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Phases historiques d’existence de surmortalité des jeunes adultesadultes

surmortalité des jeunes adultes

4.2 Existence de la surmortalité des jeunes adultes au cours du tempsau cours du temps

4.2.2 Phases historiques d’existence de surmortalité des jeunes adultesadultes

Ayant établi l’existence de moments pendant lesquelles la surmortalité des jeunes adultes n’existait pas, nous pouvons à présent tester une affirmations is-sue de l’hypothèse exogène, à savoir si la surmortalité des jeunes adultes évolue en fonction du contexte de transition à l’âge adulte. La question est alors de situer historiquement ces phases en distinguant l’évolution propre à chaque sexe. Nous

Figure4.11 – Cas de non-convergence complète par pays

BLR BEL DNK FIN NLD SWE TWN

F−per F−coh M−per M−coh

0 2 4 6 8 10 12 14

commencerons par adopter une perspective transversale, puis comparerons nos ré-sultats avec ceux obtenus par la perspective longitudinale. Par cette procédure, nous serons en mesure de distinguer les effets liés aux événements soudains, des évolutions s’étalant entre cohortes successives.

Avant le milieu du XXe siècle (figure 4.12), nous observons une alternance pas-sablement irrégulière de phases d’existence et d’absence de la surmortalité des jeunes femmes. Parmi les pays connaissant des phases d’absence, notons les cas de la Suède, du Danemark, de la Finlande, voire des Pays-Bas16. Ainsi, entre 1750 et 1800, la surmortalité des jeunes femmes n’a de justification statistique que dans moins de 60% du temps. Au Danemark, entre 1835 et 1900, dans presque une année sur deux la surmortalité n’est pas significative, et en Finlande, entre 1878 et 1910, il s’agit de 13 années sur 33. La situation est cependant diamétralement opposée au

16. Nous reviendrons plus tard sur les cas litigieux de l’Italie et de l’Espagne

Figure4.12 – Existence de la surmortalité des jeunes adultes : perspective trans-versale

Femmes − distribution

1751 1781 1811 1841 1871 1901 1931 1961 1991 0.0

0.2 0.4 0.6 0.8 1.0

présence absence convergence

Femmes − par pays

1751 1781 1811 1841 1871 1901 1931 1961 1991 SWEFRADNKBEL

NORNLDESPAUSCANUSAPRTSWIFINITAUK BGRCZESVKAUTJPNNZLIRL HUN GER−E GER−WTWNPOLUKRRUSBLRESTLTULVA

Hommes − distribution

1751 1781 1811 1841 1871 1901 1931 1961 1991 0.0

0.2 0.4 0.6 0.8 1.0

présence absence convergence

Hommes − par pays

1751 1781 1811 1841 1871 1901 1931 1961 1991 SWEFRADNKBEL

NORNLDESPCANAUSUSAPRTSWIFINITAUK BGRSVKAUTJPNNZLIRL HUNCZE GER−WGER−ETWNPOLUKRRUSBLRESTLTULVA

même moment en France, en Belgique, en Suisse et en Norvège, où la surmortalité des jeunes femmes reste significative pour la quasi-totalité des années observées.

De manière générale, jusqu’aux années 1950, on compte chaque année entre 80 et 90% de pays où la surmortalité des jeunes femmes est significative.

Quant aux hommes, un motif similaire semble se dégager, avec des périodes plus ou moins marquées par l’absence de surmortalité des jeunes hommes en Suède, au Danemark et en Finlande, alors que dans les autres pays la surmortalité reste la règle. Une nuance tout de même, la densité des années d’absence de surmortalité est nettement moins élevée que dans le cas des femmes : seulement 20 années en Suède entre 1750 et 1800, 8 au Danemark entre 1835 et 1900 et 11 en Finlande entre 1878 et 1910. En moyenne, avant 1950, on compte chaque année au moins 90% de pays dans lesquels la surmortalité des jeunes hommes est significative.

Une deuxième période se distingue clairement entre le milieu du XXe siècle et la fin des années 1980. Chez les femmes, la proportion de pays sans surmortalité significative passe alors de 10% au début des années 1940, à plus de 60% entre 1958 et 1978, avec un maximum de 81% atteint en 1969. Cette disparition de la surmortalité des jeunes femmes concerne tous les pays observés, à l’exception de l’Allemagne de l’Ouest, du Japon, des Etats-Unis et de la France.

Chez les hommes, ce phénomène est nettement moins marqué. La proportion de pays sans surmortalité passe de moins de 10% avant 1950, à environ 20-25%

entre 1953 et 1966, et ne dépasse jamais 30% (maximum atteint en 1953 et 1954).

