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Les fautes concernant le maintien de la sécurité dans le temple d’Eanna.

TCL 12 80 01 Id nà-lugal-ur

7. Les fautes concernant le maintien de la sécurité dans le temple d’Eanna.

GCCI 2 103 et BIN 1 169369 : le sujet de ces deux documents est le maintien de la

sécurité de l’Eanna. Tous deux contiennent la clause-hīţu, plus précisément, « le châtiment de

Gobryas, gouverneur de Babylone et de l’Ebir Narî » associés au travail de la surveillance. La similitude entre les deux documents ne s’arrête pas à ce point. BIN 1 169 fut rédigé le 17ejour

du mois de Kislimu (IX) de l’année inaugurale de Cambyse ; GCCI 2 103 fut également écrit durant cette même année. Même si on ne connaît pas la date exacte de sa rédaction à cause d’une cassure, il est établi que ce texte fut rédigé la même année. Cependant, les contenus des documents nous démontrent que le but de la rédaction de ces deux documents était différent. Nous commencerons par décrire les documents en question pour bien comprendre les circonstances de la présence de la punition et leur objet.

Le premier document, GCCI 2 103, commence par une phrase de garantie. Trois hommes se sont « tenus debout » afin d’attester le travail de surveillance de l’Eanna en présence du šatammu et de l’officier-royal, responsable de l’Eanna. Par la suite, Nabû-mukīn-apli,

šatammu de l’Eanna et Nabû-ah-iddin, officier-royal, responsable de l’Eanna, ont établi une

liste des oblats qui se trouvaient dans la ville afin de les convoquer pour un travail de surveillance. Ceux-ci étaient alors chargés de maintenir la sécurité dans l’enceinte de l’Eanna (l. 09 maşşartu ša limit é-an-na). La protase de la clause-hīţu est la suivante :

l. 09-12. šá ina maşşartišu itellu hīţu ša gubaru lú nam tin-tirki u ebir narî išaddad, celui qui

abandonne le travail de la surveillance, il encourra le châtiment de Gobryas, gouverneur de Babylone et de l’Ebir Narî.

La clause-hīţu fut rédigée afin de prévenir la négligence de leur obligation, autrement

dit, d’une faute professionnelle.

Le second document, BIN 1 169, commence par la présentation de sept mār banî. En

leur présence, Nabû-mukīn-apli, šatammu de l’Eanna et Nabû-ah-iddin, officier royal, responsable de l’Eanna, ont demandé à Šamaš-ah-iddin, fils de Šamaš-nādin-šum, descendant de Qurda-Anu et Ea-kurbanni, fils de Nabû-ēţir-napšāti, descendant d’Ea-kurbanni, les policiers-paqudu de la ville d’Uruk, d’effectuer le service de surveillance de l’Eanna.

141 Cependant, ces deux personnes à qui les autorités du temple avaient demandé de maintenir la sécurité de celui-ci refusèrent d’effectuer cette tâche. C’est pourquoi la protase370 de la clause

pénale est intéressante :

l. 21-22. ki-i lú rig7-meš a-na ma-aş-şar-tu4 šá qab-lu uru id-di-ku-ú hi-ţu šá gu-bar-ru lú nam

tin-tirki u kur e-bir I

7 i-šad-da-du

l. 21-22. S’ils convoquent les oblats pour garder l’intérieur de la ville (et non pour garder le temple), ils encourront le châtiment de Gobryas, gouverneur de Babylone et de l’Ebir Narî.

La clause de stipulation pourrait être établie afin de provoquer une conscience de l’illégalité et pourrait alors servir pour que le document soit valable telle une règle prévenant d’éventuels conflits.

Cependant, on peut se demander pourquoi la clause conditionnelle de BIN 1 169 était associée à l’interdiction de convoquer les oblats. La réponse se trouve sans doute dans la mise en miroir des deux documents : GCCI 2 103, BIN 1 169.

GCCI 2 103

05-10. lú ši-ra-ku šá ina qa-bal-ta uru šá lú šà-tam u Idnà-šeš-mu a-na ma-aş-şar-tu

4 šá é-an-

na iš-ţu-ru-ú-ma id-di-nu-niš-šú-nu-tu i-di-ik-ku-nim-ma ma-[aş-şar-tu4] šá li-mit é-an-na i-na-

aş-[şa]-ru

05-10. Ils lèveront les oblats qui résident à l’intérieur de la ville que le šatammu et Nabû-ah- iddin ont inscrits afin qu’ils puissent surveiller de l’enceinte du temple et qu’ils leur ont donnés et ils feront le travail de surveillance de l’enceinte de l’Eanna.

