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Concernant l’âge des patientes soignées dans le canton de Genève, un constat : le groupe d’âge le plus représenté est celui des jeunes adultes (18-27 ans) comme l’illustre ce graphique.

Graphique 1: répartition selon les groupes d’âge des patientes.

Source : Clara Barrelet

L’âge moyen des personnes traitées pour une tuberculose à cette période dans le canton de Genève est d’environ 39 ans et l’âge médian de 32 ans. Concernant les personnes suisses traitées pour une tuberculose, les autorités et les professionnelles de la santé disent souvent qu’en Suisse ce sont principalement des personnes âgées. Or, ce constat est moins significatif pour le canton de Genève. En effet, parmi les personnes nées en Suisse et soignées pour une tuberculose dans le canton de Genève, l’âge médian est de 50 ans, tandis que l’âge médian des patientes nées en Suisse et diagnostiquées comme atteintes de tuberculose au niveau national est de 67 ans191.

La répartition des sexes des personnes majeures traitées pour une tuberculose dans le canton de Genève est de 48% femmes (54 personnes) et 52% hommes (59 individus). La population du canton en 2011 étant composée de 52% de femmes (241'248 personnes) et 48% d’hommes (224'670 hommes). Il y a donc un peu plus d’hommes que de femmes traitées pour une tuberculose dans le canton de Genève par rapport à la population générale.

Dans le canton de Genève durant ces 20 mois, un peu plus d’un tiers des personnes traitées pour une tuberculose est né en Afrique (38%), un peu moins d’un tiers est né en Europe (30%), dont 15% en Suisse, et un peu moins d’un quart est né en Asie (23%) ; quant aux personnes nées en Amérique du Nord, centrale et du Sud, elles représentent moins d’un dixième (8%)192.

191 OFSP 2012, p.13.

192 Plutôt que de mobiliser les catégories d’origine et de nationalité qui peuvent impliquer d’en avoir plusieurs et sont parfois renseignées par les professionnelles

33

2012 13 9 5 4 1 2

1 2 3

1 1

0 2 4 5 10 15 20 25 30 35 40

0-7 ans 8-17ans 18-27ans 28-37ans 38-47ans 48-57ans 58-67ans 68-77ans 78-87ans 88 et +

Vert : mineures

Bleu : adultes suivies à l’hôpital public

Rouge : adultes suivies hors de l’hôpital public

Concernant le statut juridique des patientes traitées dans le canton de Genève, un peu plus d’un quart a un passeport suisse (28%), un peu moins d’un quart est détentrice d’un permis d’établissement (permis C) ou de séjour (permis B) (20%), un quart n’est pas en possession d’une autorisation de séjour en Suisse ou celle-ci arrive à échéance (16% de sans-papiers, 8% de frappée d’une NEM ou déboutées de l’asile). Le dernier quart regroupe 12% de membres du personnel des missions diplomatiques, des postes consulaires et des personnes autorisées à les accompagner (carte de légitimation), 8% détentrices de permis provisoires (permis F ou L) et 4% de personnes requérantes d’asile (permis N)193. Enfin 1%

est de passage et 3% a un statut juridique qui m’est inconnu n’ayant pas eu accès à cette donnée pour 3 des 113 personnes.

Je propose une typologie basée sur le statut juridique respectif des patientes précarisées dans la mesure où celui-ci a un impact sur leurs conditions de vie et leurs expériences partagées dans la société suisse, ainsi que des situations de soin et de prévention similaires dans le dispositif de la lutte contre la tuberculose.

4.3.2. Les patientes précarisées : une typologie basée sur les statuts juridiques

Les expériences dont témoignent les patientes du dispositif de la lutte contre la tuberculose à l’hôpital varient, de même que les manières dont elles répondent aux procédés, négocient et élaborent des tactiques pour s’accommoder du dispositif et ne pas en pâtir. Le principal facteur influençant le vécu des patientes et leurs tactiques est les conditions de vie dont elles bénéficient à l’extérieur de l’hôpital au moment de leur hospitalisation, ainsi que leurs expériences passées.

Je définis heuristiquement deux groupes à l’intérieur desquels les expériences du dispositif sont suffisamment proches pour les assembler de sorte à faire émerger

différemment, j’ai opté pour le lieu de naissance. Le pays de naissance demeure probablement approximatif pour certaines personnes, notamment des requérantes d’asile pour lesquelles énoncer leur nationalité peut représenter un enjeu poussant la personne à signaler un autre pays de naissance, en général un pays voisin ou de la région. Il me manque cette information pour 1 des 113 personnes. Pour le détail des pays de naissance voir les annexes.

193 Les personnes attendant une décision ont un permis N ; celles ayant reçu une admission provisoire ont un permis F ou une admission de courte durée (un permis L). Les personnes nommées « déboutées de l’asile » sont celles à qui les autorités de migration n’ont pas accordé l’asile après instruction de leur dossier.

Les personnes ayant reçue une Non Entrée en Matière sont communément nommées les « NEM », le gouvernement refusant d’instruire leur demande d’asile.

Je regroupe dans la catégorie « Genève internationale » les employées des institutions internationales, des ambassades et des missions diplomatiques et également leurs enfants, leurs partenaires ainsi que leurs employées, effectuant un travail domestique dans leur sphère privée ; elles avaient une « carte de légitimation ».

des tendances au-delà d’une multiplicité d’expériences qui me sont apparues dans un premier temps.

Le premier groupe que je nomme les « stabilisées par l’Etat » comprend la majorité des Suisses, les personnes ayant des permis B, C, ou une carte de légitimation internationale, appartenant à la classe sociale moyenne et élevée, qui possèdent des conditions de vie stables que leur procurent le droit à un logement, à un travail déclaré et aux assurances médicales et sociales. Le second que j’intitule les « précarisées par l’Etat » regroupe les personnes ayant des conditions de vie précaires, principalement les personnes sans-papiers, les requérantes d’asile, les personnes ayant un permis F, ayant été déboutées de l’asile et ayant été frappées d’une NEM. Leurs statuts juridiques en Suisse ne leur donnent pas les mêmes droits qu’aux premières (emploi déclaré, sécurité sociale, logement propre, assurances médicales et sociales).

Le second groupe fait l’objet d’une analyse approfondie dans les chapitres de la partie III qui traite de l’articulation entre migration et tuberculose et pour lequel je détaillerai encore certaines expériences et tactiques ultérieurement. Cependant, afin de mieux comprendre les témoignages des personnes traitées pour une tuberculose ainsi que les expériences qu’elles font du dispositif, je fournis déjà des données sur les conditions de vie de ces catégories de patientes. Je présente ici quatre axes concernant les conditions de vie : le travail ou le moyen d’obtenir un revenu, les assurances, l’entourage, ainsi que les limites et les perspectives de vie en Suisse. Je regroupe ces personnes précarisées selon leur statut juridique en Suisse, parce que ce dernier influence grandement leurs conditions de vie en Suisse. En effet, c’est entre autres sur la base de celui-ci que les professionnelles des institutions de l’Etat194 discriminent entre les personnes qui ont le droit et celles qui n’ont pas le droit à leurs prestations et qu’elles déterminent à quelles prestations elles ont droit.

I. Personnes requérantes d’asile : en attente (permis N) et admission