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VOYAGEURS DU CORPUS :

Chapitre 3 : Le récit du voyage

C) Les illustrations

III- La figure du voyageur et son évolution

On perçoit clairement l’héritage des Lumières dans les récits de voyage du XVIIIe siècle : ils sont écrits par des voyageurs-philosophes, dont l’ambition est de partager de nouvelles connaissances et d’ouvrir leurs lecteurs sur le monde. Si aucun des marchands ne revendique ouvertement le statut de philosophe, ils sont nombreux à vouloir produire des récits utiles et savants. Pour Joshua E. White, ancien médecin, le voyage devient prétexte à des investigations scientifiques : il note par exemple la présence de nombreux goitreux dans le Derbyshire et s’entretient avec un spécialiste pour en identifier la cause. Il s’interroge également sur le lien entre le climat anglais et la récurrence de certaines maladies, ou encore s’intéresse au cas d’Ann Moore, une Anglaise qui prétend en 1807 pouvoir vivre sans s’alimenter. Il la rencontre et, convaincu de sa sincérité, fait connaître ses conclusions en publiant The History of Ann Moor : with a statement of the evidence substantiating the fact of her long abstinence ... (1812).329

in thy familiar Epistles to thy Friends” (Miers Fisher to Jabez Maud Fisher, October 29 1775, Fisher Family Papers).

329 Ann Moore (1761-1813), surnommée la « jeûneuse de Tutbury » entama un jêune de 16 jours pour prouver qu’elle ne s’alimentait plus depuis 1807, soulevant à cette occasion un grand intérêt. Il fallut attendre 1813 pour qu’une seconde expérience ne fasse éclater l’imposture en plein jour et montre que cette femme n’avait jamais complètement cessé de s’alimenter comme elle le prétendait (White, Letters on England,vol. I, 282, 285, vol. II, 143, 154, 166, 179, 294).

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Certains voyageurs ont des prétentions encyclopédiques, tel Jabez Maud Fisher qui rapporte dans ses journaux la taille des villes ou villages qu’il traverse, leur situation géographique, les moyens de communication existants, l’état des routes, les bâtiments publics, la prospérité apparente du lieu, ou encore les progrès agricoles qu’il observe. Voici un extrait de ses notes concernant Norwich en 1775 :

This Town about as large as Philadelphia, very irregular, Streets inconvenient.

The River divides it near the middle which has 5 Bridges over it. This City has 34 Churches in it besides a large Cathedral, Steeple 105 yards high. Here stands on an Elevation a famous old Castle, now converted to a Prison. (Fisher, American Quaker, 34)

Il multiplie les chiffres – le nombre d’habitations dans un village, les dimensions de bâtiments importants ou de machines, le prix de marchandises, ou encore la distance entre deux localités –, ainsi que les énumérations exhaustives, même lorsqu’il s’agit de détailler des ornements d’un jardin paysager, comme à Studley :

The Cascades, natural and artificial, Canals, Lakes, Walks, Views, Groves, Shrubberies, Obelisks, temples, Rotundos, Images, Urns, Seats, Towers, Fields, Gardens, hedges, Lawns, Fields, Hills, Vallies, Rocks, Mountains, Islands, Avenues and Banqueting house which take up the Pleasure Grounds, are more astonishingly beautifull. (Fisher, American Quaker, 45)

Le voyageur se propose même de classer par type les diverses marchandises produites à Manchester, prenant pour modèle le naturaliste suédois Carl von Linné (1707-1778) (Fisher, American Quaker, 236).

Jonathan Williams incarne également le voyageur-scientifique : dans le journal du voyage de son grand-oncle Benjamin Franklin et de deux de ses amis dans le nord de l’Angleterre, le jeune marchand consigne ses observations sur le canal du Duc de Bridgewater, les mines de charbon à Worsley, la rencontre avec le célèbre chimiste Dr Priestley à Leeds qui réalise plusieurs expériences devant les visiteurs, ou encore décrit les divers procédés de découpage et de polissage du marbre près de Bakewell, de fabrication de la porcelaine, du tissage du textile à Derby, ainsi que de la fonte de minerai de fer à Sheffield.330

Ce type de voyageur érudit propose de nombreuses références classiques, sur le modèle des Remarks on Several Parts of Italy (1705) de Joseph Addison, dans lequel on voyage davantage à travers l’Italie des poètes et autres auteurs antiques qu’au sein de la société

330 Jonathan Williams, Journal of a tour through England with Benjamin Franklin, Jan Ingenhousz, and John Canton, 1771. Une copie sur microfiche du manuscrit est consultable à American Philosophical Society, Philadelphie.