BIN 1 169

l. 15-20. ki-i ma-aş-şar-tu4 šá é-an-na tuš-nam-şa-ra-a‘ lú rig7-meš [di-]ka-a’-a-ma ma-aş-şar-

tu4 it-ti-ku-nu li-iş-şur-ru Idutu-šeš-mu ù Idé-a-kur-ban-ni iq-bu-ú um-ma ma-aş-şar-tu4 šá é-an-

na ul ni-na-aş-şar ù lú rig7-meš ul ni-di-ik-ki

142 l. 15-20. « Si vous montez la garde du temple de l’Eanna, convoquez les oblats pour qu’ils fassent services de surveillance avec vous !» (Mais), Šamaš-ah-iddin et Ea-kurbanni ont répondu : «Nous n’allons pas faire le service de surveillant de l’Eanna. Et nous ne convoquerons pas les oblats !»

Ce passage nous démontre le lien très fort existant entre le travail de surveillant et le droit de convocation des oblats du temple. Selon GCCI 2 103, la personne qui accepte la responsabilité du service de surveillant doit convoquer les oblats sous l’ordre des autorités du temple.

Cette association se trouve également dans le document, BIN 1 169. Quand les personnes à qui cette tâche était demandée refusent d’effectuer le service de garde, elles devaient aussi renoncer au droit de convocation des oblats. Les données tirées de ces documents indiquent que le service de surveillant et le droit de convocation des oblats étaient considérés comme des choses indéniablement associées l’une à l’autre.

Nous allons maintenant étudier la clause pénale en nous basant sur la notion juridique effective de nos jours. La définition du contrat stipule qu’il s’agit « d’une convention par laquelle une ou plusieurs personnes s’obligent, envers une ou plusieurs autres, à donner, à faire ou à ne pas faire quelque chose. »371 La clause inscrite dans le contrat GCCI 2 103 tente de

prémunir contre une sorte de délit, une carence de l’obligation contractuelle. Ce contrat est donc conclu afin de confier à un tiers le service de surveillant, c’est-à-dire une obligation professionnelle. En revanche, BIN 1 169 est un contrat établi pour interdire un acte dans ce cadre professionnel. Ce point nous démontre que la clause-hīţu était également utilisée pour prévenir l’accident possible372.

En entrant dans les détails, nous constatons que ces deux textes sont des contrats forfaitaires : la première donnée de ces contrats concerne la main d’œuvre, autrement dit, les oblats qui se trouvaient dans la ville. En considérant cette circonstance, nous nous attendons à trouver, dans les termes de ce contrat, une clause de rémunération qui est pourtant absente. Il s’agirait donc de contrats de type « unilatéral » ou de « bénévolat ». Nous supposons que les

371 C. civ. Art. 1126

143 personnes réquisitionnées pouvaient être rémunérées par ration, mais nous n’en avons aucune preuve.

À présent, nous allons étudier les personnages cités dans ces textes et leur particularité. Nabû-mukīn-apli, šatammu de l’Eanna et Nabû-ah-iddin, officier royal, responsable de l’Eanna se présentent comme les autorités du temple dans les deux documents. Ils sont les décideurs et ceux qui font appel à la main-d’œuvre, c’est un fait indéniable. Mais dans ce cas, qu’en est-il de cette main d’œuvre ?

Le premier document, GCCI 2 103 évoque trois hommes : Pir’i, fils d’Eanna-šum-ibni, Balāţu, fils d’Innin-zēr-iddin et Arad-Innin, fils de Bēl-ahhē-iddin. Le premier, Pir’i, fils d’Eanna-šum-ibni, est un scribe bien connu. Plusieurs documents témoignent en effet de son activité : YOS 17 302 (Nbk 1/7/16), AnOr 8 45 (Cyr 4/12/9), TCL 13 142 (Cyr 7/4/12), YOS 7 69 (Cyr 8/3/12), YOS 7 125373 (Camb 2/ ?/ ?), Stigers, JCS 28, n. 32 (non daté) Le deuxième

protagoniste, Balāţu, fils d’Innin-zēr-iddin374, est également scribe ; cependant, son activité est

moins bien attestée que celle de Pir’u d’après les documents en notre possession. Le dernier, Arad-Innin, fils de Bēl-ahhē-iddin, n’est pas attesté dans nos documents hormis dans GCCI 2 103. C’est la raison pour laquelle nous ne connaissons ni son statut social ni sa profession.

