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Le cas de l’absence de retour de l’image divine à la ville de Babylone

TCL 12 80 01 Id nà-lugal-ur

11. Le cas de l’absence de retour de l’image divine à la ville de Babylone

Lors de la publication d’un article intitulé «An Episode in the Reign of the Babylonian Pretender Nebuchadnezzar IV», P.-A. Beaulieu a édité une tablette particulièrement intéressante, NCBT 642. Ce document contient une clause de sanction dans le cas d’une faute administrative de l’apport de l’image divine, la Dame d’Uruk, de la ville d’Uruk jusqu’à la ville de Babylone. La personne en charge de cette livraison était Gimillu, fils d’Innin-šum-ibni476.

personnage bien connu des assyriologues. Celui-ci a été tout d’abord oblat de l’Eanna ; cependant, malgré son origine, il fut chargé des reliquats, ša muhhi rehani, puis il a changé de domaine, devenant l’un des fermiers généraux, ša muhhi suti.

NCBT 642477

01. Išu a Idinnin-na-mu-dù lú šá ugu gišbán

02. šá dgašan šá unugki a-na Iim-bi-iá

03. lú til-la-gíd-da Idutu-du-ibila lú šà-tam

04. u Id30-lugal-uri

3 lú sag lugal

05. lú en sig5 é-an-na it-te-me

06. ki-i a-di a-na-ku ù lú erín-[meš-iá]

07. [i]t-ti dgašan šá unug ki

08. [a]l-la-ku-ma en-nun-tì

09. [šá] dgašan šá unugki a-na-aş-ş[a-ru]

10. ù ki-i Išu it-ti lú til-la-[gíd]-da-[meš]

11. a-na tin-tirki la it-tal-ku hi-ţu

476 Sa bibligraphie la plus récente se trouve dans Janković 2013 : 234-245. 477 Beaulieu 2014 : 20-21.

181 12. šá lugal i-šad-dad lú mu-kin-nu Idutu-gin-ibila

13. dumu-šú šá Iddi-ku

5-pap-me-mu dumu Iši-[gu-ú-a]

14. Id[x]-tin-iţ a Ila-ba-ši a Ilú-didim

15. Id[60]-du-a a Id60-šeš-mu

16. 14 ! u

4-[m]u geštin šá dinnin unugki

17. [5 u4] šá dutu na-din

18. ul-tu u4 2-kám

19. [ ] Idutu-numun-ba-šá

20. [ ] a Idinnin-na !-mu-[ùri 3]

01-09. Gimillu, fils d’Innin-šum-ibni, fermier général de la Dame d’Uruk, a juré à Imbiya, le fonctionnaire-qīpu et à Šamaš-mukīn-apli, šatammu, et Sîn-šar-uşúr, officier royal, responsable de l’Eanna: « (Je jure que) je vais accompagner la Dame d’Uruk avec mes soldats et je vais monter la garde de la Dame d’Uruk. »

10-12. et si Gimillu ne va pas à la ville de Babylone avec le fonctionnaire-qīpu, il encourra le châtiment du roi.

12-18. Témoins, Šamaš-mukīn-apli, fils de Madanu-ahhē-iddin, descendant de Šigûa, [x]- uballiţ, fils de Labaši, descendant d’Amēl-Ea, [Anu]-mukīn-apli, fils d’Anu-ah-iddin. 14 jours de vin offerts pour Ištar d’Uruk (et) 5 jours pour Šamaš sont donnés. Depuis le 2e jour [x x x] .

