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TCL 12 80 01 Id nà-lugal-ur

5. La transgression des clauses des contrats-Iškaru

5.3. Le contrat-Iškaru concernant la production de farine

Tous les contrats-iškaru concernant la production de farine étudiés ici proviennent de la ville de Borsippa. Cet ensemble de documents a été traité récemment par C. Waerzeggers324.

Les dates de ces documents s’étendent des trois dernières années du règne de Darius jusqu’aux révoltes contre Xerxes325. L’iškaru-document concernant la farine est associé à la première

étape du travail du boulanger. Les boulangers recevaient de l’orge non traitée ; les boulangers de l’Ezida employaient une douzaine de minotiers. Les contrats-iškaru étaient associés à cette cession de tâches326. Tous les jours, deux grands documents et divers mémorandums,

manuscrits et notes étaient rédigés afin de pouvoir retracer les activités de mouture des grains. Le but de cette procédure était de surveiller la fourniture de farine sacrificielle afin de détecter les problèmes et d’éviter l’interruption des offrandes. On appelle ces ensembles de dossiers les

iškaru-archives. C. Waerzegger a classé ces documents en deux groupes : le format A et le

format B. Le format A concerne la fourniture de l’orge (iškaru ša uţţati) aux minotiers, tandis

que le format B est associé à la livraison de la farine fabriquée par le minotier à chacun des quatre boulangers. D’après C. Waerzegger, l’organisation des activités de minoterie et de boulangerie était si complexe que près de cinquante personnes y participaient chaque jour327.

On dénombre quatorze documents de type A328 ; ils évoquent les minotiers, ainsi que les

relations entre les boulangers et les minotiers. D’après ces documents, les groupes de minotiers étaient divisés en huit équipes composées de quatre minotiers chacune.329 On dénombre 18

documents pour le format B. Ces documents commencent par la mention : « le travail assigné-

iškaru de la farine du jour X, du mois Y, de l’année Z ». Comme l’indique C. Waerzeggers,

entre le format A et le format B, il y avait un ou deux jours de décalage,330 ce qui indique que

la fabrication de la farine prenait un ou deux jours. Ces ensembles de documents-iškaru étant plutôt de type administratif, on n’y trouve pas de clause pénale. Cependant, certains contrats sont vus par C. Waerzeggers comme la transposition des formulaires des documents-iškaru en documents judiciaires privés. Ces types de documents contenaient un accord entre le boulanger

324 Waerzeggers 2010. 325 Waerzeggers 2010 : 221. 326 Waerzeggers 2010 : 213. 327 Waerzeggers 2010 : 214. 328 BM 25661, BM 29384, BM 28879, BM 28869, BM 28876, BM 25631, VS 6 159, BM 25666, BM 25659, BM 25641, BM 28870, BM 26299, BM 28873, BM 29376. Voir Waerzeggers 2010 : 216, n. 519. 329 Waerzeggers 2010 : 218. 330 Waerzeggers 2010 : 221.

121 et le minotier sur la livraison d’une certaine quantité de farine, certains jours. C. Waerzeggers a présenté quatre contrats de ce genre : VS 6 173, BM 29110, BM 29187, BM 96261. Ces quatre documents ne sont pas uniformes. Nous allons examiner ces cas en détail.

Le document VS 6 173 est un contrat de sous-traitance de contrat dans lequel on peut lire des conditions détaillées. La première ligne mentionne la durée du contrat ; le contractant était dans l’obligation de commencer le travail au mois d’Arahsamnu de l’année inaugurale du règne de Šamaš-erība, et de continuer jusqu’à la date de fin du contrat. Le propriétaire de la prébende était Nidintu-Nabû ; le sous-traitant était Bēl-iddin, fils de Bēl-ah-ittannu, descendant de Šepu-ilīa. Il devait accomplir huit travaux concernant la farine du grand repas matinal du dieu Nabû, c’est-à-dire qu’il devait moudre la farine pour chaque petit-déjeuner331 dans le bīt