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italienne du XVIIIe siècle.331 Si aucun des marchands n’agrémente son récit de citations latines, car la plupart ne maîtrisent pas les langues anciennes, plusieurs font référence à des divinités antiques. Ainsi, lorsque Jabez Maud Fisher pénètre dans la caverne de Devil’s Peak dans le Peak District, il compare son excursion en barque à un voyage dans les Enfers, franchissant le Styx, guidé par Charon (Fisher, 244).332 William Palfrey quant à lui opère un rapprochement entre la manufacture de verre de Samuel Taylor et l’antre des cyclopes : « The smoke and darkness of the place and the intense heat of the furnaces reminded me of the description of the Den of the Cyclops » (Palfrey, 9 March 1771). Malcolm Andrews identifie ces visiteurs comme la première génération de “touristes pittoresques”. Héritiers du néoclassicisme, ils jugent ce qu’ils observent par rapport à des critères de beauté rationnels et non par rapport à leurs sentiments (Andrews, 4-50).

Dans le même temps, on assiste dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle à un passage

“de l’ère de la raison à celle de la sensibilité”, qui s’accompagne de l’apparition des

« touristes sentimentaux » (Jean Viviès, Le Récit de voyage en Angleterre au XVIIIe siècle, 36-39). Ce voyageur sentimental cherche à divertir son public plus qu’à l’instruire, et son attention se porte sur le sujet et non plus uniquement l’objet (Charles Batten, Pleasurable Instruction, 39-46). Le voyage devient une « expérience du moi », en suivant un parcours qui laisse davantage la place au hasard et à l’aventure, à une « exaltation des sens » plutôt qu’à une « éducation du jugement » ou « une austère somme de connaissances».333 Accompagnant cette évolution, on remarque un abandon progressif des prétentions cosmopolites au profit d’une posture de plus en plus patriotique, le séjour permettant de vanter la supériorité du pays d’origine. Les relations savantes peuvent alors se transformer en des témoignages plus personnels : l’auteur se place au centre de son récit et communique davantage son ressenti. Ce n’est plus tant les objets de curiosité ou un endroit qui les intéressent, mais leur réaction à ces lieux. Le visiteur devient le héros de sa propre histoire, auquel le lecteur peut s’identifier pour partager ses aventures.

Signe de cette évolution, dans une critique littéraire du récit de voyage de Joshua E.

White en 1816, on reproche à l’auteur de ne pas suffisamment exprimer sa sensibilité : In Great Britain, which has been so repeatedly described by other travellers, and about which little new information can be expected, a person must be endowed

331 Turner, British Travel Writers, 26-27.

332 Pour donner un autre exemple, Fisher parle de Vulcain lorsqu’il visite les forges du port de Portsmouth, ou encore de Flore et de Vénus dans les jardins de Hagley Hall (Fisher, American Quaker, 127, 260).

333 Nicolas Bourguinat, “Un temps de rupture dans l’histoire des pratiques du voyage,” Voyager en Europe de Humboldt à Stendhal, 16-17.

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with a pretty refined sensibility, and be able, withal, to give us an accurate account of his own feelings, and of his own personal adventures –in order to produce an interesting volume of travels. (“Letters on England… by Joshua E.

