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Implications de l’utilisation des outils de CMO dans la pratique de langues

ÉTHIQUE DES DONNÉES

1.3 D IDACTIQUE DES LANGUES CULTURES (DLC)

2.1.4 Implications de l’utilisation des outils de CMO dans la pratique de langues

Comme nous l’avons mentionné ( 1.2.4) les différentes propriétés des outils de communication en ligne ne sont pas sans conséquence sur la production verbale en général. Dans ce sous-chapitre, nous nous pencherons sur les répercussions de différents aspects des outils de communication en ligne sur la pratique d’une langue étrangère. Vu le peu d’études portant sur des situations informelles de pratique de langues, nous tenterons de tirer profit également des résultats obtenus suite à des recherches menées dans des situations formelles d’appropriation des langues pour ne pas passer à côté de conclusions intéressantes.

L’aspect temporalité : la communication en ligne pourrait se dérouler en deux

modes : asynchrone et synchrone. La communication synchrone exige de l’apprenant une réponse immédiate tandis que la communication asynchrone laisse le temps à l’utilisateur de réfléchir et de vérifier la forme de la langue et même de consulter des ressources comme le dictionnaire. Abramas (2003) relève une différence en termes de quantité et de qualité au niveau de la langue entre ces deux modes. Tandis que la synchronie favorise l’accès au sens au détriment de la forme, l’asynchronie, elle, favorise une langue plus correcte et développée dans la mesure où le premier mode met en avant la spontanéité à être attentif à la forme. Au niveau quantitatif, une production langagière plus élevée a pu être observée dans le mode

56 synchrone par rapport au mode asynchrone. Adaptant le travail de Hrastinski (2008), Guichon (op.cit) résume les retombées au niveau de la pratique de la langue en utilisant l’un ou l’autre de deux modes dans la figure suivante :

Tableau 7: Dimensions cognitives et personnelles liées au mode temporel selon Guichon (2012c, P. 160)

L’aspect social et psychologique : les études concernant les effets de la CMO sur

l’expression émotionnelle défendent en général deux visions différentes (Gauducheau, 2008, propose une synthèse des travaux menés sur la question). Certaines études avancent l’hypothèse selon laquelle la construction des liens sociaux est perturbée voire impossible sur Internet. L’anonymat et l’absence des canaux non verbaux feraient d’Internet un terrain peu favorable à l’expression des émotions tout en privilégiant la dimension informationnelle. À l’encontre de cette idée, d’autres études ont démontré la possibilité d’établir des relations intimes en ligne dans le sens où les participants réussissent à dépasser les limites du média en ayant recours à des stratégies spécifiques pour exprimer leurs émotions lors de la production des messages comme l’utilisation des émoticônes.

Cet aspect n’est pas sans conséquence sur l’enseignement-apprentissage de manière globale surtout quand on sait que le manque de socioaffectif est l’une des raisons de l’abandon universitaire dans la formation à distance (Dussarps, 2015). En effet, certaines applications soutiennent mieux la présence sociale que d’autres. Par exemple la visioconférence permet aux interlocuteurs de se voir ce qui implique une présence plus forte.

57 Un autre aspect concernant la dimension sociale évoquée dans les recherches et qui a un impact sur la pratique de la langue est l’anonymat. Le fait de participer à un forum par exemple sous un pseudonyme pourrait présenter un atout pour les personnes les plus timides qui se sentiraient ainsi moins gênées. Ce même aspect pourrait parfois se révéler aussi un inconvénient dans la mesure où cela pourrait laisser apparaitre certaines formes d’incivilité. La revue de la littérature proposée par Develotte et Mangenot (2004) sur la question montre bien l’importance de la dimension sociale et socioaffective dans la construction d’une communauté et par la suite dans la construction sociale des connaissances.

L’aspect linguistique : outre le mode temporel de communication (synchrone ou

asynchrone) l’outil même et le contexte d’utilisation auraient également un impact sur la quantité et la qualité de la langue utilisée. Warschauer (1996a) a démontré que la production langagière des étudiants est plus complexe en ligne qu’en face-à-face et qu’elle est encore plus complexe dans des espaces institutionnels que dans des espaces informels comme Facebook par exemple. Ce constat rejoint celui des autres études comparant des interactions d’étudiants dans deux espaces différents (Lamy, 2011 ; Liaw et English, 2013). Une autre dimension méritant l’intérêt est l’éloignement de la norme standard assez fréquent dans la communication en ligne (Nous discuterons cet aspect plus loin 9.4)

L’aspect matériel : par aspect matériel nous entendons les traits physiques de l’outil

par exemple la taille de l’écran ou le poids de l’appareil, etc. L’aspect matériel des

smartphones par exemple donne aux apprenants plus de liberté d’accès à leurs messages, que

ce soit dans le temps ou dans l’espace. L’apprenant-utilisateur est plus disponible pour recevoir et pour réagir et n’est plus obligé d’attendre de rentrer chez lui pour pouvoir le faire, ce qui donne parfois un aspect synchrone à certaines applications qui sont principalement conçues pour être utilisées en asynchrone. En revanche, la petite taille de l’écran et de clavier ne permet pas une production langagière développée et donne lieu à une écriture abrégée. Cependant, malgré l’aspect mobile des smartphones, ils ne sont pas toujours bien exploités par les apprenants.

L’aspect individuel : le choix du mode de communication dépend largement des

préférences des utilisateurs mêmes et de leurs habitudes. Il dépend également du degré de maitrise ou d’aisance par rapport à l’outil. Les recherches ont même montré que selon la

58 langue utilisée (langue maternelle ou cible) les étudiants pourraient privilégier un outil au détriment d’un autre (Lamy, 2011 ; Pasfield-Neofitou, 2011).