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M ISE AU POINT TERMINOLOGIQUE ET DÉFINITIONS

ÉTHIQUE DES DONNÉES

3.1 M ISE AU POINT TERMINOLOGIQUE ET DÉFINITIONS

Une décennie s’est écoulée depuis l’invention du terme Web 2.0, par l’équipe de Tim O’Reilly et de son annonce officielle lors d’une conférence tenue en 2004. Ce terme provoque cependant un certain nombre d’ambigüités (Lomicka et Lord, 2009). Le Web social, selon Millerand et ses collègues :

désigne d’une part, l’émergence de nouveaux dispositifs numériques indissociables de l’évolution d’Internet (regroupé sous le vocable Web 2.0) et , d’autre part, le développement d’usages originaux médiatisés par ces dispositifs et centrés sur la participation active des usagers dans la production et la diffusion des contenus circulant sur la Toile. (Millerand, Proulx, et Rueff, 2010, p. 2).

74 Cette définition met en exergue les deux aspects du Web social : d’une part, les principes techniques du Web 2.0 basés sur les possibilités offertes aux utilisateurs de générer du contenu et, d’autre part, la participation de l’utilisateur et les enjeux qui sont liés à celle- ci. Ainsi ;

le web 2.0 doit donc être compris comme renvoyant (uniquement) à la plate-forme technologique permettant aux applications des réseaux sociaux de se mettre en œuvre grâce aux possibilités qu'ont les utilisateurs de créer, distribuer, partager et manipuler différents types de contenus, la plupart accessibles à tous librement. (Zourou, op.cit.).

Proulx et Millerand (2010) définissent le Web social en tant que dispositif sociotechnique en lui attribuant cinq caractéristiques significatives : possibilité de créer et de partager du contenu, accessibilité et facilité d’utilisation, coopération entre les usagers, développement d'un modèle économique basé sur le contenu généré par l’utilisateur comme ressource principale et pluralité des pratiques et des usages.

3.1.1 Les différentes applications du Web social

Afin de mettre en évidence la richesse et la diversité des offres du Web social (appelé aussi Web participatif ou médias sociaux), certains chercheurs ont tenté d’en élaborer des typologies. Selon Stenger et Coutant (2013, p.110), ces tentatives suivent souvent deux logiques : logique fonctionnaliste ou logique de l’usage unique. Respectivement selon l’une ou l’autre, les applications sont vues soit sous l’angle des caractéristiques premières des sites Web sans prendre en compte les usages qu’en font les utilisateurs, soit sous l’angle d’une catégorie générique unique d’usages au détriment de la diversité des pratiques existantes.

Une des typologies les plus connues et citées dans la littérature est celle de Conole et Alvezioi (2010). Cette typologie a l’avantage d’être détaillée et il convient de préciser qu’elle a un point de départ pédagogique. En vue de faciliter sa lecture, nous l’avons illustrée par le schéma suivant :

75 Stenger et Coutant (op.cit.) proposent à leur tour une cartographie qui prend en compte non seulement les fonctionnalités offertes par les plateformes, mais aussi leurs usages effectifs dans une perspective sociotechnique. Leur cartographie (voir figure ci-dessous) s’articule autour de deux axes : la visibilité et la participation. Les deux pôles de l’axe horizontal représentent le genre de participation : participation conduite par amitié (comme sur Facebook) ou conduite par intérêt (comme sur Viadéo). Quant à l’axe vertical, il traduit deux démarches de présentation : présentation de soi ou présentation de contenu. L’intérêt de cette cartographie, comme l’expliquent les auteurs, réside dans le fait qu’elle est modulable et évolutive en fonction des contextes.

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Figure4: Cartographie des médias sociaux (stenger et Coutant, 2013)

3.1.2 Sites de réseautage ou réseaux socionumériques ?

Partant de différentes typologies, nous comprenons que les réseaux socionumériques (ou les sites de réseautage selon la terminologie de Conole et Alevizou (op.cit.)) constituent une sous-catégorie des applications du Web social. Zourou (op.cit.), à l’instar de Boyd et Ellison (2007), préfère les désigner par l’expression sites de réseaux sociaux (Social

Networks Sites) étant donné que le terme réseaux (networks) est plus neutre que réseautage

(networking), car ce dernier terme désigne la mise en œuvre d’une relation ; une pratique qui n’est pas toujours présente. D’un autre côté, Blattner et Fiori (2011) parlent de virtual social

networks communities, ou littéralement en français communautés de réseaux sociaux virtuels.

Ce choix de terminologie reflète une position plutôt technocentrée dans la mesure où il sous- entend que tout regroupement de personnes autour des outils de réseautage constitue une communauté, un concept sur lequel nous nous pencherons particulièrement au chapitre suivant.

Boyd et Ellison (op.cit.) attribuent trois caractéristiques principales aux réseaux socionumériques : la construction d’un profil public ou semi-public, la création d’une liste

77 d’amis et la possibilité de naviguer sur leurs listes de liens. À ces caractéristiques techniques Stenger et Coutant en ajoutent une quatrième qui tient compte d’activités des usagers :

il s’agit de spécifier la particularité des usages observés sur les réseaux socionumériques : ces sites fondent leur attractivité essentiellement sur l’opportunitéde retrouver ses "amis" et d’interagir avec eux par le biais de profiles, de listes de contacts et d’applications à travers une grande variété d’activités. (2011, p.13).

Pour faire référence à ces applications, Stenger et Coutant (ibid.) utilisent le syntagme : réseaux socionumériques. Cette appellation remplace celle de « réseaux sociaux numériques » qui fait souvent l’objet de réduction pour ne retenir que deux éléments : réseaux sociaux ou réseaux numériques. Le premier type de réduction génère de la confusion avec l’analyse structurale des réseaux sociaux, et le deuxième met l’accent sur l’aspect technique de ces réseaux sans prendre en compte l’aspect social. Le fait de fusionner les termes sociaux et numériques pour n’en former qu'un « a l’avantage de rappeler dans sa forme même que les aspects sociaux et numériques sont deux dimensions intrinsèquement constitutives du phénomène observé » (loc.cit.). Ces mêmes auteurs dans une autre publication (2013) différencient ces réseaux dits socionumériques des sites de réseautage (voir Figure4) : la participation aux premiers est liée à l’amitié, tandis que la participation aux secondes est liée à un intérêt. Dans le cadre de notre travail, nous adoptons le terme réseaux socionumériques. L’élément qui nous a guidé dans notre position est d’ordre pratique : pour ne pas les confondre avec les réseaux sociaux non numériques (autrement dit des réseaux sociaux non médiatisés) quand il en sera question plus loin ( 6.2) lorsqu’on abordera la méthode d’analyse des réseaux sociaux.

3.2 C

E QUE NOUS APPRENNENT LES RECHERCHES SUR LES RÉSEAUX