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TCL 12 80 01 Id nà-lugal-ur

5. La transgression des clauses des contrats-Iškaru

5.1. Le contrat-iškaru concernant les oiseau

Le premier thème que nous allons aborder est celui des contrats concernant les oiseaux. Ces documents proviennent de deux grandes villes, Uruk et Sippar. Si l’on examine les deux tableaux qui sont ici dressés, nous constatons tout d’abord que la nature des archives de ces deux grandes organisations était très différente.

A Uruk, les contractants avec qui le temple de l’Eanna avait conclu un contrat-iškaru étaient des oblats, oiseleurs de la Dame d’Uruk (YOS 7 69, TCL 13 168). Dans ces contrats, on cite des fautes sanctionnées par la clause-hīţu :

1) S’ils ne livrent pas la quantité promise dans le contrat-iškaru (YOS 7 69, TCL 13 168) 2) Si les oiseleurs font défection (TCL 13 168)

Ces deux documents soulignent l’importance de fournir la quantité des oiseaux promise. Le temple de l’Eanna devait souffrir du manque d’oiseaux au moment où le document fut écrit. Normalement, les oiseaux devaient être offerts au moment du rituel.

295 Les matières premières fournies étaient différentes selon les termes des contrats-iškaru et les situations des

contractants.

296 Il y avait le cas où, soit la provision, soit la matière première n’avait pas été fournie par le temple. Dans une

telle situation, Dar 43, montre que l’autorité avait précisé par écrit que le devoir de fournir le matériel était dû à ses contractants : 11-13. ina lìb-bi fi-din-tu

4fmi-is-ta-a u fba-zi-tu4 ina mu-an-na 3 túggu-li-en iš-ka-ri a-na dutu ta

ra-man-ši-na i-nam-din-na-‘a, Elles (y compris Idintu, Mistā et Bazitu) fourniront 3 vêtements-gulenu, par ans, le travail-assigné-iškaru à Šamaš à ses frais privés.

101 Voici les noms des dieux et des déesses énumérés à qui l’on servait des oiseaux lors des repas :

le canard, paspasu, est dédié à Ištar, Nanaya, Bēltu-ša-Rēš, Uşur-amāssu, Urkayītu, le symbole de Bēl, le symbole of Nabû, Marduk, Gula, Palil, Palil et Bēlet-Eanna d’Udannu, Nergal, Ninurta, Nusku.

le pigeon ramier, sukannīnu, est offert à Ištar, Nanaya, Bēltu-ša-Rēš, Uşur-amāssu, Urkayītu,

le symbole de Bēl, le symbole de Nabû, Marduk, Gula, Palil, Palil et Bēlet-Eanna d’Udannu, Nergal, Ninurta, Nusku298.

Le nombre de dieux qui trouvaient ces oiseaux si savoureux démontre que la demande d’oiseaux pour l’offrande régulière devait être très importante. On ne peut pas dire précisément les quantités nécessaires pour combler ces besoins à cause de la nature de cette archive du temple de l’Eanna299.

Par contre, malgré la similitude des documents, les conditions pénales de TCL 13 168 présentent une clause ajoutée sous forme hypothétique : « S’ils (les oblats du temple chasseur d’oiseaux) vont dans un autre endroit et s’ils ne donnent pas le résultat de leur travail assigné au temple, ils encourront le châtiment de Gobryas, gouverneur de Babylone et de l’Ebir Nari. » Cette variété des clauses hypothétiques confirme que la clause-hīţu n’était pas totalement liée, semble-t-il, à une faute spécifique, elle existait plutôt pour lutter contre la transgression des engagements initiaux ou toute autre circonstance préexistant à la rédaction de ce contrat.

Pour revenir plus précisément à notre sujet, ce phénomène souligné coïncide avec l’observation faite par B. Janković : Le manque d’oiseaux ravitaillés par la bīt uşşūrī300, était un phénomène récurrent à Sippar. Par contre, on ne trouve pas de clause-hīţu dans les documents provenant de la ville de Sippar, à l’inverse des documents provenant de la ville d’Uruk. Cela est peut-être dû à la nature des archives qui nous sont parvenues.