White”, Analectic Magazine and Naval Chronicle, November 1816)

Mary Turner Sargent témoigne également de cette nouvelle tendance. Lorsqu’elle lit le récit de voyage de son compatriote Benjamin Silliman durant sa traversée vers l’Europe en 1815, elle apprécie sa sensibilité et ses facultés à rendre compte de ses émotions :

I finished today Mr Silliman’s pleasing & instructive journal. He evinces, I think, an intelligent mind, & a feeling heart. I like his plan of writing extremely, he does not confine his narrative to barren descriptions, & dimensions of places;

which information can always be found in books appropriated to such intelligence; but describes his own ideas & impressions, in a clear & entertaining manner. (June 6, 1814, Journal)

Le voyageur sentimental fait la part belle à ses impressions personnelles : la comparaison entre le journal du séjour de Thomas H. Perkins en 1795 et celui de 1811 est frappante à cet égard. Lorsque le marchand assiste à une représentation d’Isabella du dramaturge Thomas Southerne à Covent Garden en 1811, il évoque la manière dont il ressent le jeu de la célèbre actrice Sarah Siddons, sujet qu’il n’avait nullement abordé lors de son premier voyage :

In the scene when the discovery of Peron is made, [Mrs Siddon’s] eyes show a wildness which makes my hair stand on end whilst I am waiting. It is indescribable, and in the last act when she stabs herself and laughs at the world and her enemies, it is calculated to break the heart. (Perkins, September 28 1811, Diary)

Par ailleurs, il se rend à Stratford-upon-Avon au cours de son deuxième séjour, étape qui ne figurait pas à son programme en 1795, et fait part de la profonde émotion qui l’envahit face à la tombe de Shakespeare : “I felt a degree of awe in finding myself near to the remains of this great man” (Perkins, Diary, 1812, Papers).

Les sentiments des visiteurs s’expriment également à travers l’appréciation des paysages. Dès les années 1770-1780, le Révérend William Gilpin lance la mode des excursions dans les Iles britanniques à la recherche de paysages pittoresques qui procurent un plaisir esthétique334 et une fois encore, les marchands américains suivent la tendance. Jabez

334 Charles Batten situe le triomphe du “voyage pittoresque” dans les années 1780-1790, mais selon Christopher Hussey, le changement s’amorce dès 1768 (Batten 29, 98). William Gilpin propose la définition suivante du pittoresque dans ses Trois Essais sur le beau pittoresque (1792) : les objets beaux sont ceux qui plaisent à l’œil dans leur état naturel, ils présentent un aspect lisse, régulier, alors que les objets pittoresques possèdent une qualité qui en fait de bons sujets de tableaux (36). Ils sont rugueux, leurs courbes irrégulières et contrastées, et il

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Maud Fisher incarne parfaitement ce touriste pittoresque. Il s’extasie devant les ruines de l’abbaye de Tintern,335 et sillonne à deux reprises le Lake District. Il a parfaitement intégré les principes énoncés par Gilpin, lorsqu’il décrit les paysages à la manière d’un tableau et souligne la valeur esthétique de la vue qui s’offre à lui. Ainsi, à Pont Aber Glass Lynn au Pays de Galles, il découpe la scène en quatre plans : une cascade à ses pieds, des terres cultivées au centre, de hautes montagnes ceinturant la vallée à l’arrière-plan, le tout dominé par le sommet majestueux du Snowdon à l’horizon :

A more beautiful and romantic Spot cannot be conceived : on one Side the Sea expending to our View a prospect boundless and interminable ; on the other the proudest Mountains of Wales rise with Majestic Horror, piercing the Canopy of the Heavens with their pointed, craggy and irregular Summits. Half way up the Sheep and Cattle chequer the Landscape. Here and there a little Cottage, the Residence of some solitary and philosophic Peasant with smoaking Chimnay (sic) excites our admiration. Above, […] black Rocks and enormous Stones [appear] in huge Piles ready to roll down on the gaping Traveller […]. Above all these the Royal Snowdon lifting his exulting Dome […]. At our feet falls a beautiful Cascade, roaring under a fine Arched Bridge, shaking the Cavers of the Rocks and reverberating with Echo’s from the craggy Sides. (Fisher, American Quaker, 233) Il clôt même sa description en faisant référence à une vraie toile : Snowdon from Llyn Nantlle, peinte par Richard Wilson (1714-1782) en 1765. Il fait également écho aux théories d’Edmund Burke sur le beau et le sublime336 en décrivant d’une part, une scène pastorale renvoyant à un âge d’or où le fermier-philosophe vit en harmonie avec la nature, une scène dont la beauté procure un sentiment d’apaisement et de tranquillité au spectateur ; et de l’autre, des montagnes « horribles » et des rochers «énormes » qui menacent le visiteur imprudent et provoquent son effroi. Remarquons que le spectateur ne domine pas la scène mais est entouré par les montagnes, on nous offre donc un point de vue en contre-plongée, typique de l’époque romantique (Malcolm Andrews, The Search for the Picturesque, 5-8, 94).

