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VOYAGEURS DU CORPUS :

I- Portrait général des voyageurs

Etant donné le choix du corpus, on pouvait s’attendre à une nette prédominance d’écrits masculins, mais nous avons pu tout de même inclure huit témoignages de femmes, soit 20% des sources, et sur les dix

voyagent accompagnés de leur épouse, ce qui n’est pas négligeable. Au vu des risques et du coût que représente un séjour outre

traditionnellement dévolues aux femmes, il n’est pas surprenant qu’elles ne soient pas plus nombreuses. Ainsi, seules deux loyalistes (Louisa Aikman et Katharine Amory) suivent leur mari ou parent en exil en Grande

voyagent en temps de paix, toujours en compagnie de leur mari, et parfois de leurs enfants.

Néanmoins, de manière générale, ces femmes effectuent des déplacements plu

hommes qu’elles accompagnent, en particulier si elles voyagent en compagnie de leur famille : trois effectuent un Grand Tour d’Europe, une voyage en Angleterre et en France, mais les

60 Katharine Amory embarque pour l’Angleterre en 1775, et Louisa Aikman part la même année, accompagnée par son oncle, rejoindre le reste de sa famille déjà réfugiée à Londres. Pour plus d’informations, se référer présentation biographique en annexe

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Jonathan WILLIAMS. Marchand de Boston, mais également scientifique, juge et militaire, neveu de Benjamin Franklin. Voyage de formation en 1770-71 à Londres, second séjour pour affaires en Angleterre et en France en 1774. Au moment du conflit révolutionnaire, s’installe à Nantes (agent commercial du Congrès continental). Séjourne à Paris, Londres, et en Irlande

L’objectif de cette première partie est de brosser un portrait global de ces voyageurs, factuelle et selon divers critères (le sexe, l’âge, l’origine sociale et géographique, l’appartenance politique et religieuse, ainsi que leurs activités commerciales).

Concernant leur séjour en Grande-Bretagne, nous détaillerons leur but, les préparatifs conditions matérielles du voyage (l’itinéraire, la durée, les moyens de transport, l’hébergement, la nourriture, l’accueil et les contacts avec la population britannique). Enfin, nous examinerons les témoignages, les formes qu’ils prennent, leurs destinataires, et, en cas de publication, le travail de réécriture et de composition, ainsi que la réception des ouvrages.

Portrait général des voyageurs

Etant donné le choix du corpus, on pouvait s’attendre à une nette prédominance mais nous avons pu tout de même inclure huit témoignages de femmes, soit 20% des sources, et sur les dix-sept négociants mariés que compte le corpus, sept voyagent accompagnés de leur épouse, ce qui n’est pas négligeable. Au vu des risques et du représente un séjour outre-atlantique ainsi que des fonctions domestiques traditionnellement dévolues aux femmes, il n’est pas surprenant qu’elles ne soient pas plus nombreuses. Ainsi, seules deux loyalistes (Louisa Aikman et Katharine Amory) suivent leur mari ou parent en exil en Grande-Bretagne pendant le conflit révolutionnaire.

voyagent en temps de paix, toujours en compagnie de leur mari, et parfois de leurs enfants.

Néanmoins, de manière générale, ces femmes effectuent des déplacements plu

hommes qu’elles accompagnent, en particulier si elles voyagent en compagnie de leur famille : trois effectuent un Grand Tour d’Europe, une voyage en Angleterre et en France, mais les

Katharine Amory embarque pour l’Angleterre en 1775, et Louisa Aikman part la même année, accompagnée par son oncle, rejoindre le reste de sa famille déjà réfugiée à Londres. Pour plus d’informations, se référer présentation biographique en annexe, vol. 2, p.7.

Marchand de Boston, mais également scientifique, juge et militaire, 71 à Londres, second séjour pour du conflit révolutionnaire, s’installe à Nantes Séjourne à Paris, Londres, et en Irlande jusqu’en 1785.

L’objectif de cette première partie est de brosser un portrait global de ces voyageurs, (le sexe, l’âge, l’origine sociale et géographique, l’appartenance politique et religieuse, ainsi que leurs activités commerciales).

Bretagne, nous détaillerons leur but, les préparatifs et les conditions matérielles du voyage (l’itinéraire, la durée, les moyens de transport, l’hébergement, la nourriture, l’accueil et les contacts avec la population britannique). Enfin, stinataires, et, en cas de publication, le travail de réécriture et de composition, ainsi que la réception des ouvrages.