Les scribes étaient des gens cultivés probablement d’origine familiale très aisée, ils faisaient donc partie d’un cercle assez fermé. Récemment, un article de G. Frame et C. Waerzeggers a démontré l’importance du rôle de la prébende du scribe par rapport à d’autres prébendiers. La liste des prébendiers qui se trouve dans un document concernant la distribution de la viande a été établie selon l’importance de chacun. C’est la raison pour laquelle la place des possesseurs de prébende dans ces listes peut être une indication pour connaître leur position sociale. D’après ce que la liste nous dit, le scribe était placé juste après les desservants (ērib

bīti)375. En dehors de son travail de rédacteur et copiste, il avait d’autres activités. Par exemple,

on sait qu’un scribe de palais fut envoyé (sûrement par le roi) pour faire l’inspection du bétail à Sippar. À Uruk, le šatammu, le fonctionnaire-qīpu, le scribe et le messager, scribe-araméen,

ont réalisé ensemble l’inspection ordonnée par Gobryas, gouverneur de Babylone et de l’Ebir Narî.

373 Pir’u, fils d’Eanna-šum-ibni ne se présent pas comme scribe dans ce document. Il s’agit d’un document

juridique dans lequel Pir’u a témoigné à propos de la vache marquée d’étoile.

374 GCCI 2 103 (Camb 0/ ?/ ?), YOS 7 162 (Camb 3/8/24). 375 Frame et Waerzeggers 2011 : 6.

144 Le deuxième texte, BIN 1 169, présente deux personnes. La première est un homme appelé Šamaš-ah-iddin, fils de Nabû-ēţir-napšāti, descendant de Qurda-Anu ; le second est un dénommé Ea-kurbanni ; ils sont tous les deux policiers-paqudu de la ville d’Uruk, fils de Nabû- ēţir-napšāti, descendant d’Ea-kurbanni.

Malheureusement, nous possédons peu de documents permettant d’identifier Šamaš- ah-iddin, fils de Nabû-ēţir-napšāti, descendant de Qurda-Anu. Son nom est attesté dans une tablette copiée par F. Joannès, C 1376, mais cela ne nous donne pas beaucoup d’information sur

Šamaš-ah-iddin. Malgré l’absence de source, on sait qu’il était d’origine sociale aisée d’après le nom d’ancêtre qui lui est associé377.

Le deuxième protagoniste se nomme Ea-kurbanni, lui aussi policier-paqudu de la ville d’Uruk, fils de Nabû-ēţir-napšāti, descendant d’Ea-kurbanni. Il est mieux attesté que les autres personnes mentionnées dans YOS 7 137. Son nom était associé à sa fonction de policier-lú paqudu. Afin de connaître sa position sociale, il est nécessaire de savoir qui est exactement un lú paqudu. Le lú paqudu, selon une traduction proposée dès le début du XXe siècle, serait un

« policier ». Cependant, cette traduction ne se trouve pas dans les deux dictionnaires akkadiens de référence, à savoir le CAD et le AHw. AHw garde le silence sur ce mot, tandis que le CAD propose de la traduire par « agent ». Par ailleurs, selon R. Pirngruber, le CAD P, dans l’article consacré au paqdu, p. 136, confondrait deux officiers distincts, le lú paqdu et le lú paqudu378.

Récemment, faisant remarquer le besoin d’une définition précise du lú paqudu, R. Pirngruber a proposé de distinguer les termes «lú paqdu» et «lú paqudu». En nous basant sur cette étude, nous allons examiner les particularités de la fonction du lú paqudu en détail379.

Premièrement, l’une des tâches du lú paqudu était de recevoir les accusations, de mener les enquêtes et d’amener des preuves. YOS 7 149 est un document judiciaire concernant le vol d’une génisse appartenant au temple. Gimillu, fils d’Innin-šum-ibni, y a déclaré le vol auprès du šatammu de l’Eanna en expliquant ce qu’il a fait entre le moment où il en a eu connaissance la livraison des preuves devant les autorités380. Selon lui, une génisse de la Dame d’Uruk qui se

376 Joannès 1990 : XLIII, C 1.

377 Un processus conscient d’établissements d’une généalogie des lettrés fut mis en forme, les plus grandes

familles se réclamant d’un ancêtre prestigieux (Joannès 2000a : 707).

378 Pirngruber avec la contribution de Tost 2013 : 70.

379 Nous ne mentionnerons pas les corpus provenant de l’archive de Murašu, déjà discutés par M. W. Stolper.

Stolper 1988 : 127-155. La particularité des tâches de lú paqudu a été discutée dans Pirngruber avec la contribution de Tost 2013 : 70-71.

