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1 Les convocations

1.3. Obligation pour un tiers d’amener le convoqué

Nous allons évoquer les pénalités infligées à quelqu’un, qui devait amener le convoqué, en cas de non-accomplissement de sa mission. Un total de douze documents est attesté pour ce type de faute : TCL 12 77, YOS 6 123, YOS 6 152, YOS 7 58 (la peine pécuniaire de 30 pour 1), YOS 7 25, YNER 1 7. (la clause-hīţu), YOS 7 68 (3 mines d’argent), TCL 12 89 (1 mine

d’argent), TCL 13 131 (versement d’une somme d’argent et remboursement de la dette à la place du coupable), GCCI 2 115 (paiement de dette), YOS 7 109 (paiement des reliquats), YOS 7 189 (récompense).

La peine le plus fréquemment attestée dans les documents est la peine pécuniaire de 30 pour 1. Comme nous le verrons dans les chapitres suivants, cette peine était appliquée en cas d’atteinte aux biens du temple. Les documents mentionnés supra ne font pas exception : TCL 12 77 (vol d’une brebis appartenant à l’Eanna), YOS 6 123 (vol de 5 moutons appartenant à

188 l’Eanna), YOS 6 152 (vente d’or volé appartenant au temple), YOS 7 57 (détournement d’argent ?). Dans le document TCL 12 77, la personne obligée d’amener le suspect était le maître de ce dernier. Son nom est Nabû-nāşir, fils de Ša-Nabû-šu. Son berger, Šamašiya est coupable d’avoir tué une brebis adulte marquée de l’étoile ; selon TCL 12 77, Nabû-nāşir lui- même était le témoin de l’acte de Šamašiya. Le document YOS 6 123 relate un procès judiciaire concernant le vol de 5 moutons marqués de l’étoile appartenant à l’Eanna d’Uruk. Ces moutons ont été découverts parmi le bétail de Kinaia. Zēriya a accusé ce dernier d’avoir volé 3 de ces 5 moutons de son bétail. Kinaia a été condamné à donner 90 moutons selon la règle de 30 pour 1. S’agissant des 2 moutons restants, Kinaia a affirmé que Kudaia les avait joints à son cheptel de petit bétail. Kinaia a été obligé d’emmener Kudaia auprès de l’autorité du temple. Sinon, il aurait été obligé de donner 2 animaux de petit bétail au trentuple, soit soixante animaux, à la Dame d’Uruk. Dans le document YOS 6 152, Erišu, fils de Naşiru, doit présenter Nabû-ezungur, qui aurait vendu de l’or à Silim-Bēl, fils de Šum-ukīn ; sinon, il devra donner à l’Eanna le trentuple de l’or que Nabû-ezungur avait vendu à Silim-Bēl. YOS 7 58 est plus difficile à comprendre : il semble qu’il s’agisse d’un détournement fait par Gimil-Šamaš, fils de Bēl-zēr- iškun. Ce dernier était le messager de Gimillu, fils d’Innin-šum-ibni, un homme bien connu, le fermier général et le responsable des reliquats de bétail. Gimillu est obligé d’amener Gimil- Šamaš le jour dit, sinon il devrait donner trente fois 25 sicles d’argent, soit la somme susceptible d’avoir été détournée à l’Eanna. D’après ces exemples, on peut déduire que la personne tenue d’amener quelqu’un devant le tribunal était soit le supérieur hiérarchique du suspect, soit la personne suspectée elle-même qui avait besoin de prouver son innocence en ramenant les personnes convoquées qu’elle accusait.

YOS 7 25 est un cas qui montre l’application de la clause-hīţu pour non- accomplissement de l’obligation d’amener les convoqués. Dans ce document YOS 7 25, Ištar- ah-iddin, fils de Nabû-bēlšunu, est obligé d’amener Nādin, son berger, auprès de l’autorité du temple, autrement dit le šatammu de l’Eanna et officier royal, responsable de l’Eanna. Sinon, il encourrait le châtiment du Cyrus. On ne connaît pas la cause de la convocation de Nādin à cause du manque de sources. Il est important de souligner ici que c’était son supérieur hiérarchique qui devait amener l’intéressé.