Etant donné le choix du corpus, on pouvait s’attendre à une nette prédominance mais nous avons pu tout de même inclure huit témoignages de femmes, sept négociants mariés que compte le corpus, sept voyagent accompagnés de leur épouse, ce qui n’est pas négligeable. Au vu des risques et du atlantique ainsi que des fonctions domestiques traditionnellement dévolues aux femmes, il n’est pas surprenant qu’elles ne soient pas plus nombreuses. Ainsi, seules deux loyalistes (Louisa Aikman et Katharine Amory) suivent leur Bretagne pendant le conflit révolutionnaire.60 Les autres voyagent en temps de paix, toujours en compagnie de leur mari, et parfois de leurs enfants.

Néanmoins, de manière générale, ces femmes effectuent des déplacements plus limités que les hommes qu’elles accompagnent, en particulier si elles voyagent en compagnie de leur famille : trois effectuent un Grand Tour d’Europe, une voyage en Angleterre et en France, mais les

Katharine Amory embarque pour l’Angleterre en 1775, et Louisa Aikman part la même année, accompagnée par son oncle, rejoindre le reste de sa famille déjà réfugiée à Londres. Pour plus d’informations, se référer à la

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trois autres se contentent de quelques excursions à proximité de leur lieu de résidence principal à l’étranger.61

Un seul témoignage féminin, celui de Beulah Sansom, est publié du vivant de l’auteur, de façon anonyme et avec un tirage très réduit à destination des proches.62 Cela n’en reste pas moins tout à fait inhabituel,63 à une époque où les écrits masculins sont eux-mêmes très rarement publiés : seuls quatre marchands du corpus font paraître le récit de leur voyage.64 Dans leur ensemble, les témoignages, qu’il s’agisse de lettres, de journaux ou de récits plus organisés, ne sortent pas du cercle restreint de la famille et des amis.

Les femmes ne sont cependant pas présentes uniquement en tant que voyageuses. Les fiancées ou épouses que le voyageur peine à quitter sont bien souvent les destinataires de leur journal ou de leur correspondance. De nombreux courriers de mères ou sœurs inquiètes mettent en garde le jeune visiteur contre les tentations du Vieux Continent et abondent en précieux conseils sur les précautions à observer pour préserver sa santé et éviter les mauvaise fréquentations. On retrouve les réactions des épouses face aux expériences vécues par leur mari, comme Rebecca Shoemaker qui s’indigne du mépris avec lequel son époux – loyaliste - est traité par le gouvernement britannique au cours de son exil en Grande-Bretagne.65

L’âge moyen des voyageurs, lorsqu’ils foulent pour la première fois le sol britannique ou européen, est de vingt-sept ans. Le plus jeune en a dix-huit et le plus âgé, soixante. Sans suprise, ce dernier est un Loyaliste en exil qui voyage sous la contrainte. Pour la plupart, ils

61 Anne Bingham visite l’Angleterre, la France, la Hollande, la Suisse et l’Italie avec son époux et ses deux filles, de 1783 à 1786. Beulah Sansom se rend en Grande-Bretagne, en France, en Hollande, en Allemagne et en Suisse entre 1798 et 1802. Martha Coffin Derby effectue un séjour en Angleterre, en Suisse, en France et en Italie de 1801 à 1803. Quant à Mary Torrey, elle voyage en Angleterre et en France en 1814-1815. Susan Lee suit son mari nommé consul à Bordeaux de 1801 à 1816 et séjourne pour un temps à Paris. Hannah Lowell vit à Edimbourg avec son époux et leurs quatre enfants en 1810-1812. Eliza Mackay et son mari, marchand de Savannah, s’installent en Angleterre de 1806 à 1811 (aucun témoignage n’a pu être trouvé, ce qui explique qu’elle ne fasse pas partie du corpus principal).

62 Il s’agit du récit de Beulah Sansom, A Concise Narrative of a Tour, through some Parts of England, France, Holland, Switzerland, and Italy, in the Years 1799, 1800, 1801, and 1802, in a letter to a friend in England, Philadelphia, printed by Joseph Rakestraw, 1821. Un exemplaire se trouve à la Library Company à Philadelphie, les lettres d’origine sont conservées dans les Sansom Papers, Morris Family Papers, Quaker Special Collection, Haverford College, Pennsylvania. Comme le titre l’indique, l’ouvrage est court (vingt-et-une pages) et consiste en un résumé succint du séjour.