145 trouvait dans le troupeau de Šulaia avait disparu. Après avoir constaté cette disparition, il est allé la déclarer à Ea-kurbanni,, le lú paqudu. Une fouille des habitations a été organisée et on a saisi des morceaux de viande présumés être issus de la vache disparue chez Habaşru, fils de Kalbaia. Gimillu et Ea-kurbanni ont fait amener le voleur et la preuve matérielle devant l’assemblée babylonienne et urukéenne.

Une deuxième chose peut être notée concernant la mission du lú paqudu. Après la déclaration du vol décrit dans YOS 7 149, on constate un changement du sujet dans les phrases : celui-ci passe de la troisième personne du singulier à la première personne du pluriel. Bien que l’identité de ces sujets à la première personne du pluriel ne soit pas précisée, il s’agit vraisemblablement du lú paqudu et de Gimillu, fils d’Innin-šum-ibni. Par ailleurs, on observe que ces agents travaillaient en équipe ; par exemple, dans le document BRM 1 76, Marduk- iqîšanni, le second-lú šanû de la ville de Šahrīnu, fils d’Ardiya, prêta serment auprès de Nabû- ahhē-bulliţ, fils d’Itti-Marduk-balāţu. Dans le texte se trouve un passage qui décrit cette particularité de son travail : « (Je jure que) j’ai rassemblé les policiers-paqudanu de la ville de Šahrīnu pour faire une enquête jusqu’au 26e jour du mois de Simânu de la 14e année du règne de Darius à propos d’un vol commis au mois de Nisānu de la 14e année du règne de Darius,

dans la maison de Nabû-ahhē-bulliţ »381. Il est attesté que la victime de ce vol était un homme

connu d’origine sociale très aisée, issu de la famille d’Egibi. On pourrait éventuellement supposer que c’était la raison pour laquelle les lú paqudu s’étaient ainsi rassemblés et s’étaient évertués à chercher le voleur en équipe. Mais d’autres textes font état de cette réalité. Ainsi, dans une lettre de Širiktu, YOS 21 146, l’auteur a dénoncé une affaire de conspiration, pour laquelle les lú paqudu sont alors intervenus. Le travail des lú paqudu pouvait être très dangereux, comme le fait remarquer R. Pirngtuber382 car, dans ce cas, certains d’entre eux furent tués par

les criminels. Comme de nos jours, le travail de policier et d’enquêteur comportait des risques et se faisait en équipe pour une meilleure efficacité et une plus grande sécurité.

Troisièmement, les lú paqudu pouvaient travailler en relation les uns avec les autres entre les différentes régions. Au début du document YOS 7 137, on peut lire que Dummuqu, fils de Balţiya, homme de la ville de Šadmu, a été saisi par Ea-kurbanni,, lú paqudu d’Uruk. Or, l’intervention d’Ea-kurbanni fut demandée par Kalbaia, lú paqudu de Šadmu. Cela indique donc

381 l. 04-07, ki!-i a-di-i u

4 26-kám šá iti sig4 šá mu 14-kám Ida-ri-ia-muš lú pa-qu-da-nu šá uru šá-ha-ri-nu ú-ra?!-

am-ma a-na ugu lú sa-ar-ti-(érasure) šá uru šá-hi-ri-nu ina é Id nà-šeš-meš-bul-liţ ina iti bára šá mu 14-kám Ida-

ri-ia-mušlugal ip-te-še-ti

146 l’existence des liens entre les lú paqudu des diverses régions. Pour arrêter les criminels fugitifs, la coopération entre les agents des différentes cités était nécessaire.

Quatrièmement, les lú paqudu jouissaient vraisemblablement d’une certaine autorité et étaient respectés au sein de la société. On le voit très concrètement dans une lettre, CT 22 73, écrite par un certain Puršu383. Il semble que ce personnage était très en colère lors de la rédaction

de sa missive, qui explique qu’il avait besoin d’orge mais n’arrivait pas à l’obtenir. Il souhaitait régler le problème en faisant appel à l’aide de son seigneur ce qu’il écrivit en ces termes : 19-23. 1[-et ši-pir-t]ú ù dumu šip-ri ki-i šá Ibar-zi-en-na ù ki-i šá lú sukkal en liš-šá-am-ma a-

na igi I gu-za-nu lú pa-qu-du u Iìr-du-gur lú ú-mar!-za-na-pa-[ta] en lu-še-bi-lu

19-23. (J’aimerais) que le seigneur envoie [une lettre] ou (en faisant envoyer) les messagers venant de Barzienna ou de Sukkal. (Je souhaiterais également) que le seigneur envoie (soit une lettre, soit les messagers) à l’adresse de Guzanu, policier-paqudu ou à l’adresse d’Arad-Nergal, un administrateur de ville384 !