19-20. [ ] Šamaš-zēr-iqīša, [ ] fils d’Innin-šum-[uşur]

Dans le document NCBT 642, Gimillu est présenté comme le fermier général de la Dame d’Uruk, lú šá ugu gišbán šá dgašan šá unugki. D’après la suggestion de P.-A. Beaulieu,

même si la partie où la date devait être écrite n’est pas conservée, comme Gimillu, fils d’Innin- šum-ibni, avait porté le titre de fermier général pendant seulement deux années, de la dernière année du règne de Cambyse à la deuxième année de Darius (522-520), on peut estimer la date

182 de rédaction approximative de ce document. P.-A. Beaulieu a suggéré une date plus précise à travers le document YBC 4160. Ce document nous fournit une information sur les animaux qui étaient préparés pour l’offrande quand les dieux étaient revenus de la ville de Babylone et le prix de la location de six bateaux utilisés pour le déplacement des dieux depuis la ville de Babylone. Gimillu a reçu des grains (ligne 33 de YBC 4160). En plus d’indiquer sa fonction, le document précise qu’il s’agit de la première année de Gimillu en tant que fermier général. On peut en déduire que les documents NCBT 642 et YBS 4160 ont été rédigés le dernier jour du règne de Nabuchodonosor IV et Darius478.

Ces déplacements de statues divines sont associés à la conception des statues divines en Mésopotamie. La statue divine n’était pas seulement un objet de culte, elle était considérée comme une image habitée par l’esprit divin. C’est la raison pour laquelle les Mésopotamiens organisaient la vie des statues divines comme celle des humains. Elles étaient logées dans des demeures dignes d’elles, on les nourrissait, on les habillait. Il était important de bien les traiter. Sinon, on pouvait provoquer la colère divine, ce qui entraînait une catastrophe dans le pays. À cause de leur influence importante, les statues divines babyloniennes étaient souvent capturées soit par les Assyriens, soit par les Elamites, d’après les sources historiques, à savoir les annales des rois néo-assyriens ou les chroniques babyloniennes479. Lorsque les statues divines étaient

capturées par les ennemis, les Mésopotamiens considéraient que les dieux les avaient abandonnés. Par exemple, on peut citer une stèle de Nabonide pour témoigner de cet esprit. Dans cette stèle, l’histoire de l’envoi de la statue divine de Marduk par Sennacherib à la ville d’Aššur a été interprétée comme la conséquence de la colère du dieu Marduk480. On doit

interpréter le déplacement de la statue divine selon la description du document NCBT 642, la Dame d’Uruk à la ville de Babylone dans l’esprit babylonien. Lors de la rédaction de ce document, NCBT 642, Nabuchodonosor IV, autrement connu comme Arakha, fils de Haldita, était en train de préparer la bataille contre Darius. Il est probable qu’il ait demandé à l’Eanna d’Uruk d’envoyer l’image de la Dame d’Uruk pour obtenir la protection divine et empêcher que l’ennemi s’empare des statues divines. Nabuchodonosor IV n’était pas la seule personne à faire appel au monde divin de cette manière face au combat. On peut citer l’histoire plus connue de Nabonide. Lorsque Nabonide a prévu l’attaque de Cyrus, le roi a fait rapporter les statues divines depuis diverses villes, dont Uruk. On peut le constater à travers divers documents.

478 Beaulieu 2014 : 21. 479 Watai 2016 : 159.

183 D’après la lettre YOS 3 145 écrite par Rēmūt, le secrétaire royal-zazakku de Nabonide, au

šatammu de l’Eanna, la Dame d’Uruk était déplacée ici aussi par bateau sur l’Euphrate481. Le

temple avait loué six bateaux entre le 28e jour du mois de Duzu et le 6e jour du mois d’Ululu

pour cette opération482. La chronique du roi de Nabonide483 divise les dieux en trois groupes.

Le premier comporte les dieux de Marad, Kiš et Hursagkalamma. On ne connaît pas le mois où ils sont entrés précisément dans la ville de Babylone, mais il est sûr qu’ils sont entrés en premier. Selon P.-A. Beaulieu, cela avait dû se produire entre le début du mois de Duzu et à la fin du mois de Simanu. D’après l’avis de S. Zawadzki, le déplacement aurait dû se produire plus tôt484.

