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Chapitre I. Revue de la littérature et Problématique

2.2 Les facteurs d’observances du traitement par Pression Positive Continue 75

2.2.1.1 Les caractéristiques sociodémographiques du patient

Les caractéristiques démographiques les plus étudiées sont l’âge et le sexe. Certaines caractéristiques sociales ont également été évaluées pour comprendre l’observance du traitement par PPC, telles que le niveau d’éducation, le niveau de revenu, la situation professionnelle et la situation matrimoniale.

2.2.1.1.1 Les caractéristiques démographiques

Les résultats relatifs aux caractéristiques démographiques des patients comme facteurs d’observance sont contradictoires (Crawford et al., 2014). Concernant l’âge, certaines études montrent une association avec l’observance, les personnes plus âgées se révélant plus observantes que les plus jeunes (Budhiraja et al., 2007; Sin, Mayers, Man, & Pawluk, 2002; Woehrle, Graml, & Weinreich, 2011), mais certaines études démontrent l’inverse (Janson, Nöges, Svedberg-Randt, & Lindberg, 2000; Kohler, Smith, Tippett, & Stradling, 2010; McArdle et al., 1999). Cependant, la majorité des études ne retrouvent aucun lien entre l’âge et l’observance (par exemple : Aloia, Arnedt, et al., 2007; Kreivi, Maasilta, & Bachour, 2014; Lacassagne et al., 2000; Law, Naughton, Ho, Roebuck, & Dabscheck, 2014; Lewis, Seale, Bartle, Watkins, & Ebden, 2004; Popescu et al., 2001). Les résultats de la revue de la littérature de Crawford et al. (2014) conclut à une absence d’association entre l’âge et l’observance (40/52 études).

En France également, la plupart des études ne démontrent pas d’association directe entre l’âge et l’observance. L'âge est identique entre les patients observants et non-observants à un mois de prise en charge (Nguyên, Chaskalovic, Rakotonanahary, & Fleury, 2010), à trois mois (Pépin et al., 1999) et à long terme (Pelletier-Fleury, Rakotonanahary, & Fleury, 2001). Selon les résultats de l’étude rétrospective de Gagnadoux et al. (2011), portant sur 1141 patients traités depuis 504 jours en moyenne (ET=251 ; min=91 ; max=1035 jours), un âge supérieur à 65 ans n’est pas un facteur d’observance du traitement par PPC. Toutefois, selon l’étude prospective de Poulet et al. (2009), après l’impact émotionnel du SAOS éprouvé par les patients, l’âge est le second critère prédictif de non-observance : les patients plus âgés ayant plus de chance d’être observants. Ces résultats contradictoires relatifs à l’âge peuvent être expliqués par les différentes méthodologies et analyses statistiques utilisées dans chacune

des études. Cependant nous pouvons nous demander si c’est vraiment l’âge qui influence l’utilisation de l’appareil, ou si ce sont des facteurs associés, tels que la retraite ?

Les résultats sont également contradictoires concernant le sexe des patients. Des études démontrent que les hommes sont plus observants que les femmes (McArdle et al., 1999; Popescu et al., 2001; Woehrle et al., 2011), mais Sin et al. (2002) retrouvent des résultats opposés. De plus, la plupart des études ne trouvent aucune différence entre les hommes et les femmes (par exemple : Budhiraja et al., 2007; Janson et al., 2000; Nino-Murcia, McCann, Bliwise, Guilleminault, & Dement, 1989; Schoch et al., 2014; Ye et al., 2012). D’après la revue de la littérature de Crawford et al. (2014), la majorité des études sont en faveur d’une absence d’association entre le sexe et l’observance (34/41 études). En France, les études prospectives (Meurice et al., 1994; Poulet et al., 2009) comme rétrospectives (Gagnadoux et al., 2011) ne montrent pas de lien entre le sexe et l’observance du traitement, seules les études de Pelletier-Fleury et al. (2001) et Borel et al. (2013) montrent que les femmes auront tendance à être moins observantes que les hommes.