63 Nous reviendrons plus loin sur ce récit dans une partie consacrée aux femmes (Troisième partie, Chapitre 3, II-, D)II-, p.466). Ce sera l’occasion de s’interroger sur l’existence d’un éventuel point de vue typiquement fémininII-, notamment une attention toute particulière à la sphère privée, de déterminer si ces femmes adoptent une attitude plus ouverte que leurs compagnons, et d’étudier dans quelle mesure le voyage les libère et les encourage à formuler des remarques d’ordre politique, un domaine traditionnellement réservé aux hommes.

64 Il s’agit du récit d’Elkanah Watson en Hollande, A Tour in Holland, que l’auteur fait paraître en 1790, soit sept ans après son séjour ; des Letters from Europe de Joseph Sansom, publiées en 1805, trois ans après son retour en Amérique (puis Travels from Paris through Switzerland and Italy pour la deuxième édition en 1808) ; des Letters from England de Joshua E. White, publiées en 1816, six ans après son voyage ; et des Reminiscences de Ebenezer Smith Thomas, qui paraissent en 1840.

65 Voir par exemple la lettre de Rebecca Shoemaker à son mari Samuel datée du 21 mai 1784, Samuel and Rebecca Shoemaker Diaries and Letters, mss., HSP.

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effectuent leur premier séjour en Grande-Bretagne au début de leur carrière : il s’agit d’un voyage de formation, destiné à observer les marchés britanniques, à rencontrer leurs partenaires commerciaux, à élargir leurs contacts et à découvrir des techniques et des produits nouveaux.66 Les femmes qui les accompagnent ont entre dix-neuf et quarante-quatre ans, avec une moyenne de vingt-neuf ans. Si l’on compare avec un échantillon d’autres catégories de voyageurs américains sur la même période, les marchands sont dans l’ensemble plus âgés que les étudiants (qui ont entre dix-huit et vingt-cinq ans, pour l’échantillon choisi), un peu plus âgés que les artistes ou les écrivains (entre vingt et vingt-cinq ans), mais plus jeunes que les hommes politiques ou les diplomates en Europe (pour la plupart entre trente et cinquante ans, avec une moyenne de trente-cinq ans).67

Etant donné leur âge, il n’est pas surprenant que sur trente-deux, quinze – soit un peu moins de la moitié - soient mariés au moment de leur départ. On ne connaît pas le statut marital de l’un d’entre eux et parmi les seize célibataires restant, trois sont fiancés et deux autres veufs. Huit voyagent avec des enfants,68 et ils sont alors accompagnés de leur épouse (à l’exception de Henry Laurens, qui vient de perdre sa femme, et du loyaliste Samuel Shoemaker). Ils ont parfois la charge d’enfants qui ne sont pas les leurs : Laurens se rend en Europe de 1771 à 1774 avec ses trois fils ainsi que celui de son partenaire commercial de Philadelphie. S’ils sont assez âgés, les enfants sont placés dans des écoles anglaises ou françaises, selon le pays de résidence de leurs parents.69 Si l’on comprend aisément qu’une éducation en Europe soit particulièrement prisée pendant la période coloniale, on pourrait penser qu’après l’indépendance, les Américains hésitent davantage à envoyer leur progéniture se former outre-Atlantique, mais cela ne se vérifie pas,70 illustrant combien la rupture des

66 Les motivations du voyage seront examinées plus loin (Première partie, Chapitre 1, III-, p.74).

67 Ont été sélectionnés quelques exemples parmi les plus connus. Concernant les étudiants, Benjamin Rush débute ses études de médicine à Edimbourg à l’âge de 20 ans, Arthur Lee à 21, Thomas Parke et Valentine Mott à 22 ans et John Morgan à 25. En ce qui concerne les artistes et écrivains : Benjamin West découvre l’Europe à 22 ans, Washington Irving arrive en Angleterre à 21 ans, Washington Allston et Henry Benbridge à 22 ans, John Trumbull à 24 ans et John Singleton Copley à 36 ans, après avoir longuement hésité à quitter sa terre natale. Sur un échantillon de onze artistes et écrivains américains à Londres entre 1765 et 1811 (Washington Allston, Henry Benbridge, John S. Copley, William Dunlap, Washington Irving, John I. Middleton, Samuel F. B. Morse, Charles Wilson Peale, John Trumbull, Benjamin West et John Blake White), l’âge moyen à leur première arrivée en Europe est de 25 ans ½. Voyons maintenant quelques hommes politiques et diplomates : John Adams débute sa mission en Europe à l’âge de 43 ans, Thomas Jefferson est nommé ambassadeur en France à 42 ans, Gouverneur Morris à 40 ans et James Monroe à 36. Rufus King devient ministre américain à Londres à 41 ans.