Toutefois, comme dans le cas des femmes, peu de pays ne sont pas du tout concer-nés par cette disparition ; à l’Allemagne de l’Ouest, le Japon, les Etats-Unis et la France s’ajoutent cette fois-ci l’Allemagne de l’Est et l’Autriche. Même si au total, quasiment le même nombre de pays sont concernés, la différence entre les deux sexes se joue principalement sur le nombre d’années d’absence par pays. Chez les hommes, en effet, les périodes sans surmortalité excèdent rarement cinq ans, sauf dans le cas de la Finlande, de l’Irlande, du Portugal, de l’Espagne, de la Biélorussie, de l’Ukraine et peut-être de Taiwan.

Suite à cet épisode d’une trentaine d’années pour les femmes et d’une dizaine d’année chez les hommes, la surmortalité des jeunes adultes redevient significative dans la grande majorité des pays. Depuis la fin des années 1980, pour les deux sexes, la proportion de pays dans lesquels la surmortalité n’est pas significative est tombée à environ 20% et semble s’être stabilisée à ce niveau.

Observée selon une perspective transversale, l’histoire de la surmortalité des jeunes adultes semble donc être essentiellement divisée en trois grandes périodes historiques. Avant environ 1950, il s’agit d’un phénomène largement répandu à l’ex-ception de quelques poches d’absence en Europe du Nord. Entre les années 1950 et 1980, la surmortalité des jeunes femmes disparait dans la plupart des pays alors que celle des jeunes hommes résiste et réapparait plus vite. Enfin, depuis les années 1980 la surmortalité des jeunes adultes est redevenue un phénomène courant. Vue d’une autre manière, la période 1950-1980 peut être considérée comme une paren-thèse heureuse et singulière de disparition de la surmortalité des jeunes adultes.

La perspective longitudinale (figure 4.13) confirme en grande partie les évolu-tions mises en évidences par la perspective transversale, pour la simple raison que la bosse de surmortalité des jeunes adultes observée une certaine année est formée par un nombre restreint de cohortes. En conséquence, la bosse observée de manière transversale à l’année t correspond plus ou moins à celle observée sur la cohorte née ent−20.

Ainsi, comme attendu, les cohortes de femmes nées entre 1920 et 1950 connaissent nettement plus de cas d’absence de surmortalité que les cohortes qui les entourent.

En effet, ces générations avaient de 20 à 30 ans dans les années 1940 à 1980. Chez les hommes, on retrouve également une augmentation de la proportion des pays

Figure 4.13 – Existence de la surmortalité des jeunes adultes : perspective longi-tudinale

Femmes − distribution

1751 1781 1811 1841 1871 1901 1931 1961 1991 0.0

0.2 0.4 0.6 0.8 1.0

présence absence convergence

Femmes − par pays

1751 1781 1811 1841 1871 1901 1931 1961 1991 SWEFRADNKBEL

NORNLDESPCANAUSUSAPRTSWIFINITAUK BGRCZEAUTJPNNZL HUNSVKIRL GER−WGER−ETWNPOLUKRRUSBLRESTLVALTU

Hommes − distribution

1751 1781 1811 1841 1871 1901 1931 1961 1991 0.0

0.2 0.4 0.6 0.8 1.0

présence absence convergence

Hommes − par pays

1751 1781 1811 1841 1871 1901 1931 1961 1991 SWEFRADNKBEL

NORNLDESPAUSCANUSAPRTSWIFINITAUK BGRCZESVKJPNAUTNZLIRL GER−WGER−EHUNTWNPOLUKRRUSESTBLRLTULVA

dans lesquels la surmortalité a disparu autour des générations nées entre 1930 et 1960. Depuis 1960, plus aucune cohorte masculine n’a montré un signe d’absence de surmortalité dans aucun pays observé.

La perspective longitudinale permet toutefois d’ajouter un niveau supplémen-taire d’analyse. En effet, le phénomène de disparition de la surmortalité des jeunes femmes semble, au niveau des cohortes, se concentrer autour de trois cohortes nées respectivement en 1918-1922, 1932-1944 et 1958-63. Ce qui en perspective trans-versale prenait l’apparence d’une évolution uniforme apparait donc cette-fois de manière plus segmentée. De manière encore plus surprenante, chez les hommes, la disparition de la surmortalité est concentrée sur quelques cohortes nées entre 1932 et 1939. Nous aurons l’occasion de revenir sur ce phénomène étonnant.

La seconde affirmation que nous avons testée, à savoir l’existence d’une évolu-tion séculaire dans l’existence de la surmortalité des jeunes adultes, semble donc confirmée par nos analyses préliminaires. Nous avons dégagé l’existence d’une chro-nologie ternaire dans l’évolution historique de la surmortalité des jeunes adultes, ce qui tend à souligner l’importance des facteurs exogènes dans la formation du phénomène. Toutefois, afin de gagner en finesse dans notre analyse, il nous faut avoir recours à la mesure de l’espérance de vie perdue eh, ainsi qu’à l’analyse des causes de décès.