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P ROBLÉMATIQUES DE RECHERCHES ET PERSPECTIVES THÉORIQUES

ÉTHIQUE DES DONNÉES

3.6 P ROBLÉMATIQUES DE RECHERCHES ET PERSPECTIVES THÉORIQUES

En ce qui concerne la provenance scientifique des recherches, c’est-à-dire le domaine de rattachement institutionnel du premier auteur, on constate un fort intérêt porté par les

86 enseignants-chercheurs des sciences du langage, y inclut la didactique des langues-cultures, pour Facebook. Outre la prédominance de ce domaine, les disciplines non linguistiques comme les sciences de l’éducation, et les sciences de l’information et de la communication sont aussi fortement représentées.

Domaine de rattachement de l’auteur Fréqence

Sciences de l’éducation 9 (23.6%)

Sciences de l’information et de la communication 8 (21%)

Sciences du langage 9 (23.6%)

Sociologie et psychologie 2 (5.2%)

Sciences économiques et management 3 (7.8%)

Études anglophones 1 (2.6%)

Non identifié 2 (2.6%)

Autres 4 (10.5%)

Total 38 (100%)

Tableau 12: récapitulatif des disciplines de rattachement des recherches menées autour de FB

Cette diversification des disciplines apporte des regards différents à des problématiques diverses. Pour faciliter la lecture de l’analyse, nous avons regroupé les différentes problématiques autour de cinq questions centrales, en sachant que certaines études peuvent traiter d’une ou de plusieurs problématiques :

 Quels usages font les étudiants de Facebook dans un contexte formel ou informel ? Quelles sont les raisons pour lesquelles ils l’utilisent ? (11 occurrences)

 Quels sont les effets et les apports de l’utilisation de FB à l’appropriation dans un contexte formel ou informel ? Quels sont les comportements des étudiants vis-à-vis de l’intégration du réseau socionumérique en classe ? (14 occurrences)

 Quels sont les comportements linguistiques observés chez les apprenants sur FB ? (4 occurrences)

87  Quelle est la relation entre l’utilisation de FB au quotidien et d’autres variables comme la performance académique, l’engagement des étudiants ou unwilling-

to-communicate ? (4 occurrences)

 Quelles sont les perceptions des étudiants et des professeurs vis-à-vis de Facebook ? perçoivent-ils le réseau socionumérique comme utile à l’apprentissage ? (6 occurrences)

L’usage réel des étudiants est l’une des problématiques traitées dans les recherches. Toutefois, on constate que ces usages « réels » sont interrogés par des questionnaires, seule l’étude de Selwyn (2009) est basée sur des données invoquées : analyse de contenu des profils sur FB de plusieurs étudiants. Il est légitime de nous demander à ce propos si les données déclaratives reflètent bien la réalité des usages et si les utilisateurs rapportent fidèlement leurs usages.

Lorsqu’il s’agit d’étudier les effets ou les apports de l’utilisation de FB en classe, les chercheurs mènent souvent des expériences et récoltent des informations sur les effets de cette utilisation par le biais des questionnaires (Sockett, 2011 ; Q. Wang et al., 2012) ou des pré- tests et post-tests (Bowman et Akcaoglu, 2014 ; Carpi, 2014 ; Lin, Hou, Wu et Chang, 2014 ; O’Bannon et al., 2013). Or, ces études ne contrôlent pas les différentes variables qui sont très nombreuses dans une situation d’apprentissage. Ajoutons à cela que rares sont les études qui adoptent une approche expérimentale à proprement parler avec un groupe témoin et un groupe d’expérience. On peut, donc, parler des apports perçus par les étudiants et qui sont souvent davantage liés à l’activité menée qu’à l’outil utilisé. Par conséquent, les apports relevés dans les différentes recherches devraient être pris en compte avec précaution.

En sciences du langage, l’intérêt se porte sur la description des pratiques discursives des étudiants et elle se base souvent sur l’analyse des échanges en ligne (Lamy, 2011 ; Liaw et English, 2013). Cependant, aucune étude dans le corpus des travaux n’a fait allusion à la théorie d’acquisition d’une langue seconde. La même remarque a été faite par Guichon (op.cit.), quand il note que la référence à l’acquisition d’une langue seconde est quasi absente de son analyse des articles publiés dans la revue Alsic. Il est important de rappeler que le cadre théorique chez certains chercheurs n’était pas toujours clairement annoncé.

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3.7 M

ÉTHODES DE RECUEIL DE DONNÉES ET D

ANALYSE

Outre les perspectives théoriques dont se réclament les chercheurs, une analyse de la production scientifique portant sur FB et l’apprentissage peut être abordée du point de vue des méthodologies adoptées. Une étude plus attentive laisse entrevoir une préférence des méthodes quantitative dans les recherches anglo-saxonnes et anglophones et que le questionnaire est l’outil de référence pour le recueil de données. En effet, 20 études anglophones sur 33 emploient le questionnaire comme outil exclusif de recueil de données, tandis que 7 autres l’emploient en complément d’autres méthodes de collecte des données.

Méthode de recueil de données Fréqence

Questionnaire 23 (60.1%)

Corpus d’échanges en ligne 6 (15.7%)

Combinaison 9 (23.6%)

Total 38 (100%)

Tableau 13: récapitulatif des méthodes utilisées dans les recherches menées autour de FB

Les différentes données ont été analysées dans les recherches suivant des méthodes différentes. Nous avons distingué des méthodes purement qualitatives, des méthodes qualitatives combinées à des données chiffrées, des méthodes quantitatives comme le dépouillement des questionnaires avec des procédures statistiques telles que l’analyse de variance ou la régression linéaire, et enfin des méthodes expérimentales. Après avoir examiné le corpus de travaux, il s’avère que l’approche quantitative est la plus adoptée par les chercheurs puisque 23 études y ont recours tandis que seulement 3 sur les 38 utilisent une approche purement qualitative. D’autres études (11 occurrences) présentent une analyse qualitative couplée avec des données chiffrées et une seule étude adopte une méthode expérimentale. D’après nos analyses, des procédures statistiques (par exemple la régression linéaire) sont surtout utilisées par des chercheurs appartenant à des pays anglophones, toutefois nous ne pouvons pas conclure que ces approches ne sont pas assez fréquentes chez les chercheurs en France car ceux-ci ne sont pas très bien représentés dans le corpus. Dans le même ordre d’idées, Guichon conclue que « Si l'approche quantitative a les faveurs des publications anglophones, il semble que cette tendance soit inverse pour la recherche française, en tout cas pour ce qui concerne Alsic » (op.cit., paragr.78) et il va même jusqu’à s’interroger sur la maitrise et la formation des chercheurs français et francophones aux méthodologies quantitatives. Ce constat va dans le même sens que celui de Huh et Hu (op.cit.

89 p.8) qui confirment que la majorité des études établies en ALAO sont des études quantitatives et nous pensons qu’elles font référence aux études anglophones.

En résumé, nous pouvons faire deux constats généraux en ce qui concerne les méthodes utilisées dans les recherches portant sur FB. Le premier constat est que l’analyse qualitative est souvent couplée à des données chiffrées qui servent à donner une idée de la fréquence des comportements observés. Le deuxième constat concerne l’approche quantitative utilisée seule ; en effet dans ce cas elle présente souvent des procédures statistiques, une tendance plus fréquente dans les études anglophones.