298 Beaulieu 2003 : 28.

299 Si l’on regarde du coté de Sippar, le temple de l’Ebabbar ne pouvait pas combler en totalité ses besoins en

oiseaux comme offrandes ; il était obligé, semble-t-il, d’acheter régulièrement des oiseaux sur le marché. Même si l’on n’a pas de document confirmant directement l’achat d’oiseaux, plusieurs documents administratifs en témoignent dans les archives de la cité. Conclure un contrat-iškaru avec des oblats ou une autre personne concernée par ce métier pouvait être un outil très utile afin de combler ces nécessités : Janković 2004 : 27.

300 Littéralement « maison des oiseaux », désigne l’endroit où ceux-ci sont engraissés au grain dans les grands

102 La deuxième hypothèse qui se trouve dans le document TCL 13 168 concerne la prévention contre la fuite des oiseleurs. Les oiseleurs devaient aller en dehors de la ville d’Uruk où le contrôle du temple était plus léger : ce fait souligne l’importance d’avoir, de la part du temple, une sorte de garantie concernant la fidélité ou la loyauté des oiseleurs pour le temple de l’Eanna.

Du coté de la ville de Sippar, l’ambiance est un peu différente. La forme des quatre documents cités dans le tableau ci-dessous est à chaque fois différente. Malgré cette diversité, on peut diviser ces documents en deux types. La première catégorie est écrite à l’usage des gens qui allaient chasser les oiseaux dans la nature (CT 55 72, AOAT 315 n. 44). La seconde catégorie concernait des documents écrits pour la gestion interne et concerne également les oiseaux eux-mêmes (Camb 194, Tarasewicz, KASKAL 6, n. 1).

Nous allons tout d’abord examiner la première catégorie des documents. Le protagoniste de CT 55 72 demande à fournir 5 oiseleurs, oblats, afin de procurer 525 tu-kur4,

sukannīnu, pigeon ramier, comme offrande régulière auprès de l’autorité du temple.

Les 2 types d’oiseaux kur-gi-meš, kurkû, poule et tu-kur4-meš, sukannīnu, pigeon

ramier étaient élevés en basse-cour. Par contre, les oies sauvages étaient chassées. On trouve ainsi 9 kur-gi-mušen arrautu, c’est-à-dire des oies sauvages, dans le document d’AOAT 315 n. 44. D’après BM 70165, un texte écrit durant l’année inaugurale de Cyrus, le nombre des oiseleurs (11) atteint presque deux fois celui des bergers (6), à Sippar301.

Nous allons étudier, ici, la particularité régionale des protagonistes de nos documents. À Uruk, on ne trouvait personne qui demandait à fournir des oiseleurs, oblats, pour faire le service-iškaru auprès de l’autorité de temple. Dans deux documents provenant de la ville d’Uruk (YOS 7 69, TCL 13 168), on voit que les oblats eux-mêmes se présentent devant les officiers sans intermédiaire. En revanche, à Sippar, on découvre, dans le document CT 55 72302,

301 Tarasewicz 2009 : 165.

302 l.01-17. Ila-ba-a-[ši a]-šú šá Idutu-da-a-a-nu a-na I[den]-šeš-meš-ba-šá lú qí-i-pi é-bar-ra [u I]damar-utu-mu-mu

lú sanga-[d!]utu iq-bi um-ma I[bu]-di-ia Iìr-dsaggar2Idutu-mu [I]ìr-dgu-la u Idnà-lu-ú-sa-li-[mu] pap 5 lú mušen-dù-

meš bi in-na-a’ ina mu-an-na 70[ +5 ? kur-gi-meš ] ù 525 tu-[kur

4][-meš šá] iš-ka-ri-[šú-nu] a-na dutu [a-nam]-di-

in Iden-[šeš-meš]-ba-šá u Id[amar-utu]-mu-[mu] -mu-šú [ ] [5 lú mušen]-dù-meš [id]-din-nu

[ ] ina mu-an-na 60[+ ? ? kur]-gi 525 tu-kur4-<mušen> iš-ka-[ri]-šú-nu a-na sat-tuk šá dutu i-nam-din iš-ka-ri-šú-nu ta iti bara2šámu 3-kám šá a-na sat-[tuk] Idutu-mu id-din-nu ina iš-ka-ri-šú a-na muh-hiIla-ba-a-ši

103 un homme dénommé Labaši, fils de Šamaš-dayyānu qui fit, auprès de l’officier-qīpu de l’Ebabbar, une demande en ce terme :