offrent une certaine variété dans leur aspect (William Gilpin, Three Essays : on Picturesque Beauty ; on Picturesque Travel ; and on Sketching Landscape..., London, printed for R. Blamine, 1792, Essay I, 3-27). La quête de paysages pittoresques s’effectue sur le sol britannique et le fait que le continent européen soit fermé aux touristes britanniques à partir des années 1790, en raison des guerres révolutionnaires puis napoléoniennes, n’est pas étranger au succès de cette tendance.

335 Fisher, American Quaker, 204-207: «This Day’s ride for Prospects of the sublime and beautiful exceeds all my others. »

336 Dans son essai sur le beau et le sublime (A Philosophical Enquiry into the Origin of Our Ideas of the Sublime and Beautiful, 1757), Edmund Burke s’intéresse au rapport entre la nature et l’âme humaine, à l’influence du paysage sur les sentiments du spectateur, le beau étant associé au plaisir, à l’agréable, et le sublime à l’effroi :

“sublime objects are vast in their dimensions, beautiful ones comparatively small : beauty should be smooth and polished ; the great, rugged and negligent […] beauty should not be obscure ; the great ought to be dark and gloomy : beauty should be light and delicate ; the great ought to be solid, and even massive. They are indeed ideas of a very different nature, one being founded on pain, the other on pleasure […]” (Section XXVII, “The Sublime and Beautiful Compared.”, A Philosophical Enquiry…, Montrose, Printed by D. Buchanan, 1803, 141).

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Le voyageur pittoresque se caractérise également par sa perception esthétique des ruines,337 comme en témoigne Fisher lors de sa visite du château de Conwy au nord du Pays de Galles : « The Castle is just in sufficient Ruin to make it a pleasing object in the landscape » (Fisher, American Quaker, 226). De la même manière, il écrit que le manteau de lierre recouvrant le château de Caerphilly au nord de Cardiff renforce la « grandeur » et le caractère « sublime » de l’édifice (Fisher, American Quaker, 208). Les ruines sont également perçues comme des memento mori, symboles de la vanité humaine et du caractère transitoire de la vie. C’est l’interprétation qu’en fait Joshua E. White, lorsqu’il se rend au château de Kenilworth en 1810 : « Feelings of reverence and melancholy seize the soul while we are surveying the naked and mouldering ruins of a place, once the seat of pomp, splendour, and hilarity; but now the haunts of rooks and owls, and reptiles” (White, vol. II, 125-126).

Par ailleurs, en suivant le modèle des membres les plus aisés de la société britannique, les marchands partent en quête de sublime dans le Peak District et la région du Snowdon. Ces lieux autrefois perçus comme déplaisants acquièrent pendant la période une popularité sans précédent et attirent des visiteurs à la recherche d’émotions fortes face à l’« horreur majestueuse » de ces montagnes.338 Le spectacle « chaotique » et « grandiose » qu’offrent le Cadder Idris et le Snowdon provoque ainsi terreur et effroi chez Jabez Maud Fisher en 1776 :

“[The most awful and sublime Mountains] are dressed in all the horrors that the imagination can suggest and excite the Terror in the Minds of the Spectator” (Fisher, American Quaker, 221).339 On retrouve chez ce marchand tous les adjectifs caractéristiques du sublime : la vallée

337 En effet, William Gilpin écrit dans ses Trois Essais sur le beau pittoresque : « Is there a greater ornament of landscape, than the ruins of a castle ? […] among all the objects of art, the picturesque eye is perhaps most inquisitive after the elegant relics of ancient architecture; the ruined tower, the Gothic arch, the remains of castles, and abbeys. [These] almost deserve the veneration we pay to the works of nature itself” (Gilpin, Three Essays, 27, 46). Rien d’étonnant à ce que les ruines plaisent au visiteur pittoresque compte tenu de leurs formes irrégulières, qui offrent des contrastes d’ombre et de lumière et en font de parfaits sujets de peintures de paysages.

