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TECHNODISCURSIF DE F ACEBOOK )

5.6 P RÉSENTATION DU G ROUPE F ACEBOOK ET DE SES PARTICIPANTS

5.6.3 Évolution des usages

L’une des thématiques les plus récurrentes lors des entretiens était l'évolution des usages de FB. Les interviewés ont déclaré que leurs usages ont évolué au fil du temps et que leurs premiers pas avec Facebook étaient timides et méfiants. Une phase d'appropriation était

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 au début c'était juste comme (réfléchir) n'importe quel autre compte pour clavarder, pour ces choses habituelles, mais au fil du temps j'ai découvert qu'il y avait d'autres utilisations, je participe à des pages en français, j'enrichis mes savoirs, je participe en langue française. En fait mon utilisation a augmenté, j’organise des débats et des choses comme ça. (Gerorges, Ent.6, L. 9).

 Au départ c'était juste pour passer du temps avec mes amies, je ne savais pas qu'il y avait des pages ou des groupes intéressants, c'était juste pour m'amuser. (Salwa, Ent.1, L.7).

 Elle a évolué, c'est comme dans n'importe quel domaine, au départ on n'est pas forcément brillant, mais après on apprend petit à petit, à chaque fois tu apprends une nouvelle chose, alors j'apprends quelque chose d'un site ou je vois comment les autres personnes l'utilisent, tu apprends petit à petit, mais maintenant je l'utilise bien [XXX], (Anas, Ent. 11, L.7)

Au fil du temps les étudiants découvrent de nouvelles fonctionnalités et découvrent l’aspect informationnel du réseau socionumérique. Cette évolution est associée à plusieurs facteurs. Le changement du statut social de la personne comme l'entrée à l’université ou l’intégration à un nouvel établissement (Lampe et al., 2008):

 quand je suis entrée à l'université au département de français, j'ai commencé à m'abonner à des pages en français, les premières pages étaient algériennes ou tunisiennes, ce qui était sympa dans ces pages c'est que tout ce qui était écrit, même les propos sur les photos, était en français, et qu’ils parlent en français familier, ce n'est pas la langue française qu'on étudie en classe. (Salwa, Ent. 1, L.13)

 À l’époque [au lycée] on n’y trouvait pas beaucoup de personnes, personne n’en parlait, mais maintenant quand je suis entrée à l’université et que j’ai commencé à faire des stages tout le monde en parle, avant je n’avais même pas quatre amis dans ma liste d’amis, aujourd’hui j’en ai quatre-vingt-quatre. (Maram, Ent.2, L.12)

Certaines études ont montré que les réseaux socionumérique, comme Twitter et FB, aident les étudiants dans leur intégration sociale à l’université, que ce soit à travers le soutien de l’engagement socioaffectif dans un cours par exemple (Soubrié, 2014) ou par le fait de faire des amis avant même d’aller à l’université (Madge, 2009).

Le deuxième facteur, comme on peut le relever dans les entretiens, est la Révolution libyenne déclenchée en février 2011. À cette époque Facebook a été utilisé pour une diffusion rapide des actualités de la Révolution et comme un espace de lutte contre l’ancien régime. Cette nouvelle utilisation a fait découvrir aux jeunes une nouvelle facette du réseau socionumérique. Les propos d’Ahmed sont révélateurs :

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les choses ont changé après la Révolution, au début du mois de janvier 2011, il y avait des pages qui abordaient le sujet de la Révolution, mais on ne l'utilisait pas ni pour les études ni pour quoi que ce soit c'était juste pour s'amuser. Après on a entendu qu'il y aurait de grandes manifestations le 17 février, après ça FB a été censuré ici à Tripoli, on ne pouvait plus communiquer, mais à la fin de la guerre de la libération il a été réouvert et tout a changé même l'usage. (Abdelwahab, Ent.7, L.8)

Ce même étudiant continue de dire :

on ne l'utilise plus beaucoup pour s'amuser, mais pour chercher de l'information, pour l'apprentissage, pour participer à une discussion. Parfois on trouve des débats ou des choses comme ça, il est devenu un outil de développement personnel + en plus de la communication et des informations, so il est devenu comme ça, après on l'a introduit au sein de mon travail, le journalisme, on travaille beaucoup sur FB, les trois quarts du travail sont sur FB, le reste est sur Internet et Google. Donc, le travail et l'apprentissage sont sur Internet, après on a commencé à utiliser Internet et FB pour les études, pour communiquer avec les professeurs, en fait ce n’est qu’avec une seule professeure Mme : Soraya. (Ent.7, L.16)

Des autres étudiants se sont exprimés sur le même sujet :

 il y a avait beaucoup de choses qui n'étaient pas bien, mais dernièrement je trouve qu'il y a des changements, d'énormes changements. J'avais une mauvaise idée à propos de l'utilisation que font les jeunes libyens des réseaux sociaux, avant la Révolution je ne voyais pas les jeunes discuter. (Rima, Ent.10, L.259)

 Maintenant, les choses ont un petit peu changé, je me suis abonnée à des pages de cuisine, pages de genre do it yourself, parfois des pages de mode. Je rejoins des groupes créés par mes amis, des pages variées, des pages libyennes, étrangères et surtout françaises. » (Zohra, Ent. 3, L. 24)

D’ailleurs, les pratiques des enseignants peuvent avoir un impact sur l’utilisation des étudiants de FB :

en fait j’ai commencé à utiliser Internet en général d’une manière plus éducative avec notre professeure Soraya, on travaille beaucoup sur Internet. Les devoirs on lui envoie par Internet, et quand on fait un bon travail elle le publie sur FB et écrit un mot d’encouragement et c’est à partir de là que j’ai commencé à m’intéresser à FB et son aspect éducatif. (Salwa, Ent.1, L.130)