La moyenne d’âge des ambassadeurs américains à la Cour de St James entre 1785 et 1811 est de 45 ans, celle des ambassadeurs américains à Paris de 1779 à 1812 de 49 ans.

68 Il s’agit de Henry Laurens, Benjamin Pickman, Samuel Shoemaker, Robert Mackay, William Bingham, Joshua Gilpin, William Lee (1772-1840) et de Francis Cabot Lowell.

69 Henry Laurens fait exception : il place ses trois fils dans des écoles anglaises, avant de les envoyer à Genève où l’enseignement lui paraît de meilleure qualité. En revanche, ses deux filles ne font pas le voyage.

70 Ainsi, on compte un marchand de la période coloniale voyageant avec ses enfants, trois pendant ou juste après la guerre d’indépendance, et quatre entre 1800 et 1815.

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liens avec la mère patrie s’avère difficile, en particulier pour les membres des classes les plus aisées de la société américaine.

Les marchands font en effet partie de l’élite de l’époque, au même titre que les propriétaires terriens, les planteurs, les avocats et certains ministres du culte. Si la profession ne jouit pas d’une bonne réputation auprès de l’aristocratie européenne, notamment de l’aristocratie française,71 elle est parfaitement respectable en Amérique, comme le souligne Virginia Harrington dans son étude sur les marchands de New York au moment du conflit révolutionnaire :

No social stigma could be attached to the mercantile profession so long as it was practised with a dignity, breadth of interest and family connection sufficient to lend it importance. Some notions of the English distinction between tradesmen and gentry may have persisted, but the opportunities offered by the professions were naturally limited [for North-American colonists] so that for most young people commerce as an occupation was inevitable. (Virginia D. Harrington, The New York Merchant on the Eve of the Revolution, New York, Columbia University Press, 1935, 15)

Au XVIIIe siècle, l’évolution des mentalités en Amérique, et notamment l’assouplissement de l’éthique puritaine en Nouvelle-Angleterre, leur permettent d’occuper une place de choix dans la société. La recherche du profit personnel est davantage acceptée et l’acquisition de richesses perçue comme un signe de réussite sociale.72 Ils adhèrent tout naturellement à des valeurs bourgeoises, en accord avec leur mode de vie, comme le reflètent leur méfiance vis-à-vis de la foule et plus généralement des classes populaires, leur attachement à l’éducation, à la morale et à la famille, l’importance qu’ils accordent au travail, leur goût de l’effort, ou encore leur condamnation de l’oisiveté de certains aristocrates européens.

Si tous ont reçu une éducation élémentaire, ils ne sont que sept à l’avoir complétée par une formation universitaire, car l’expérience pratique s’avère essentielle dans leur profession, comme le remarque Henry Laurens en 1771 : “Too much time is lost by Boys intended for trade or the Counting House, by keeping them to study in the Classics, and almost all their

71 A propos de la position française, voir Carla Mulford, “Benjamin Franklin, Native American and the Commerce of Civility,” Revolutionary Histories, Transatlantic Cultural Nationalism, 1775-1815, ed. W. M.

Verhoeven, New York, Palgrave, 2000, 48 ; ainsi que Yves Leclercq, Histoire Economique et financière de la France de l’Ancien Régime, Paris, Armand Colin, 1998, 115. En Grande-Bretagne, la profession de marchand est perçue comme respectable par la société britannique dans son ensemble, excepté par la noblesse. Daniel Defoe écrit ainsi dans The Complete English Tradesman en 1726 : « Our tradesmen are not as in other countries, the meanest of our people. Some of the greatest and best and most flourishing families, among not the gentry only but even the nobility, have been raised from trade” (Letter XXII, London, Charles Rivington, 1726, 370).

