai randomisé avec un groupe interventionnel et un groupe contrôle (55 patients dans chaque groupe). Le programme, intitulé Stage-Matched Care (SMC), s’appuyait sur une théorie intégrative proposée par Schwarzer (1992) : l’Approche du Processus d’Action pour la Santé (APAS)30. Composé de quatre entretiens (deux individuels et deux téléphoniques) et utilisant différentes modalités et outils d’intervention (vidéo, exercices de relaxation, techniques d’entretien motivationnel, journal de bord), ce programme est particulièrement diversifié, avec un suivi réalisé jusqu’à trois mois de traitement. Les données initiales des patients inclus dans chaque groupe sont identiques. Les résultats montrent une différence significative entre les deux groupes à trois mois de traitement, cependant cette différence reste cliniquement minime avec 23 minutes d’utilisation supplémentaire pour le groupe interventionnel. De plus, les analyses effectuées portaient sur l’observance auto-rapportée des patients31. Les auteurs ont également évalué les dimensions de l’APAS à l’aide de questionnaires et ont pu constater que les patients du groupe interventionnel percevaient davantage les risques liés au SAOS, avaient plus d’attentes vis-à-vis du traitement par PPC et se sentaient plus capables d’utiliser ce dernier que les

30 Il s’agit d’un modèle qui intègre différentes dimensions de modèles sociocognitifs et dynamiques. L’APAS reprend les phases issues du Modèle Transthéorique du Changement en les regroupant en deux étapes : l’étape motivationnelle et l’étape volitionnelle. Dans l’étape motivationnelle, nous retrouvons les dimensions du Modèle de Croyances de Santé et de la Théorie Sociale Cognitive : les risques perçus, l’attente de résultats et l’auto-efficacité (Scharzer, 1992, 1998 ; Tarquinio & Spitz, 2012, p. 198).

31 L’observance objective était disponible pour seulement 38 patients sur 110. Après avoir vérifié la corrélation entre ces deux types de mesures (r=0.449, p=.036), les auteurs ont effectué leur analyse sur l’observance auto-rapportée à trois mois, bien que cette dernière soit significativement surestimée par rapport à l’observance objective à trois mois (p<.05).

patients du groupe contrôle. Ainsi ce programme, proposé dès le début de la prise en charge, semble avoir un effet positif sur les représentations relatives à la maladie et au traitement. Néanmoins, la multiplication d’outils utilisés lors de cette étude ne permet pas d’identifier ceux particulièrement efficients, alors que l’élaboration d’un programme d’éducation thérapeutique nécessite également une réflexion sur les méthodes et outils pédagogiques essentiels à l’acquisition de connaissances et de compétences (Lacroix & Assal, 2013, p. 82).

2.3.2.2 Les modalités et techniques d’éducation thérapeutique