338 Ces randonnées pédestres dans les montagnes arides du royaume, qui provoquent des émotions contradictoires chez le voyageur (un mélange d’épouvante et de plaisir), deviennent un topos du récit de voyage, au même titre qu’une attaque de la diligence par des bandits de grand chemin. Pour donner quelques exemples : en 1777, Samuel Curwen s’imagine avec horreur basculer au fond du précipice qui borde la route qu’il emprunte pour traverser le Peak District. En visitant la « terrifiante » caverne surnommée Devil’s Arse, il est toutefois

« profondément charmé » par la grandeur des lieux qu’il découvre à la lueur des bougies (Curwen, Journal of SC Loyalist, 355-356). Lorsque Joseph Ballard se rend à son tour dans une grotte en 1815, il est « électrifié » par l’écho « assourdissant » provoqué par la détonation d’un fusil. Sur la route vers Manchester, il connaît également quelques sensations fortes en longeant le précipice : « the least deviation of the horses would have hurled us to destruction » (Ballard, 63, 72). Citons enfin un extrait des journaux d’Elkanah Watson qui manie avec talent l’oxymore. Le visiteur est “agréablement alarmé” par la scène “romantique, effrayante et majestueuse” qui se présente à lui sur une route de montagne près de Matlock en 1782 : “I never was so singularly supriz’d & I may almost say agreably alarm’d, as when we descended the foot of the hill […]; we wound round upon the edge of the murmuring, & at time, roaring river, & all the way between a range of lofty mountains seem’d to lift up their heads to the clouds; upon both dies of us the frightful rocks handing over in the most threatening manner.”

(Watson, 23 October 1782, Travels in Europe, Papers)

339 Fisher, American Quaker, 221: “[The Mountains] are dressed in all the horrors that the imagination can suggest and excite the Terror in the Minds of the Spectator.”

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menant au Snowdon est décrite comme « mélancolique », entourée de montagnes « sombres et effrayantes », le ruisseau « au murmure rauque » devient bientôt « enragé », alors qu’il s’avance sur une route “lugubre et sombre” longeant des précipices « terrifiants ». Au tournant du siècle, les marchands imitent une fois encore les classes éduquées britanniques en prisant le caractère authentique de ces régions : ils recherchent une nature qui n’a pas encore été domptée par l’homme, et des habitants barbares mais innocents et vertueux, sortes de

« bons sauvages » préservés de la corruption par l’absence de contacts avec la civilisation (Andrews, The Search for the Picturesque, 110-150)..340 Lors de leur excursion dans les Highlands en 1799, Joseph et Beulah Sansom sont ainsi ravis de faire un bout de chemin avec des paysannes qui entonnent des chants traditionnels (Joseph Sansom to Sarah Biddle, Kendal, August 31st 1799, Papers). A leur retour et forts de ces expériences, les voyageurs chercheront ensuite à retrouver les mêmes valeurs esthétiques sur leur propre continent, dans les paysages sauvages de l’Ouest américain.

Les sites industriels sont également appréciés pour leurs qualités esthétiques et décrits comme des objets sublimes.341 Les épaisses colonnes de fumée que « vomissent » les mines de cuivre de Swansea ont pour Jabez Maud Fisher « un effet plaisant sur le paysage » et

« égayent la scène », tout comme le mouvement des navires dans le port à proximité (Fisher, American Quaker, 210). Les hauts fourneaux de Colebrookdale, que le voyageur découvre de nuit, sont comparés à Pandemonium, la capitale des Enfers dans Le Paradis Perdu de John Milton, et ses fourneaux et forges brûlant de mille flammes à « des Etnas et des Vésuves » :

« The Prospect is awful and magnificent. The curling Clouds rising in successive Columns add greatly to the Beauty and Grandeur of it » (Fisher, American Quaker, 264).

On perçoit d’autre part l’influence du romantisme. En 1816, Charles Longstreth se rend à plusieurs reprises dans la cathédrale de York, en particulier au coucher du soleil, afin

On perçoit d’autre part l’influence du romantisme. En 1816, Charles Longstreth se rend à plusieurs reprises dans la cathédrale de York, en particulier au coucher du soleil, afin