On constate également la présence de la clause-hīţu associée au devoir d’escorte dans

YNER 1 7. Un homme dénommé Šamaš-mukîn-apli, fils d’Ina-tēši-ēţir, doit amener Ardiya avant le 15e jour du mois d’Addaru-bis de l’année inaugurale de Darius. Le jour de la

189 convocation était fixé à 5 jours après la rédaction du document. Cette convocation a été éditée à l’occasion d’une affaire judiciaire. En voici un extrait :

01-12. a-di u4 15-kám šá iti diri-še-kin-ku5 mu-sag-nam-lugal-la Ida-a-ri-ia-a-mu-uš lugal tin-

tirki lugal kur-kur Idutu-gin-ibila dumu-šú šá Iina-súh-šur Iìr-ia a-šú [šá …I]dutu-a-na-é-šú šá Ida-nu-ri-şu-ú-a [l]ú [g]al-la šá Idbe-kur-ban-ni kù-gi šá dgašan šá unugki it-taš-šú ib-ba-kám-

ma a-na Idutu-gin-ibila lú šà-tam é-an-na a-š[ú šá I] [x x x] a Ie-gi-bi i-nam-[di]n [ki-i] la i-tab-

kám-ma la id-dan-nu hi-ţ[u] šá lugal i-šad-da-ad

01-12. D’ici le 15ejour du mois d’Addaru-bis de l’année inaugurale de Darius, roi de Babylone,

roi des pays, Šamaš-mukīn-apil, fils d’Ina-tēši-ēţir, amènera Ardiya, fils de [ ] Šamaš-ana- bīti-šu qui a emporté de l’or appartenant à la Dame d’Uruk de chez(?) Anurişûa, esclave d’Ea- kurbanni et il (le) donnera à Šamaš-mukīn-apil, šatammu de l’Eanna, fils [de ], descendant d’Egibi. S’il ne (le) ramène pas et ne (le) donne pas, il encourra le châtiment du roi. Malheureusement, Šamaš-mukîn-apil, fils d’Ina-tēši-ēţir n’est pas attesté, mis à part YNER 1 7. Il est donc difficile d’affirmer quoi que ce soit. Toutefois, on trouve la mention d’un homme nommé Ina-tēši-ēţir dans d’autres documents, GCCI 2 212, PTS 2890, GCCI 1 406, et présenté comme orfèvre, kutimmu. Cependant, YNER 1 7 étant muet quant au patronyme de Šamaš-mukîn-apil, il est impossible de déterminer s’il y a ou non un lien entre les deux. Ea- kurbanni est un nom d’ancêtre que certains orfèvres kutimmu portaient.

YOS 7 68 (3 mines d’argent) et TCL 12 89 (1 mine d’argent) relatent des situations similaires. Dans le document YOS 7 68, trois palmiers-dattiers ont été abattus. Le titulaire du champ, Nabû-udammiq, fils de Nabû-ēţir, doit amener le cultivateur du champ à l’officier royal. Sinon, il devrait donner 3 mines d’argent pour compenser l’abattage non autorisé de trois palmiers-dattiers à la Dame d’Uruk. TCL 12 89 témoigne aussi d’un abattage de palmier-dattier. La personne obligée d’amener le convoqué était son père. S’il n’amenait pas son fils, il serait obligé de donner 1 mine d’argent à l’officier royal pour compenser l’abattage d’un palmier- dattier. Le dédommagement de la perte d’un palmier-dattier est noté dans le contrat ana nukuribbuti conclu entre le titulaire du champ et l’autorité du temple. Ici, les personnes qui doivent amener les convoqués sont soit le supérieur hiérarchique, soit un membre de la famille de l’intéressé.