01-17. Laba[ši, fi]ls de Šamaš-dāyyanu a fait une déclaration à [Bēl]-ahhē-iqîša, officier-qīpu de

l’Ebabbar [et] Marduk-šum-iddin, Sanga de Šamaš : « Donne-moi ! [Pu]dia, Arad-Bunene, Šamaš-iddin, Arad-Gula et Nabû-lusalimu, 5 oiseleurs au total ! [Je donnerai] chaque année 525 [tourterelles?] [et 75? oies…], le travail assigné à Šamaš ! » Bēl-[ahhē]-iqîša et [Marduk]-

šum-[iddin] était d’accord (lit. l’ont écouté), ils ont donné [5 oiseleurs]. Il (Labaši) donnera 525

tourterelles, [75 ?] oies, pour leurs services-obligatoires-iškaru, chaque année, pour l’offrande

régulière de Šamaš. Il [renverra] leur service-obligatoire-iškaru, (compté) à partir du mois de

Nisānu de la 3e année que Šamaš-iddin a donné pour l’offrande régulière, dans son service- iškari, ce qui est imposé à Labaši.

Qui était donc cet homme ? Labaši est attesté dans plus de 18 documents, dont le document CT 55 n. 730, non-daté à cause d’une cassure et les documents BM 73114, BM 61373, BM 61259, BM 64649, BM 65290, BM 63787, BM 68999, CT 55 730, CT 56 332, CT 57 383, CT 55 72, CT 55 726, Camb 131, Camb 175, Camb 209, Camb 266, Tarasewics, KASKAL 6, n. 6303. Le plus ancien de ces documents est CT 57 383. Labaši y était sur la « liste de rations »

où l’on trouve également un potier à la ligne 5. Malheureusement, la tablette est cassée et on ne sait pas quelle quantité d’orge il a reçue. D’après CT 55 730, Labaši avait reçu 1 gur d’orge en fourrage pour les oies. Dans le document CT 55 726 (Cyr 3/12-bis/16), Labaši et sa femme, Šikkuttu, avaient reçu 2 sicles d’argent provenant du revenu-irbu afin de nourrir 2 oies. Durant l’année inaugurale du roi Cambyse, Labaši avait reçu ½ gur d’orge pour le fourrage des oies et des ramiers (CT 56 332 et BM 68999304) Il reçut également de l’orge pour des oies le 1er jour

du mois de Tašritu de la 1re année de Cambyse (Camb 131, Camb 209, Camb 266, CT 57 383,

CT 55 730?, CT 56 332, AOAT 315 n. 38, Tarasewicz, KASKAL 6, n. 12, Tarasewicz,

KASKAL 6, n. 16.) Tous ces documents témoignent du fait que Labaši élevait des oiseaux, de temples surtout, à savoir des oies et des ramiers, et qu’il recevait des grains305 pour le fourrage de ces oiseaux. En conclusion, labaši travaillait pour le temple en s’occupant des oiseaux. C’est sans doute la raison pour laquelle il connaissait tous ces noms oiseleurs, oblats du temple. Il pouvait apparemment même travailler avec sa femme (CT 55 726). Cependant, il me semble

303 A voir, Janković 2004 : 105-106. 304 publié dans Janković 2004 : 93-94.

104 qu’il n’était pas oblat de temple comme le propose B. Janković306. C’est, effectivement, lui qui avait proposé qu’on lui donne des oblats de temple : les oiseleurs auprès du temple en question. S’il avait été un oblat, ce statut aurait dû être mentionné normalement à côté de son nom. De plus, Camb 175, un document donnant une liste de ration fait la distinction entre son nom, Labaši, et le groupe des autres sept oiseleurs.

Un autre document, AOAT 315 n. 44, nous présente un homme dénommé Šamaš-ēţir, fils de Šamaš-reşûa. Il y est dit qu’il reçut 9 oies du Trésor du temple de l’Ebabbar et qu’il avait 10 chasseurs d’oiseaux sous sa responsabilité. Il est attesté également dans AOAT 315 n. 77307

où il est dit qu’il reçut 1 1/3 d’argent sous la forme-ginnu, comme rémunération pour ses oiseaux. Selon AOAT 315 n. 43308, il avait alors deux oiseleurs sous sa responsabilité. C’est

ainsi Šamaš-ēţir, fils de Šamaš-reşûa qui ramena 17 oies, à la place de deux oiseleurs, au temple auprès d’Inbā. Finalement, en nous basant sur un document écrit le 10 + ?e jour du mois d’Abu de la 8e année du règne de Nabonide, BM 67127 (82-9-18, 7123), R. Tarasewicz propose que

Šamaš-ēţir ait pu être un re’û işşūri, parce qu’une provision lui est donnée par le temple. Camb 194 et Tarasewicz, KASKAL 6, n. 1 sont en rapport avec l’élevage des oiseaux du temple, en gestion interne et externe. Malgré la cassure des deux documents, on peut lire des noms de témoins et des formes syntaxiques identiques. Les dates se complètent d’ailleurs mutuellement.