Le deuxième groupe est celui des dieux d’Akkad entrés dans la ville de Babylone jusqu’à la fin du mois d’Ululu. Le dernier groupe rassemble les dieux qui n’étaient pas venus à la ville de Babylone, à savoir les dieux de Borsippa, Kutha et Sippar485. D’après P.-A. Beaulieu, ces

informations nous indiquent que Nabonide avait prévu l’invasion perse et qu’il s’était préparé plusieurs mois avant le conflit armé à Opis486. Malheureusement, parmi les sources qui

témoignent de cet événement, on ne dispose pas d’un document qui pourrait correspondre au document NCBT 642. C’est la raison pour laquelle on ne peut pas savoir si la clause pénale- hīţu était aussi appliquée au responsable de la livraison des statues divines ordonnée par le roi Nabonide, ou non.

Conclusion

Les fautes concernant le non-respect des clauses contractuelles de production et de service sont attestées en nombre dans diverses documentations administratives et judiciaires. Les intitulés des fautes présentées dans ce chapitre nous indiquent que les obligations des clauses contractuelles de production et de service, à cette époque, n’étaient pas seulement associées à l’accomplissement d’une obligation imposée par l’autorité ; elles pouvaient aussi être liées à tout autre type d’actes impropres pouvant se produire. Par exemple, la fuite d’ouvriers était aussi considérée comme une faute du contractant ayant reçu de la main-d’œuvre

481 Beaulieu 1989 : 220-222.

482 PTS 2301, YOS 6 195, YOS 6 215, TCL 12 121, YOS 19 11 et YOS 19 12. 483 Grayson 2000 : 104-111. et Classner 2004 : 232-238.

484 Zawadzki 2012 : 49.

485 Contrairement au témoignage de Chronique, le temple de l’Ebabbar de Sippar a envoyé le dieu Baş à la ville

de Babylone sous l’ordre de Nabonide (Zawadzki 2012 : 47-52).

184 du temple. Et s’agissant de la mission de maintenir la sécurité de l’Eanna, celui qui n’avait pas conclu les contrats avait pour interdiction de convoquer les oblats sans se fonder sur le droit réel cédé par l’autorité du temple. Dans un contexte militaire, l’autorité prend plus de précautions. L’autorité a même préventi d’un cas d’abus de pouvoir convocation.

Généralement, les dépendants du temple étaient sanctionnés quand ils avaient commis une faute par rapport aux règles du temple. Les sources nous montrent que le même type de faute était souvent sanctionné par le même type de peine. Par exemple, le retard était puni par le remboursement des reliquats. Cependant, cela ne signifie pas que des exceptions n’existaient pas. Par exemple, le retard était puni par le remboursement des redevances des récoltes ou des reliquats ; mais dans certains cas, la clause-hīţu était infligée à la place de la peine pécuniaire. On ne connaît pas la raison de l’application de cette peine, à cause du manque de sources. Les dossiers de contrat Iškaru nous montrent que l’on pouvait rédiger les contrats en fonction de chaque situation en dehors de la coutume, et aussi choisir la sanction infligée en cas de transgression de la clause indiquée. On peut aussi citer le cas de la non-fourniture de matériaux de construction. Si cette obligation était inscrite dans le contrat-iškaru, la sanction était soit la récompensation, soit la peine de fourniture des matériaux de construction au taux varié. Par contre, en cas de fourniture de matières premières pour la construction au palais, la peine infligée était décrite par la clause-hiţu. Cela montre que la même faute était punie différemment en fonction du contexte. Les sanctions inscrites dans les contrats ne se limitaient pas à la peine pécuniaire. Dans le cas d’une négligence dans le travail de surveillance des biens du roi, on pouvait même prévoir la peine de mort dans le contrat en cas de non-respect de l’obligation de service. Ce chapitre nous montre que le contrat a été souvent utilisé afin que les dépendants des grands organismes puissent leur offrir leurs services. L’autorité prévoyait tous les actes impropres qui pouvaient se produire au cours de l’accomplissement des tâches en inscrivant des clauses pénales dans les contrats.

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