Dans le document TCL 13 131, un homme dénommé Šamaš-uballiţ, fils de Balāţu, descendant du şahit ginê-presseur d’huile, doit amener Nabû-šum-ukīn, fils de Nabû-bani-ahi.

190 Il semble que le convoqué ait volé quelque chose à un messager de Nidintu-Bēl, šatammu de l’Eanna et officier royal, responsable de l’Eanna. Cependant, comme s’agissant d’un document isolé, il est difficile de connaître les détails. Pour cet acte, l’autorité du temple a imposé une peine pécuniaire à Nabû-šum-ukīn. Cependant, si Šamaš-uballiţ n’arrivait pas à l’amener, il devrait payer la somme, y compris la dette établie selon la reconnaissance de dette à l’Eanna. Dans le document GCCI 2 115, Kammaza, fils de Na’id-ilani, doit amener Lu-ahu, fils de Marduk-iddin. Kammaza était lui-même débiteur de l’Eanna. Il était obligé de donner 30 gur de dattes. On ne connaît pas le lien entre Kammaza et Lu-ahu, celui-ci n’étant pas précisé par le document. Cependant, il est clairement indiqué que si Kammaza ne ramenait pas Lu-ahu, il serait obligé de donner les 15 gur de datte imposées à Lu-ahu, à sa place, à l’autorité du temple.

Dans le document YOS 7 109, les représentants de la ville des fabricants d’arcs étaient obligés d’amener Mar-bīti-iddin, Nabû-ēţir et Iddinu. Ces derniers cueillaient des dattes dans une propriété d’Ištar d’Uruk et de Nanaya. Si les représentants de cette ville n’emmenaient pas les convoqués, ils seraient obligés de donner la quantité de dattes prévue par le contrat d’estimation forfaitaire qui avait été conclu. Les représentants de la ville avaient, semble-t-il, informé à l’autorité du temple qu’ils ne pourraient pas donner autant de dattes que le prévoyait le contrat d’estimation forfaitaire à cause de la quantité effective récoltée. L’autorité du temple ne croyant pas leurs dires, elle a décidé de vérifier la quantité en interrogeant les cultivateurs ayant cueilli les dattes. Il semble que le document ait été rédigé au moment de la vérification de la récolte.

Dans le document YOS 7 189, Bau-ēreš, fils de Nabû-ah-uşur, a juré que Budiya et Ša- Nabû-taqum l’avaient frappé et avaient saisi illégalement le petit bétail du trésor d’Ištar d’Uruk qui était à sa disposition. Le maître de Budiya et Ša-Nabû-taqum a promis d’amener ses esclaves à Uruk. Sinon, il devra payer la perte du petit bétail d’Ištar d’Uruk qui était à la disposition de Bau-ēreš, le berger de la Dame d’Uruk488.

La relation entre les personnes tenues d’amener les convoqués, d’une part, et les convoqués, d’autre part, n’est pas facile à déterminer à cause du manque de sources. Toutefois,

488 Ce document est un cas exceptionnel. D’après ce que l’on vient de voir, la personne obligée d’amener les

convoqués aurait pu être condamnée à la peine qu’encourait coupable. Dans ce cas, Kinaia aurait dû se voir infliger la peine pécuniaire de 30 pour 1 en faveur du temple de l’Eanna. Or, dans ce document, Kinaia était seulement obligé de rembourser le dommage causé par ses esclaves. Il est possible que la responsabilité légale du maître vis- à-vis d’un acte illégal de son esclave soit limitée au dédommagement.

191 on peut dire que les personnes obligées d’amener les convoqués étaient souvent leurs supérieurs, des membres de leur famille ou des personnes liées à l’affaire en question. Les pénalités imposées en cas de non-accomplissement de cette obligation varient selon l’importance de l’affaire. Les personnes qui avaient la charge d’amener les convoqués encouraient la même peine que celle que risquaient ceux-ci.

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