72 Bernard Bailyn, The New England Merchants in the Seventeenth Century Cambridge, MA, Harvard Univ.

Press, 1955 ; Charles Sellers, The Market Revolution, Jacksonian America, 1815-1846, New York, Oxford, Oxford University Press, 1991, 21.

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Classical Acquirements are lost in a very short time, after they are bound Apprentice and are kept, as Boys ought to be kept, to Business.”73 Elkanah Watson suit ainsi un schéma assez classique : éduqué dans une école de Plymouth, jusqu’à l’âge de quatorze ans, il est ensuite placé en apprentissage chez un marchand américain, le puissant John Brown à Providence, jusqu’à l’âge de vingt-et-un ans, lorsqu’il décide de se lancer dans les affaires à son propre compte.74 Ceux dont les proches sont déjà dans le commerce rejoignent l’entreprise familiale.

On relève quelques exceptions, comme Henry Laurens qui est envoyé en formation auprès d’un négociant londonien à vingt-et-un ans, ou encore William Bingham qui effectue au même âge un Grand tour d’Europe après avoir terminé ses études au College de Philadelphie, mais ce sont là des cas isolés.

Ils disposent pour la plupart de fonds importants, qui leur permettent de financer un voyage qui dure parfois plusieurs années. William Bingham et Thomas Handasyd Perkins sont de véritables “princes marchands” : le premier s’est considérablement enrichi en Martinique pendant la guerre d’indépendance et au retour de son Grand Tour d’Europe, est devenu l’une des figures dominantes de la « cour républicaine » de Philadelphie ; le second développe un immense réseau commercial qui s’étend des Antilles jusqu’en Asie, ce qui lui permet d’amasser une fortune considérable et de rejoindre le cercle influent des « Brahmins de Boston ».75 D’autres ont un commerce et des revenus beaucoup plus modestes, tels Joseph Ballard qui débute comme simple marchand de tapis ambulant à Boston, ou encore James Oldden qui, suite à des spéculations malheureuses sur du café et du coton, fait faillite en 1813, 1816 et 1818 et meurt ruiné, en tentant de noyer ses soucis financiers dans l’alcool.

Ceux qui n’ont pas les moyens de financer leur voyage ont la possibilité d’être envoyés en mission par leur employeur : c’est le cas de Elkanah Watson qui se rend en France en qualité de coursier de John Brown, ou encore celui de John W. Godfrey, qui est employé par une société foncière américaine et chargé de vendre des terres de Géorgie et de Pennsylvanie à des investisseurs britanniques, français et hollandais. D’autres créent ou

73 Letter from Henry Laurens to John Rose, Westminster, 28 December 1771, Laurens, Papers, 141. Samuel Curwen, Benjamin Pickman, Edward Oxnard, William Smith et Francis Cabot Lowell sont diplômés d’Harvard respectivement en 1735, 1759, 1767, 1775 et 1793. William Bingham est éduqué au College de Philadelphie jusqu’en 1771. Quant à Joseph Shippen Jr., il suit ses études à Princeton jusqu’en 1753.

74 Seaburg et Paterson, Merchant Prince of Boston, 29 ; Winslow C. Watson, ed., Men and Times of the Revolution, Or, Memoirs of Elkanah Watson, Appleton & Co, 1861, 19-20.

75 Robert C. Alberts écrit dans sa biographie de William Bingham qu’en 1798, il est « l’homme le plus riche des Etats-Unis et le plus grand propriétaire terrien du pays » (The Golden Voyage, 362). C’est également ainsi que le perçoivent ses contemporains car le marchand Samuel Breck, qui le côtoie dans les années 1790, le décrit comme un « millionnaire » qui mène un train de vie des plus fastueux (Samuel Breck, Recollections, 201). Pour plus d’informations sur le mode de vie et l’influence des Binghams au sein de l’élite de Philadelphie dans les années 1790, se référer à l’article de Margaret Brown « Mr. and Mrs. Bingham of Philadelphia ». En ce qui concerne Thomas H. Perkins, Carl Seaburg et Stanley Paterson estiment sa fortune à plus d’un million de dollars (Merchant Prince of Boston, VII).

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transfèrent leur entreprise en Europe, et puisent directement dans leurs bénéfices pour

transfèrent leur entreprise en Europe, et puisent directement dans leurs bénéfices pour