kunnu du temple d’Ezida. Il pouvait emporter de l’orge de l’offrande régulière depuis le bīt qati ; cette orge était donnée, comme matière première, à Bēl-iddin, fils de Bēl-ah-ittannu, descendant de Šepu-ilīa. Bēl-iddin se portait garant de ne pas causer l’interruption de l’offrande régulière et de ne pas fournir de farine de mauvaise qualité. En récompense de son service, Nidintu-Nabû promettait de verser une rémunération de 3 (pi) 1/2 (bán) d’orge à Bēl-iddin. Enfin, une clause pénale était prévue à la fin du document, juste avant la liste des témoins : l. 18. na-bal-kat-ta-a-an 10 gín kù-babbar i-nam-din, celui qui transgresse ce contrat paiera dix sicles d’argent.

Il existait ainsi une garantie en cas d’interruption de service ou de farine de mauvaise qualité. Cette garantie a été rédigée dans le but de partager les responsabilités. Naturellement, en cas de transgression du contenu de la garantie, les garants devaient compenser les dommages causés. La pénalité en cas de transgression consistait en une peine pécuniaire de dix sicles d’argent.

Le document BM 29110332 est un contrat conclu entre un esclave nommé Bēl-asua et

Šaddinnu. Bēl-asua devait moudre de l’orge pour Nabû au moulin (bīt-šibirri). Il devait fournir 24 portions durant le mois d’Abu. D’après ce contrat, Bēl-asua était payé 0. 4 d’orge à titre de salaire, et il se portait garant contre l’interruption. On ne trouve pas de clause pénale en cas de

331 Il s’agissait d’un travail réservé aux femmes, mais le temple produisait aussi de la farine dans la bît kili, la

prison.

122 transgression du contenu de la garantie ; les garants devaient compenser les dommages causés.333

Le document, BM 29187334 lie Šaddinnu et Nidinti-Bēl, fils de Guzanu, descendant de

Kidin-Sin. Šaddinnu était le prébendier et Nidinti-Bēl était son sous-traitant. Nidinti-Bēl devait livrer 1 portion par jour entre le 16 et le 24 du mois de Nisanu, ainsi qu’entre le 16 et le 23 des mois d’Aiaru, Simanu et Duzu. Si l’on constate également la présence d’une garantie contre l’interruption, on ne trouve pas non plus de clause pénale en cas de transgression du contenu de la garantie.

Le dernier contrat est BM 96261335. Le propriétaire de la prébende était également

Šaddinnu. Le sous-traitant était un esclave nommé Iqupu. Malheureusement, le document n’est que partiellement préservé ; on ne voit pas de présence de garantie.

On peut déduire de ces documents quelques particularités. Premièrement, comme le note C. Waerzzeggers, la participation de nombreuses personnes était nécessaire pour préparer les offrandes de farine de Nabû chaque jour. La personne prenant en charge leur travail n’était pas la seule personne responsable de la fourniture de farine : de nombreux sous-traitants participaient à cette tâche.336 Deuxièmement, on constate que les statuts des minotiers étaient

divers. Dans BM 29110 et BM 96261, les sous-traitants étaient des esclaves. En revanche, dans les cas de VS 6 173 et BM 29187, les sous-traitants étaient des personnes issues de famille aisée. Malgré des statuts sociaux divers, on note la présence de garantie contre l’interruption dans la quasi-totalité des documents (sauf BM 96261, où l’absence est peut-être due à la cassure). Cela montre que les statuts sociaux des sous-traitants ne jouaient pas un grand rôle pour différencier les clauses mentionnées dans ces contrats. Un seul document, VS 6 173, témoigne de la présence d’une clause pénale associée à la violation du contenu du contrat. Cependant, la somme est modeste, à savoir 10 sicles d’argent.

333 Waerzeggers 2010 : 224.

334 Waerzeggers 2010 : 224, n. 843. 335 Waerzeggers 2010 : 225, n. 844. 336 Waerzeggers 2010 : 236.

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