Les deux documents furent écrits durant le 8e jour du mois de Kislimu de la 3e année

du règne de Cambyse. D’après Camb 194 et Tarasewicz, KASKAL 6, n. 1, Ubar et Ahlia avaient reçu 50 canes et 10 canards mâles qui étaient mis à la disposition de Rēmūt-Bēl ; par la suite ils furent apparemment obligés d’apporter 150 jeunes canards (uz-tur lidanu309) pour leur

travail assigné-iškaru de la 4e année et 50 mères-canards (ama-mušen) provenant de l’iškaru de

la 3e année, comme première matière fournie par le temple. Ces textes nous montrent le

processus administratif de la gestion interne et externe. Cependant, on ne trouve pas, ici, la clause pénale en ce qui concerne le devoir du contractant.

306 Voir la note de numéro 81 307 BM 74634

308 BM 61460

309 Trois termes, lidānu, raşşīşu et parru sont utilisés pour désigner l’âge des canards. D’après B. Janković, lidānu

et raşşīşu étaient les oiseaux nés durant l’année ; plus précisément, le lidānu était un petit oiseau qui devait être accompagné de sa mère, alors que le raşşīşu était un oiseau âgé de trois mois à douze mois. En revanche, le parru était un oiseau né de l’année précédente : Janković 2004 : 15, 17.

105 Comme nous n’avons pas beaucoup de sources, il est prématuré de l’affirmer, mais il est clair que la clause-hīţu inscrite dans les contrats-iškaru d’Uruk n’était pas une pénalité infligée systématiquement. Elle était infligée seulement dans certains cas précis, si besoin.

106 Tableau 4: Les documents iškaru concernant les oiseaux d’Uruk

Titre de la publication

Datation Lieu Autorité Contractants Existence de la clause-hīţu Matière première fournie Particularité du document YOS 7 69 Cyr 8/3/12 Uruk šatammu de l’Eanna + officier royal, le responsable de l’Eanna les oiseleurs de la Dame d’Uruk, oblats,

/ (N’importe qui de réduit à la quantité de service.)

N’est pas marquée. Le texte est écrit sous la forme d’un dialogue. Les oiseleurs s’y présentent ensemble, devant l’autorité.

TCL 13 168 Camb 5/6/27

Uruk N’est pas marqué.

les oiseleurs de la Dame d’Uruk, oblats

Oui (Contre la fuite des oiseleurs et l’absence des oiseaux mentionnés dans le contrat-iškaru)

107 Tableau 5 : Les documents iškaru concernant les oiseaux de Sippar

Titre de la publication

Datation Lieu Autorité Contractants Existence de la clause-hīţu Matière première Fournie Particularité du document CT 55 72 Cyr ?/ ?/2

Sippar šangu de Šamaš

+ qīpu

d’Ebabbar

Labaši / Šamaš-

dayyānu X

5 oiseleurs Le texte est écrit sous la forme d’un dialogue. Le but était d’avoir les oiseaux pour l’offrande régulière du temple.

Camb 194 Camb 3/[9]/18

Sippar šangu de Sippar

+ fonctionnaire- qīpu de l’Ebabbar + les scribes Ubar / Nabia X Mères-oiseaux (50 furent donnés.)

Ubar devait donner 150 jeunes canards provenant de 50 mères-oiseaux. Tarasewicz, KASKAL 6, n. 1. Camb 3/9/18

Sippar šangu + qīpu

d’Ebabbar

Ah-lia

X

Mères-oiseaux Ce document est quasi identique à Camb 194. Seul le nom du contractant est différent.

108 AOAT 315

n. 44.

Dar 24/6/25

Sippar Trésor de Šamaš Šamaš-ēţir / Šamaš-reşû X 9 oies (une garantie était écrite contre la mort et la fuite.)

chaque année, Šamaš-ēţir devait donner 9 oies et 105 oies appartenant aux 10 chasseurs d’oiseaux au temple.

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