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I. Premier chapitre –transgression des interdits religieu

2. Les fautes dans le secteur agricole

2.2. Laisser mourir les palmiers-dattiers – daku ša gišimmar

Le fait de couper un palmier était puni par une peine pécuniaire d’1 mine d’argent. Cette sanction est attestée dans plusieurs documents qui décrivent une situation similaire : TCL 12 89, Dillard, FLP 1603 et YOS 7 68.

La plus ancienne attestation de cette sanction figure dans le document TCL 12 89. Ce document a été rédigé le 12e jour du mois d’Addaru de la 8e année du règne de Nabonide, roi

de Babylone. Anum-nāşir, fils d’Ibni-Ištar, descendant de Kuri, est obligé d’amener son fils, Innin-apla-iddin, et de le remettre à Nabû-šar-uşur, officier royal, responsable de l’Eanna avant le 22e jour du mois d’Addaru. Sinon, il devrait donner 1 mine d’argent pour compenser le

palmier-dattier abattu. Anum-nāşir a un délai de dix jours pour amener son fils devant l’autorité du temple.

272 Le responsable de la répartition de l’eau d’irrigation et, souvent, de la circonscription agricole quiy est attachée.

87 On constate le même type d’histoire dans le document Dillard, FLP 1603. Un père est obligé d’amener son fils qui avait causé la mort d’un palmier-dattier. S’il n’arrive pas à amener son fils, il doit donner 1 mine d’argent à Nabû-udammiq, fils de Nabû-ēţir273.

Une histoire similaire se trouve enfin dans le document YOS 7 68, où Nabû-udammiq, fils de Nabû-ēţir, a été accusé par l’autorité du temple, représentée par Nabû-šar-uşur, officier royal, d’avoir laissé mourir trois palmiers-dattiers situés dans le champ de la Dame d’Uruk. Il doit amener le jardinier de la palmeraie qui a laissé mourir les palmiers-dattiers dans le champ de la Dame d’Uruk qui était mis à sa disposition. Sinon, c’est lui qui doit donner trois mines d’argent pour les trois palmiers-dattiers morts. Nabû-udammiq, fils de Nabû-ēţir, descendant de Gimil-Nanaya, était fermier général depuis la première année de Cyrus.

YOS 7 68

01. a-šà šá dgašan šá unugki {šá ina [igi]}

02. šá ina pa-ni Idnà-sig

5! a-šú šá Idnà-šur

03. šá 3 gišgišimmar ina lìb-bi de-ku-‘

04. a-di u4 15-kám šá iti še lú nu-giš-šar

05. šá gišgišimmar ina a-šà šá dgašan šá unugki

06. šá ina pa-ni-šú i-du-ku 07. ib-ba-kám-ma a-na 08. Idnà-lugal-uri

3 lú sag lugal

09. i-nam-din ki-i la it-tab-kám-ma 10. la id-dan-nu 3 ma-na kù-babbar 11. ku-um da-a-ka šá gišgišimmar

12. a-na dgašan šá unugki i-nam-din

13. lú mu-kin-nu Idinnin-gin-a a-šú

14. šá Inumun-iá Idna-na-a-kám

15. a-šú šá Igi-mil-lu

16. lú [umbisag] Iba-[la-ţu]

17. unugki [iti x u

4x-kám mu x ]

18. Ikur-áš lugal tin-tirki

88 19. lugal kur-kur

01-09. (Concernant) le champ appartenant à la Dame d’Uruk qui est à la disposition de Nabû- udammiq, fils de Nabû-ēţir, où trois palmiers-dattiers ont été laissés mourir, d’ici quinzième jour du mois d’Addaru, il (=Nabû-udammiq) ramènera le jardinier qui avait laissé mourir les palmiers-dattiers dans le champ de la Dame d’Uruk qui (était) à sa disposition. Il (le) donnera à Nabû-šar-uşur, l’officier royal.

09-12. S’il ne l’amène pas ensuite, il ne (le) remet pas, il donnera 3 mines d’argent en compensation la mort des palmiers-dattiers à la Dame d’Uruk.

13-15. Témoins, Innin-mukīn-apli, fils de Zēriya, Nanaya-ēreš, fils de Gimillu, 19. le scr[ibe] Uruk [le mois de …. Le jour ….], Cyrus, roi de Babylone, roi des pays.

Ici, Nabû-udammiq a fait exploiter son champ de palmiers-dattiers par un autre jardinier. Selon ce document, la première personne qui était responsable de l’abattage d’un palmier-dattier était le cultivateur du champ, dont le nom n’est pas mentionné. Et si Nabû- udammiq ne pouvait faire venir ce jardinier, c’est lui qui serait obligé de payer 1 mine d’argent. D’après les trois attestations, le montant pour l’abattage des palmiers est forfaitaire. Ce fait est illustré par les contrats BM 114450 et YOS 21 214. Il s’agit de contrats- ana nukuribbuti274.

Quant à BM 114450275, il a été conclu entre l’autorité du temple, représenté par Nidinti-Bēl,

fils de Nabû-mukīn-zēri, descendant de Dabibi, Nabû-ah-iddin, l’officier royal de l’Eanna, et Silim-ili, fils de Nanaya-ēreš. Dans ce document, on trouve une clause intéressante qui correspond aux documents que l’on vient de présenter, à la ligne 11. Elle indique que toute personne faisant tomber un palmier-dattier devra payer 1 mine d’argent. Même si la forme du contrat est légèrement différente, YOS 21 214 nous présente une obligation similaire. Ce contrat précise les obligations du cultivateur. Celui-ci était obligé de présenter le bourgeon et les feuilles du palmier-dattier. Il devait prévenir l’abattage du palmier-dattier276. En cas de violation

de ces obligations, le responsable devait payer 1 mine d’argent277.

274 On peut diviser les documents de louage selon la destination du terrain. Pour défricher la terre afin de cultiver

d’orge, il y avait le contrat-ana tapte. Et pour créer un nouveau champ de palmiers-dattiers, il y avait le contrat- ana zaqiputi. Le dernier contrat pour cultiver des palmiers-dattiers déjà plantés était appelé ana nukuribbuti. Voir : Janković 2013 : 301.

275 Janković 2013 : 309-310.

276 pu-ut ma-aş-şar-tu4 [šá lìb-bi u ha-ru-ut-tu4] ù da-a-ku šágiš gi[šimmarna-ši] 277 Janković 2013 : 307-308.

89 Tout cela nous indique qu’à l’époque néo-babylonienne, l’abattage non autorisé de palmiers-dattiers est puni d’une peine pécuniaire forfaitaire, à savoir 1 mine d’argent, et que la responsabilité en incombe au cultivateur. Cela était inscrit dans le contrat de louage-ana nukuribbuti. À l’époque paléo-babylonienne, selon la clause de Hammurabi § 59278, la même

faute est punie d’une peine pécuniaire de 1/2 mine d’argent. Cependant, la situation était différente, parce qu’il s’agissait de l’abattage d’un palmier-dattier d’une personne libre, et non d’un de ceux du temple.

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