Une troisième caractéristique démographique est également étudiée pour tenter de comprendre l’observance du traitement par PPC : l’ethnicité. Cette dernière a été principalement investiguée aux États-Unis ainsi qu’en Nouvelle Zélande (Crawford et al., 2014). À notre connaissance, cette caractéristique démographique n’a pas été évaluée en France, ni même en Europe. Une majorité des études réalisées aux États-Unis vont en faveur d’un lien entre l’appartenance ethnique et l’observance, en démontrant que les Afro-Américains ont tendance à être moins observants que les Caucasiens (Budhiraja et al., 2007; Means, Ulmer, & Edinger, 2010; Pamidi, Knutson, Ghods, & Mokhlesi, 2012; Sawyer, Canamucio, et al., 2011; D. M. Wallace, Shafazand, Aloia, & Wohlgemuth, 2013; Ye et al., 2012). Ces résultats ne sont néanmoins pas retrouvés de manière systématique (Diaz-Abad et al., 2014; Platt et al., 2009). De plus, certains auteurs émettent des réserves concernant cette association pouvant également être influencée par le niveau éducatif et socio-économique des minorités en question dans ces pays (Bakker, O’Keeffe, Neill, & Campbell, 2011; Platt et al., 2009).

2.2.1.1.2 Les caractéristiques sociales

Les caractéristiques sociales d’un individu sont nombreuses et parfois évaluées à partir d’indices propres à certains pays. Cette variété d’index socio-économiques complexifie toute comparaison (Bakker et al., 2011; Platt et al., 2009). Pour une question de lisibilité, nous nous

intéresserons donc aux indicateurs socio-économiques les plus étudiés dans le cadre de l’observance du traitement par PPC : le niveau d’éducation, la situation professionnelle, le niveau des revenus ainsi que le statut matrimonial.

Le niveau d’éducation correspond au nombre d’années d’étude d’un individu. Selon certains auteurs, les patients moins observants ont significativement moins d’années de scolarité (Aloia, Arnedt, et al., 2007; Kribbs et al., 1993; Nino-Murcia et al., 1989). Cependant, ces résultats ne sont pas retrouvés dans des études plus récentes (Gagnadoux et al., 2011; Galetke, Puzzo, Priegnitz, Anduleit, & Randerath, 2011; Ye et al., 2012). La situation professionnelle peut être caractérisée à partir du statut d’activité d’un individu, différenciant les patients en activité, les retraités et les patients sans activité. Kribbs et al. (1993) ont retrouvé davantage de personnes en activité professionnelle chez les patients observants, alors que Gagnadoux et al. (2011) obtiennent des résultats inverses en France, les patients à la retraite étant plus observants. Cependant, deux autres études ne retrouvent pas d’association (Poulet et al., 2009; Ye et al., 2012).

L’indicateur socio-économique qui semble le plus déterminant de l’observance du traitement par PPC est le niveau économique, basé sur les revenus des individus. D’une part, de faibles ressources économiques apparaissent comme un frein à l’acceptation initiale du traitement (Simon-Tuval et al., 2009). D’autre part, les différences interindividuelles de couverture santé semblent être un facteur d’observance (Tzischinsky, Shahrabani, & Peled, 2011). En effet, d’après les résultats de l’étude expérimentale de Tzischinsky et al. (2011), l’observance du traitement par PPC peut être améliorée à l’aide d’une incitation financière, caractérisée par un meilleur remboursement des soins. Le niveau de revenu influence ainsi l’accès et le maintien des soins. En France, où la prise en charge du traitement est mieux remboursée grâce à l’Assurance Maladie, il est possible que ce facteur économique ait moins d’impact sur l’observance thérapeutique (Gagnadoux, 2011). Cependant la précarité des patients peut être observée à travers le régime de remboursement : une prise en charge à 100% par la Sécurité Sociale pouvant être accordée aux patients sans Complémentaire Santé. De plus, il semble intéressant d’observer un autre déterminant de l’accès au soin en France : le milieu de vie rural (Institut Montaigne, 2013).

Enfin, une association entre la situation matrimoniale et l’observance du traitement par PPC n’est pas démontrée (Kribbs et al., 1993; Nino-Murcia et al., 1989; Poulet et al., 2009; Wild, Engleman, Douglas, & Espie, 2004). Néanmoins, quelques études observent que les patients non-observants sont principalement des patients qui vivent seuls (Gagnadoux et al.,

2011; Lewis et al., 2004; Ye et al., 2012), mettant ainsi en évidence que vivre en couple peut favoriser l’utilisation du traitement par PPC. En raison de ces résultats contradictoires, il est utile d’évaluer certains facteurs associés à la situation matrimoniale, tels que le soutien des époux apporté aux patients par exemple, que nous aborderons dans une prochaine partie.

2.2.1.2 Les caractéristiques biomédicales du Syndrome d’Apnées