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Le contrat-iškaru concernant l’abattage d’arbres et de roseau

TCL 12 80 01 Id nà-lugal-ur

5. La transgression des clauses des contrats-Iškaru

5.4. Le contrat-iškaru concernant l’abattage d’arbres et de roseau

Les documents témoignant du travail-iškaru du bois sont très rares, à cause des caractéristiques naturelles de cette région. En effet, en Mésopotamie, il n’était pas facile de se procurer des arbres convenables à la construction. Il était donc nécessaire de trouver une solution pour répondre à ces besoins, ce pour quoi le temple envoyait des gens chercher des arbres dans une autre région, et d’en acheter suffisamment pour les activités de construction. C’est dans ce contexte que l’on constate dans certains documents, une importante surveillance opérée par le temple.

CT 55 426 est l’un des rares documents qui témoignent du travail-iškaru concernant le bois. Deux bûcherons (lú qaţţa’a) ont été mis à la disposition de Bēlšunu, fils de Zērûtu, par le

temple de l’Ebabbar. Leur devoir était de produire 50 planches (?) par jour, et de les transporter jusqu’à la rive.

D’ordinaire, les charpentiers étaient envoyés par le temple (Stigers, JCS 28, n. 7) ; mais des bûcherons, lú qaţţa’a, ont également été sélectionnés pour aller couper des arbres dans une

autre région. Les arbres venaient de la région du Liban. C’est la raison pour laquelle on trouve, semble-t-il, des charpentiers au temple de l’Ebabbar, nommés lú nagar šá uru/kurlabanānu,

charpentiers de la ville (ou du pays) du Liban. D’après CT 55 426, les bûcherons ont été envoyés dans une autre région mais, le document étant muet à ce sujet, on ne sait pas où.

01-06. ta u4 16?-kám šá iti diri-še-kin-ku5 u4-mu 50 tu-um-bu éš-gàr [šá] 2 lú ga-[aţ-ţa]-a-a ina [igi] Ien-šú-nu a Inumun-tú [i-hi]-ip-pu-ú u a-na muh-hi [ka]-a-da ú-qar-ra-bu, à partir du

seizième jour du mois intercalaire d’Addaru, 50 planches [par] jour, service obligation-iškaru : deux bûcherons (qui sont) à la disposition de Bēlšunu, fils de Zērûtu, (les) couperont et ils (les) ramèneront jusqu’à la base (kâdu).

CAD T, tumbu, p. 471, nous propose la traduction « plank» avec un point d’interrogation. Le sens de ce mot n’est pas non plus noté clairement dans le dictionnaire AwH. Nous allons étudier les documents dans lesquels on trouve ce terme afin de tenter d’en deviner le sens. Dans le document, Nbn 784, un homme dénommé Šamaš-zēri-ibni a reçu une pelle-

našhiptu et deux hacettes en fer afin de couper du tumbu. Selon GCCI 1 36, gištumbu se trouvait

124 trancher gištumbu le neuvième jour du mois d’Addaru de la 26e année du règne de Nabonide.

Tumbu a été donné pour le travail de drainage, le mois d’ulûlu de la quinzième année du règne de Nabonide, roi de Babylone. 300 tumbu? sont arrivés de la ville de Halbu, 500 tumbu ont été

apportés de la ville de Mişira en trois voyages, au mois d’Ulûlu, au mois de Tašrîtu et au mois d’Arahsamnu. Tumbu était utilisé avec d’autres matériaux (brique, asphalte, pierre-calcaire) pour le travail du quai (soit la construction ?, soit la réparation ?) selon le document VS 6 84.

Ce dernier document est très intéressant : il s’agit d’un contrat de travail concernant le quai, district de Marduk-šum-ibni et ses frères, fils de Ţabia, descendant de Sîn-ilî. Marduk-šum-ibni et ses frères ont été obligés de fournir de la matière première (à savoir, des briques, de l’asphalte, des pierres calcaires, et tumbu) provenant de l’entrepôt, ainsi que de donner trois maisons à Nabû-balāssu-iqbi, fils de Ša-Nabû-šû, descendant de Raksu, par décision du gouverneur de la ville de Babylone afin qu’il puisse terminer son devoir. Tumbu pourrait désigner l’arbre en général dans ce contexte, dans la mesure où il est indiqué à côté des mots qui désignent chaque matériau : brique, asphalte, pierres calcaires et tumbu. Si Tumbu est un type d’arbre, celui-ci était planté près du canal royal et il était également utilisé pour la construction du quai (VS 6 84) et pour réparer un drainage (CT 55 427) ; il présente donc une forte résistance à l’eau. Cependant, il est difficile de connaître le genre de cet arbre d’après ces seules informations. En outre, on ne peut pas écarter la possibilité que ce terme désigne tout simplement une planche!,

car, en effet, d’après les contrats venant de la ville de Nippur, les arbres étaient taillés dès l’abattage.337 En fin de compte, on ne peut pas affirmer avec certitude ce qu’était le tumbu, ni où il se trouvait.

Malgré l’importance du travail et la distance que les abatteurs devaient parcourir (même si l’on ne connaît pas le nom de l’endroit précis où ils devaient se rendre), le document ne comprend ni clause-hīţu ni aucune autre clause pénale.

On constate également l’absence de clause pénale dans un autre document-iškaru, BM 75517 (A.H. 83-1-18, 630)338, lié aux roseaux ? ou au charbon ? Le contractant est un homme

dénommé Adari, forgeron, oblat de Šamaš. Il demande au prêtre šangu de Sippar de faire le travail-iškaru. Celui-ci a accepté la demande d’Adari. Adaru devait donner 6 ½ mašîhu à l’entrepôt (é níg-ga).

337 Lors de la traduction de VS 6 84, Achemenet a traduit tumbu par « planches ». 338 Bongnaar 1997 : 360-361.

125 Cependant, l’absence de la clause pénale dans le document-iškaru ne démontre pas l’insignifiance des arbres et des roseaux aux yeux de l’autorité du temple. Certains documents témoignent du fait que les endroits où poussaient des arbres et des roseaux étaient bien surveillés et protégés par les autorités du temple. Par exemple, YOS 6 122 et YOS 6 148 montrent que celui qui coupait illégalement des arbres et des roseaux plantés près du canal royal (gišhi-li-pu gišşar-ba-ti gi-meš ù gišhu-şa-bi) était condamné de payer trente fois la valeur

des objets volés, c’est-à-dire des arbres et des roseaux339.

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