D’après cette requête, il semble que le lú paqudu devait jouir d’un statut solide et posséder une autorité au sein de sa ville, car il était manifestement considéré comme quelqu’un étant en mesure de régler efficacement les problèmes en tout genre.

Un autre document, Cyr 328 + Cyr 329, présente une affaire tout à fait différente, mais qui démontre la même réalité. Il s’agit d’un document accusatoire. La victime de cette affaire est Nabû-ahhē-bulliţ, un paqudu de la ville de Šahrīnu. Celui-ci s’est « tenu debout » devant Bēl-uballiţ, šangu de Sippar, en déclarant la chose suivante :

06-17. Idna-na-a-mu a-šú šá Idká-kám ina é-ia aş-şa-bat um-ma! šeš ad-ka u lú pa-qu-du šá uru

a-na-ku mi-nam-ma šuII-ka a-na muh-hi-iá ta-ad-ka Idim-lugal-pap a-šú šá Idnà-ú-še-zib Inar-

gi-ia u Ieri-ba šeš-meš-šú Iku-ut-ka-a’-dingir a-šú šá Idká-kám Iden-din a-šú šá Iba-ri-ki-dingir Iden-šeš-meš-pap a-šú šá Idim-gi u Ibašá-a a-šú šá Idutu-lugal-pap ki-i il-lam-ma-nu gišig-a it-ta-

bal-'u u a-na é-ia ki-i ir-bu-nu it-te-ru-nu 1 ma-na kù-babbar àm! it-ta-šu-ú

06-17. J’ai saisi Nanaya-iddin, fils de Bab-ēreš, dans ma maison en disant : "Moi ! Je suis ton oncle et un policier-paqudu de la ville. Comment peux-tu te conduire avec méchanceté ?" Adad-

383 Puršu est un membre de la famille Egibi. Voir les lettres nB de Jursa et al. 384 umarzanapa[ta] voir Beaulieu 2018 : 253.

147 šar-uşur, fils de Nabû-ušezib, Nargia et Eriba, ses frères, Kutkā-ili, fils de Bab-ēreš, Bēl-uballiţ, fils de Bariki-ili, Bēl-ahhē-uşur, fils d’Adad-ušallim, et Iqîšā, fils de Šamaš-šar-uşur sont devenus violents, ils ont emporté ma porte. Et lorsqu’ils sont revenus dans ma maison, ils se sont rapprochés de moi, ils ont enlevé une mine d’argent.

Nabû-ahhē-bulliţ fait état de son autorité en se basant sur deux éléments : 1) il est l’oncle du criminel.

2) il est un lú paqudu.

La première expression doit être comprise comme le fait qu’il était de l’âge du père de Nanaya-iddin, de la même génération et avait donc l’autorité du plus âgé. La seconde phrase nous démontre que le fait d’être lú paqudu donnait une autorité certaine et qu’on lui devait respect aussi de par sa fonction.

Enfin, la dernière particularité des lú paqudu est la diversité des crimes et délits qu’ils étaient en charge de poursuivre : le vol privé (YOS 7 149), la violation de domicile, la diffamation (CT 22 73, Cyr 329 + Cyr 328), poursuite des criminels (YOS 7 137), mener une enquête concernant un vol privé (BRM 1 76 = AJSL 27, p. 224-225,), une affaire de conspiration (YOS 21 146), les nuisances sonores d’un cabaret (BM 114528)385. D’après ces

données, la fonction de lú paqudu semble très proche de celle du policier actuel.

Il est certain que les autorités du temple choisissaient des personnes respectées dans le domaine civil et cultuel (lú dub-sar) ainsi que des personnes ayant une certaine autorité dans la société (lú paqudu) pour maintenir la sécurité de l’Eanna. Ce choix est justifié par le fait que ces dernières avaient plus de facilité pour diriger la main d’œuvre, y compris les oblats de temple, même si leur fonction n’était que provisoire au sein du temple. En outre, le scribe et le lú paqudu étaient des personnages connus et reconnus par les autorités du temple : le scribe avait la charge de la rédaction de tous les documents administratifs386 et le lú paqudu menait

des enquêtes puis livrait les personnes arrêtées aux autorités cultuelles (YOS 7 149 - šatammu

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